Autopsie de la crise ivoirienne
116 pages
Français

Autopsie de la crise ivoirienne , livre ebook

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116 pages
Français

Description

Depuis le 24 décembre 2004, la stabilité légendaire de la Côte d'Ivoire a volé en éclats. Pour beaucoup, la cause du conflit actuel est le concept de l'ivoirité divulgué par l'ancien Président Bédié. Le conflit puise ses sources dans l'échec des modèles économique et politique ivoiriens tels que voulus par Houphouët et ses successeurs. Le Miracle ivoirien a été combiné à une politique de construction nationale fortement tributaire d'une vision personnalisée du pouvoir. la crise ivoirienne actuelle transcende l'ivoirité.

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2006
Nombre de lectures 25
EAN13 9782296148475
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0474€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Avant propos En 1990, face aux changements sociaux en Afrique et notamment en Côte d’Ivoire, un grand diplomate me disait que la situation était critique et qu’en l’absence de solutions appropriées, on pouvait craindre le pire. Lorsque quelques années plus tard la crise puis la guerre éclatèrent, beaucoup d’amis européens, asiatiques, américains et même africains m’interrogèrent sur les causes du conflit. Avec la mise en avant du problème de l’ivoirité, certains Ivoiriens s’y sont tellement impliqués qu’ils n’arrivent pas à avoir une position impartiale. Evidemment, entre les réponses partisanes et les commentaires médiatiques, il n’est pas aisé de saisir la réalité d’un conflit dans lequel la confusion des intérêts n’en facilite pas la compréhension. C’est pour cela que j’ai voulu ce livre à la fois pédagogique et académique. Il aide non seulement à l’étude du conflit qui sévit en Côte d’Ivoire, mais propose également des solutions pour sortir de ce bourbier dans lequel les Ivoiriens et la société internationale sont aujourd’hui empêtrés. Cet ouvrage est un bréviaire de la crise ivoirienne à l’usage de tous. Je ne saurai terminer sans remercier Gwénaëlle pour son soutien, son esprit avisé et sa présence indispensable à mes côtés. Elle fut une excellente relectrice. Je remercie également mon père, ma mère, tous mes proches et mes amis. Notamment Sandrine. Fabiola et Méliane m’ont permis d’avoir l’inspiration nécessaire. Je dédie ce livre à la paix en Côte d’Ivoire.
« Quand les éléphants se battent,
ce sont les herbes qui souffrent. »
Proverbe Africain
La crise de l’ivoirité sape aujourd’hui le devenir de la Côte d’Ivoire. Ce que certains qualifient de dérive identitaire est pour d’autres une absurdité politique ou la manifestation d’une identité à l’Ivoirienne. Le terme ivoiritéest attribué à tort aux Présidents Houphouët, Bédié ou encore Gbagbo. Selon l’ancien ministre ivoirien de l’Éducation Nationale Pierre Kipré, la paternité reviendrait au Président Léopold Sédar Senghor qui l’utilisa pour la première fois en 1971 à l’Université d’Abidjan dans le but d’identifier la spécificité de la 1 culture ivoirienne . En 1974, la formule est reprise par d’autres intellectuels ivoiriens, Pierre Niava et Niangoran Porquet, toujours dans une perspective culturelle. D’ailleurs, Niangoran Porquet se caractérisait par son inséparableKita,tenue traditionnelle symbolisant la sagesse dans certaines régions africaines. L’ivoiritéétait alors une certaine identité culturelle ivoirienne comme on parle aujourd’huid’américanité, de francité ou africanité.
Le Président Houphouët disait le 15 janvier 1962 que« nous sommes tous d’accords, malgré une apparence trompeuse qu’il est plus facile d’acquérir l’indépendance 2 que de la conserver La crise ivoirienne révèle aujourd’hui la justesse de cette pensée. Les évènements de novembre 2004 ont montré à quel point la Côte
1http://www.lintelligentdabidjan.org/Quotidien/index.php?p=516, http://www.tchadforum.com/?page=article_item&aid=278 2 Paul Henri SIRIEX,Houphouët Boigny ou la sagesse africaine, Nouvelles Éditions Africaines, mai 1986, p.199 9
d’Ivoire est à la merci des désirs de puissance de grands États. Ne disposant plus d’aéronefs, le pays ne maîtrise pas son espace aérien. Sa stabilité politique légendaire depuis l’indépendance en 1960 a volé en éclats pour des raisons à la fois internes et externes.
Mais la question essentielle, l’axiome de base dans ce conflit, c’est celle de l’existence d’une nation ivoirienne. Depuis la crise du 24 décembre 1999, on a rarement évoqué un lien étroit entre la situation conflictuelle que vit le pays, les solutions à ce problème et l’existence d’une nation.
Mais quelle serait cette nation ? On tend généralement à définir lanationdu point de vue juridique et sociologique.Juridiquement, la nation se confondrait avec la définition traditionnelle de l’État : un territoire délimité sur lequel vit une population soumise à des règles édictées par l’État. Sociologiquement, il est souvent difficile de définir la nation, d’en préciser les contours car le sentiment national naît« d’un processus d'auto-identification finalement assez subjectif ». On peut appartenir à un même État sans se reconnaître de sa nation parce que le sentiment national est un lien affectif. Beaucoup de crises internes ont secoué des pays dont certaines populations se sentaient exclues de la nation du fait de politiques défavorables ou même discriminatoires. Cependant, le territoire est l’élément premier dans la formation de la nation. A ce stade, il se confond avec l’État en tant que système juridique. La différence principale entre l’État et la nation est un élément subjectif parce que le sentiment national est le produit d’un« vouloir vivre collectif.»
Sur ce point, la Côte d’Ivoire, issue du dépeçage du continent africain après les conférences de Berlin de novembre 1884 à février 1885 et érigée en colonie
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