Couve de Murville (1907-1999)
408 pages
Français

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Couve de Murville (1907-1999) , livre ebook

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Description

Qui peut croire que Maurice Couve de Murville a bien été en situation de succéder au Général de Gaulle, rivalisant avec Pompidou dans un combat sans merci ? Maurice Couve de Murville, pour avoir représenté la France pendant 30 ans, demeure le plus durable mais aussi le plus impénétrable des ministres des Affaires étrangères que la France s'est donnée depuis Talleyrand. Fondé sur l'exploitation d'archives et d'entretiens, cet ouvrage fait revivre un homme exceptionnel, singulier, et avec lui, un pan de l'histoire contemporaine banalisé et en réalité méconnu.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2007
Nombre de lectures 735
EAN13 9782336270319
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couve de Murville
(1907-1999)

Jean-Philippe De Garate
© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
9782296035690
EAN : 9782296035690
« Maurice Couve de Murville a le don. Au milieu des problèmes qui se mêlent et des arguments qui s’enchevêtrent, il distingue aussitôt l’essentiel de l’accessoire, si bien qu’il est clair et précis dans les matières que les calculs rendent à l’envi obscures et confuses.
« Il a l’expérience, ayant, au cours d’une grande carrière, traité maintes questions du jour et connu beaucoup d’hommes en place.
« Il a l’assurance, certain qu’il est de demeurer longtemps au poste où je l’ai appelé.
« Il a la manière, habile à prendre contact en écoutant, observant, notant, puis excellant, au moment venu, à formuler avec autorité la position dont il ne se départira plus.
« Il a la foi, persuadé que la France ne saurait durer qu’au premier rang, qu’avec de Gaulle on peut l’y remettre, que rien ne compte ici-bas excepté d’y travailler »,
Charles de Gaulle, Mémoires d’Espoir .
Pour Hervé Le Hénaff, directeur de la Revue Parlementaire .
En publiant au printemps 1995 la première interview accordée depuis des lustres par Maurice Couve de Murville, dont le grand diplomate avait bien voulu me rendre destinataire, et en marquant ainsi l’importance que vous accordiez aux propos d’un homme alors réputé un définitif has been, vous avez non seulement rendu hommage à l’idée d’une permanence de la France qu’il personnifie mais avez, d’un même mouvement, transformé votre initiative en encouragement pour un ouvrage qu’il paraît juste, et qu’il m’est agréable, de vous dédier.
Jean-Philippe de Garate
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Pour Hervé Le Hénaff, directeur de la Revue Parlementaire . INTRODUCTION - “Un iceberg dont on n’aperçoit que le quart” PREMIÈRE PARTIE
CHAPITRE PREMIER - Deux siècles d’ambition CHAPITRE 2 - La marque de Luther CHAPITRE 3 - Un jeune homme programmé CHAPITRE 4 - L’épreuve du réel : 1940-42 CHAPITRE 5 - Jeudi 25 mars 1943 CHAPITRE 6 - Alger, une naissance CHAPITRE 7 - Les deux pôles de l’iceberg
DEUXIEME PARTIE
CHAPITRE 8 - De l’AMGOT à Adenauer (1943-1958) CHAPITRE 9 - Dix ans d’existence (1958-1968) CHAPITRE 10 - Le rang de Dauphin CHAPITRE 11 - La route de Matignon CHAPITRE 12 - Entre le marteau et l’enclume CHAPITRE 13 - Une autre politique ? CHAPITRE 14 - Trente ans de retraite (1969-1999)
CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE INDEX DES NOMS CITÉS
INTRODUCTION
“Un iceberg dont on n’aperçoit que le quart”
Du projet politique de Charles de Gaulle, que reste t-il de vivant ? La décolonisation appartient à l’Histoire, les institutions de la cinquième République sont assises, à la tête de l’Etat se trouve (avril 2007) un homme se revendiquant de l’héritage du général. Etait-ce là l’essentiel ?
Le coeur du projet politique de Charles de Gaulle consistait, on le sait, à renouer avec la grandeur millénaire de la France et donc à se libérer des chaînes -le parlementarisme à l’intérieur et le colonialisme à l’extérieur- qui entravaient toute politique indépendante et à visée mondiale, universelle. Qui ne connaît la phrase du général : “La France ne peut être la France sans la grandeur” ?
Ou, autrement dit, comme l’écrit un certain Maurice Couve de Murville :
“L’action extérieure n’est pas une fin en soi. Elle trouve sa place dans un ensemble. Mais sans doute est-elle en quelque sorte l’expression de tout le reste, surtout si, comme dans le cas de la France, il s’y ajoute cette faculté singulière de traduire l’universel, donc de bénéficier en quelque sorte naturellement d’une résonance et d’un poids qui vont bien au-delà de ce que représente sa puissance effective lorsqu’elle est en mesure et qu’elle a la volonté de s’exprimer librement.” 1
