Construire l Europe des réalités
120 pages
Français

Construire l'Europe des réalités , livre ebook

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120 pages
Français

Description

Jacques Myard poursuit son analyse critique de l'Europe confrontée au décalage croissant entre les élites et les peuples, entre le mythe et le réel. La crise multiforme dont souffre l'Union européenne, l'une des plus graves de son histoire, appelle de toute urgence à renoncer à l'Europe des utopies pour bâtir l'Europe des réalités. La refondation de l'Union européenne se fera impérativement sur le socle du réalisme, sous peine d'imploser. Elle prendra appui sur les Etats-nations d'Europe, ces forces intagibles de l'Histoire, et sur leur coopération pour faire face aux défis du désordre mondial.

Informations

Publié par
Date de parution 10 janvier 2019
Nombre de lectures 2
EAN13 9782140110108
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

Myard
Jacques
Jacques Myard
CONSTRUIRE L’EUROPE DES RÉALITÉS suivi de GUERRE ET PAIX AU PROCHE ET AU MOYEN-ORIENT
Construire l’Europe des réalités suivi de Guerre et paix au Proche et au Moyen-Orient
© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Parishttp://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-16289-8 EAN : 9782343162898
Jacques Myard Construire l’Europe des réalités suivi de Guerre et paix au Proche et au Moyen-Orient
Du même auteur
L’euro de tous les risques, F.X. de Guibert, 1998. La langue française en colère, F.X. de Guibert, 2000.La laïcité au cœur de la République, L’Harmattan, 2003. Mondialisation et Europe fédérale, une réponse pour la France ?F.X. de Guibert, 2004. La France dans la guerre de l'information, L’Harmattan, 2006. Atout France, L’Harmattan, 2011. J’ai un mandat du peuple, L’Harmattan, 2012. La Nation ou le chaos, L’Harmattan, 2014. Marabout à l’Elysée, L’Harmattan, 2018.
PROLOGUE L’Europe : mythe et réalités
La force du projet de la construction européenne relève du mythe, unir le continent mais, c’est aussi sa faiblesse congénitale, l’utopie ayant trop souvent prévalu sur les réalités du monde. Le mythe européen est ancien ; il a été nourri par de nombreux intellectuels qui ont vu dans l’unité européenne une réponse idéale aux vicissitudes et aux affrontements d’un monde européen imparfait à leurs yeux du fait de sa division. Victor Hugo tient dans cette campagne pour une Europe unie une grande place puisqu’il est le père de l’expression « les Etats-Unis d’Europe » qu’il a utilisée dans son discours du 21 août 1849 lors du congrès inter-national de la Paix à Paris. Au demeurant, la relecture de son discours peut dérouter le lecteur contemporain car Hugo justifie le règne civilisationnel de l’Europe sur le monde ; dans son esprit, Paris doit être la capitale de l’Europe unie… Puis au XXème siècle, on doit citer Stephan Zweig, écrivain autrichien. Dans son livre,Le Monde d’hier, sou-venir d’un Européen, il décrit l’Europe culturelle d’avant la catastrophe de 1914 ; c’est la culture qui fait l’unité de l’Europe. Un autre brillant analyste, l’intellectuel Raymond Aron, réintroduit le réalisme dans le débat sur l’Europe :
« Ne nous le dissimulons pas, l’idée de l’unité euro-péenne est d’abord une conception d’homme raisonnable, ce n’est pas d’abord un sentiment populaire. Il est évident que l’identification de chaque Européen reste nationale, pas européenne. » (in « Y a-t-il une civilisation euro-péenne ? » Semaine étudiante, 5 août 1947) Stefan Zweig, Européen convaincu et alors en exil au Brésil, l’avait lui-même reconnu dansLe monde d’hier: « Quand on n’a pas sa propre terre sous ses pieds (… ) on perd quelque chose de sa verticalité. Le jour où mon passeport m’a été retiré, j’ai découvert, à cinquante-huit ans, qu’en perdant sa patrie, on perd plus qu’un coin de terre délimité par des frontières. » Aujourd’hui, l’heure est venue de sortir du mythe et des utopies pour prendre en compte l’intangibilité des réalités. En un mot, les Nations. L’ancien Ministre des Affaires Etrangères allemand Joschka Fischer avait coutume de dire que « la Nation doit être au milieu de la construction européenne comme l’église au milieu du village ». Précisément, la profondeur de la crise de l’Union euro-péenne provient de la négation des réalités nationales, de cette dépossession technocratique des Nations qui ont fait et feront toujours l’Histoire de l’Europe, Europe qui a in-carné la culture, la civilisation de 1492 à 1939, au cœur de l’Histoire du monde. Construire l’Europe des réalités, c’est prendre en compte les forces intangibles qui font l’Histoire, loin des chimères et des utopies. A ce titre, il faut tordre le cou à un aphorisme, répété à l’envi comme une vérité d’Evangile par ceux qui voient dans l’Union de l’Europe la fin de l’Histoire : « La cons-
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truction européenne, c’est la paix ; elle nous a apporté la paix ». Telle n’est pas la vérité historique et il ne faut pas in-verser l’ordre des facteurs : c’est parce qu’il y a eu la paix que l’on a pu entamer la construction européenne - et mal-heureusement aujourd’hui, les divergences entre les Etats et les peuples se multiplient au sein de l’Union euro-péenne. La paix est venue du peuple allemand dans la partie oc-cupée par les Occidentaux (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France), et devenue la RFA ; les Allemands de l’Ouest ont effectué une véritable révolution culturelle après la Se-conde Guerre mondiale, ce qu’ils n’avaient pas fait après la Première Guerre mondiale. En 1945, l’Allemagne est non seulement vaincue mais détruite alors qu’en 1918 elle n’avait pas connu la guerre sur son sol. De plus, en 1945, pour les Allemands de l‘Ouest, l’Allemagne a été vaincue par les Américains. C’est là un élément psychologique d’importance pour deux raisons. La première est qu’à la différence de 1918, la victoire sur l’Allemagne en 1945 n’est pas celle des Français, alors l’ennemi héréditaire, mais de l’Amérique. La deuxième raison est que les Allemands ont toujours considéré les Etats-Unis comme une Allemagne qui a ré-ussi, tout simplement parce que les Américains d’origine allemande sont les plus nombreux - ce qui commence seulement à changer avec les Hispano-américains. L’ensemble de ces facteurs a convaincu le peuple alle-mand que la revanche n’était plus la réponse; sans oublier le fait, d’importance, que le danger dès 1947-48 venait alors de l’est avec l’U.R.S.S. La voie vers la construction européenne devenait possible.
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