Bonheur et politiques publiques
162 pages
Français

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Bonheur et politiques publiques , livre ebook

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Description

Pourquoi le bonheur est-il important ? Quelles sont les limites d'une société qui ne se préoccuperait que de bonheur ? Comment construire des politiques publiques sur les résultats de la psychologie du bonheur ? Comment lier développement durable et bonheur ? Comment introduire des politiques du bonheur dans les politiques internationales ? Voici une réflexion sur la manière d'infuser du bonheur dans les politiques publiques.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2012
Nombre de lectures 27
EAN13 9782296480957
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Bonheur et politiques publiques
Renaud GAUCHER
Bonheur et politiques publiques
Une approche scientifique et un bout de programme pour l’élection présidentielle de 2012
L’Harmattan
L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http ://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55684-3
EAN : 9782296556843
A ma nièce Lisa et aux autres enfants que ma sœur aura peut-être,
Aux enfants que j’espère avoir,
A l’enfant que j’étais et qui ne comprenait pas pourquoi les adultes avaient créé un monde aussi bête.
INTRODUCTION. LE TEMPS DU BONHEUR
Quand j’étais enfant, je lisais et relisais des livres d’histoire. Dans ces lectures, une chose me surprenait plus particulièrement. Contrairement à nos ancêtres, nous vivions dans un monde où l’abondance était possible et où la maladie reculait, alors je me demandais pourquoi ces progrès ne bénéficiaient-ils pas à tous, pourquoi le monde des adultes était-il si bête? Cette question a structuré une grande partie de ma vie et de mes choix jusqu’à aujourd’hui.
D’un point de vue historique, il convient d’avoir en mémoire qu’il y a trois cents ans à peine la vie était à un niveau de précarité inconnu aujourd’hui, même dans les pays les plus défavorisés. Un enfant sur quatre mourait dans sa première année et seul un enfant sur deux atteignait l’âge adulte. Les enfants de rois mouraient des mêmes maladies que les autres enfants. Quand un enfant atteignait l’âge adulte, il pouvait alors espérer vivre en moyenne autour de quarante ans. En ce qui concerne les femmes, une proportion importante mourait en couche. La mort avait une présence quotidienne, mais aussi des soudainetés. D’une année sur l’autre, du fait d’une épidémie ou d’une famine, le nombre de morts pouvaient jusqu’à quintupler, voire même décupler. La vieillesse était exceptionnelle. A la précarité de la vie d’alors, il faut ajouter que l’idée selon laquelle la recherche et la science pourraient résoudre dans le futur des problèmes millénaires n’existait pas ou alors dans quelques esprits d’avant garde. Aucun progrès ne semblait possible lors de la vie terrestre.
Ce monde était aussi un monde de pénurie quasi généralisée. La sous-alimentation était chronique. Il suffisait d’une mauvaise année pour que les récoltes soient trop faibles et que la disette, voire la famine, prenne. La crainte de mourir de faim était prégnante, entretenue par les souvenirs collectifs et individuels des disettes et famines passées ainsi que par l’incertitude pesant sur la quantité des récoltes d’une année sur l’autre. Les aides d’une région à l’autre étaient compliquées du fait de la faible qualité des moyens d’information et de transport. Ces aléas de l’alimentation s’inscrivaient dans une misère généralisée à l’ensemble des besoins des êtres humains. Les familles vivaient souvent dans une même pièce, peu ou pas chauffée lorsque le temps était froid. Le seul moyen de ne pas connaître la pénurie résidait dans le fait d’être du bon côté des inégalités.
La Révolution industrielle puis les progrès fulgurants de la médecine, en particulier dans la deuxième moitié du 20ème siècle, ont ouvert sur un monde bien meilleur, un monde où l’on peut faire disparaître la famine et la disette, un monde où les enfants peuvent ne quasiment plus mourir et où la plupart des êtres humains peuvent mourir de vieillesse, un monde aussi où chacun peut se dire que nous l’améliorons chaque jour qui passe. Les personnes qui vivaient il y a trois cents ans n’auraient jamais pu imaginer, si ce n’est dans un rêve, qu’un tel monde puisse être construit et que nous puissions vivre mieux que ne vivaient leurs rois. Le seul problème est que pour beaucoup d’êtres humains, aujourd’hui, ce monde n’est pas réel, il est juste potentiel. Ils savent qu’il existe mais ils ne peuvent y accéder. Même pour ceux qui en font partie, de nombreux problèmes subsistent, par exemple les faits de violence ou la peur de déchoir du monde d’abondance.
