Algérie : l heure de vérité pour la gouvernance
230 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Algérie : l'heure de vérité pour la gouvernance , livre ebook

-

230 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Ll'Algérie est malade de ses gouvernants : ceux-ci se prévalent de la légitimité acquise durant la révolution de novembre 1954 et de ses valeurs immortelles dont ils se prétendent dépositaires. Ils déclarent gérer la manne pétrolière au profit de ceux qui sont dans le besoin ; en réalité les faveurs vont aux nantis. Les discours sur la démocratie ne peuvent masquer l'exclusion des plus démunis et les tares de la gouvernance malavisée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mars 2015
Nombre de lectures 13
EAN13 9782336372877
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Mustapha BABA-AHMED




Algérie :
l’heure de vérité pour la gouvernance
Du même auteur
L’Algérie entre splendeurs et pesanteurs , Éditions Marinoor, Alger, 1997.
L’Algérie : diagnostic d’un non développement , Éditions L’Harmattan, 1999.
Le néomonétarisme, stade suprême du capitalisme-Impasses et désordres , Éditions L’Harmattan, 2012.
La fin de l’âge d’or du dollar ? Éditions L’Harmattan, 2012.
Hymne à l’intérêt dévastateur , Éditions L’Harmattan, 2014.
Copyright

© L’HARMATTAN, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-72298-6
AVANT-PROPOS
L’idée de ce livre était en latence depuis que l’État algérien s’est montré déterminé à ne pas respecter ses propres règles, y compris celle qui est censée s’imposer à lui, la Constitution. Est visé surtout le mode d’intervention de l’État pour recapitaliser les entreprises qui lui appartiennent. L’écrivain égyptien Taha Hussein a dit qu’il faut donner vie à ce qu’on a assimilé ; pour moi, il s’agit de faire vivre les incohérences du fonctionnement de l’État à partir principalement d’une idée que j’ai défendue et qui a été acceptée par l’État, puisqu’inscrite dans deux lois de finances successivement mais sans être appliquée.
Mon projet a été renforcé par les gaps de plus en plus béants entre le discours et la réalité dans tout ce qui concerne la chose économique dans le pays. Les réalisations proclamées doivent être ramenées aux moyens dont le pays a disposé depuis plus de dix ans et ce, sans aucun mérite propre : le comportement du marché des hydrocarbures. Les données qui ont présidé à cette situation commencent à se fissurer de partout.
La lucarne à travers laquelle sont examinées, dans le présent ouvrage, les performances économiques demeure en dehors des convictions idéologiques. La politique est l’espace du débat du bien public et des voies et moyens pour y parvenir : il s’agit, ici, de soumettre l’État aux questionnements ad hoc en la matière, principalement en sa qualité de régulateur et d’entrepreneur. Cet ouvrage ne s’intéresse pas au problème des libertés publiques même si celui-ci est déterminant pour l’avenir du pays.
L’ouvrage était prêt pour aller sous presse en été 2014 ; cela ne s’étant pas réalisé, son contenu en matière de scénarii pour le marché pétrolier a été rattrapé par l’évolution des prix qui aura pour effet de perturber les grand équilibres économiques plus vite que prédit. L’économie est en péril. Seule une économie diversifiée et pérenne fondée sur le droit pourra sauver le pays des turbulences et recompositions que traverse le monde arabo-musulman. Il importe de mettre fin en priorité à deux facteurs de la dérive : l’absence totale de contrainte financière pour les entreprises publiques, et de lucidité en matière de subventions implicites dans les domaines de l’énergie et de l’eau.
DOCUMENTATION
Les chiffres sur lesquels se fonde le présent ouvrage émanent :
– De la banque d’Algérie (rapports annuels et annexes) pour ce qui concerne le produit intérieur brut (PIB), sa décomposition sectorielle et sa croissance ainsi que celle des secteurs ; la balance des paiements ; les cours du pétrole brut et du Dinar ; la situation monétaire et les crédits bancaires.
– De l’Office national des statistiques pour les comptes de production et d’exploitation sectoriels ; les ménages et leurs revenus ;
– Du ministère des Finances pour les finances publiques.
