De l Irak à la Libye, l instabilité se propage
415 pages
Français

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De l'Irak à la Libye, l'instabilité se propage , livre ebook

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Description

En peu de temps, au regard de leur histoire, les peuples du Moyen-Orient ont connu la colonisation, puis leur libération suivie d'un nationalisme arabe, pour tomber sous la coupe de régimes autocratiques, dont certains d'entre eux se sont débarrassés lors des « Printemps arabes ». Mais ces greffes de la démocratie eurent du mal à prendre. Le délitement politico-économique de ces États/Nations naissants est dû pour une part à une résilience des systèmes claniques dynastiques et des milices armées de groupes minoritaires ; d'autre part à la prolifération d'extrémismes islamiques. Le sort des Palestiniens demeure en suspens depuis cinq décennies. La pandémie du Coronavirus qui s'est abattue sur la région a déstabilisé son système sanitaire déjà défaillant, mais également son économie et ses finances, sans pour autant réduire les conflits guerriers.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 mai 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9782336900698
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,2100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright





© L’Harmattan, 2020
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

www.harmattan.fr

EAN Epub : 978-2-336-90069-8
Titre
Gérard Fellous




De l’Irak à la Libye,
l’instabilité se propage


LE MOYEN-ORIENT
EN RESTRUCTURATION – V
DU MÊME AUTEUR
* Les Droits de l’homme en questions , La Documentation Française/Bordas, 1989.
* La lutte contre le racisme et la xénophobie , La Documentation Française, 2002.
* Les Institutions nationales des Droits de l’homme. Acteurs de troisième type , La Documentation Française, 2006.
* Les Droits de l’homme, une universalité menacée , La Documentation Française, 2010.
* DAECH- Etat islamique , L’Harmattan, 2015
* A la recherche d’un Islam de France , L’Harmattan, 2015.
* La Laïcité pour tous , L’Harmattan, 2016.

En couverture

Face à la multiplication de conflits sans fins qui déstabilisent le Moyen-Orient dans sa troisième phase de restructuration, la première référence dans la mythologie grecque serait celle du mythe du
Tonneau des Danaïdes, illustré en 1903 par l’œuvre de John William Waterhouse.
Les cinquante filles du roi Danaos fuyant ses neveux qui l’ont destitué, vengeront leur père, en les épousant et en les tuant le soir même de leurs noces.
Elles seront condamnées aux enfers du Tartare à remplir, sans fin possible, un tonneau troué.
Ce châtiment qui symbolise une situation absurde qui se prolonge indéfiniment, a inspiré les œuvres de Théophraste, Platon, Socrate ou
Calliclès, de même que des artistes des XVIII e et XX e siècle.
Dédicace

À Gaëlle
INTRODUCTION Le capharnaüm moyen-oriental
Les « Révolutions arabes » furent éphémères, y compris dans les populations les plus motivées, comme en Tunisie.
Le « Nouveau Moyen-Orient » que prédisait en janvier 2013 Jean-Pierre Filiu 1 ne fut pas celui attendu « à l’heure de la Révolution syrienne », qui en était le symbole, mais un immense chaos violent et une recomposition imprévisible non seulement de ce pays qualifié de « cœur battant de l’arabité », mais également de l’ensemble de la région entrée dans une période géopolitique « de barbarie », selon l’expression de Michel Seurat, qui en fut l’une des premières victimes tragiques.

En Occident, la lecture de l’évolution du Moyen-Orient dans la continuité des schémas de la décolonisation était une erreur de perspective.
Non seulement le Moyen-Orient musulman a été imperméable à la démocratie que l’Occident postcolonial a cru pouvoir implanter dans la foulée des indépendances nationales, mais en réalité cette région est aujourd’hui marquée par le retour au tribalisme, au clanisme et par une « guerre » d’essence religieuse.

Les Gauches occidentales ne renient nullement leurs engagements aux côtés des Bourguiba et autres Sadate pour les conquêtes des indépendances. Mais elles sont amenées à constater lucidement aujourd’hui que le romantisme des combats postcoloniaux sur le thème de « la libération des peuples » avait en réalité, laissé place aux violences sui-generis de régimes dictatoriaux.

Les analystes avaient bien laissé entendre, il y a quelques années, qu’il n’était pas avéré qu’un écroulement des régimes autoritaires puisse mettre fin aux affrontements internes, en dépit des efforts pour unifier les oppositions. De manière plus générale, l’avenir de maints pays de la région était difficile à prévoir dès 2018.

