La complicité de la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda
172 pages
Français

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La complicité de la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda , livre ebook

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Description

15 ans après le génocide des Tutsi du Rwanda, cet ouvrage, autour de 15 questions-clés, s'attache à démontrer les éléments constitutifs de la complicité de la France dans ce génocide et tente de répondre aux interrogations qu'une telle accusation pose. Au travers de ces réponses, il s'agit de faire comprendre aux citoyens français en quoi cette tragédie fait partie de l'histoire de notre pays et met directement en cause le fonctionnement de nos propres institutions.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2009
Nombre de lectures 75
EAN13 9782336282121
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La complicité de la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda

Survie
Ouvrage publié par l’association Survie
Coordination: Olivier Thimonier et Raphaël Doridant.
Contributeurs  : Vincent Munié, Fabrice Tarrit, Raphaël Granvaud, Will Cooper, Sharon Courtoux, Raphaël Doridant, Olivier Thimonier.
Remerciements :
A Emmanuel Georges, pour sa contribution à la réalisation de la 1 ère de couverture.
A Jean-François Millaud, pour la relecture.
© L’HARMATTAN, 2009 5-7, rue de l’École-Polytechnique; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296086234
EAN: 9782296086234
Sommaire
Page de titre Remerciements : Page de Copyright 1) Pourquoi ce livre - 15 ans après le génocide des Tutsi ? 2) Qu’est-ce que le génocide des Tutsi du Rwanda ? 3) La France a-t-elle soutenu le régime qui préparait le génocide ? 4) La France a-t-elle soutenu ceux qui commettaient le génocide ? 5) La France a-t-elle continué à soutenir les génocidaires pendant l’opération Turquoise ? 6) La France a-t-elle poursuivi son alliance avec les génocidaires, après le génocide ? 7) Pourquoi la France s’est-elle ainsi engagée au Rwanda ? 8) Peut-on parler de « complicité de génocide » et peut-on juger les responsables français ? 9) Que valent les arguments de ceux qui réfutent la complicité de la France dans le génocide ? 10) Que penser de l’enquête du juge Bruguière sur l’attentat du 6 avril 1994 ? 11) Quelle est l’attitude de la classe politique vis-à-vis du génocide et de l’implication française ? 12) Quelle est, depuis 1994, l’attitude des militaires français engagés au Rwanda ? 13) Qu’est-ce qu’une Commission d’enquête parlementaire sur le rôle de la France au Rwanda apporterait de plus que la Mission d’information de 1998 ? 14) Quelle connaissance l’opinion française a-t-elle du génocide des Tutsi et de la complicité de la France dans celui-ci ? 15) En 2009, où en sont les relations franco-rwandaises  ? Postface Bibliographie non exhaustive Filmographie non exhaustive Association française contre le néocolonialisme en Afrique
1) Pourquoi ce livre
15 ans après le génocide des Tutsi ?
Le génocide des Tutsi du Rwanda, dernier génocide du 20 ème siècle, constitue un événement majeur de ces quinze dernières années. Tentative d’éradiquer pour toujours l’« autre » pour ce qu’il est censé être, ce crime absolu pose inévitablement la question du comment en est-on arrivé là? Comment des êtres humains se mettent-ils à tuer leurs semblables, comment des individus sont-ils amenés à tuer leurs voisins, leurs amis, leurs compatriotes, souvent dans des conditions atroces qui dépassent l’entendement.
Le génocide des Tutsi du Rwanda relève de la même logique meurtrière et inhumaine qui a amené les nazis à exterminer six millions de Juifs et de Tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale (cf. chapitre 2). Et le fait que ce dernier génocide du siècle s’est déroulé en Afrique n’y change rien. A la différence peut-être que, si le génocide des Juifs, un génocide « européen », est connu, reconnu et condamné dans le monde occidental, le génocide des Tutsi reste, quant à lui, encore méconnu, lorsqu’il n’est pas tout simplement considéré comme un génocide « africain », sorte d’épiphénomène d’un continent en proie à l’instabilité et aux conflits meurtriers.
