La fuite des cerveaux africains
273 pages
Français

La fuite des cerveaux africains , livre ebook

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273 pages
Français

Description

Aucun pays ne peut se développer s'il n'utilise pas rationnellement ses meilleures ressources humaines. Qu'en est-il des pays africains ? Ils favorisent, directement ou indirectement, la fuite des cerveaux - départ et exil des intellectuels et des travailleurs qualifiés - dans les pays riches qui les utilisent gratuitement. L'auteur analyse la problématique et propose des réponses : pourquoi cette fuite ? Quels sont les pays d'accueil ? Quelle est son ampleur ? Quelles sont ses conséquences ?

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2010
Nombre de lectures 532
EAN13 9782296243873
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

INTRODUCTION
ème Lors de la V conférence extraordinaire de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) tenue à Syrte, en Libye, en mars 2001, les chefs d’État et de gouvernement africains adoptent le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Qualifié de plan Marshall africain, le NEPADvise à mieux expliquer les doléances desAfricains aux pays duG7, après le sommet d’Okinawa, au Japon, en juillet 2000. Le NEPADa surtout pour objectif d’apporter des réponses équilibrées et cohérentes aux problèmes socioéconomiques auxquels l’Afrique est confrontée.
Àtravers cette institution, les dirigeants africains veulent relever un défi en élaborant des programmes appropriés dont le but est de répondre aux aspirations de l’OUA: éradiquer la pauvreté et placer les pays africains sur la voie de la croissance et du développement durable. Pour réussir ces programmes, plusieurs conditions doivent être réunies : assurer la sécurité, la paix et promouvoir la bonne gouvernance.Ces programmes doivent s’insérer dans des secteurs préalablement identifiés, notamment les nouvelles technologies de l’information et de la communication, les ressources humaines, l’éducation, puis résoudre un problème très important : « l’inversion de la
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tendance à la fuite des cerveaux », conséquence de cette fuite, qui est au centre de ce travail. En effet, la mobilité des personnes, qui se généralise aujourd’hui dans le monde, constitue un des facteurs favorisant la fuite des cerveaux.Ce phénomène n’est pas nouveau, il se produit à chaque fois que des groupes humains ont atteint un degré différent de développement. Le monde antique, en particulier l’espace méditerranéen, au temps de l’Empire romain, en fit les frais et en tira aussi un grand bénéfice. Les dirigeants africains mettent l’accent sur la fuite des cerveaux parce qu’elle représente une grande perte pour leur pays, qui fait des sacrifices énormes pour former une élite qui, en définitive, s’installe dans les pays riches. Sept ans après l’adoption duNEPAD, le jugement du président sénégalais Wade, cofondateur, est sévère : « il a déraillé, comme uneMercedes qui a un mauvais 1 chauffeur. »Et la question de la fuite des cerveaux n’est traitée, ni aux conférences de l’Union africaine où, constamment, la création desÉtats-Unis d’Afrique le dispute au règlement des incessants conflits armés, ni aux sommets de l’Union européenne où l’on s’amuse à jouer aux pompiers alors que plusieurs dirigeants de cette institution sont de véritables pyromanes, ni encore aux retrouvailles duG8 où l’on fait bonne figure en invitant des dirigeants africains, qui n’y sont, en réalité, que des pots de fleurs.En 2008, par exemple, six chefs d’État africains sont invités au sommet deToyako, auJapon, pour, semble-t-il, examiner la question de l’aide au développement de l’Afrique, sans résultat.On a plutôt droit, de part et d’autre, aux mêmes récriminations.Pour lesAfricains, leG8 ne tient pas ses promesses en matière
1 ème Allocution lors de la 44 assemblée de laBADàDakar, du 13 au 14 mai 2009.JeuneAfrique, n° 2523 du 17 au 23 mai 2009, p. 14.
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d’aide.Quant auG8, l’Afrique n’est pas assez transparente pour mériter cette aide.Cercle vicieux !Bien que la question de l’aide soit très importante, je n’ai pas souhaité écrire un livre d’économie.Néanmoins, un accent particulier est mis sur l’équation aide au développement égale réduction de la fuite des cerveaux, laquelle est régulièrement évoquée par certains dirigeants africains et chercheurs.
Qu’entend-on par fuite des cerveaux ?
Selon leProgramme desNations unies pour le développement (PNUD), la fuite des cerveaux se produit lorsqu’un pays perd sa main-d’œuvre qualifiée en raison de l’émigration.Dans cet ouvrage, il faut donc entendre par fuite des cerveaux, l’émigration des travailleurs qualifiés, des universitaires et autres intellectuels, vers d’autres pays, pour diverses causes.
Plusieurs termes, essentiellement des anglicismes, sont employés pour désigner ce phénomène et traduire sa dynamique multipolaire, accélérée et diversifiée, dans les contextes économique, politique et technologique actuels : « professionnal transients », « brain gain », « reserve transfert of technology », « transit brain drain », « delayed return », « skilled transients », « brain mobility » « brain 1 exchange. » Le terme couramment employé par lesAnglo-saxons est «brain drain», c'est-à-dire drainage des cerveaux. Pour lesAnglais, par exemple, il s’agissait, à l’origine, de recruter, à leur profit, des cerveaux dans d’autres pays en
1 La Mobilité internationale des compétences - situations récentes, approches nouvelles, ouvrage collectif sous la direction deMihaela Nedelcu,Paris,LHarmattan, 2004, pp. 11-12.
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leur proposant des conditions professionnelles et salariales plus avantageuses. Chez les francophones, certains l’appellent « fuite des cerveaux », d’autres la qualifient de « traite des cerveaux », la comparant, à tort ou à raison, à la traite négrière dont les anciens pays colonisateurs furent les vils bénéficiaires. Par conséquent, ce phénomène ne se limite pas aux pays africains, il touche aussi d’autres pays, quel que soit le niveau d’industrialisation.De manière générale, le mouvement se fait des pays pauvres et/ou émergents aux pays les plus riches, mais aussi entre pays industrialisés ou pays pauvres.Il s’agit donc d’un fléau planétaire dont on parle peu et dont on ignore la véritable étendue. Si on s’en inquiète aujourd’hui, le continent en souffre depuis les années 1960.LesEuropéens, qui en tirent outrageusement profit, sont, eux aussi, concernés.Il y a quarante ans, lesAméricains venaient recruter enEurope. Aujourd’hui encore, beaucoup d’européens qualifiés partent auxÉtats-Unis.Selon une enquête réalisée par 1 l’Institut de sondageIfop auprès de 1000 cadres français , un sur deux se dit prêt à aller travailler à l’étranger.Les cadres qui ont moins de deux ans d’expérience sont les plus enthousiastes, avec 67 % de candidats au départ parce qu’ils ont moins d’attaches sentimentales et familiales. Mais à cause de leur bas niveau d’anglais, ils sont une majorité à préférer les pays francophones : 78 % ont cité le Canada et 71 % laSuisse.Ils sont aussi très nombreux à vouloir se rendre enEspagne (60 %), auLuxembourg (57 %) et auxÉtats-Unis (56 %).Cette enquête a révélé que le Rn’est pasoyaume-Uni, avec 53 % de préférences, « l’eldorado ».Quant à l’Allemagne, seuls 39 % sont prêts à 2 vouloir s’y rendre .LaFrance, elle, connaît une
1 Les Echos, 21 juillet 2008, p. 13. 2 Ibid.
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