L’historien du Moyen-Orient, Pierre-Jean Luizard, était alors pessimiste. Il estimait que les « Printemps arabes » de 2011« ont agi comme révélateur des processus communautaires entamés beaucoup plus tôt, mais qui avaient été masqués par ce qu’on peut appeler des illusions nationales. » 2 Il estimait que ces illusions découlaient du « fait qu’on a cru longtemps que la réforme politique et sociale, dans le cadre des États en place, allait être capable de résoudre les problèmes communautaires et confessionnels. » Il en concluait que « pour la première fois, on a affaire à une globalisation du conflit Sunnites-Chiites. »

L’Occident aurait fait un contre-sens en interprétant l’avènement des « Printemps arabes » comme une vague démocratique qui traverserait le monde oriental. Il ne suffisait pas de faire tomber les despotes syrien irakien, libyen, tunisien ou égyptien pour que massivement, comme des fleurs de printemps, la démocratie s’implante triomphante, sur le terreau du « droit à l’autodétermination . »

Une analyse fine proposée par Fabrice Ballanche pouvant concerner la quasi-totalité des pays de la région, mettait en évidence le fait qu’en Syrie, « la majorité des syriens a des griefs contre le système politique, mais la solidarité communautaire les fait basculer dans l’un ou l’autre camp (…) Les clivages sociaux et confessionnels séparent les opposants des partisans du régime, et à mesure que les conflits s’installent, avec leur cortège de violences, les solidarités communautaires tendent à prendre le pas sur le social et le politique . »

Dans la perspective où la Communauté internationale continuerait à se montrer impuissante, ainsi qu’il apparait dans le troisième tome de cet ouvrage, s’ouvrirait alors, par défaut, des solutions dites « politiques », que les diplomaties occidentales promeuvent, dont les conditions préalables seront lentement et difficilement réunies. La Libye est une illustration des limites rencontrées.

Le premier acte politique consisterait à réduire puis à faire disparaitre la tension des armes.
Reste que le poids des puissances majeures de la région : Iran, Arabie saoudite, Turquie se fera encore longtemps sentir sur l’ensemble de la région :

- Le régime théocratique de Téhéran demeurera prisonnier de ses contradictions : Il avait annoncé qu’il n’était pas directement partie prenante dans les conflits intérieurs, dans la perspective d’un apaisement de la région dont il serait le garant, mais il poursuivra son soutien à ses partisans en Syrie et en Irak, et utilisera ses « bras armés », dont le Hezbollah libanais, pour étendre son influence régionale. Ainsi Nasrallah, avait annoncé officiellement l’implication militaire de ses combattants aux quatre coins de la région – ce que l’on savait depuis longtemps- tout en retirant son armement lourd vers ses fiefs du Liban, afin, le moment venu, de s’insérer dans la vie politique régionale et de réactiver des diversions sur d’autres terrains de conflit, comme contre Israël, dans la perspective d’une réunification du monde arabo-musulman, autour des noyaux durs des communautés chiites.

- L’ancien président Barak Obama, après avoir espéré obtenir une mise à l’écart de l’option militaire nucléaire iranienne, et promis que la pression diplomatique et économique sur Téhéran pourrait être desserrée, faisait un pari risqué dont son successeur Donald Trump n’a pas voulu prendre le risque, lorsqu’il s’alignait sur la Umma sunnite conduite par l’Arabie saoudite de MBS.

- La Turquie est devenue un élément déstabilisateur en prétendant à une position de leader sunnite régional.
La diplomatie internationale hésite à faire confiance à un régime conservateur islamique tiraillé entre des engagements envers l’OTAN, un « fleurt » avec le Kremlin ou des projets déçus de couplage avec l’Union européenne. Ce pays pourrait très vite devenir le « talon d’Achille » du Moyen-Orient après avoir épuisé toutes les grosses ficelles de l’autoritarisme, du chantage et de la violence.

- Le Liban retient son souffle, en évitant toute provocation, alors qu’il s’est doté d’un président chrétien et d’un gouvernement sous la férule des chiites et sous le poids politique du Hezbollah plus que jamais à la botte de l’Iran. On se souviendra qu’en illustration de la « banalité du mal », théorisée par la philosophe Hannah Arendt, le Liban fut durant quinze ans, du 13 avril 1975 à l’accord de Taëf de 1989, plongé sous tutelle syrienne, dans une « guerre civile 

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