"L identité nationale" à l épreuve des identités culturelles en Allemagne, en France, au Royaume-Uni
240 pages
Français

"L'identité nationale" à l'épreuve des identités culturelles en Allemagne, en France, au Royaume-Uni , livre ebook

240 pages
Français

Description

Cet ouvrage remet en question "l'identité nationale" telle qu'elle a pu être définie par différents gouvernements pour lui préférer la référence d'identités plurielles. Les auteurs se penchent ensuite sur les représentations de l'identité nationale dans les arts, les programmes européens ou les conflits. Ils étudient les politiques visant à revivifier les "identités nationales". Enfin, ils analysent les rapports à l'identité nationale que certains groupes minoritaires peuvent entretenir.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2013
Nombre de lectures 28
EAN13 9782336321448
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction de MarieAnnick Mattioli, Olga Muro et Michel Prum
« L’identité nationale » à l’épreuve des identités culturelles en Allemagne, en France, au Royaume-Uni
Une approche critique
Préface d’Yves Charles Zarka
Racisme et eugénisme
« L’identité nationale » à l’épreuve des identités culturelles en Allemagne, en France, au Royaume-Uni
Une approche critique
Collection « Racisme et eugénisme » Dirigée par Michel Prum La collection "Racisme et eugénisme" se propose d'éditer des textes étudiant les discours et les pratiques d'exclusion, de ségrégation et de domination dont le corps humain est le point d'ancrage. Cette problématique du corps fédère les travaux sur le racisme et l'eugénisme mais aussi sur les enjeux bioéthiques de la génétique. Elle s'intéresse à toutes les tentatives qui visent à biologiser les rapports humains à des fins de hiérarchisation et d'oppression. La collection entend aussi comparer ces phénomènes et ces rhétoriques biologisantes dans diverses aires culturelles, en particulier l'aire anglophone et l'aire francophone. Tout en mettant l'accent sur le contemporain, elle n'exclut pas de remonter aux sources de la pensée raciste ou de l'eugénisme. Dernières parutions Bernard Cros, Marie-Annick Mattioli, Michel Prum et Thierry Vircoulon (dir.), Penser et gérer la diversité en société : regards sur l’Afrique, 2013. Michel Prum (dir.),Racialisations dans l’aire anglophone, 2012. Sophie Geoffroy et Michel Prum (dir.),Darwin dans la bataille des idées, 2012. Marie-Claude Mosimann-Barbier,Un Béarnais en Afrique australe ou l’extraordinaire destin d’Eugène Casalis, 2012. Sous la direction de Claude Carpentier,La rencontre des cultures : un défi pour l’école,2012. Michel PRUM,Sexe, race et mixité dans l’aire anglophone, 2011. Marius TURDA,Modernisme et eugénisme, 2011.Michel PRUM,Métissages,2011. Amélie ROBITAILLE-FROIDURE,La liberté d’expression face au racisme. Etude de droit comparé franco-américain, 2011. John WARD,Le mouvement américain pour l’hygiène mentale (1900-1930) ou Comment améliorer la race humaine, 2010. Catherine UKELO,Les prémices du génocide rwandais. Crise sociétale et baisse de la cohésion sociale, 2010. Claude CARPENTIER et Emile-Henri RIARD,Vivre ensemble et éducation dans les sociétés multiculturelles, 2010.
Sous la direction de Marie-Annick Mattioli, Olga Muro et Michel Prum
« L’identité nationale » à l’épreuve des identités culturelles en Allemagne, en France, au Royaume-Uni
Une approche critique
Préface d’Yves Charles Zarka
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Ouvrage publié avec le soutien de l’université Paris Descartes
© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-01385-5 EAN : 9782343013855
Préface Qu’est-ce que l’identité nationale ? Yves Charles Zarka La notion d’« identité nationale » semble très simple à première vue, mais elle est en vérité complexe. C’est souvent lorsqu’on ne voit pas cette complexité qu’elle devient un piège. C’est d’ailleurs pourquoi le débat sur l’identité nationale lancé il y a quelques années par le gouvernement de l’époque était piégé. Je ne veux pas du tout dire que la notion d’identité nationale est fallacieuse, qu’il s’agit d’un leurre utilisé pour tromper. Pas du tout. Je dis que cette notion a un sens, que l’identité nationale a un contenu déterminé. Mais il faut savoir lequel. C’est pourquoi j’ai souhaité traiter ici de la question préalable à toute réflexion sur « L’identité nationale à l’épreuve des identités culturelles ». À savoir : « qu’est-ce que l’identité nationale ? ». Mais pour répondre à cette question préalable, il faut en poser une autre qui est préalable à cette question préalable, à savoir : « qu’est-ce que l’identité ? ». Identité et différence Pour comprendre le sens de cette notion, il faut faire un peu de philosophie. La notion d’identité n’est pas simple ; elle est double. Il y a deux types d’identité fondamentalement distincts. Il y a d’abord l’identité permanence. L’identité se définit alors par le maintien, la préservation d’un élément essentiel qui demeure le même dans le temps et nous permet de reconnaître une chose comme la même,idemlatin. Traduisant le mot en anglais “sameness”, Paul Ricœur parlait de «mêmeté», ou d’une « identitémêmeté»,repose sur la permanence. qui J’appellerai pour ma part cette identitéidemité. Si une chose change dans toutes ses dimensions, si rien ne demeure, on dit alors qu’elle n’est plus la même chose, qu’elle a perdu son identité. Dans la deuxième de sesMéditations métaphysiques, Descartes pose la question de savoir ce qui fait que le morceau de cire, qui a perdu toutes ses qualités sensibles, après avoir été
