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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 janvier 2010 |
Nombre de lectures | 32 |
EAN13 | 9782296690950 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
IDENTITÉ NATIONALE,
AMER MINISTÈRE
Logiques Sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection Logiques Sociales entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l’action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.
Dernières parutions
Michel VERRET, Lectures sociologiques , 2009.
Yann GUILLAUD, Jean WIDMER (dir.), Le Juste et l’Injuste. Emotions , reconnaissance et actions collectives , 2009.
Chantal NICOLE-DRANCOURT (dir.), Conciliation Travail-Famille : Attention travaux , 2009.
Catherine LEJEALLE, La télévision mobile. Usages , contenus et nomadisme , 2009.
Claude GIRAUD, De la dette comme principe de société , 2009.
David MANDIN, Les systèmes d’échanges locaux (SEL). Circulations affectives et économie monétaire , 2009.
Pierre BARACCA et al., Les animateurs face à l’intégrisme religieux et à l’oppression des femmes. Témoignages , discussion , enjeux de formation , 2009.
Catherine AGULHON et Angela Xavier DE BRITO, Les étudiants étrangers à Paris. Entre affiliation et repli , 2009.
Alexandre DUCLOS, Des formes modernes de cosmopolitisme , 2009.
Eric FORGUES, L’activité symbolique. La formation de soi et de la société , 2009.
Atmane AGGOUN (dir.), Enquêter auprès des migrants , 2009.
Jacques CHAVANES, La cité au travail. L’insertion des jeunes de « banlieue » d’origine maghrébine , 2009.
Anna AURKEN REGLIN, Danseuses de cabaret. De la lumière à l’ombre , 2009.
Pierre A. VIDAL-NAQUET, Faire avec le cancer dans le monde du travail , 2009.
Jean-Charles BERARDI, Prolégomènes à une sociologie de l’art. Les formes élémentaires de l’échange artistique et son procès. Tome 2 : analyse et modèle , 2009.
Jean-Charles BERARDI, Prolégomènes à une sociologie de l’art. Les formes élémentaires de l’échange artistique et son procès. Tome 1 : problématique et méthodologie , 2009.
Evelyne PERRIN
IDENTITÉ NATIONALE,
AMER MINISTÈRE
Ce qu’en disent de jeunes Franciliens
Préface d’Emmanuel TERRAY
L’Harmattan
Du même auteur
Michel PERRALDI, Evelyne PERRIN (coord), Réseaux productifs et territoires urbains , Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 1996.
Evelyne PERRIN, Nicole ROUSIER (coord.), Ville et emploi. Le territoire au cœur des nouvelles formes de travail , La Tour d’Aygues, Ed. de l’Aube, 2000.
Evelyne PERRIN (coord.), Précarité, points de vue du mouvement social , AC !, APEIS, MNCP, Paris Syllepse, 2002.
Evelyne PERRIN, Chômeurs et précaires au cœur de la question sociale , Paris, La Dispute, 2004.
Paul BOUFFARTIGUE, Jean-René PENDARIES, Frédéric PÉROUMAL, Evelyne PERRIN, Actions collectives et précarité : le syndicalisme à l’épreuve. Enquête sur trois secteurs d’activité : poste, sous-traitance pétrochimique, restauration rapide , Aix-en-Provence, LEST, mars 2007, pour la DARES, Ministère de l’Emploi et de la Cohésion sociale.
Evelyne PERRIN, Jeunes maghrébins de France, la place refusée, Paris, L’Harmattan, 2008.
© L’HARMATTAN, 2009
5-7, tue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http:// www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-10839-4
EAN : 9782296108394
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
A Karim et Leïla
A tous ces autres
Que j’ai aimés, que j’aime et aimerai
Merci à Marion pour le titre
Et à Elisabeth
PRÉFACE
La création en mai 2007 d’un ministère de l’identité nationale appelle, de la part du chercheur en sciences sociales, deux séries de remarques.
