Démocratie et mutations culturelles en Afrique noire
123 pages
Français

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Démocratie et mutations culturelles en Afrique noire , livre ebook

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Description

Cet ouvrage comprend trois grands axes. Le premier examine le lien entre l'activité magique et l'activité politique en Afrique noire. Le but ensuite est de saisir l'incidence des archétypes culturels dans le processus de consolidation des jeunes démocraties africaines. La dernière partie est consacrée à la question du rapport entre l'exploitation pétrolière et la renaissance économique africaine.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2005
Nombre de lectures 148
EAN13 9782336280165
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Modernité Africaine
Collection dirigée par Marc Mvé Bekale
Désormais portée par une dynamique transitionnelle, l’Afrique cherche à rompre l’étau postcolonial en vue d’un repositionnement dans le monde. Face à cet extraordinaire enjeu historique, nous avons créé cette collection afin de penser et de mettre en perspective les nouvelles articulations de la modernité africaine. Espace de réflexions et de débats pluridisciplinaires, la collection est ouverte à tous ceux qui sont déterminés à écrire la grammaire d’une « autre » Afrique.
Déjà paru
Marc Mvé BEKALE, Gabon : la postcolonie en débat, 2003.
Démocratie et mutations culturelles en Afrique noire

Marc Mvé Bekale
© L’Harmattan, 2005
9782747586559
EAN : 9782747586559
Sommaire
Modernité Africaine - Collection dirigée par Marc Mvé Bekale Page de titre Page de Copyright INTRODUCTION I – Magie, sorcellerie et politique au Gabon et au Congo-Brazzaville II – L’Afrique noire en quête de nouveaux idiomes politiques III – Gabon : éléments juridiques pour une administration moderne IV – Pétrole et renaissance économique au Gabon Ouvrages et rapports cités L’Afrique à l’Harmattan
INTRODUCTION
Le troisième millénaire est apparu en Afrique sous le signe de la Renaissance. Les esprits les plus optimistes voyaient déjà poindre à l’horizon les promesses d’un nouveau départ. C’est que le passage à l’an 2000 avait allumé le flambeau de l’espoir, perceptible à travers une pléthore de projets en faveur du continent défavorisé. Dans l’euphorie de l’aube nouvelle, les Etats-Unis promirent aux pays pauvres un « Compte pour le défi du millénaire » (« Millenium Challenge Account »), tandis que l’ONU se fixa des « Objectifs du millénaire pour le développement » (« Millenium Development Goals ») en se fendant d’une déclaration tonitruante : « Nous ne ménagerons aucun effort pour sortir nos semblables, hommes, femmes et enfants, des conditions abjectes et déshumanisantes de l’extrême pauvreté dans laquelle vivent aujourd’hui plus d’un milliard d’individus » 1 . Force est de constater, cinq années plus tard, combien ces projets confinaient à une pure rhétorique, inspirée par une transition historique que les pays nantis avaient transformée en une foire commerciale. De cette foire naquit le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad), qui n’entendait pas rester à la traîne dans la course aux projets titanesques : croissance économique annuelle de 7% pendant les quinze années à venir, mise en place des infrastructures prestigieuses (autoroutes régionales et continentales, réseau de communication numérique, agriculture moderne et intensive, etc.), réduction de moitié de la pauvreté à l’horizon 2015, lorsque la boussole de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) pointe dans le sens contraire : « l’Afrique subsaharienne devrait être la seule région du monde où le nombre de pauvres continuera à augmenter d’ici 2015, et donc la seule région où les objectifs de développement fixés à l’occasion du millénaire ne seront certainement pas atteints » 2 .
Les prévisions de l’OCDE, certes alarmantes en matière de développement humain, ont ceci de particulier qu’elles donnent à voir un continent africain à plusieurs dimensions. Sur l’échiquier étroit de l’espoir, apparaissent quelques pays où les efforts de bonne gouvernance et la dynamique démocratique semblent accompagner l’action économique. On pense à l’Afrique du Sud (cas exceptionnel en raison d’une histoire singulière), au Botswana, et sous toute réserve, au Sénégal. Viennent ensuite des Etats soumis à des régimes prédateurs, qui ont fait de la violation des règles démocratiques leur principal canon de gouvernance. Enfin, il y a les Etats dits « failed states » (« Etats en faillite » ou « Etats déchus »), ainsi désignés à cause de la décomposition de leur structure (e. g. la Somalie, la République Démocratique du Congo).
