L'Iran et le détroit d'Ormuz

Léa Michelis

Description

Porte d'entrée du golfe Persique, le détroit d'Ormuz est un couloir maritime stratégique qui borde les eaux territoriales iraniennes et omanaises. Il est donc un formidable atout pour l'Iran qui possède les quatrièmes réserves de pétrole et les deuxièmes réserves de gaz naturel mondiales. Prenant en compte le temps long de l'histoire iranienne, l'auteure décrypte la complexité et la multitude de facteurs qui fondent la politique iranienne dans son environnement régional. Noeud de tensions, interface d'échanges, le détroit d'Ormuz est au coeur d'une politique de défense et commerciale bien précise.

Sujets

• Economie
• Relations internationales
• Afrique subsaharienne
• Diplomatie
• Géopolitique

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 18 février 2019
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782336864952
• Langue: Français

Extrait

Couverture
4e de couverture
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Comprendre le Moyen-Orient
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Titre

Léa MICHELIS




L’Iran et le détroit d’Ormuz


Stratégies et enjeux de puissance depuis les années 1970


Préface de Clément Therme
Copyright



















© L’Harmattan, 2019
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-86495-2
Remerciements
Cet ouvrage est issu d’un mémoire soutenu en juillet 2018 à Sciences Po Aix. Je souhaite remercier mon directeur de mémoire, Walter Bruyère-Ostells, pour son soutien et sa disponibilité tout au long de cette année de recherche.
Ma gratitude va à Clément Therme qui m’a encouragée dans le choix de mon sujet. Je le remercie pour son écoute, ses conseils qui m’ont permis d’avancer dans la conception de mon objet d’étude et dans ma rédaction. Grâce à lui, j’ai pu trouver une orientation et de nouvelles voies de recherche.
Je remercie chaleureusement ma mère pour son écoute sans faille, ses précieux conseils, et sa passion qu’elle m’a Iransmise pour la recherche, l’écriture et la connaissance.
Enfin, merci à tous les membres de ma famille, en particulier mon père, ma sœur ainsi que mes grands-parents, sans qui cet ouvrage n’aurait certainement pas été le même.
Préface
Clément Therme est chercheur pour le programme Moyen-Orient de l’International Institute for Strategic Studies (IISS) de Londres.
La Révolution de 1978-1979 a Iransformé la perception de l’Iran en Occident. De gendarme du Golfe sous le règne du Shah Mohammad-Reza Pahlavi (1941-1979) à une République islamique (1979-) qui apparaît depuis lors comme une puissance déstabilisatrice ou « hégémonique » pour nombre de ses voisins arabes et Israël, la nature de la politique régionale de Téhéran n’a eu de cesse de questionner. Après la Révolution, la République islamique construit ses relations avec son environnement régional en s’appuyant sur l’idéologie islamiste tout en prenant en considération les questions de sécurité dans la définition de sa politique régionale. La politique de Téhéran dans son environnement régional valide le concept idéologique anti-impérialiste. Selon le Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, l’Iran ne fait pas partie du Moyen-Orient, qui est une invention britannique, mais de l’Asie de l’Ouest. Le combat des pays musulmans contre les grandes puissances doit s’inscrire dans l’aire régionale de « l’Asie de l’Ouest », appellation qui doit l’emporter sur le « Moyen-Orient », produit de la pensée colonialiste 1 .
Cet ouvrage de Léa Michelis est incontournable pour comprendre les ruptures et continuités dans la politique iranienne dans le golfe Persique avant et après la Révolution islamique. Prenant en compte le temps long de l’histoire iranienne, l’auteure parvient à décrypter avec succès la complexité et la multitude de facteurs qui fondent la politique iranienne dans son environnement régional. Basé sur des sources primaires et notamment des archives diplomatiques françaises, elle nous révèle les dessous de l’affaire Air France de 1975. Ainsi en mai 1975, le gouvernement iranien s’oppose à Air France. A cette date, Air France met en circulation des documents de vol qui comportent une carte où le golfe Persique figure avec la mention « arabo-persique » à la place de son appellation habituelle (p. 56). A cette époque, la capacité d’influence diplomatique iranienne conduit la société française à renoncer à ce changement de nom ce que la République islamique ne sera plus en mesure d’imposer. Ainsi les États-Unis adoptent l’appellation de golfe « Arabique » en 2015. ce qui démontre la politisation des appellations géographiques dans cette zone.
Plus largement, on relèvera que les stratégies d’influence de l’Iran sont destinées à l’environnement régional immédiat (Irak, Turquie, Caucase, Asie centrale, Afghanistan, Pakistan, golfe Persique) et au-delà, en Méditerranée orientale en général et au Liban en particulier. En effet, on l’a vu, cette région n’était pas une priorité dans la politique régionale de l’Iran à l’époque Pahlavi. Elle l’est devenue en raison de l’adhésion du Hezbollah libanais à la doctrine du velâyat-e faqih (tutelle du juriste-théologien) théorisée et concrétisée par la République islamique.
Enfin, last but not least , vu depuis les pays voisins, il y a souvent cette idée que l’Iran aurait des ambitions « hégémoniques » voire « impériales » sur la scène régionale. En ce sens, le cas iranien se rapproche de l’exemple russe comme le souligne Maxim Suchkov, ce sont deux « célibataires stratégiques » 2 . Cette dimension « nationaliste » ou « impériale » attribuée à l’Iran se confond, en particulier dans le monde arabe, avec la dimension révolutionnaire de la République islamique. Pourtant, si dans le discours politique à usage interne on a vu émerger la dimension islamo-nationaliste, force est de constater que dans les mondes musulmans, la République islamique s’efforce de mettre en avant la dimension religieuse de l’identité du régime plutôt que la dimension nationale de l’identité du pays. Bien sûr que dans l’imaginaire des élites politico-religieuses les deux se confondent, mais ce discours est désormais contesté à l’intérieur du pays avec les manifestations contre le régime (2009 puis 2017-2018) et à l’extérieur où les communautés soutenues par la République islamique renvoient souvent les religieux iraniens à. leur identité ethno-nationale que ce soit en Irak, dans le golfe Persique, au Pakistan ou en Afghanistan.
La question économique enfin est décisive pour comprendre la position stratégique de l’Iran. Dans le temps long de l’histoire iranienne, c’est bien la découverte du pétrole en Iran en 1908 dans les environs de Masjed Soleiman qui mène à la formation de l’Anglo-Persian Oil Company (APOC), basée à Londres et attirer les convoitises impériales. A partir de cette époque, l’enjeu énergétique va devenir l’un des éléments fondamentaux de l’équation stratégique iranienne. L’Iran dispose en effet d’un potentiel énergétique considérable. Il possède les quatrièmes réserves prouvées au monde pour le pétrole (158 milliards de barils en 2017, 10 % du total mondial) 3 et les secondes pour le gaz (1,191 trillion cubic feet soit 17 % du total mondial) dont environ 40 % sont concentrées dans le plus grand champ gazier au monde : South Pars au Sud du pays 4 .
La production, qui a atteint 6 millions de barils par jour (mb/j) dans les années 1970, n’est plus que de 3,8 mb/j depuis la signature de l’Accord sur le nucléaire du 14 juillet 2015 5 . Avec l’annonce d’un retour des sanctions unilatérales pétrolières américaines contre le secteur