Pourtant, le génocide des Tutsi ne fut pas seulement un génocide « africain », outre le fait qu’il a bien eu lieu en Afrique. Il est aussi le résultat de multiples interférences, ingérences ou indifférences, au premier rang desquelles celles des grandes puissances et de la communauté internationale. Car, tout comme la France, la Chine ou le Pérou, le Rwanda faisait partie, en cette année 1994, de la communauté des nations. Une communauté des nations qui, au lendemain de la Shoah, avait fait du plus jamais ça l’un de ses mots d’ordre. Le génocide des Tutsi du Rwanda sonne, indubitablement, comme un nouvel échec de cette communauté internationale à prévenir et surtout à empêcher le pire.
Mais la réalité est bien plus terrible qu’un simple échec. Car, si la communauté internationale porte une lourde responsabilité dans le génocide des Tutsi du fait de sa passivité, il est un pays qui en porte une autre, bien plus lourde. Ce pays c’est la France, « Patrie des droits de l’homme ». Un pays qui a soutenu le régime qui préparait un génocide, alors même que de nombreux indicateurs l’alertaient sur l’imminence du déclenchement de celui-ci sous l’autorité des plus hauts responsables de l’Etat rwandais (cf. chapitre 3) ; un pays qui a continué à apporter un appui politique, diplomatique, militaire et financier à ceux qui commettaient le crime (cf. chapitre 4) ; un pays encore qui, sous couvert d’une opération « humanitaire », n’a pas mis fin au génocide mais a sauvé la vie... aux génocidaires (cf. chapitre 5) ; un pays enfin qui, alors même que le génocide était terminé, a poursuivi son alliance malfaisante avec ceux qui l’avaient commis (cf. chapitre 6).
Pour ceux qui ne connaissent pas ou peu l’histoire contemporaine de la présence française en Afrique, ou qui découvrent le génocide des Tutsi, ces allégations sont inévitablement difficiles à croire ou à concevoir. Pourtant, c’est bien ce qui s’est passé au Rwanda entre 1990 et 1994.
C’est ce qu’entend démontrer ce livre, en s’appuyant sur les nombreux travaux déjà réalisés à ce sujet jusqu’ici. Car ce soutien de la France aux génocidaires ne fait plus aucun doute. Le nier relève au mieux de l’indifférence, au pire du mensonge.
A partir de ce constat, l’implication française dans le génocide pose au citoyen français de nombreuses questions auxquelles il convient d’essayer de répondre. C’est aussi ce que tente de faire ce livre.
Tout d’abord, pourquoi la France a-t-elle agi ainsi ? Pourquoi les responsables politiques et militaires d’un pays comme le nôtre ont-ils contribué à la mise en œuvre d’une politique aussi meurtrière ? Si la réponse réside en partie dans le caractère néocolonial de la politique de la France en Afrique depuis les indépendances de ses anciennes colonies 1 , il n’en reste pas moins qu’il s’agit ici d’un génocide (cf. chapitre 7).
Dès lors, comment qualifier juridiquement cette implication française ? Peut-on notamment parler de « complicité » de génocide, que recouvre donc exactement cette qualification, et in fine, peut-on juger les responsables français pour un tel acte (cf. chapitre 8) ?
Que penser également de ceux qui réfutent cette complicité, et que valent leurs arguments ? Car, depuis quelques années, sous prétexte de défendre l’« honneur » de la France, un courant révisionniste va jusqu’à déformer la vérité, accusant les Tutsi d’être responsables de leur propre extermination. Il importe de déconstruire ce discours et de réaffirmer les motifs de l’accusation de complicité adressée à la France (cf. chapitre 9 et 10).
Comprendre, c’est déjà agir. Toutefois cela ne suffit pas. En effet, l’implication de la France dans le génocide, du fait de sa gravité, devrait imposer à notre pays une remise en cause fondamentale de sa politique en Afrique et des mécanismes institutionnels qui ont permis à nos gouvernants de s’associer au pire.
Mais, depuis le génocide, quelle est l’attitude de la classe politique française ? Est-elle disposée à s’emparer de cette question (cf. chapitre 11) ? Quelle est l’attitude des militaires français engagés à l’époque au Rwanda sous les ordres des autorités politiques (cf. chapitre 12) ?
En 1998, une mission d’information parlementaire, chargée de faire la lumière sur l’implication française au Rwanda, a bien été mise en place. Mais son président dédouana rapidement la France de toute responsabilité, malgré les conclusions différentes qui pouvaient être tirées du travail des députés. Dans ce contexte qu’est-ce qu’une commission d’enquête parlementaire, par exemple, pourrait apporter de plus que cette mission d’information (cf. chapitre 13) ? Quel rôle pourrait jouer l’opinion publique afin de

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