Habituellement, ce sont des approches normatives qui sont mises en avant afin d’essayer de régler ces problèmes. Ces approches ont en fait quelque chose d’autoritaire. Certaines personnes, des scientifiques, des hommes et femmes politiques, des philosophes, décident pour les autres ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. Ici, c’est une autre approche, une approche subjective, qui est utilisée, plus précisément une approche par le bonheur.
Il est en effet temps de centrer les politiques publiques sur le bonheur des personnes, de les centrer réellement, à l’aide des recherches scientifiques existantes et de la construction de comptes de bonheur. Comme nous allons le voir dans le premier chapitre, une approche par le bonheur a quelques avantages. Le premier est que la plupart des personnes, si ce n’est toutes, apprécient d’être heureuses et que leur offrir la perspective d’être un peu plus heureuses encore en mettant en place des politiques publiques, scientifiquement fondées, qui favorisent davantage leur bonheur devrait recevoir moins d’opposition et davantage de soutien que les réformes habituellement proposées. Un deuxième avantage du bonheur est qu’il favorise l’harmonie d’une société. D’abord, les personnes heureuses ont généralement davantage de comportements pro-sociaux. La gentillesse est d’ailleurs une caractéristique dominante chez les personnes les plus heureuses, même si toutes les personnes très gentilles ne sont pas très heureuses. Ensuite, centrer une société sur le bonheur donne de l’importance à son propre bonheur mais aussi au bonheur des autres, ce qui peut permettre de faire évoluer représentations et comportements. Enfin, une société centrée sur le bonheur est également plus rassurante et peut favoriser une solidarité plus grande. A titre personnel, l’approche par le bonheur m’intéresse parce qu’elle est le plus puissant moyen que nous ayons à notre disposition pour développer une société plus harmonieuse, ou moins disharmonieuse, selon le regard que l’on porte. Améliorer le bonheur des personnes est pour moi un moyen, non un but, mais je comprends et j’approuve que cela puisse être pour d’autres personnes un but et non un moyen.
Ce livre termine une série de trois livres qui lient psychologie, économie et politiques publiques. Les trois livres n’ont pas pour objectif de s’emboîter parfaitement. Chaque livre est autonome, mais il y a une progression d’un livre à l’autre. Le premier, « Bonheur et économie », cherchait à appréhender les avantages et les limites d’une économie marchande dans la perspective d’une société centrée sur le bonheur. Le deuxième, « Psychologie de l’argent et économie » cherchait à comprendre pourquoi la pauvreté ne disparaît pas des pays riches et quels moyens différents pourraient être mis en avant pour durablement la réduire.
« Bonheur et politiques publiques » reprend les deux premiers et s’étend en détail bien au-delà de l’économie. Il a pour but de présenter ce que pourrait être un bout de programme politique construit sur les avancées scientifiques de la psychologie du bonheur et de la psychologie positive ainsi que sur leur influence dans les recherches en économie et en politiques publiques. Pour être plus heureux, nous avons besoin de devenir meilleurs. Pour être meilleur, nous avons besoin d’être plus heureux. L’un et l’autre se favorisent mutuellement. Si un homme ou une femme politique voulait rendre la société française meilleure -ce qui est pour moi le but -ou plus heureuse -ce qui n’est pour moi qu’un moyen -ce livre lui apporterait quelques clés. Les réformes qu’apportent ces politiques sont sans doute moins compliquées que les réformes habituellement proposées. Si ces réformes remettent en cause des paradigmes traditionnels dans lesquels s’inscrivent les politiques publiques actuelles, si elles remettent aussi en cause nombre de représentations très présentes dans l’électorat, leur objectif est clair, mesurable, rassembleur et leur application pas coûteuse.
J’ai un parcours atypique: études universitaires d’histoire et de géographie, puis de psychologie, puis d’économie, puis de finance. Ce parcours peut sembler décousu. En fait, il est éminemment logique, malgré tous les obstacles que j’ai dû affront

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