Fleuve jaune, papillons amoureux et musique classique de la Chine du XXe siècle
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Description

La littérature est à la source de la culture chinoise. Bien avant nous, la musique s’y est associée dans les cérémonies rituelles ou galantes et dans les différentes formes d’opéras chinois. Au moment où la Chine s’ouvre aux échanges avec l’Occident, cette musique doit réagir à l’arrivée d’instruments qu’elle ne connaît pas comme les violons ou les pianos.

Se posent alors deux questions : comment préserver le caractère culturel original d’une musique soumise à une appropriation adaptée d’éléments occidentalisants tout en préservant un fort caractère artistique malgré un dirigisme politique qui entend s’imposer ?

Passionné de musique, Jean-Marie André est chimiste de formation. Spécialiste de la chimie quantique des polymères, il est lauréat du Prix Francqui (1991). Membre de l’Académie royale de Belgique depuis 1992, il en a été le Président (2008) et le premier Président du Collège Belgique (2009-2011).

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782803104598
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

F LEUVE JAUNE, PAP ILLONS AMOUREUX ET MUSIQUE CLASSIQUE E DE LA CHINE DU XX SIÈCLE
J -M A EAN ARIE NDRÉ
Fleuve jaune, papillons amoureux e et musique classique de la Chine du XX siècle
Académie royale de Belgique rue Ducale, 1 - 1000 Bruxelles, Belgique www.academieroyale.be
Informations concernant la version numérique ISBN : 978-2-8031-0459-8 © 2014, Académie royale de Belgique
Collection L’Académie en poche Sous la responsabilité académique de Véronique Dehant Volume 53
Diffusion Académie royale de Belgique www.academie-editions.be
Crédits Conception et réalisation : Laurent Hansen, Académie royale de Belgique
Illustration de couverture : © ArtMari, shutterstock.com
Publié en collaboration avec
Bebooks - Editions numériques Quai Bonaparte, 1 (boîte 11) - 4020 Liège (Belgique) info@bebooks.be www.bebooks.be
Informations concernant la version numérique ISBN 978-2-87569-168-2 A propos Bebooks est une maison d’édition contemporaine, intégrant l’ensemble des supports et canaux dans ses projets éditoriaux. Exclusivement numérique, elle propose des ouvrages pour la plupart des liseuses, ainsi que des versions imprimées à la demande.
Préface
Le petit livre que voici — une très intéressante histoire de croisements musicaux, œuvre d’un scientifique de haut vol passionné de musique et de culture chinoise — tombe à point nommé. Alors que le monde est confronté à des évolutions de plus en plus violentes, destructrices et excluantes, et comme en réponse à cette terrible actualité, il propose quantité d’informations et de réflexions sur une culture qui, par bien des aspects, nous demeure lointaine mais dont l’histoire récente montre qu’elle veut s’ouvrir au métissage. Si le propos explicite de cet ouvrage n’est pas de mesurer les degrés relatifs de résistance ou de perméabilité entre théories, pratiques et codes — identités — artistiques d’origines différentes, la mise en évidence de la complexité des relations entre traditions extra-européennes parfois très anciennes et réalités d’un monde moderne toujours profondément marqué par l’Occident y est extrêmement claire. Parce qu’il connaît la musique et parce qu’il la pratique, l’auteur fait bien apparaître ce qui est au cœur de l’invention dont elle procède : cette puissante, cette très étonnante capacité d’appropriation et de transformation, à des fins expressives et poétiques (parfois aussi politiques…), de signes puisés à des sources aussi diverses que multiples, strictement musicales ou non. La musique comme agent de conversions plurielles et interactives. Au-delà de cela, et à partir d’une série d’approches d’œuvres chinoises récentes, c’est la problématique de l’assimilation d’un langage par un autre, de son inclusion par transmutation dans une syntaxe allogène selon un constant mouvement de recentrement qui est, ici, sous-jacente. Emprunts, collages, juxtapositions ou réelles possibilités d’intégration respective ? Les arts, comme les langages, se développent à partir de principes rarement transposables tels quels. Les exemples d’acculturation musicale réussie sont rares. Faute d’un matériau à fortes capacités assimilatrices, faute aussi d’une mise en œuvre transcendante, les formes artistiques et ce dont elles sont porteuses, leurs fonctions elles-mêmes, se prêtent mal aux tentatives d’hybridation. Ce livre porte également, forcément, et très utilement, témoignage de la fascination réciproque entre deux formes de pensée musicale fondamentalement différentes : celle qui s’est développée en Occident et celle qui s’est, de très longue date, formée dans cet immense continent d’Orient, la Chine. L’Orient exerce depuis longtemps un réel