Le tableau d’ensemble reste sombre. Car on constate, malgré de belles expériences marginales, un affaissement inexorable des vagues démocratiques dont les causes, à la fois d’ordre moral, culturel, philosophique, institutionnel, ont fait l’objet d’une abondante littérature. Dans cet ouvrage, nous portons une attention particulière sur les institutions politiques et culturelles afin de répondre à la question suivante : dans quelle mesure la structure d’une République peut entraver l’émergence de la culture démocratique au sein d’un pays jusqu’à bloquer son essor économique ? Plus loin, nous montrons que la faillite de certains Etats africains procède essentiellement de la philosophie ayant présidé à leur création. Au lendemain des indépendances, le général de Gaulle avait créé en Afrique noire un pré carré au service des intérêts stratégiques de la France. Le dispositif comprenait des accords de coopération militaire et économique qui allaient permettre à la France d’avoir la haute main sur ses anciennes colonies.
Dans les années 1990, les vagues démocratiques secouèrent les « postcolonies » transformant leur géographie politique. Premier changement exigé lors des Conférences nationales : la Loi fondamentale devait être réécrite pour répondre aux exigences du moment. C’est alors qu’entrèrent en scène les « juristes mercenaires », composés notamment de professeurs de droit et d’avocats français à la retraite, dont l’expertise sera mise au service d’anciens autocrates, lesquels passeront maîtres dans le tripatouillage de la Constitution ainsi que cela s’est illustré au Togo à travers le scénario grotesque de la succession de Ngnassigbé Eyadéma 3 . Bien entendu, les manipulations de la Constitution ne sont pas propres au Togo. Dans nombre de pays africains, ces manœuvres sont souvent la spécialité des parlements acquis à la cause des régimes « concentrationnaires » du pouvoir. Lesquels mettent à mal l’émergence d’une culture du droit en Afrique tout en consolidant ce que, dans Gabon  : la postcolonie en débat (2003), nous avons appelé l’hyperprésidentialisme. Il s’agit d’un modèle politique d’inspiration française, marqué par un paternalisme totalitaire, alliant un pouvoir fortement personnalisé et le pseudo-suffrage universel. Dans un tel contexte, les organes républicains sont bridés et se réduisent à de simples accessoires, l’Etat étant sous la coupe réglée d’un autocrate 4 . Et quand ce dernier vient à disparaître, l’on aboutit à la situation explosive de la Côte d’Ivoire.
Jadis désigné « perle de l’Afrique », ce pays apparaît comme un véritable cas d’école en ce sens qu’il aide à comprendre les mécanismes de délitement d’un Etat menant à ce que les politologues anglo-saxons appellent « failed state ». La Côte d’Ivoire est loin d’être un « Etat déchu » ou « en faillite ». Il faut néanmoins reconnaître que le chaos qui secoue ce pays, au-delà des querelles ethniques, traduit les effets après-coup d’une transition dont l’échec est à rechercher dans la « monarchie républicaine », avec sa prétendue clef de voûte incarnée par un seul homme. Laurent Gbagbo et ses partisans, aujourd’hui diabolisés par le gouvernement français (Jacques Chirac n’a-t-il pas qualifié le régime ivoirien actuel de « fasciste » avant de saluer la mémoire de « l’ami personnel » Ngnassigbé Eyadéma, dont l’étendue des crimes ne sera connue que le jour où l’on ouvrira les archives noires de ses trente-huit ans de règne ?), n’en sont que des catalyseurs. Ils se trouvent au croisement de l’histoire. Celle des tentatives de ruptures postcoloniales (auxquelles Laurent Gbagbo a dû renoncer lors des négociations de Linas-Marcoussis 5 ), de la fin des complicités « françafricaines », des réajustements maladroits, étapes nécessaires à la construction d’un Etat démocratique et d’une nouvelle République 6 . La crise ivoirienne apparaît, de ce fait, significatif du sort qui attend la plupart des pays africains, plongés, comme au Gabon, dans la torpeur d’une paix artificielle, entretenue et maintenue par l’achat des con

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