– Du ministère des Mines, de la SONATRACH et de la SONELGAZ pour les chiffres concernant l’énergie et les subventions.
INTRODUCTION
En 2014, l’Algérie officielle a commémoré, comme chaque année, les deux évènements fondateurs de son existence : la fête de l’indépendance et le déclenchement de la guerre de libération qui a permis d’y parvenir. Pour le peuple, il s’agit tout au plus de deux journées chômées et éventuellement payées. Le présent est lugubre et l’avenir lourd d’incertitudes : le peuple ne mange pas ce qu’il produit et ne peut pour l’essentiel consommer que les richesses du sous-sol. Grâce à cela, pour une bonne part, l’ancienne génération connaît une amélioration des conditions de sa vie matérielle, mais vit dans le dépit ; la nouvelle, celle des nouvelles technologies, est sans repères. Les deux vivent dans la frustration : la première par rapport aux promesses non tenues par l’histoire ; et la seconde au regard des promesses fastueuses des medias occidentaux omniprésents.
Les attentes des uns et des autres sont exacerbées par le fort décalage entre le vécu et les promesses. L’État des « valeurs de Novembre » devait la liberté et la justice : les manifestations ne sont pas tolérées et la justice reste largement perfectible. Quant à la justice sociale, le présent ouvrage lève le voile sur au moins une partie des déviations qui la contredisent.
Il s’intéresse à l’État à travers ses principales manifestations de nature économique. Pour ce faire, il convient de commencer par identifier l’État, sujet de droit, qui a le pouvoir de mettre en œuvre la puissance publique dans tous les domaines de la vie de la nation avec le risque de transformer la force du droit en droit de la force. Ce risque est plus directement perceptible dans le domaine des libertés, mais il peut être plus dévastateur pour la répartition du bien-être matériel dans la société. A cet égard, les pays exportateurs de pétrole occupent une position singulière : la répartition de la rente constitue des enjeux redoutables entre l’arbitrage desquels le droit a fort à faire, au double plan de sa formulation et de son application. On comprend aisément que le partage de la rente constitue l’élément fondateur de la politique et que sa maîtrise surajoute à la soif du pouvoir l’ivresse de la fortune. Pour bénéficier à satiété des deux, il suffit d’édulcorer le droit – quand il s’agit de l’élaborer – et brider les institutions qui sont chargées de l’appliquer.
Les pays avancés auraient-ils pu mettre en place les États modernes à partir du XVIII e siècle s’ils avaient été pollués par un partage de la rente pétrolière ? Certes, ils ont dû mettre fin à des privilèges caractéristiques du moyen-âge ; mais, il s’agissait alors de distribuer de véritables richesses à créer.
Deux voies peuvent être utilisées pour émarger à la rente : la voie légale du droit qu’il suffit d’aménager, c’est la prédation ; et la voie illégale de la corruption et du détournement. Il faut, dans tous les cas, se ménager les voies et moyens à même de permettre d’atteindre ses objectifs. Le spectacle qu’il donne au début de l’année 2014 fait du pays un fait unique en son genre.
L’acharnement avec lequel est imposée la candidature du président sortant procède d’une conception du pouvoir qui n’est pas propre à l’« État » comme centre désincarné de l’autorité, mais relève plutôt du phénomène de l’allégeance (dite Baï‛a en arabe). D’anciens responsables se sont mis au service d’un chef au mépris des règles de bienséance : malade, ce chef a besoin de repos pour ses vieux jours. Outre qu’elle comporte de sérieux risques de dérapage, la situation ramène les Algériens à l’ère des siècles antérieurs, à savoir avant la construction de la nation algérienne. Le danger est sérieux de voir se disloquer une nation qui n’a émergé qu’à la faveur de la lutte contre la colonisation française. Le dérivatif consistera sans nul doute à incriminer les manipulations étrangères alors que le mal est en nous. Celles-ci ne peuvent réaliser leurs desseins que lorsque la fragilité d’un pays leur offre la perméabilité.
Aussi, traiter de l’État c’est d’abord s’intéresser à la question de savoir si l’État algérien réunit to

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents