Le vieux communiste
160 pages
Français

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Le vieux communiste , livre ebook

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Description

Le Parti Communiste Français a connu et connaît encore bien des péripéties, des jours glorieux et d'autres qui le furent moins. Le vieux militant communiste est une espèce fragile, peut-être en voie de raréfaction. Il importe de le protéger. Il est utile de raconter les "riches heures" de ce personnage. "J'ai voulu, par cet ensemble de récits et d'évocations, contribuer à son écriture. J'ai essayé de lui conserver un caractère souriant et primesautier, qui ôte toute gravité aux choses les plus sérieuses".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2008
Nombre de lectures 228
EAN13 9782336278452
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2008
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan.@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296070202
EAN : 9782296070202
Le vieux communiste

Jacques Franck
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Du même auteur : AVANT-PROPOS L’ACTE FONDATEUR (1944) LA CONFIRMATION (1945) L’APPRENTISSAGE DE LA DÉMOCRATIE (1946 et suivantes) PREMIÈRES APPROCHES DU PARADIS (1946-1947) LE DÉLIRE ET LE COURAGE (1947-1949) LE PROCÈS DU VIEUX-COLOMBIER (1949) LE CULTE (1950) UN PARTI RÉVOLUTIONNAIRE (1947-1950) LA PEUR (1952) LA HONTE (1952-1953) LE DOUTE (1956) LA COLÈRE (1956) LE NÉO-MALTHUSIANISME (1956) LES DÉFENSEURS DE LA RÉPUBLIQUE (1958) KHROUCHTCHEV (1960) VACANCES EN ITALIE (1961) LA PREMIÈRE COMMUNION (1963) LA GRAND-MESSE (1967) L’ILLUSION (Mai 1968) LA DÉSILLUSION (Juin 1968) LA PERPLEXITÉ (Été 1968) LE CHOC (1969-1970) LE CHARLATAN DES BORDS DE L’ELBE (1970) EXOTISME ORIENTAL (1970-1971) EXOTISME SOCIALISTE (1971) LE PIÈGE (1972-1977) LE SAUCISSON DE L’AVENUE KALININE (1975) DE MICHEL STROGOFF A MIREILLE MATHIEU (1975) RATIONALISME ET SUPERSTITIONS (1976 -1979) LA PRISE DE LA BASTILLE (1981) LES CUMULO-NIMBUS (1979-1982) L’HOMME DU KGB (1981-1983) LE GOULAG ET LES DISSIDENTS (1945-1991) LA BRADERIE (1987) LA VOIX DU PEUPLE (1989) LE BATEAU, LA PROSTATE ET LE MUR (1989) LE SYMPTÔME DE SEATTLE (1990) LA RETRAITE ET L’EFFONDREMENT (1991) PROBLÈMES EN CASCADES (1991 et suivantes) LES TECHNOLOGIES DU MILITANT (1947 et soixante années suivantes) LES VÉTÉRANS (XXe siècle et suivants) L’AVENIR Rue des Ecoles
Du même auteur :
La Ballade du Généraliste, L’Harmattan 2006
Le Spermatozoïde Octogénaire , L’Harmattan 2008
AVANT-PROPOS
J’ai écrit sur les médecins. J’ai évoqué les divers épisodes ayant émaillé le vie d’un vieillard. Je n’aurais pas la conscience (ou ce qui m’en reste) tranquille si je ne consacrais pas quelques pages à l’histoire du militant que ce vieillard ne cessa jamais d’être.
Si vous souhaitez connaître le stress, l’angoisse, la colère, l’enthousiasme, la fraternité, adhérez au Parti Communiste. Vous risquez peu d’être déçus. Si ce n’est pas dans vos idées, n’adhérez pas. Mais lisez quand même ces pages. Vous ne tomberez pas dans un piège, et vous apprendrez des choses qui manqueraient à votre culture. Ce serait dommage.
On peut probablement vivre intensément sans être communiste. Je le crois mais ne peux l’affirmer. Depuis l’âge de dix-neuf ans, je n’ai pas eu d’autre expérience. Avant, j’étais très jeune et je ne savais rien.
La vie d’un communiste n’est pas toujours facile. Elle l’est même rarement. Elle est soumise à des heurts, des coups, des interrogations. D’immenses satisfactions aussi. Elle est tout sauf monotone. En outre, les aléas d’une telle existence s’additionnent à ceux d’un parcours professionnel et familial “normal”. Le communiste se vautre rarement dans la tranquillité. Mais il déprime peu, ou alors il lui en faut beaucoup. On peut définir le communiste comme un optimiste en décalage avec la réalité. Ou comme un pessimiste qui se raisonne.
Dans ces pages, je n’écris pas l’Histoire, ni celle du Parti Communiste Français, ni celle de mon pays. Ni la mienne. Je ne me réfère pas à la philosophie. Je ne me livre à aucun exercice théorique. Je ne fais pas de prosélytisme. Ce texte n’a aucune finalité pédagogique. Il ne vise pas à la propagande. Je ne traite ni de mon métier ni de ma vie en dehors de la politique et ne répète pas ce que j’ai déjà écrit ailleurs.
Je puise des souvenirs dans mon passé de vieux communiste, vieux par l’âge et par l’ancienneté. Ils sont nombreux et je suis contraint de trier. Je m’autorise quelques réflexions. Je raconte surtout des histoires. En une quarantaine de flashes, de courts chapitres, je tente d’illustrer la trajectoire d’un militant “de base”. Trajectoire longue de plus de six décennies, aux aspects variés et multiformes.
