La faim tue
324 pages
Français

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Description

La faim tue, chaque jour, 25000 personnes, surtout des enfants. Le système alimentaire mondial est injuste, foncièrement inadapté. Il faut le reconstruire ! Ce livre montre l'impact désastreux des politiques néolibérales sur la paysannerie au niveau mondial. Les transnationales, comme Monsanto, dominent toujours plus le système alimentaire mondial. Un nouveau système alimentaire doit garantir à tous les paysans l'accès à la terre. Un système alternatif émerge de la société civile, des ONG et des organisations paysannes comme les Amaps ou La Via Campesina.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 avril 2015
Nombre de lectures 13
EAN13 9782336375144
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Jean FEYDER







LA FAIM TUE
Copyright

Titre original :
MORDSHUNGER.
Wer profitiert vom Elend der armen Länder ?
All Rights Reserved © Westend Verlag, 2014.

© L’HARMATTAN, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-72525-3
Dédicace

A mon épouse Juana et
mes filles Nadine et Sophie
Sommaire Couverture 4e de couverture Titre Copyright Dédicace Sommaire Introduction PARTIE 1 – Les causes de la crise alimentaire 1. La faim, la malnutrition et les paysans 2. La crise alimentaire 3. L’agriculture, un secteur négligé 4. Des stratégies erronées 5. Le cas du Ghana 6. Haïti, et d’autres exemples 7. L’agriculture industrielle n’est pas durable 8. Les entreprises transnationales 9. La spéculation sur les matières premières agricoles 10. Les agrocarburants 11. L’accaparement de terres ( land grabbing ), nouveau colonialisme 12. Les biotechnologies PARTIE 2 – Que faire ? 13. L’aide alimentaire 14. L’accès à la terre 15. Relancer l’agriculture vivrière 16. Une agriculture durable 17. Régulation adéquate des marchés agricoles 18. Revoir les politiques commerciales PARTIE 3 – Les principaux acteurs 19. L’Union Européenne 20. Les Etats-Unis 21. La Chine 22. L’Inde 23. Le Brésil 24. Rôle décisif de la société civile et des organisations paysannes Conclusions Remerciements Glossaire Abréviations Bibliographie Autres publications Adresse
Introduction
Chaque jour, 25 000 personnes, en majorité des enfants, meurent de faim et de malnutrition. Et, sur les sept milliards de personnes qui vivent sur notre planète, plus d’un milliard ne mange pas à sa faim, deux milliards souffrent de déficiences en micronutriments et 1,4 milliards d’adultes présentent un excès de poids. Parmi eux, 500 millions sont obèses 1 . Le droit à la vie, le droit à l’alimentation de ces êtres humains est violé de la manière la plus flagrante.

Pourtant, en l’an 2000, les Chefs d’Etat et de gouvernement du monde entier avaient déclaré la guerre à ce fléau de l’humanité, lorsqu’ils se sont engagés, lors d’un Sommet de l’ONU à New York, à réduire de moitié, d’ici 2015, la proportion de la population mondiale souffrant de faim. Il faut cependant constater aujourd’hui que le nombre des personnes qui souffrent de faim n’a guère été réduit durant ces quinze dernières années.

La production de denrées alimentaires serait-elle insuffisante ? Non, la production de céréales suffit pour nourrir 12 à 14 milliards d’êtres humains, donc beaucoup plus que les sept milliards. Mais un peu plus de 40% seulement de cette production sert à l’alimentation humaine, plus de 30% est utilisée pour nourrir le bétail, le reste est brûlé ou transformé en agrocarburants et en produits industriels 2 . La faim et la malnutrition ne sont donc pas un problème de production insuffisante, mais plutôt une question de pauvreté, de justice et de distribution.

Savons-nous, fait paradoxal, que la majorité des victimes de la faim et de la malnutrition sont des gens du milieu rural et notamment des femmes, que 50% de ces victimes sont des petits paysans, 20% des ruraux sans terre, 10% des éleveurs nomades ou des petits pêcheurs, tandis que 20% vivent dans des bidonvilles. L’importance du nombre de ceux qui vivent encore aujourd’hui directement ou indirectement de l’agriculture est peu connue alors qu’ils sont au total quelque 45% de la population mondiale, près de 50% de la population en Chine, 60% en Inde, entre 60 et 80% en Afrique subsaharienne.

