A la recherche de l Etat en R-D Congo
173 pages
Français

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A la recherche de l'Etat en R-D Congo , livre ebook

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Description

La "reconstruction" post-conflit est perçue dans cet ouvrage comme un processus continu, interne et sociétal, plutôt que comme un projet ponctuel, institutionnel et d'impulsion externe. Si les contours du "contrat social" entre l'Etat et la société sont déterminés par les attentes de la population, d'un côté, et les capabilités des Etats, de l'autre, le social intervient des deux côtés dans l'équation.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2011
Nombre de lectures 109
EAN13 9782296708433
Langue Français
Poids de l'ouvrage 16 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

COLLECTION
L’AFRIQUE DES
GRANDS LACS

dirigée par
F. Reyntjens
COLLECTION
L’AFRIOUI DES
GRANDS LACS

A LA RECHERCHE
DE L’ETAT
EN R-D CONGO

Acteurs et enjeux d’une reconstruction post-conflit

sous la direction de
TOM DE HERDT




EDITIONS L’HARMATTAN
5-7 RUE DE L’ECOLE-POLYTECHNIQUE
75005 PARIS (FRANCE)
Copyright L’Harmattan 2011
http://www.editions-harmattan.fr
www.librairieharmattan.com
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12983-2
EAN : 9782296 12983

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier tous ceux et celles qui ont contribué à la réalisation de cette recherche en mettant à notre disposition leurs compétences et leurs connaissances.
L’épine dorsale de la recherche a été constituée grâce à un financement de « Science Politique Belge », qui nous a permis de tisser un réseau de chercheurs issus de trois instituts belges (le MRAC de Tervuren et les universités de Liège et d’Anvers) et de trois instituts congolais (les universités de Kinshasa (UCC et UNIKIN) et de Lubumbashi (UNILU)). Ce dispositif de recherche a bénéficié des financements additionnels du Department for International Development (DfID), du Vlaamse Interuniversitaire Raad (VLIR-UOS) et de l’institut de politiques et de gestion du développement (IOB). Le caractère mixte de l’équipe de chercheurs a fonctionné à la fois comme une source de validation des résultats et comme une opportunité d’apprentissage mutuel. Cela nous a permis d’aller au-delà de l’exploitation de données secondaires et de nous plonger dans les réalités empiriques locales. En même temps, nous avons pu compter, à des intervalles réguliers, sur les critiques constructives de quelques membres du LASDEL à Niamey : Mahaman Tidjani Alou, Jean-Pierre Olivier de Sardan et Aïssa Diarra, qui étaient avec nous à Kinshasa pendant la phase collective de la recherche.
Nous remercions tout spécialement la Faculté d’économie et développement de l’Université catholique de Kinshasa pour son hospitalité et sa contribution à l’organisation des séminaires, des phases de recherche collective et de recherches de terrain. Nous tenons également à remercier Jan Bijnens, Bongi Blackson A.J.J., Patricia Born, Danny Cassimon, Donatien Dibwe dia Mwembu, Catherine Dom, Jean-Baptiste Kabeya, François Kabuya Kalala, Pascal Kapagama, Ambroise Kingalala, Francis Lelo Nzuzi, Josiane Le Roi, Wim Marivoet, Jean-Pierre Mbwebwa, Jean-Pierre M’Piana, Théotime Mutungu, Aziz Naji, Nzovu Luvuji Aser, Sus Rens, Filip Reyntjens, Sylvain Shomba Kinyamba, Luc Vansina, Johan Verhaghe, et bien d’autres.
Nos remerciements vont à toutes les personnes que nous avons interrogées et qui nous ont fourni de précieuses informations. Bien qu’ils restent anonymes, nous remercions tout particulièrement tous ceux et celles qui nous ont ouvert les portes de certaines arènes et personnes, et qui ont partagé avec nous leur connaissance du terrain.
CHAPITRE I LA RECONSTRUCTION ENTRE L’ETAT ET LA SOCIÉTÉ
par Tom De Herdt et Marc Poncelet


Dans la pensée et l’analyse politique ,
on n’a toujours pas coupé la tête du roi
Michel Foucault {1}

