Le débat sur "l identité nationale"
180 pages
Français

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Le débat sur "l'identité nationale" , livre ebook

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180 pages
Français

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Description

Le débat sur l'identité nationale qui a eu lieu en France fin 2009 et début 2010 a été symptomatique d'une méconnaissance criante des travaux sur l'identité. La récupération politique d'une question qui touche à de nombreux domaines n'a pas réellement permis de proposer des réponses sereines. Cet ouvrage revient sur ce débat. L'identité y est alors présentée comme une sorte de fantôme insaisissable et fugace, mais dont la présence se fait ressentir à travers des impressions, des comportements et des réactions émotionnelles.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2010
Nombre de lectures 209
EAN13 9782296673335
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le débat sur « l’identité nationale »
Questions Contemporaines
Collection dirigée par J.P. Chagnollaud,
B. Péquignot et D. Rolland

Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions Contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.


Derniers ouvrages parus

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Albin Wagener


Le débat sur « l’identité nationale »


Essai à propos d’un fantôme


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-08252-6
EAN : 9782296082526

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Avant-Propos
Poser le problème de l’identité, c’est d’abord poser le problème de la relation à l’autre. Mais qui dit relation dit minimum deux personnes : il s’agit donc de définir ce qui nous lie à l’autre, ce qui nous définit vis-à-vis de l’autre, et comment nous pouvons le vivre. Assez vite, dès l’enfance, nous allons avoir tendance à nous définir en rapport avec les autres : nos parents, nos grands-parents et les membres de notre famille (étendue ou non), nos amis, nos voisins, nos camarades de classe et tous les membres de la société que nous rencontrerons au fur et à mesure : professeurs, médecins, conseillers en éducation, cuisiniers, surveillants, boulangers… une profusion de rôles, d’identités s’offre à nous. Mais c’est bel et bien vis-à-vis de nos parents ou de nos tuteurs que va se développer notre personnalité : au contact de ces personnes, nous allons tisser des liens émotionnels, développer une langue, des codes sociaux et culturels propres, des références familiales et tout un arsenal de stratégie de communication qui nous permettra d’évoluer et de nous développer jusqu’à devenir un être humain adulte, responsable, pétri de codes et de conditionnements divers et variés. Souvent, nous ne sommes même pas conscients de l’impact de ces différents conditionnements sur notre vie de tous les jours. Plus tard, nous jouerons à nouveau différents rôles : élève, étudiant, artisan, cadre, parent, ami, membre d’une association quelconque, sportif, ouvrier, employé, client, fournisseur… les casquettes que nous sommes capables d’adopter sont véritablement légion. Comme le précise Frédérique Lerbet-Séréni, c’est bel et bien « par la relation entre deux sujets [que] s’effectue la différenciation qui rend possible la construction d’une personne dans son originalité » {1} , et c’est précisément par cette évolution à travers les âges de la vie que se définira cette personnalité et cette originalité. Exister, être, c’est d’abord tisser des liens aux autres, approfondir des liens, trouver sa place dans une société et avoir le sentiment d’être unique et singulier. Ce sentiment émerge parfois de façon assez forte, dans des moments où l’on a l’impression d’être en pleine possession de ses moyens ; dans d’autres cas, la singularité se ressent en groupe (lorsque se réunissent les supporters d’un quelconque club de foot, par exemple). Dans tous les cas de figure, c’est un plaisir qu’on ne boude pas, un délice que l’on savoure lorsqu’il s’offre à nous. Pourtant, se sentir si unique ou si singulier est d’abord un leurre ; on relie parfois singularité et liberté ou personnalité et originalité (« c’est moi, je suis comme ça, on me prend tel que je suis et je n’ai pas envie de changer »). En vérité, comme nous le verrons au cours de ce modeste ouvrage, se sentir appartenir à quelque chose d’unique et de singulier est un processus qui repose avant tout sur un tour que nous joue notre conscience ; avant de parler d’identité, c’est d’identification qu’il faut parler.

La tendance est en effet à la confusion de ces deux concepts. Et lorsque l’on parle d’identité, on pense bien souvent à quelque chose de fixe, d’immuable et d’infiniment stable. On parle ainsi d’identité religieuse (se sentir appartenir pleinement à une communauté chrétienne, islamique, juive, etc.), d’identité ethnique, d’identité sociale, d’identité culturelle et même, rendez-vous compte, d’identité nationale. Pourtant, personne n’a vu l’identité. Personne ne l’a palpée, personne ne l’a touchée, personne ne l’a goûtée. Personne ne sait ce qu’est l’identité, sinon ce vague sentiment d’appartenir (et le mot n’est pas trop fort) à un ensemble de codes, de pratiques et de façons de vivre ses relations et ses communications. Dans un sens, l’identité rejoint la culture (que celle-ci soit collective ou individuelle), une culture là encore bien souvent bafouée au nom de concepts qui ont plus à voir avec des stéréotypes que des observations rationnelles. Il y a là encore les cultures nationales, supra-nationales (puisque Samuel Huntington nous parle de culture occidentale {2} ), des sous-cultures (je pense aux cultures hip-hop ou aux cultures gothiques, par exemple), des contre-cultures. Tout un arsenal de mots plus ou moins absolus pour désigner des éléments plus ou moins vagues et qui ont plus à voir avec des sentiments personnels souvent difficilement justifiables qu’avec des faits observables. Mais si nous allons si vite en besogne, c’est parce que nous avons besoin d’appartenir à quelque chose, à un ensemble de rituels, à un ensemble d’éléments qui nous éclairent sur qui nous sommes, quelles sont nos racines et quel projet nous souhaitons adopter pour nous ou pour la société. Alors la culture, c’est d’abord quelque chose qui se définit mal et qui désigne finalement une sorte de fantasme, un idéal vers lequel il faudrait tendre. Pour certains, la culture occidentale se définit dans un idéal de démocratie, de modernité, de progrès technologique et d’économie de marché évolutive. Pour d’autres, la culture nationale se définit par rapport à un certain nombre de valeurs (fantasmées ou non), de symboles (supposés ou recréés), de signes territoriaux plus ou moins forts et partagés (folklore, fêtes, cuisine, etc.) mais surtout vis-à-vis d’un idéal censé cimenter une communauté. Et puis il y a les cultures locales et son ensemble de symboles plus ou moins stéréotypisés. Prenons la culture bretonne par exemple : comment les habitants de la Bretagne vont-ils eux-mêmes se définir ? Doit-on parler de la langue bretonne, d’un patrimoine historique particulier, d’activités de pêche et d’agriculture, d’une mythologie locale ancestrale, de cuisine, de musique ou de danse ? Chaque région de France tente de se définir dans une certaine mesure. Ce besoin de se raccrocher à une certaine culture et souvent évoqué dans un souci de protection d’un patrimoine, de conservation d’un trésor maintenu en vie pour le bien d’une population désireuse d’y retrouver ses petits. M

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