La conquête du pouvoir
258 pages
Français

La conquête du pouvoir , livre ebook

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258 pages
Français

Description

Le pouvoir, avant de l'exercer, il faut le conquérir. Et pour le conquérir, à moins de le prendre par la force, il faut en passer par la parole. Aussi, le moment de conquête du pouvoir est-il le moment qui condense, à travers la mise en scène du discours, tous les ingrédients du combat politique qui se joue dans l'espace social. Il est le lieu d'entrecroisement des paroles des politiques, journalistes, penseurs, mouvements sociaux, toutes ces paroles interférant les unes sur les autres en une mystérieuses alchimie.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2013
Nombre de lectures 69
EAN13 9782336329710
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

l’instance citoyenne se fonde en démocratie sur un double rapport de conIance
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Patrick Charaudeau
LA CONQUÊTE DU POUVOIR
Opinion, persuasion, valeur. Les discours d’une nouvelle donne politique
Opinion, persuasion, valeur. Les discours d’une nouvelle donne politiq
Collection Langue & Parole
LA CONQUÊTE DU POUVOIR
Langue et Parole. Recherches en Sciences du langage Collection dirigée par Henri Boyer (Université de Montpellier 3) Conseil scientifique : C. Alén Garabato (Univ. de Montpellier 3, France), M. Billières (Univ. de Toulouse-Le Mirail, France), P. Charaudeau (Univ. de Paris 13, France), N. Dittmar (Univ. de Berlin, Allemagne), V. Dospinescu (Univ. "Stefan cel Mare"de Suceava, Roumanie), F. Fernández Rei (Univ. de Santiago de Compostela, Espagne), A. Lodge (St Andrews University, Royaume Uni), I.-L. Machado (Univ. Federal de Minas Gerais, Brésil), M.-A. Paveau (Univ. de Paris 13, France), P. Sauzet (Univ. de Toulouse-Le-Mirail), G. Siouffi (Univ. de Montpellier 3, France).  La collectionLangue et Parole. Recherches en Sciences du langagese donne pour objectif la publication de travaux, individuels ou collectifs, réalisés au sein d'un champ qui n'a cessé d'évoluer et de s'affirmer au cours des dernières décennies, dans sa diversification (théorique et méthodologique), dans ses débats et polémiques également. Le titre retenu, qui associe deux concepts clés (et controversés) duCours de Linguistique Généralede Ferdinand de Saussure, veut signifier que la collection diffusera des études concernant l'ensemble des domaines de la linguistique contemporaine : descriptions de telle ou telle langue, parlure ou variété dialectale, dans telle ou telle de ses/ leurs composantes; recherches en linguistique générale mais aussi en linguistique appliquée et en linguistique historique; approches des pratiques langagières selon les perspectives ouvertes par la pragmatique ou l'analyse conversationnelle, sans oublier les diverses tendances de l'analyse de discours. Elle est également ouverte aux travaux concernant la didactologie des langues-cultures.  La collectionLangue et Parole souhaite ainsi contribuer à faire connaître les développements les plus actuels d'un champ disciplinaire qui cherche à éclairer l'activité de langage sous tous ses angles. Rappelons que par ailleurs la CollectionSociolinguistiquede L'Harmattan intéresse les recherches orientées spécifiquement vers les rapports entre langue/langage et société. Dernières parutions Jaime Céspedes GALLEGO et Carmen PINEIRA-TRESMONTANT (dir.),? Le regard des médiasquels enjeux pour l’Europe L’Espagne : sur les élections de 2011, 2013. Maurice TOURNIER,Des noms et des gens en guerre (1914-1945), Volume II (1939-1945), 2013. Maurice TOURNIER,Des noms et des gens en guerre (1914-1945), Volume I (1914-1939), 2013.
Patrick CHARAUDEAU LA CONQUÊTE DU POUVOIR Opinion, Persuasion, Valeurs. Les discours d'une nouvelle donne politique L’Harmattan
Dernières publications de l'auteur La télévision et la guerre. Déformation ou construction de la réalité ? Le conflit en Bosnie (1990-1994), Ina-De Boeck, Bruxelles, 2001. Dictionnaire d'analyse du discours, en collaboration avec D. Maingueneau, Le Seuil, Paris, 2002. Le discours politique. Les masques du pouvoir, Vuibert, Paris, 2005. (dir.)La médiatisation de la science. Clonage, OGM, Manipulations génétiques, De Boeck-Ina, Bruxelles, 2008. Entre populisme et peopolisme. Comment Sarkozy a gagné,Vuibert, Paris, 2008. Les médias et l'information. L'impossible transparence du discourse (2 édition revue et augmentée), De Boeck-Ina, Bruxelles, 2011. La voix cachée du tiers. Des non-dits du discours,L’Harmattan, Paris, 2005(dir.)Identités sociales et discursives du sujet parlant, L'Harmattan, Paris, 2009 © L’HARMATTAN, 2013 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.comdiffusion.harmattan@wanadoo.frharmattan1@wanadoo.frISBN : 978-2-343-010854 EAN : 9782343010854