Ce rapport synthétise les résultats d’un processus de recherche dont l’objectif général était de fournir des moyens conceptuels et analytiques aux intervenants dans la « reconstruction » post-conflit de l’Etat en République démocratique du Congo. Face aux nombreuses analyses et expertises centrées sur des problématiques de « reconstruction » institutionnelle et de production de politiques publiques souvent très normatives, nous avons adopté une approche principalement empirique orientée vers la gouvernance telle qu’elle se pratique autour de deux « biens publics » {2} très distincts : l’éducation et l’environnement (incluant ici une dimension liée à la sécurité alimentaire à travers deux terrains : le maraîchage urbain et l’approvisionnement urbain en charbon de bois).
Ce premier chapitre interroge l’idée selon laquelle le Congo se trouve actuellement dans une période de « reconstruction post-conflit », perspective de « reconstruction » qui est en outre la réponse à un diagnostic de « faillite » de l’Etat. Pour ce faire, nous proposons quelques précisions conceptuelles qui peuvent paraître triviales, mais qui s’avèrent nécessaires et utiles sur le plan pratique. D’abord, ce texte clarifie le concept de « reconstruction » en le distinguant d’autres notions telles que « pacification », « développement » et « construction ». Deuxièmement, au-delà de ces notions, ce texte contextualise ces projets de « reconstruction » dans le processus de la formation de l’Etat en RDC. Ainsi, la « reconstruction » est perçue dans le cadre de notre recherche comme un processus continu, interne et sociétal plutôt que comme un projet ponctuel, institutionnel et d’impulsion externe. Dans cette perspective, nous présentons les options théoriques sur l’Etat adoptées dans le cadre de cette recherche (l’Etat négocié, l’Etat pratique et l’Etat caméléon) et les hypothèses maîtresses de ce travail.
Dans un troisième temps, nous avançons des considérations méthodologiques justifiant notre approche principalement qualitative, empirique et croisée (secteurs différents et lieux différents). Finalement, ce premier chapitre introduit aux éléments saillants des résultats de recherche qui sont présentés en détail dans les chapitres 2, 3 et 4.
1. A PROPOS DE LA « RECONSTRUCTION »
Depuis peu, il est vrai, des barrières importantes ont été franchies en RDC dans une direction qui pourrait être interprétée comme un processus de reconstruction post-conflit : un accord de paix a été signé à Sun City en 2002 ; celui-ci a ouvert l’espace politique de Kinshasa aux groupes belligérants les plus importants. Il a conduit vers la formation d’un gouvernement d’unité nationale en juin 2003. Officiellement, nous nous trouvons donc bel et bien dans une période post-conflit depuis 2002. Etapes décisives dans la reconstruction officielle du pays, l’enregistrement électoral a été organisé et a permis la préparation et l’adoption d’une nouvelle constitution votée en 2005 et, une année plus tard, les premières élections démocratiques depuis plus de 45 ans ont été mises en place. Même si les opinions divergent concernant l’effectivité et l’efficacité de ce processus {3} , le projet de la reconstruction post-confit de la RDC reste l’aune de toute approche des réalités congolaises contemporaines {4} . Il est évidemment légitime de savoir s’il fonctionne selon les termes de référence de l’aide qui le soutient, mais pour notre part, nous souhaitons examiner ses conditions d’appropriation en examinant comment il peut faire sens à la lumière d’un processus plus long et plus complexe de la formation de l’Etat. Par ailleurs, nous concevons ce processus moins comme une implémentation institutionnelle que comme la construction d’un rapport du pouvoir à la société que l’on pourrait qualifier de « gouvernementalité ».
Il va sans dire que la communauté internationale a joué un rôle important dans ce projet de reconstruction les accords de paix, l’enregistrement électoral, le référendum organisé pour l’approbation de la constitution et les élections ne se sont pas réalisés sans une forte implication des bailleurs et autres intervenants externes. Et jusqu’à aujourd’hui, les Nations unies restent sur place pour garantir un minimum de paix dans tout le territoire du Congo. Outre la diversité d’intérêts qui pourraient expliquer la forte implication de la communauté internationale dans la reconstruction du pays, il y a certainement aussi la volonté de prévenir l’implosion de la RDC, et par conséquent de toute l’Afrique centrale. Pour la communauté internationale, le prix de la « reconstruction » de l’Etat serait de toutes les manières moins élevé que le prix de son implosion.
Le projet de reconstruction post-conflit doit être mis en relation avec, au minimum, trois autres dynamiques trop souvent confondues, alors qu’elles se recoupent en certaines circonstances, mais s’opposent et se contredisent en d’autres. D’abord, nous discuterons du terme « reconstruction » en rapport avec le terme de « pacification ». Ensuit

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