Je n’ai pas tout vu. Dans aucun domaine une vie humaine n’y suffirait. Alors, dans la saga d’un parti comme le mien...
Je n’ai pas tout compris. Je ne tente pas de faire passer dans la compréhension d’autrui ce qui n’a pas pénétré la mienne.
J’ai souvent eu tort mais je ne l’ai jamais vraiment cru, sur le moment du moins. Ce qui caractérisait certains communistes de ma génération, qui ne sont plus si nombreux, c’était la certitude intime d’avoir toujours raison. Ils ont attendu longtemps pour s’avouer le contraire.
Je parle de beaucoup de choses. Ça va de mes balbutiements d’apprenti révolutionnaire à une soirée conviviale de vieux cocos exactement soixante-trois ans plus tard. J’évoque entre-temps les apprentissages, les erreurs et les illusions, le courage et l’obstination de mes camarades, les luttes justes et celles qui le furent moins. Je m’étends sur les expériences extérieures, les voyages au contact de pays tels que les premières “démocraties populaires”, l’Union soviétique, Cuba. Je ne passe pas sous silence les évènements qui ont précédé puis marqué la disparition de ce que nous pensions être le socialisme réel. Ni mes réactions face aux cruelles réalités. Tout est vrai dans ce que je raconte.
Je survis à un si long passé sans être béat ni vraiment tourmenté.
Une désillusion partielle a succédé à un enthousiasme total. La fidélité n’a jamais désarmé.
Quand je me relis, un sentiment submerge le doute : l’espoir.
L’ACTE FONDATEUR (1944)
Un matin de novembre 1944, j’entre à l’annexe de la Faculté des Sciences de Paris, rue Cuvier. Tout juste sorti de l’occupation et de ses tumultes, je roule un peu les mécaniques, outrageusement fier d’une participation modeste aux combats de la Libération dans le centre de la France.
J’ai dix-neuf ans. Je me prépare à devenir médecin. En préambule, le futur toubib, avant même de mettre les pieds dans un hôpital ou d’apprendre le nom de la moindre maladie, reçoit pendant une année universitaire le baptême de la science pure, à savoir la Physique, la Chimie, la Biologie (animale et végétale). D’où le nom de PCB attribué à ce cycle initiatique.
Je crois avoir des opinions politiques (je le croirai encore au cours des six ou sept décennies qui suivront). Pendant la période précédente, je n’ai eu ni l’imagination, ni l’opportunité, ni peut-être le courage de concrétiser mes tendances. Il est temps de me rattraper. Justement, sur un panneau d’affichage, j’aperçois parmi beaucoup d’autres un bout de papier manuscrit (la communication était artisanale). Il y est fait appel aux bonnes volontés désireuses de se constituer en cercle d’étudiants communistes.
Je me précipite dans le local de la Fac où je fais connaissance de mes nouveaux camarades, garçons et filles. La première fois, ils ne sont pas très nombreux. Par la suite, ça s’étoffera.
Nous ferons un bout de chemin ensemble. Court avec la plupart, qui s’éparpilleront une fois passé l’enthousiasme initial. Un peu plus long avec d’autres : ils attendront, pour nous quitter, une réussite professionnelle rendant moins urgente à leurs yeux la transformation de la société. Enfin, quelques “happy few” ne guériront pas : ils continueront, et moi avec.
Dans chaque groupe humain se dégage spontanément un personnage plus hardi, plus avantageux, plus péremptoire. Il s’arroge le rôle de “leader”. Rôle que d’ailleurs le groupe lui dénie souvent. Il rentre alors dans le rang et soupire, se jugeant incompris. Ou bien il cherche à s’imposer quand même, d’où conflit. Quelquefois, on voit émerger plusieurs postulants chefs, qui entrent en compétition. D’où conflit plus complexe. Dans notre cercle balbutiant de nouveaux militants de la révolution, nous avions un ou deux de ces leaders. Mais leur nocivité était heureusement atténuée. Ils ne mettaient pas en danger la cohésion du groupe.
Nous ne savions pas très bien comment affirmer nos idées, faire éclater la justesse de nos conceptions à la face du monde ou, tout au moins, de nos condisciples, recruter. Tout commença par des discours (ça continua pareillement).
Nous reçûmes nos cartes de la Fédération des Jeunesses Communistes de France. La première, je l’ai malheureusement perdue, mais j’ai conservé la suivante, millésime 1945, signée par la Président des JC, Raymond Guyot, et par la secrétaire de mon cercle. Jeannine L., une gentille copine, a disparu de mon champ visuel et des milieux que j’ai fréquentés depuis des temps immémoriaux
On passa à la distribution des tâches. Je ne sais plus qui décida que j’avais une tête propice à l’ “agit-prop” : l’action de masse m’irait comme un gant. J’osais d’autant moins m’y soustraire que la perspective ne me déplaisait pas. Et je n’allais pas entrer dans la vie militant

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