Bréviaire de l'idéologie politique de Félix Houphouët-Boigny

Jean - Pasquerel Wenceslas Yocolly

Description

Ce bréviaire est un petit livre d'enseignements politiques pour expliquer l'idéologie de Félix Houphouët-Boigny à propos de la construction nationale lorsqu'il dirigeait la Côte d'Ivoire (1960-1993).

Sujets

• Politique
• Science politique

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 07 janvier 2020
• Nombre de lectures: 71
• EAN13: 9782140139659
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Après avoir rêvé d’abolir le « travail forcé » et de transformer la société communautaire en société moderne, Félix Houphouët- Boigny ambitionna de changer le multipartisme démocratique de la décolonisation en monopartisme démocratique, après l’indépen- dance, pour mettre en place une idéologie du libéral-social ou néolibérale. Il lui fallut plus de trois décennies pour y parvenir. Cette idéologie fondée par le pragmatisme du « père de la nation » a été ensuite inversée, par Henri Konan Bedié, son successeur, avec son fameux slogan « le progrès pour tous et le bonheur de chacun », décriant ainsi le social-libéral dans la continuité du libéral-social de Félix Houphouët-Boigny. Il n’en demeurait pas moins que ces deux options idéologiques (libéral-social ou social-libéral) du socialisme se cumulaient,in fine, au centre droit ou gauche, non pas comme le socialisme africain de Kwamé N’krumah et de Léopold Sédar Senghor. N’était-ce pas un socialisme cumulatif ? L’on pourrait entendre par cette formulation que la recherche scientifique dans ce sens par des grands penseurs d’autrefois ne saurait plus être celle des penseurs d’aujourd’hui. Cela n’avait pas empêché à ces derniers d’avoir beaucoup plus de respect pour les premiers. Car, ces penseurs modernes étaient à la fois plus modestes et plus ambitieux puisqu’ils se limitaient à comprendre un ensemble cohérent des faits sociaux pouvant construire ce socialisme limité de Félix Houphouët-Boigny

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JeanPasquerel W ENCESLAS Y OCOLLY

BRÉVIAIRE DE L’IDÉOLOGIE POLITIQUE DE FÉLIX HOUPHOUËTBOIGNY

BREVIAIREDE L’IDEOLOGIEPOLITIQUE DE FELIX HOUPHOUET-BOIGNY

Jean-Pasquerel Wenceslas Yoco

BREVIAIRE DEL’IDEOLOGIE POLITIQUE DE FELIX HOUPHOUET-BOIGNY

DĠjà paru, Đhez le mġme Ġditeur :

LA POLITIQUE SYMBOLIQUE D'IVOIRE 1960 - 1993

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CÔTE

INTRODUCTION

Ce bréviaire est un petit livre d’enseignements politiques pour expliquerclairement l’idéologie de Félix Houphouët- Boigny imposée à ses partisansqu’à ses adversairesà propos de la construction nationale qui avait marqué surtout l’époque de son règne à la présidence de la République. Cela serait tellement vrai parce que l’indépendance de la Côte d’Ivoire n’existeraitqu’en apparence. En effet, elle porterait à la fois ses propres contraintes et perversions, de telle sorte que celles-ci auraient été essentiellement pour pouvoir adapter la société communautaire àl’indépendance ivoirienne.D’abord, de telles contraintes qui portaient sur lesprocédures d’union, de dialogue permanententre l’Etatet ses composantes tribales-socio-professionnelles, de démocratie à l’ivoirienne ne s’apparentaientpas aux procédés de décolonisation. Ensuite, ces perversions, pressées par la nécessité moderne, faisaient oublier les principes et objectifs de la démarche libéraled’alors.C’était ce qui était arrivé socialement au temps de la colonisation. Les chefs traditionnels, porteurs pour la plupart de solidarité et de consensus qui avaient animé cette période-là,s’étaient trouvés distancerpar l’évolution des grandes pratiques coloniales jusqu’àla fin de la seconde guerre mondiale après l’élaboration du procédéde la juridique décolonisation. En moins d’un siècle, au début de la chasse aux colonies, cette décolonisation paraissait s’inscrire dans l’évolution économique de la métropole française. Elle avait déclenchél’urgence de l’action politique.Il n’y avait rien d’étonnant dans de telles conditions que, devant le courage de quelques évolués, l’information enavait oublié, parfois le point historique des droits des hommes, femmes et enfants qui se comptaient par centaines de millions sur le continent africain. De ce fait, pour analyser une telle