envoûtement sur de nombreux artistes européens et américains. La musique occidentale, quant à elle, dans son ancrage historique européen, semble avoir un attrait irrésistible pour nombre d’artistes des autres continents. Tournant parfois résolument le dos à leurs propres traditions, beaucoup d’entre eux se sont mis à l’étude de ce modèle qui semble leur apparaître comme absolu. C’est ainsi qu’il y a, par exemple, belle lurette que des musiciens chinois ont opté pour la musique occidentale. La fascination est donc réciproque mais n’est-elle pas à contamination variable ? On le verra dans le texte de Jean-Marie André : c’est jusqu’au niveau des référents théoriques et matériels (le son, les dispositifs instrumentaux, le concert) que les pratiques musicales chinoises récentes (mais on pourrait en dire autant de celles en vigueur au Japon ou en Corée) sont imprégnées de préceptes largement extérieurs à ce qui fonde leurs traditions millénaires. Le fait est que le nombre de musiciens chinois, compositeurs et interprètes, pratiquant l’art de tradition européenne, souvent de manière remarquable, est de plus en plus élevé tandis que le nombre de musiciens occidentaux rompus aux arcanes de la musique chinoise se compte probablement sur les doigts d’une main. La musique chinoise serait-elle plus résistante à l’évolution que les nôtres ? Quoi qu’il en soit, « nos » musiques qui, pour nombre d’artistes non occidentaux, paraissent être curieusement devenues les leurs, sont aussi fortement questionnées, dans leurs évolutions plus ou moins récentes, par l’ensemble des musiques d’autres origines. Le va-et-vient entre musiques d’ici et d’ailleurs est donc réel. Il ne fait que s’accélérer. Comme celles d’Orient, les musiques d’Afrique et d’autres régions du monde recèlent des trésors qui, dès leur découverte, ont bouleversé bien des artistes occidentaux. Beaucoup, parmi eux, se sont pris de passion pour ces arts porteurs de messages souvent très forts et à leurs yeux trop longtemps ignorés. De grandes transhumances artistiques sont donc en marche. Nul, à l’heure qu’il est, ne peut prédire leur avenir. Mais ce que l’on sait est porteur d’espoir. Quelles que soient leurs options et leurs origines, les compositeurs d’aujourd’hui sont tous au travail. Partout dans le monde. Ce qui les défie aujourd’hui appelle la plus grande vigilance. De l’intelligence aussi, et beaucoup de réflexion. De la mémoire. Ils le savent et en débattent. Au cœur de l’Humanité laborieuse et pensante, ils sont dans l’urgence de l’invention. Ils savent qu’il leur faut être intensément à l’écoute des enjeux multiples de notre devenir commun. Ne sont-ils pas les gardiens d’une persistance essentielle : la prospection de l’imaginaire ? Ils savent de tout temps et plus que jamais que l’auscultation du non visible, est une des conditions de ce à quoi ils se sont voués : création et transmission. Ce que transmettent ces guetteurs prend racine au plus profond de la conscience collective et tend essentiellement vers la production de sens. Métissages et quête d’innovation sont en constante interaction dans leur univers. De nombreuses voies s’offrent à eux.
Produire du sens : n’est-ce pas ce dont le monde actuel a le plus besoin ? Du sens et des perspectives de réelle et utile innovation. La création musicale est donc un agent — témoin et acteur — de première ligne dans l’aventure humaine. C’est ce qu’ont bien compris les dictatures — ce livre le montrera à l’évidence. C’est aussi ce qu’a bien saisi la société de consommation. D’où, d’une part, les préceptes édictés tout au long de l’histoire par les régimes issus de l’exploitation des mouvements révolutionnaires, et, d’autre part, l’activation par nos pratiques consuméristes de processus d’engouements artistiques extrêmement efficaces, rentables, mais souvent destructeurs. La mode ne vaut rien à la création. Chinoise, européenne, indienne ou africaine, la musique est un langage à la foissecret et ouvert à tous. Jour après jour, elle dresse, à sa manière, une sorte d’état des lieux de notre monde. Son pouvoir est immense, il touche au mystère. La musique est comme le phare dont a besoin l’équipage du navire. Et si nous étions sur le navire ? Soyons donc, très attentifs, à l’écoute de la musique. D’où qu’elle vienne. Pierre Bartholomée
Avant-propos
La curiosité, c’est la vie. Si vous n’êtes pas curieux, c’est que vous êtes dans un cercueil. 1 Pierre Boulez