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approché d’un feu, est le même moreau de cire ; il demande : qu’y a-t-il en lui de permanent dans le changement ? Et la réponse à cette question était un quelque chose d’étendu qui se maintient malgré les changements. Donc une certaine quantité d’étendue. L’idemitémorceau de cire est attestée par du la permanencede cette quantité d’étendue. Mais, il y a aussi un autre concept de l’identité, c’est le rapport à soi, l’ipséité, terme qui vient du latinipse,qui et signifie le soi, le rapport à soi, en anglais leself. Or la caractéristique de l’identité du soi est telle qu’elle se maintient même si le sujet en question a totalement changé. Je suis aujourd’hui identique à celui que j’étais lorsque j’étais enfant, alors même qu’aucune des caractéristiques qui me définissaient ne s’est maintenue : ni la taille, ni la forme du corps, ni la couleur des cheveux, ni la forme du visage, etc. Tout a changé et pourtant je demeure le même, de sorte que je peux élaborer le récit de mon existence individuelle, rapporter à moi des actes que j’ai commis étant enfant ou des situations que j’ai vécues alors. L’identité n’est pas ici définie par la permanence mais par le rapport à soi que permettent la conscience et la mémoire.C’est l’identité personnelle telle que la définissait John Locke dans son admirableEssai concernant l’entendement humain ème (2 partie, chapitre 27).Mais déjà au préalable, Descartes, toujours dans la deuxième méditation métaphysique, avait montré qu’il y avait une identité qui n’exigeait aucune permanence : c’est l’identité de l’ego de l’ego cogito, du « je » du « je pense ». Cette identité est l’ispéitédu moi. Il convient de remarquer dès ce niveau que l’idée d’identité n’est pas identique à elle-même. L’identité de l’identité n’est pas l’identité, mais la différence. Cette idée peut paraître bien abstraite, mais devient immédiatement concrète si je la formule ainsi : il n’y a pas d’identité qui ne porte en elle-même une différence. Autrement dit, il n’y a pas d’identité pure, ni d’identité simple, toute identité porte en elle la différence, toute identité est plurielle. C’est pourquoi, il serait non seulement faux, mais parfois même meurtrier de penser l’identité en termes de pureté. L’identité n’est jamais pure, elle est toujours impure, mixte, composite. C’est lorsque l’on croit que l’identité réside dans la pureté, que l’identité devient meurtrière. L’idée de pureté, qu’elle soit religieuse, ethnique, culturelle ou autre est dangereuse. Rien dans notre monde humain n’est pur, sinon 8
dans le cerveau de quelques extrémistes. Ce n’est pas à l’idée de pureté que renvoie l’identité, mais à celle de fidélité. La fidélité c’est précisément la trace de l’ispéité: le maintien dans le changement, parfois intégral. L’identité nationale Nous pouvons désormais passer à l’idée d’identité nationale. De quel type d’identité relève-t-elle : de l’idemitéou de l’ipséité? C’est précisément parce que cette question n’est pas posée que l’usage de la notion d’identité nationale peut constituer un piège. Or, l’identité d’un nation comme celle d’un individu relève très directement de l’identitéipséité, d’une identité réflexive et nullement d’une identité permanence. Prenons un exemple : la France d’aujourd’hui n’a plus grand chose à voir avec la France féodale ou avec la France de l’Ancien Régime et pourtant c’est de la même France, dont on parle maintenant. Elle a changé presque du tout au tout. Rien en elle n’est demeuré permanent : ni sa géographie, ni un bon nombre d’aspects de sa culture, ni sa population. Et pourtant, c’est la même France. Son identité relève donc d’un rapport à soi, d’une histoire, d’un récit, ou plus exactement de plusieurs histoires entrecroisées, de plusieurs récits entremêlés. L’identité d’une nation est une identité réflexive. Une nation n’existe que dans la mesure où elle se conçoit comme une nation. Sans cette réflexivité, sans cette conscience de soi, il n’y aurait pas une nation mais une multitude d’individus ou de groupes disparates. La nation réside dans la seule conscience d’être une nation et nullement dans l’origine ethnique des individus qui y vivent. Inversement, des populations de même origine ethnique peuvent donner lieu à des nations différentes et mutuellement hostiles, c’est ce qui arrive dans les Balkans. Les populations bosniaques, croates et serbes sont de la même souche ethnique, quels que soient les apports extérieurs. Mais, loin qu’elles se conçoivent comme une seule nation, elles se haïssent et s’opposent à tous les points de vue, jusqu’à vouloir chasser d’elle-même tout ce qui ne relève pas du groupe bosniaque pour les Bosniaques, croate pour les Croates ou serbe pour les Serbes. Ces populations, comme l’a montré le grand connaisseur des Balkans qu’est Paul Garde, vont jusqu’à créer artificiellement des différences linguistiques pour se distinguer, pour se différencier les unes des autres. 9
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