La politique étrangère de la Russie
434 pages
Français

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La politique étrangère de la Russie , livre ebook

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Description

Moins de vingt ans après la dissolution de l'URSS, la Russie vient de retrouver son rang de grande puissance et est appelée à jouer un rôle de premier plan dans les affaires mondiales. Grâce à son gaz et son pétrole, elle a pris une place importante sur les marchés énergétiques, et se sert de ses hydrocarbures comme d'une arme pour reconquérir ses positions à l'étranger... En même temps son régime politique s'est durci et les relations entre Russie et Etats-Unis se sont refroidies.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2008
Nombre de lectures 195
EAN13 9782336253121
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2008
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296060180
EAN : 9782296060180
Sommaire
Page de Copyright Page de titre CHAPITRE I - LA PERESTROIKA GORBATCHEVIENNE. LA DESINTEGRATION DE L’UNION SOVIETIQUE CHAPITRE II - LA FEDERATION DE RUSSIE-SUCCESSEUR DE L’UNION SOVIETIQUE CHAPITRE III - LA DEFENSE DES INTERETS RUSSES DANS LE « PROCHE ETRANGER » CHAPITRE IV - LA POLITIQUE DE LA RUSSIE VIS-A-VIS DES ETATS-UNIS ET DE L’OTAN CHAPITRE V. LES BALKANS CHAPITRE VI - LES RELATIONS AVEC L’UNION EUROPEENNE, SES ETATS MEMBRES ET L’OSCE CHAPITRE VII - LE PROCHE-ORIENT ET LE MONDE ARABE CHAPITRE VIII - L’ASIE DANS LA POLITIQUE ETRANGERE DE LA RUSSIE CHAPITRE IX - RELATIONS AVEC LE JAPON. LE DIFFEREND DES KOURILES CHAPITRE X - L’AMERIQUE LATINE CHAPITRE XI - L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE CHAPITRE XII - LES OBJECTIFS DE POLITIQUE ETRANGERE DANS L’EXPANSIONNISME ECONOMIQUE DE LA RUSSIE EN GUISE DE CONCLUSION INDEX DES NOMS
La politique étrangère de la Russie

Romain Yakemtchouk
Ouvrages du même auteur publiés aux Editions Harmattan :

Ouzbékistan, puissance émergente en Asie centrale - 2003 La politique étrangère de l’Union européenne - 2005 Le conflit de Tchétchénie - 2006 L’Iran face aux puissances - 2007
CHAPITRE I
LA PERESTROIKA GORBATCHEVIENNE. LA DESINTEGRATION DE L’UNION SOVIETIQUE

1. La Perestroïka de Gorbatchev et les nouvelles orientations de la politique extérieure de l’URSS
Avec l’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev en mars 1985 et le lancement de sa Perestroïka, le régime soviétique s’est engagé dans un vaste mouvement de réformes économiques et politiques qui eurent d’importantes répercussions sur la politique étrangère de l’URSS: le nouveau secrétaire général du Parti estimait que celle-ci devait être profondément remaniée et il se proposait d’avoir les mains libres en cette matière. Bien entendu, la transformation fondamentale des lignes directrices de la politique extérieure de l’URSS n’était pas à la mesure d’Andreï Gromyko qui dirigea pendant 28 ans la diplomatie soviétique dans un esprit très fidèle et formaliste des impératifs idéologiques du régime. Aussi, pour nommer un nouveau ministre des Affaires étrangères, Gorbatchev a-t-il offert à Gromyko le poste de président du présidium du Soviet suprême - le soi-disant poste de chef de l’Etat - lequel l’accepta, en démissionnant comme ministre en juillet 1985. Gromyko pensait qu’il pourrait être remplacé par son adjoint Gueorgi Kornienko, mais Gorbatchev présenta un autre candidat, son ami Edouard Chevardnadze, depuis 1972 secrétaire général du PC de la Géorgie, lequel, à défaut d’une réelle expérience diplomatique, et n’ayant aucune connaissance de langues étrangères, fut un partisan très fidèle et très convaincu de sa politique de réformes. Ce choix a surpris fortement en Russie et dans le monde, mais en fin de compte Gromyko s’y rallia : il n’était pas dans ses habitudes de discuter les décisions des autorités.

La nomination, le 2 juillet, de Chevardnadze fut suivie par d’importants remaniements au sein du ministère des Affaires étrangères : dix des douze vice-ministres ont été permutés, et pratiquement tous les départements du ministère ont été placés sous une nouvelle direction. Anatoli Dobrynine, qui depuis 1962 exerçait (très remarquablement) les fonctions d’ambassadeur de l’URSS aux Etats-Unis, fut rappelé à Moscou en mars 1986 et nommé chef du Département des Affaires internationales du Comité central du Parti communiste, mais à la longue, son rôle s’avéra très secondaire : peu convaincu de la justesse des objectifs diplomatiques de la Perestroïka, il fut remplacé au bout de deux ans par Valentin Faline, ambassadeur à Bonn de 1971 à 1978.

