L art d ordonner le monde
335 pages
Français

L'art d'ordonner le monde , livre ebook

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335 pages
Français

Description

En faisant des associations humaines sa matière, en pointant la source, la structure et les effets de la discorde entre les princes comme ses défis fondamentaux, l'art de mettre le monde en ordre dévoile une étonnante fécondité : la germination du génie propre à la conduite des affaires internationales.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2008
Nombre de lectures 118
EAN13 9782296187429
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’art d’ordonner le monde Usages de Machiavel
André-Marie Yinda Yinda
L’art d’ordonner le monde Usages de Machiavel
Avant-propos de Pierre Manent
Pouvoirs comparés
L’Harmattan
À Odette et Gervais, pour ce que je leur dois d’essentiel ; àLéonora et Sylvie, Yvette et Louis, pour le bonheur d’être avec eux.
REMERCIEMENTS
Si le présent travail, aboutissement partiel d’une thèse, est arrivé à son terme, je le dois à quelques personnes particulière-ment bienveillantes. Ma gratitude va d’abord à Pierre Manent, mon directeur de thèse, qui a accepté de diriger mes recherches avec une rigueur, une disponibilité et un esprit d’ouverture exemplaires. Le Centre de Recherches politiques Raymond Aron de l’École des Hautes Études en Sciences sociales (EHESS) m’a généreusement accueilli et Marie-Madeleine Paccaud a toujours été d’une extrême gentillesse à mon égard. Que Jean-Vincent Holeindre, qui m’a donné l’occasion d’intervenir au séminaire des doctorants dudit laboratoire, reçoive ici le témoi-gnage de mon amicale reconnaissance. Il en est de même d’Éloi Ficquet, Jean-Claude Penrad et José Kagabo qui m’ont, à plusieurs reprises, permis d’animer quelques séances de leurs séminaires respectifs au Centre d’Études africaines de l’EHESS, ainsi que de Nadine Dada qui m’a donné accès à la bibliothèque de troisième cycle de Sciences Po-Paris. J’en profite également pour dire merci à Ebénézer Njoh Mouéllé et Alain Renaut pour m’avoir aidé à démarrer cette recherche comme premiers directeurs de thèse. Les échanges furtifs que j’ai eus avec Pierre Hassner, Marie Gaille-Nikodimov et Christian Lazzeri ont éclairé mon cheminement. Un long et passionnant commerce d’idées et de sentiments avec Achille Mbembe m’a confirmé dans l’estime que je lui porte aujour-d'hui. Mes collègues du Département de philosophie de l’Université de Yaoundé I ont contribué, chacun à sa manière, à l’accomplissement de ce travail. En particulier Pierre-Paul Okah Atenga m’a introduit dans l’enseignement universitaire, l’Abbé Robert Ndebi Biya m’a été d’un précieux secours moral et maté-riel. Trois aînés, Joseph Bikoï Bi Tam, Bienvenu Nola et Joseph-
Alphonse Tonyè m’ont soutenu quand ils ont pu. Dès le début de mes travaux, Luc Sindjoun m’a ouvert avec bienveillance les portes du Groupe de Recherches administratives, politiques et sociales (GRAPS), cette équipe de recherches qui est devenue, pour moi en tout cas, non seulement un cadre stimulant pour le développement de mes capacités scientifiques, mais aussi et surtout le creuset de quelques amitiés intellectuelles que j’espère durables avec Luc lui-même, Mathias-Eric, Yves-Alexandre et quelques autres. Aurélie a été de tous les combats et a su, avec sa délicatesse habituelle, m’aiguillonner jusqu’au bout, y compris quand elle n’avait plus aucune raison de le faire. Jean-Godefroy Bidima m’a généreusement accueilli et soutenu à Paris. Eugène Emboussi m’a épaulé sur le terrain de la philoso-phie et Jean-Pierre Bell sur le terrain de la vie pratique. Enfin, que toute ma famille, mes amis et relations reçoivent ici l’expression de mon affectueuse reconnaissance. Garnelles est devenu une deuxième maison pour moi : l’abbé Jean-Paul Savignac, Pierre Friedling, Xavier Boutin, José Ortega del Carmen, Olivier, Frédéric et tous les autres m’ont accueilli et soutenu avec une générosité toute fraternelle. C’est à la Société des Amis de Raymond Aron, à travers le « Prix Raymond Aron 2005 » attribué à ma thèse que ce livre doit son existence.