Seule une portion réduite de cette population est affectée par la faim pour cause de guerre, dont des guerres civiles, ou de catastrophes naturelles. Toutes ces familles appartenant à la classe sociale rurale sont victimes avant tout d’une marginalisation et d’une exclusion de la part des classes dirigeantes (politiques, économiques, financières). Elles vivent éloignées des milieux urbains où se concentrent le pouvoir et le savoir et donc l’argent, y compris l’argent du développement. Souvent, le monde urbain et le monde rural sont séparés par un fossé culturel fait d’indifférence, d’incompréhension et de mépris.

Qui sait que ces centaines de millions de petits paysans qui, avec leurs familles, constituent la plus grande partie de l’armée des affamés de la terre cultivent, en moyenne, entre un et deux hectares, souvent même moins, en utilisant, le plus souvent, comme seuls outils, une houe et une machette ? Alors qu’un fermier d’Europe de l’Ouest dispose, en moyenne, de 40 hectares qu’il cultive avec des tracteurs et des machines toujours plus puissants et en utilisant des quantités de pesticides et d’engrais.

Sans méconnaître l’impact d’une mauvaise gestion publique et de la corruption, je voudrais toutefois me concentrer dans ce livre sur les causes plus profondes et structurelles de la faim et de la malnutrition de la population rurale.

Pris dans le piège de la dette et de la dégradation des termes de l’échange, une bonne centaine de pays en développement, surtout africains et latino-américains, ont dû solliciter, au cours des années 1980, des prêts auprès de la Banque mondiale et du Fonds Monétaire International (FMI). Ils se sont alors vu imposer des politiques radicalement différentes de celles appliquées jusque-là. Ces politiques, dites d’ajustement structurel, inspirées par le Consensus de Washington, ont conduit, sous prétexte de rétablir des équilibres macroéconomiques, à arrêter et à modifier, de manière fondamentale et peu différenciée, les politiques en cours. L’heure de la privatisation, de la déréglementation et de la libéralisation était arrivée. L’Etat a été invité à se retirer des activités économiques y compris de celles menées pour développer l’agriculture, la santé et l’éducation. Invités à s’inspirer du modèle des avantages comparatifs, les pays en développement ont été encouragés à relancer les productions d’exportation afin de s’assurer les rentrées nécessaires pour le service de la dette. En ouvrant les marchés, les consommateurs auraient ainsi droit à des produits alimentaires bon marché importés. La crise alimentaire de 2008, qui a déstabilisé un grand nombre de pays dans le monde entier, a mis en évidence que le problème de la faim était loin d’être résolu et a remis en cause, de manière radicale, la pertinence de ce modèle de développement de la Banque mondiale et du FMI.

Durant près de trois décennies, dans le sillage des politiques d’ajustement structurel, l’agriculture vivrière a été délaissée, ou a même été entièrement abandonnée. L’aide publique au développement consacrée au développement rural et agricole a été réduite, de manière radicale, passant de 19% à 4% des ressources fournies par l’aide extérieure entre 1980 et 2004, alors que trois quarts des plus pauvres et de ceux qui souffrent de faim vivent en milieu rural. En dépit de nombreuses déclarations et promesses faites, depuis lors, pour relancer l’agriculture vivrière, ce ne sont guère plus de 5% de cette aide qui sont aujourd’hui réservés à l’agriculture.

Les politiques d’ajustement structurel ont profondément restructuré les économies des pays en développement. Elles n’ont pas eu seulement comme conséquence que les paysans n’ont plus pu compter sur l’appui de leur gouvernement mais aussi que l’environnement économique créé durant cette période leur est néfaste. Ainsi les importations à des prix de dumping ont certes favorisé, pendant un certain temps, les consommateurs des villes mais elles ont pénalisé les producteurs nationaux dont les produits trouvaient de moins en moins d’acheteurs et à des prix toujours plus bas. Les importations de poulet, de riz, de concentré de tomates et de lait en poudre ont augmenté rapidement, ruinant la production locale et les conditions d’existence de dizaines de millions de familles de paysans, sans parler de la suppression d’emplois dans l’artisanat et l’industrie qui, eux aussi, ont été incapables de faire face à une compétition internationale.

Malgré ce bilan catastrophique, la politique néolibérale de la Banque mondiale, du FMI et de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) est actuelleme

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