Le coeur de la politique gaullienne a résidé dans sa politique étrangère. C’est une évidence. Un auteur peu suspect de sympathies envers le “gaullisme”, François Mitterrand, répond à la question :
“- Alors, que garderiez-vous du gaullisme ?
“ - (...) Son rôle pendant la guerre, cette idée que rien n’est jamais perdu, le 18 juin et la suite appartiennent à l’Histoire...” et immédiatement vient ensuite :
“ Sa prescience diplomatique, militaire et nucléaire...” 2
Dans ces conditions, on ne peut que s’étonner devant les bibliothèques publiques croulant sous les volumes commis par tous les seconds couteaux de la République gaullienne ou sur des querelles mineures de politique interne, mais ne comportant aucun livre consacré à Maurice Couve de Murville, cet homme qui, sous l’impulsion de Charles de Gaulle mais avec une large part personnelle, mena sans discontinuer pendant dix ans, la politique étrangère de la France avant d’être nommé -ce qui n’est pas le fruit du hasard-, par Charles de Gaulle, son ultime premier ministre.
Cette omission est d’autant plus surprenante que personne n’a apparemment tiré la conséquence d’un fait : les premiers ministres de Charles de Gaulle provenaient tous trois du coeur du dispositif politique du général mais un seul, Maurice Couve de Murville, demeurait son élu après l’entaille profonde de mai 68, les deux autres étant soit remercié -c’est le cas de Georges Pompidou- soit « déclassé » -c’est le cas de Michel Debré, ancien premier ministre acceptant d’être nommé simple ministre dans les gouvernements Pompidou et Couve de Murville.
Que Maurice Couve de Murville ait été nommé à Matignon alors que la succession du général était objectivement ouverte n’a pas semblé poser de question autre qu’événementielle, dès lors que Georges Pompidou se présentait comme seul candidat “gaulliste”, et a fortiori, se trouvait confortablement élu à l’issue des élections rendues nécessaires par le départ de Charles de Gaulle.
Rarement en vérité, captation d’héritage n’aura été en apparence aussi parfaite. La raison en est simple : depuis mai 1968, “l’essence” du pouvoir n’était plus à l’Elysée, la preuve en étant rapportée par l’obsession qui posséda de Gaulle de retrouver sa légitimité par un référendum.
Que Charles de Gaulle ait perdu son plébiscite le 27 avril 1969, que Maurice Couve de Murville n’ait pas été, selon sa propre expression “à la hauteur” des enjeux (entretien avec l’auteur), que la conséquence de leur absence ait été d’ouvrir grand la route à Georges Pompidou et à ses propres héritiers, n’est d’aucune conséquence sur la “politique millénaire de grandeur” dont le limbe survit au-delà de ses serviteurs, de ses détracteurs... ou de ceux, nombreux sinon majoritaires, qui préfèrent vivre au calme.
Charles de Gaulle est mort en 1970, et deux de ses trois premiers ministres, Georges Pompidou dès 1974, Michel Debré en 1996, ont quitté le royaume des vivants.
Reste un homme, seul survivant et par chance, témoin le plus privilégié de la politique étrangère gaullienne 3 , Maurice Couve de Murville.
De lui, les Français ne savent rien ou presque. Certains historiens ne semblent pas toujours mieux renseignés, à l’instar d’Eric Conan et Henry Rousso qui indiquent dans leur ouvrage Vichy, Un Passé qui ne Passe pas 4 , que Maurice Couve de Murville.
Couve de Murville aurait “rejoint la résistance (sic) après avoir occupé d’importantes fonctions au ministère des finances de Vichy”ou le biographe de Georges Pompidou et Jean Monnet qui fait de Maurice Couve de Murville le “directeur du service du commerce extérieur de Vichy” 5 , le confondant manifestement, au fil des pages, avec Paul Leroy-Beaulieu, effectivement directeur du commerce extérieur, devenu proche de Jean Monnet à Alger.
Dire de Maurice Couve de Murville qu’il est oublié est un euphémisme. Bien qu’apparaissant dans le livre récent de Pierre Péan, L’Inconnu de l‘Elysée 6 , il ne figure même plus dans l’index des noms cités... Que cet homme ait pu porter durant dix ans la grande politique étrangère de la France et être préféré par Charles de Gaulle à celui, Georges Pompidou, qui lui a réellement succédé, ne semble pas avoir retenu l’attention. Que Maurice Couve de Murville ait pu, selon l’expression d’Arthur Conte 7 être à 36 ans, dès 1943, à Alger, “un des rares hommes à émerveiller (sic) de Gaulle”, qui ne passait pas pour avoir l’admiration facile, aurait pu intriguer.
Ce n’est pas le cas. De surcroît, les portraits qu’on a dressés de Maurice Couve de Murville sont peu sympathiques, tel celui, ciselé à l’acide par le journaliste Pierre Viansson-Ponté en ces termes :
« La carrière de M. Maurice Couve de Mur

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