SOMMAIRE
Avant-Propos du Professeur Pierre Manent. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9 INTRODUCTION. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13. . . . . . . . . . . . . . . . . .
PREMIÈREPARTIE GÉNÉALOGIE COMMUNE DU POLITIQUE
LE PLI POLITIQUE DE LHUMANITÉ. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .39 De l’état de nature à l’état civil. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .45 De l’état civil à l’état de nature. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .50 LES DEUX INTERFACES DE LHISTOIRE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .57 Entre l’ancien et l’actuel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .59 Entrevirtùetfortuna. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .65 UNE RATIONALITÉ D’ÉTAT. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .71 La sécurité, condition de l’État. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .73 « La fin justifie les moyens ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .80
« AU FIL DE LÉPÉE». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .95. . . . . . . . . . . . . . . . . L’intelligence de la guerre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .98 La mesure des rapports de force. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .105
DEUXIÈMEPARTIE UNE COSMOGRAPHIE DE LA SOUVERAINETÉ
LE POUVOIR SOUVERAIN EST D’ÉTAT:SOUVERAINETÉ. . . . . . . . . . . . . . . . . .123 Le conflit des traductions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .124 Le conflit des interprétations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .134
LA SOUVERAINETÉ ENTRE TERRITOIRE ET VERTU:OPÉRATIVITÉ. . . . . . . . . . .143 L’inscription territoriale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .144 La transcription « vertueuse ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .154
LES SOUVERAINETÉS RÈGLENT LE MONDE:NORMATIVITÉ. . . . . . . . . . . . . . . .161 Une économie de la violence. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .162 Le principe de nécessité comme modalité de règlement. . . . . . .174
DE LA CITOYENNETÉ À LA SOUVERAINETÉ:TRAVERSÉE DU MONDE. . . . . . . . .183 De la subjectivité à la souveraineté. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .185 Principautés et souverainetés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .191
TROISIÈMEPARTIE UNE MODERNITÉ INTERNATIONALE
UNE GENÈSE WESTPHALIENNE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .211 Sutructure géopolitique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .219 Stratégie internationale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .223
ÀLÉPREUVE DU SYSTÈME INTERNATIONAL. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .229 Pratiques politiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .231 Réceptions théoriques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .237
LA SUBJECTIVATION INTERNATIONALE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .245 Identification. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .248. . . . . . . . . . . . . . . . . Rationalisation de soi. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .254
LA CIVILITÉ INTERNATIONALE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .261 Réserves orthodoxes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .264 Rémanences orthodoxes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .274
CONCLUSION. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .283. . . . . . . . . . . . . . . . . . . BIBLIOGRAPHIE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .295 NOTES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .307
AVANT PROPOS
