A la recherche de la société civile en Syrie
231 pages
Français

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A la recherche de la société civile en Syrie , livre ebook

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Description

Médecin à Alep pendant 20 ans, Farès Egho est réfugié politique en France depuis 2012. Membre des "Comités de Revitalisation de la Société Civile" et de la "Déclaration de Damas", il s'est opposé à la militarisation de l'opposition syrienne. N'ayant connu pratiquement que le régime dictatorial du parti baas, il fut l'un des acteurs les plus engagés dans le "printemps d'Alep" après l'arrivée au pouvoir de Bachar al-Hassad. A travers le récit de sa vie, recueilli par Jean-Marc Chanel, le lecteur est emmené dans un voyage initiatique au coeur du monde arabo-musulman d'aujourd'hui.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 novembre 2016
Nombre de lectures 12
EAN13 9782140023095
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Jean-Marc CHANEL
Farès EGHO





À la recherche
de la société civile en Syrie

Un printemps à Alep
Copyright
Ouvrages de Jean-Marc Chanel

Petits poèmes d’amour et d’enfance , Strasbourg, ACM, 1993
D’exil et de lumière , Paris, Librairie Galerie Racine, 2005
Humaniser le management , Paris, Publibook, 2011

Articles de Farès Egho

« Le mythe nationaliste chez N. Azouri », Alep, Ashtarot n°4950, 2010
« Est-ce que la laïcité est athée ? », Ashtarot n°5354, 2011
« Le printemps arabe : le début de l’ère de l’Etat », www.alawan.org , 08/02/2012
« La pensée démocratique et la philosophie de Descartes », www.alawan.org , 31/10/2012





© L’Harmattan, 2016
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

www.harmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-77545-6
« Toutes les améliorations et aménagements dans les institutions politiques peuvent être obtenus en persévérant d’une manière parfaitement légale et pacifique ; ils ne peuvent être obtenus par la force, car de tels moyens créent davantage de maux qu’ils n’en soignent et laissent le pays dans une situation pire qu’auparavant. » Daniel O’Connell, « the Liberator », homme politique irlandais (1775-1847)
Sommaire
Couverture
4e de couverture
Titre
Copyright
Sommaire
Avant-Propos
PARTIE I – Origines et Parcours personnel
Siti Thérèse et mes tantes
Grand-père et le génocide assyrien
Mes parents et ma fratrie
Formation initiale
Sous-lieutenant à Ezraa
Médecin à Al-Bab
Spécialisation en rhumatologie en France
Rhumatologue à Alep (1992-2012)
PARTIE II – Engagement et parcours politique
Initiation à la philosophie politique (1998-2000)
Arrivée au pouvoir de Bachar el-Assad (2000)
Genèse des printemps syriens
Les comités et les salons (2000)
Le choc de l’islamisme mondialisé (11/09/2001)
Premiers pas dans les Comités (2002)
A la recherche d’une société civile
La fraternité syrienne, je l’ai rencontrée
L’intervention catastrophique des États-Unis en Irak (2003-2004)
Dernière chance pour lancer des réformes
Une soirée chez les Moukhabarat
A la recherche d’une laïcité malmenée
Le soulèvement syrien dans le sillage du printemps arabe (2011)
L’année de tous les dangers (2012)
Un départ déchirant
Regard sur ici et là-bas (2016)
Printemps volé (Epilogue)
ANNEXES
Repères chronologiques
Syrie, cartes
Adresse
Avant-Propos
Jamais je n’aurais imaginé me retrouver là où je suis aujourd’hui. Deux mille cinq cents kilomètres me séparent des miens. Je suis seul, sans travail, dans une banlieue lointaine de la région parisienne. Seul, avec mes lectures, Facebook et les pensées qui me dévorent pour l’amour de mon pays, la Syrie, et l’avenir de ma ville, Alep. Seul dans un petit appartement mis à disposition par un couple généreux qui, la retraite venue, s’est retiré dans sa résidence secondaire de l’Orléanais. Seul dans une modeste résidence arborée au bout d’une avenue dont le nom évoque vignoble et noble boisson pétillante. Seul, en attendant, comme chaque vendredi soir, qu’arrivent pour le week-end ma femme qui est auprès de sa mère à Paris et nos deux filles qui sont pensionnaires dans un collège.

Pas facile d’être réfugié politique en France. Mon moral oscille entre doute et espérance, entre enthousiasme et déprime. J’ai 59 ans, l’âge où, dans les grands groupes français, on met les salariés en préretraite. Jusque là, mon diplôme obtenu en France il y a vingt cinq ans ne m’a pas ouvert de portes. Je ne sais pas si je vais réussir à retrouver une activité salariée, et donc sortir de l’assistance qui me permet de survivre.