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dépendance du système économiquede la Côte d’Ivoire qu’on disait en voie de développement avec un passé dont presque ses habitants ne savaient absolument rien de l’âpreté de leur milieu géographique, avait fait émerger, au cours du processus de décolonisation et de communauté gaullienne, le destind’un homme providentiel, notamment Félix Houphouët-Boigny, pour quil’histoire contemporaine avait admis comme « premier grand Ivoirien » en tant Africain et magicien.L’Afrique, en particulierla Côte d’Ivoire, il l’avait ressentie de son pouvoir de chef de canton telle unesubstance qu’il faudrait rechercher jusque dans les plus lointaines images de l’origine Baoulé-Akan. Cependant, il n’en avait que plus de force pour imposer cette volonté ancestrale quand lui venait l’appel d’amis africains, singulièrement ivoiriens ou autres, de lutter contre la discrimination du « travail forcé » instaurée par les planteurs colons : ce n’était plus lui seul qui luttait pour la liberté du travail. C’étaientl’Afrique et ses amis qui faisaient avec lui. En tant que Magicien, il ne saurait s’en détacher manifestement de ses paroles de chefferie traditionnelle des Baoulé-Akan que ses amis de lutte ne soupçonnaient même pas puisque, branché aux ancêtres, il ne dialoguait,à travers l’éternité, en ayant reçu, plus ou moins, de son destin la connaissance de leur langage secret. Du coup, par rapport à ça, il ne paraissait que mieux détenir la puissance des mystères afro-magiques pour que le peuple ivoirien puisse le suivre davantage à cause du culte d’obéissance que l’autoritéfonctionnelle de président de la république. Il en arrivait ainsi à faire de la Côte d’Ivoire une sorted’opération symbolique, non sèchement politique,en la forgeant au feu d’une âme des profondeurs du pouvoir politique et d’esprit communautaire Akan- Baoulé :de là, la splendeur de l’œuvre accompliedonc, par ses idées politiques, en dépit de la constructiond’une nation ivoirienne.

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L’expression de telles idées politiques, deux ans après la proclamation de l’indépendance,nécessite quelques explicationsqu’on peut vraisemblablement distinguer aux doctrines et idéologies politiques en cours. En effet, les doctrines politiques peuvent être considérées comme « un système complet de pensées qui se repose sur des observations et des interprétations subjectives des faits pour orienter les comportements et lesactions d’un groupe humain », en vue de paraphraser certaines doctrines relevantde Marx, d’Alain, des libéraux etc... Quantla à notion des idéologies politiques, si elle parait déjà plus vague dès sa création par Destutt de Tracy dans son ouvrage portant « Projet des éléments d’désigne àidéologies », l’origine unesciencequi est comme objet d’étude lesidées e philosophico-politiques. A la fin du xviii siècle, il changera de sens. Par la suite, Raymond Aron définissait aussi ces idéologies comme « système global de l’». Dans lainterprétations du monde historico-politique poursuite de cette notion, Jean William Lapierre avait déclaréqu’elles «seraient un ensemble des représentations collectives par lesquelless’affirmaithiérarchie des une valeurs. En résumé, tous les auteurss’étaient accordés sur l’idéede ces représentations collectives que constituerait la question de ces idéologies (Charles Debbasch, Jean-Marie Pontier, Introduction à la politique ; éditions Dalloz, Paris 1982)en s’inspirant dela vie politique, à telle enseigne qu’elles produiraient, dans les formes de communication, la visibilité des identités de ces acteurs de la vie institutionnelle.Pour les représenter, c’était donner effectivement une forme, une voix et une imageà l’identité qui les faisait reconnaître et distinguer les uns des autres. C’était pour dire l’importance desreprésentations collectivesdans l’institution de la vie politique. Cependant, il convient de faire la différence en trois significations planifiés au sens institutionnel, esthétique et diplomatique :

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la première incarnerait le peuple dans le sens institutionnel, par sélection, pour délibérer et prendre en son nom des décisions qui engageraient ces acteurs de façon impérative, en quelque sorte de leur mise en scène selon les procédures institutionnelles en vigueur, en vue de donner à voir la fonction présidentielle, la sociabilité politique tout entière ; la seconde donneraitl’identité à regarder la nation dans les rituels qu’elle mettraiten œuvre, dans les fêtes ponctuées à l’intérieur desde la vie sociale (Roger Gérard spectacles Schwartzenberg, L’Etat spectacle, essai sur ou contre le Star system en politique ; éditions Flammarion, Paris 1977) où se déroulaient,dans l’espace public, comme jeu, les paroles, textes, décors, costumes et masques pour donner à la sociabilité politique son propre langage à pouvoir communiquer dans ce sens ; la troisième qui serait les représentations nationalesà l’extérieur,seraitl’ensemble des activités et des personnages rituels par lesquels un Etat se donnerait à voir dans un autre Etat en instaurant et entretenant entre eux les informations, échanges symboliques, concertations dans la projection de relations interpersonnelles, d’organisations, de médiation et de communication entre ces deux Etats. Pour que le pouvoir de ces trois sens soit reconnu par les autres, il était apparu un certain ensemble des formes, codes et signifiants appartenant à la communication politique. Si cette dernière avait été mise en scène dans la réalité du pouvoir moderne dèsl’indépendance, c’était parce quel’histoire dela colonisation, après la seconde guerre, avait nécessité l’avènement de la décolonisation pour avoir joué in fine un rôle particulier, comme un processus de formation à l’autorité politique de Félix Houphouët-Boigny.

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