INTRODUCTION « L'état idéal de la socialité se déclare ainsi : un immense et perpétuel bruissement anime des sens innombrables qui éclatent, crépitent, fulgurent sans jamais prendre la forme définitive d'un signe tristement alourdi de son signifié. » Roland Barthes par roland barthes, Seuil, 1975 La scénographie politique Le moment de conquête du pouvoir est un de ces moments emblématiques qui condense à travers la mise en scène de la parole tous les ingrédients de lascénographie politique. Le politique est ce qui tient une société dans son identité avec un espoir de lendemains meilleurs. La parole politique est alors un lieu où se mélangent espérances et actions dans lequel se noue un contrat d'idéalité socialeentre dirigeants et citoyens. Aussi a-t-elle besoin de pro-duire un discours selon deux logiques : une logique symbolique qui pose les principes d'une vie politique fondant cette idéalité, en parlant des valeurs collectives qui sont au service du bien commun et qui doivent légitimer l'action politique ; une logique pragmatique qui propose un mode de gestion du pouvoir, les moyens
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permettant de parvenir à réaliser le bien-être social. Il ne s'agit pas d'opposer, comme on le fait souvent, la politique noble à la politique politicienne, mais de distinguerlepolitique qui définit les grands principes de gouvernance, etla politique commetekhnè, qui décrit la technique de mise en œuvre de cette gouvernance, ces deux logiques étant intimement liées. C'est la différence et la complé-mentarité entre la vision platonicienne de la politique toute tournée vers lesidées et l'idéalité républicaine (La république des idées), et la vision aristotélicienne de la politique comme technique d'organisation de la vie politique (comment agir dans l'incertain).Michel Rocard rapporte que François Mitterrand, quelque peu cynique, lui aurait dit en le nommant premier ministre : « Le gouvernement de la France, vous pouvez vous en occuper, c'est pas grave, mais les structures de pouvoir, c'est moi 1 que ça concerne. » Il avait tort, mais l'antagonisme demeure, comme nous l'avions montré dans l'analyse de la 2 campagne de 2007 : Nicolas Sarkozy avait gagné en jouant plutôt la logique pragmatique, quand Ségolène Royal était en pleine logique symbolique. En 1981, ce fut l'inverse entre Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand. Dans cette scénographie, il est deux grands moments de la vie politique, car le pouvoir, avant de l'exercer, il faut le conquérir. Et pour le conquérir, à moins de le prendre par la force, il faut en passer par la parole. Dans le face à face entre opinion et politiques, la parole qui se déploie en temps de conquête du pouvoir est une parole de promesse; en temps d'exercice du pouvoir elle est de décision. Une campagne électorale est un rituel mettant en présence candidats et électeurs via divers dispositifs de 1 Si la gauche savait, Robert Laffont, Paris, 2005. 2 Entre populisme et peopolisme. Comment Sarkozy a gagné, Vuibert, 2008.
INTRODUCTION
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médiation (radio, presse, télévision, Internet). Point n'est besoin d'y chercher une vérité. La parole politique est lancée à l'adresse d'un public hétérogène d'électeurs potentiels, chaque candidat, placé en situation de concurrence vis-à-vis des autres, cherchant à s'attirer les faveurs du plus grand nombre en faisant flèches de tout bois, les unes s'adressant à la raison du public, les autres à son émotion. Du point de vue des électeurs, il s'agit de savoir pour quoi et pour qui voter. C'est là toute la question de la démocratie représentative : "pour qui voter ?". Il est des votes de différentes natures parce que l'électorat est hétérogène. Mais on y trouve de façon récurrente trois catégories. Celle qui se compose des électeurs qui ont une conviction: deset dont le choix est fait à priori  politique monarchistes nostalgiques des valeurs aristocratiques, des républicains de la souveraineté populaire, des nationalistes partisans d'un État fort, des démocrates défendant une société égalitaire. Convictions parfois portées à l'extrême lorsqu'elles sont exacerbées par des combats de patriotisme sans concession, des utopies envers et contre tout, de haines de classe, de peur des masses populaires. Ces électeurs, qu'on peut dire militants, sont repérables, prévisibles, et plus ou moins stables, si des circonstances socio-historiques ne viennent les troubler, comme après la fin de la guerre froide. En tout état de cause, ils ne font pas les majorités dans les sociétés à suffrage universel. A côté de ces votes militants, il y a la catégorie des électeurs qui, sans avoir une opinion politique bien affirmée, votent partradition: on vote à gauche ou à droite parce que dans son milieu on a toujours été de gauche ou de droite, et quel que soit le candidat, on vote pour celui desa famille politique, comme on dit, ou, si l'on n'est guère emporté par le charisme de son candidat, on vote contre le candidat de la famille politique adverse.
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