Du point de vue des anthropologues, il est clair que le terme d’identité ne saurait être employé au singulier ; il faut toujours l’utiliser au pluriel. Chaque être humain dispose toujours de plusieurs identités, et il ne s’agit pas seulement d’identités « sectorielles » comme les identités familiales, professionnelles, culturelles, religieuses, etc…Il s’agit aussi et surtout des divers « personnages » que nous nous composons, des divers rôles que nous jouons selon les temps et les circonstances. Ces personnages ne sont pas nécessairement cohérents entre eux ; peu importe, puisqu’ils ne sont jamais présents simultanément. En fait, ils sont l’image que nous voulons donner de nous-mêmes en fonction de nos buts et de nos stratégies : du fait de ce caractère instrumental, ils sont multiples, mobiles, changeants, et il faut toute la sottise obtuse du bureaucrate pour croire qu’une identité unique pourrait épuiser toute la richesse que l’individu porte en lui.
Ce qui est vrai des personnes singulières ne l’est pas moins des collectivités. Une nation comme la France, héritière d’un passé plusieurs fois séculaire, dispose à l’évidence de plusieurs identités dont beaucoup sont incompatibles entre elles. La France de Saint Louis n’est pas la France de la Révolution, la France des Versaillais n’est pas celle des Communards, la France de Vichy n’est pas celle de la Résistance. Là encore, qui dit identité dit image de soi, et en quelque sorte par définition, ces images sont diverses et sujettes à transformations.
Du point de vue de l’historien, l’expérience passée de notre pays montre que l’évocation de l’identité nationale au singulier a toujours servi à des fins d’exclusion : l’identité a été brandie pour désigner ceux qui ne la partageaient pas, et qui devaient donc être exclus de la communauté. Au début du XXe siècle, Charles Maurras a été l’un des chantres les plus exaltés de l’identité nationale : elle lui servait à rejeter hors de la nation ce qu’il appelait les quatre « états confédérés » : juifs, protestants, métèques et franc-maçons. La même démarche et la même énumération seront reprises sous le régime de Vichy, à ceci près que les communistes prendront alors la place des protestants. Le recours à l’identité sert toujours les mêmes fins : il s’agit de légitimer une opération de ségrégation et de discrimination visant une partie de la population de ce pays, stigmatisant des gens qui vivent parmi nous et contribuent comme nous à la richesse matérielle et culturelle de la collectivité.
Evelyne Perrin a eu l’excellente idée de questionner sur ce sujet quelque deux cents jeunes rencontrés au Forum des Halles et dans ses environs. Bien entendu, elle souligne elle-même que son enquête n’a pas de caractère scientifique au sens strict du terme et que son échantillon n’est pas représentatif de l’ensemble de la jeunesse française. La démarche n’en est pas moins pertinente, car les jeunes interrogés appartiennent pour la plupart à cette fraction de la population que les nouveaux prophètes de l’identité nationale voudraient exclure. En ces temps où il est de bon ton de sacraliser la parole des victimes, le livre d’Evelyne Perrin devrait être bien accueilli : il donne en effet la parole aux victimes potentielles de la politique de MM. Sarkozy et Hortefeux. On verra à quel point ces victimes évaluent lucidement les menaces qui pèsent sur elles, et avec quelle intelligence elles discernent les objectifs réels qui se cachent derrière les proclamations identitaires des hommes du pouvoir.
De plus, Evelyne Perrin va bien au-delà de son enquête et nous propose une analyse et une critique globales de la politique d’immigration et d’ « intégration » mise en œuvre par l’actuelle majorité. Fortement argumentées, nourries de faits et de réflexions, cette analyse et cette critique apporteront une aide efficace à tous ceux, de plus en plus nombreux, qui combattent l’action gouvernementale et luttent pour une autre politique, respectueuse des droits et de la dignité des personnes, soucieuse d’ouverture, de dialogue et d’échange.
Emmanuel TERRAY
Anthropol