Un scientifique voyage ; c’est inscrit dans son ADN. Il a, s’il est conscient de sa chance, l’occasion de découvrir l’histoire des contrées que le hasard des invitations lui permet de visiter. Curieux, il est vite pris par de nouvelles relations et plongé dans une culture dont il n’a, au mieux, qu’une connaissance livresque. Une sensibilité nouvelle s’ouvre à lui ; le charme de traditions différentes, des atmosphères jamais rencontrées, des chants d’oiseaux typiques et, souvent, une musique aux consonances inhabituelles. C’est ainsi, qu’il y a près d’un demi-siècle, j’ai découvert la musique américaine. Elle m’est vite devenue proche. L’histoire des États-Unis est récente à notre échelle et leur musique « écrite e », savante comme on dit chez nous, ne date que de la fin du XVIII siècle. Elle ne s’est pas embarrassée à ses débuts par des questions de paternité, de droits d’auteurs ou de copyright. Des 2 compositeurs, comme Hewitt , se permettent sans vergogne de citer des passages entiers de classiques européens comme Mozart ; il est vrai qu’ils donnent à leurs compositions des titres non ambigus commeMedley Overture, ouverture « pot-pourri ». La musique classique américaine s’est nourrie de tradition européenne tout en s’imprégnant de negro-spirituals et de jazz. Le jazz symphonique de Gerswhin ou de Grofe est bien américain comme on l’affirmait dans les années 50. Les noms de Ives, Barber, Copland, Bernstein, et les tenants des diverses évolutions plus catégoriques comme Glass, Adams, Carter ou Cage nous sont aujourd’hui familiers. Leur musique est souvent programmée dans nos concerts. C’est aussi par les aléas de ma vie de scientifique que j’ai découvert la musique chinoise, il y a une petite dizaine d’années. Mais, ici, rien de comparable à la musique américaine. Les cultures orientales et occidentales ne se sont rencontrées musicalement qu’avec la chute de l’Empire e chinois au début du XX siècle. L’avènement de la première République a ouvert la voie au mélange de deux mondes musicaux qui avaient évolué par des voies très différentes sinon opposées. Ces deux mondes devaient apprendre à se connaître. Les noms d’artistes « stars » comme Tan Dun, Lang Lang, Yundi ne nous sont plus étrangers. Mais qui, hormis quelques spécialistes, a approché les œuvres de pionniers comme He Luting, de traditionnalistes comme 3 Ding Shande, Du Mingxin... ou des progressistes comme Qin Wenchen ou Chen Qigang ? Je ne suis pas musicien professionnel et encore moins spécialiste de la musique chinoise. Mais, j’ai passé de nombreux mois en Chine et j’y ai pris goût à l’écoute de leur musique. Petit à petit, elle m’a fasciné. Et très vite, je l’avoue, j’ai voulu faire partager cette expérience unique d’être immergé dans une autre culture dont l’origine est beaucoup plus ancienne que la nôtre. Mon approche n’a pas été de faire une étude exhaustive de la musique chinoise moderne, mais bien de prêter attention à quelques œuvres, facilement disponibles chez nous en les replaçant dans leur contexte historique et politique. Pour moi, une conférence sur la musique sans extraits musicaux est impensable. Et comme l’écrit est à la parole, ce que la partition est à la musique, j’ai voulu mettre des extraits de partitions musicales dans cet ouvrage sur la musique, aussi modeste soit-il. Que le lecteur qui ne lit pas les partitions ne me blâme pas. Peut-être, apercevra-t-il dans le graphisme de ces quelques portées les évocations d’une civilisation moins connue chez nous. e La littérature sur la musique classique chinoise du XX siècle est rare chez nous. Je n’ai identifié qu’un bref ouvrage de vulgarisation en français qui ne fait qu’évoquer la musique du
e XX siècle ainsi que trois monographies plus complètes en anglais. J’ai donc assuré toutes les traductions françaises qui figurent dans notre texte car, en pratique, les titres des compositions et de leurs mouvements, les interviews des auteurs et leurs citations ne sont disponibles qu’en chinois et en anglais. Cet ouvrage n’est que le parcours d’un mélomane, scientifique de formation, qui, par ses séjours dans le milieu académique chinois, s’est risqué à essayer de transmettre l’étonnement et le plaisir qu’il a ressentis dans cette belle jungle de la musique chinoise classique, pratiquement inconnue chez nous. L’essai que vous avez entre les mains est un manuel d’introduction à la musique chinoise vue par le biais de l’histoire politique et, par effet miroir, une brève histoire de la Chine du e XX siècle illustrée musicalement. Il ne concerne que la Chine continentale. Je n’ai, en effet, 4 passé que quelques jours à Hong Kong et n’ai jamais visité Taïwan, l’ancienne Formose. L’évolution historique tellement divergente de ces deux parties de la Chine ancestrale sur l’échiquier mondial qui a suivi la Seconde Guerre mondiale justifie pleinement des monographies musicales spécialisées. Laissez-vous donc entraîner dans ces quelques lieues de la musique classique chinoise récente en prenant bien soin de l’entendre dans la résonance de l’histoire mouvementée de l’ex-Empire du milieu sans essayer de la comprendre ou de la juger par le prisme de nos propres critères occidentaux.
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