Récemment, lors d’un congrès 1 qui réunissait plusieurs centaines de personnes à Paris, j’ai été invité à donner mon témoignage. Celui-ci a retenu toute l’attention du petit groupe où j’ai été interviewé. « Il y a vraiment quelque chose dans ton histoire » ai-je entendu plusieurs fois. Mon itinéraire a une dimension romanesque qui ne leur a pas échappée. Je suis en France le témoin d’une civilisation méconnue, la civilisation arabo-musulmane, ma civilisation à moi qui suis syrien d’origine syriaque de langue arabe. J’observe de plus que les informations et les analyses que font ici la plupart des médias sur ce qui se passe en Syrie et dans le monde arabo-musulman ignorent le plus souvent la complexité du monde islamique. Et puis, avec l’afflux massif en Europe et même en Amérique du Nord de réfugiés musulmans, il y a, me semble-t-il, urgence à découvrir qui ils sont afin d’anticiper ce que cela va inévitablement engendrer.

Certes je ne suis qu’un homme ordinaire. Je ne suis pas le seul réfugié à s’être engagé en politique et à avoir participé à des combats intellectuels et des événements décisifs en Syrie. A travers le récit de ma vie et mes réflexions, je n’ai nullement la prétention de répondre à toutes ces attentes. Néanmoins, me semble-t-il, c’est l’heure et c’est mon devoir d’apporter ma pierre.

C’est pourquoi j’ai décidé de mettre à profit le temps libre de cette dernière période pour écrire. Réussirai-je à embarquer mes lecteurs dans les méandres de ma vie, dans les arcanes de mes aventures ? Réussirai-je à les emmener dans un voyage dépaysant et initiatique au cœur du monde arabo-musulman d’aujourd’hui ? Réussirai-je à les introduire dans le dédale des enjeux qui se cachent derrière des mots souvent trompeurs ?

Si je réussis, les larmes qu’ils verseront avec moi sur Alep ne seront pas vaines. Alep ma ville dont, malheureusement, à contre cœur, j’ai été écarté. Alep dont je ne suis pas certain de revoir le printemps.
1 Congrès 2015 des Semaines Sociales de France.
PARTIE I Origines et Parcours personnel
Siti 2 Thérèse et mes tantes
Je vais commencer par le commencement, et le commencement ce sont les racines.

Comme dans la plupart des familles, ce sont les grands-parents qui sont les gardiens de l’histoire familiale. Chez nous, c’était Siti Thérèse, la mère de mon père. Mais son récit des origines était un peu particulier. Il se confondait avec une profonde nostalgie de la ville où plusieurs générations de nos ancêtres ont habité : Mardine.

Aujourd’hui Mardine se fait connaître par le minaret emblématique de sa grande mosquée ou bien par sa vieille ville dont les maisons blanches s’étagent sur la colline. Ses autorités sont fières de sa récente inscription au patrimoine mondial de l’Unesco. Il paraît même qu’aujourd’hui encore y cohabitent paisiblement des populations arabes, turques, kurdes ou syriaques avec leurs diverses religions : islam, christianisme, judaïsme et yézidisme. Cette information reste à vérifier compte tenu du chaos qui règne dans la toute proche Syrie du nord. Pour ma grand-mère, cette cohabitation était naturelle. Elle n’en parlait pas.

Née en 1882, elle a vécu à Mardine jusque vers 1920. La seule période qui existait à ces yeux, c’était celle de sa jeunesse. C’était l’heureuse période qui précéda les génocides arménien et assyrien de 1915 et après. Après, cela n’existait pas.

C’était le bon temps de l’empire ottoman. Il n’y avait ni Turquie, ni Syrie. Sykes, le britannique, et Picot 3 , le français, n’avaient pas encore tiré sur la carte la ligne horizontale de la frontière syro-turque. A cause d’eux, Mardine est désormais turque depuis 1918. A vingt kilomètres près, elle aurait pu devenir syrienne. Alep, elle, devint syrienne alors qu’entre elle et Mardine de nombreux liens existaient depuis la fin du dix-neuvième siècle. A cause des liens familiaux, il n’était pas rare que des familles d’Alep viennent résider à Mardine à la belle saison. D’Alep on appréciait ses cotonnades et ses tissus de soie. Mardine était quant à elle réputée pour la qualité de ses peaux et de ses fruits séchés. D’où des échanges commerciaux suivis, surtout entre commerçants chrétiens qui tenaient leurs échoppes dans l’un ou l’autre souk.

Chaque fois qu’elle mangeait des figues, des fruits secs, de la viande ou quoi que ce soit, Siti Thérèse avait coutume de dire : « je n’y trouve pas le goût des produits de Mardine ». Pour elle, et donc pour moi, Mardine reste la ville au climat sec et sain, chaud en 

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