En fait, faisant fi des prérogatives collégiales du Politburo, Gorbatchev s’octroya graduellement des pouvoirs décisionnels dans la conduite de la nouvelle politique étrangère de l’Etat qu’il mènera à sa guise. Parmi ses collaborateurs en matière de relations internationales, mentionnons le théoricien de la Perestroïka Alexandre Yakovlev, membre du Comité central Anatoli Tchernaïev, ainsi que Gueorgui Chakhnazarov, spécialiste des relations avec les pays communistes ; le conseiller principal de Gorbatchev pour les questions de désarmement fut le maréchal Akhromeïev, chef d’état-major général. S’agissant de Nikolai Ryjkov qui de 1985 jusqu’à la fin de 1990 occupait les fonctions de premier ministre, cet économiste n’a joué qu’un rôle très secondaire en matière de politique étrangère de l’Etat et se montra fort réservé en ce qui concerne certains aspects de la politique gorbatchévienne de Perestroïka.

Il ne fait aucun doute que les réformes économiques proposées par le nouveau régime étaient indispensables. Engagée dans une longue et coûteuse course aux armements, l’économie soviétique fondée sur la propriété socialiste des moyens de production, était à bout de souffle, et le niveau de vie de la population s’est effondré. Le Parti communiste – le noyau du système politique qui définissait toutes les orientations de la politique intérieure et étrangère du pays – montrait des signes de décomposition. Les différentes nationalités de ce vaste Etat commencèrent à élever la voix. Le fléau d’ivrognerie continuait à ravager la société russe, et l’espérance de vie diminuait en conséquence.

Ceci étant, l’initiative des réformes est venue d’en haut, sans que se manifeste dans le pays un mouvement de protestation pour réclamer la refonte des mécanismes socio-étatiques. Gorbatchev était le leader incontesté de la Perestroïka et de la Glasnost, appuyé par un groupe de personnalités emmenées par A. Yakovlev 1 . Initialement, les réformateurs croyaient pouvoir agir essentiellement sur le plan économique, sans toucher aux structures politiques du Parti, mais peu à peu ils se sont aperçus que ce n’était pas possible : la bureaucratie politique gardait la direction de pratiquement tous les rouages de la vie économique, et rien d’essentiel ne pouvait être entrepris sans affecter les structures politiques qui dominaient le pays. Si initialement, il n’était pas question de préconiser d’emblée que la Révolution d’Octobre était un « malentendu », et que l’implantation du socialisme en Russie soviétique était « une erreur de l’histoire », tant Gorbatchev que Chevardnadze sont restés communistes et ne mettaient pas en question l’idéologie marxiste-léniniste. Ils ne prendront leurs distances avec celle-ci que progressivement. Pour ce qui est des droits de l’homme et des libertés fondamentales, y compris la liberté de pensée, de conscience et de religion, ainsi que la reconnaissance aux Juifs du droit d’émigrer en Israël, le gouvernement continuait à affirmer qu’il n’y avait aucun problème en ce qui concerne « les soi-disant droits de l’homme ». Les réformateurs se référaient simplement aux accords d’Helsinki de 1975 qu’ils appliquaient tant bien que mal : dans ce domaine, les progrès n’ont été réalisés que graduellement, sous l’impulsion des puissances, notamment des Etats-Unis. Ce n’est qu’en 1986 que le défenseur des droits de l’homme, Andreï Sakharov, fut autorisé de rentrer à Moscou de sa résidence forcée de Gorki où il fut assigné depuis 1980, et c’est en février 1986 que le dissident juif Anatoli Shtcharansky a pu quitter l’Union soviétique pour s’établir d’abord en Amérique et ensuite en Israël.

Le lancement de la Perestroïka gorbatchévienne eut pour corollaire les nouvelles approches des problèmes de la politique étrangère et de la défense. « Pendant une période assez prolongée, dira Evgueni Primakov, nous avons considéré que la sécurité de notre pays peut être assurée essentiellement grâce au renforcement de sa capacité de défense. A l’heure actuelle, ceci n’est pas un chemin réaliste » 2 . Les choses ont changé, et les dirigeants de la Perestroïka ont acquis la conviction que la grande priorité de l’heure consistait dans l’élimination de la menace nucléaire qui pesait sur le monde. « Les responsables de notre politique étrangère et moi, nous étions convaincus que tout devait commencer par le dialogue avec les Etats-Unis » 3 .

Fin mai 1986, s’est tenue une conférence à huis clos des responsables du ministère soviétique des Affaires étrangères, au cours de laquelle Gorbatchev a défini les nouvelles lignes directrices de la diplomatie de l’URSS , en dénonçant « le fossé qui s’élargissait entre l’action des instituti

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