Nombreux, très nombreux sont les travaux, savants ou moins savants, sur Machiavel. Rares, très rares sont ceux qui dès l’abord donnent le sentiment que l’auteur a assez de cran pour pouvoir comprendrequelque choseàl’œuvre et àla démarche du Florentin. On n’est jamais trop savant, mais la science, philologique ou historique, n’est pas un substitut pour ces quali-tés de l’âme qui seules nous permettent d’approcher une âme aussi audacieuse et un esprit aussi pénétrant que ceux de Machiavel. Quelque chose comme un courage du champ de bataille est nécessaire àcelui qui passe ses veilles sur les écrits du grand Secrétaire. C’est même trop peu dire, carla chose mêmeest plus terrible que le plus féroce ennemi. La chose ? Quelle chose ? Quelle est cette chose dont Machiavel prétend être le premier àchercher la « vérité effec-tive » ? Je ne sais si André-Marie Yinda Yinda répond finalement àla question d’une manière entièrement satisfaisante et convaincante, mais àcoup sûr il s’élance vers elle, il l’attaque avec une audace, parfois une effronterie, qui m’ont impres-sionné dès que j’ai pris connaissance de ses travaux. En voici un qui n’a pas froid aux yeux, pensai-je, et qui donc peut effective-ment entreprendre de lire Machiavel ! Le livre que voici, sivivant, a quelque chose de la mobilité et de l’intensité de l’existence politique elle-même. Si le traitement de la lettre du texte n’est pas toujours sans reproche, on admire l’affinité avec l’esprit de Machiavel. L’absence de préjugés y est parfois aussi choquante que chez le grand prédécesseur ! Mais allons droit au centre du propos. Tous tant que nous sommes, chacun avec ses préjugés et sympathies, nous nous fabriquons notre petite religion politique, cet ensemble d’opinions et de sentiments qui nous permet d’ac-cueillir tranquillement l’événement politique, ce dernier confir-mant àchaque fois combien nous avons raison d’être libéraux ou socialistes, modérés ou radicaux, partisans de la guerre juste ou de la paix àtout prix. Quelle que soit notre piété politique
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L’art d’ordonner le monde. Usages de Machiavel
– Machiavel dirait : notre « secte » –, nous éprouvons le même sentiment : c’est par la faute, intellectuelle ou morale, de l’autre parti que le monde n’est pas ce qu’il devrait être, c’est-à-dire tel que le peignent les opinions et les sentiments de notre parti. Et c’est pourquoi les bons citoyens changent si rarement de dispo-sitions politiques, s’il leur arrive parfois de changer d’opinions, et de se retrouver les mêmes dans le camp opposé. Or, Machiavel nous interdit toute piété. Il nous tient de force la tête dans le vent. Il nous force àvoir ce que nous nous efforçons, en général avec succès, de ne pas voir : bien en deçàde nos oppo-sitions favorites, le politique doit affronter dans toute son effrayante nudité le problème primordial, celui de lamise en ordre du monde. André Marie Yinda Yinda ne quitte àaucun moment des yeux ce problème primordial. Il en fait sa base d’opérations – il fait son nid dans l’orage, suis-je tenté de dire. Mettre le monde en ordre, telle est donc la finalité, ou tel est donc le destin du politique. C’est le propos le plus central du politique, mais nous préférons le traduire et le trahir dans des idiomes scientifiques qui promettent du monde une maîtrise aisée, accompagnée d’agréables récompenses morales. Nous parlons de l’organisation rationnelle des pouvoirs, de la protec-tion des droits, choses excellentes en effet mais qui reposent, quand elles existent, sur quelque chose de primordial et de premier, précisément une certaine mise en ordre du monde. L’ouvrage d’André-Marie Yinda Yinda est authentiquement machiavélien en ceci que non seulement il reconnaît et docu-mente le fait que le politique est la seule chose qui nous protège du chaos, mais souligne que, pour accomplir cela, il doit faire place en quelque mesure ou façon au chaos, lui faire droit. Le politique, facteur d’ordre, fait que nous nous sentons du bon côté des choses, de l’ordre précisément et de la civilisation, et loin du désordre et de la barbarie. Entre les deux et de toutes les manières, il trace lafrontière. Mais comprendre le politique, c’est comprendre celle-ci comme effet et non comme fait. Yinda Yinda parle du « pli politique de l’humanité », pli que l’humanité produit et qui la produit. Il nous montre l’acteur politique pris entre état de nature et état civil, sans qu’une séparation bien nette puisse être établie entre les deux : pour instituer ou maintenir le vivre-libre et le vivre-civil, le prince doit être toujours prêt àlâcher la bride àla sauvagerie de la nature ou ày trouver des ressources.
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