Les conservateurs et le travail
170 pages
Français

Les conservateurs et le travail , livre ebook

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170 pages
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Description

Ce numéro présente l'assaut que les conservateurs ont mené sur le syndicalisme comme une reformulation de la notion de liberté individuelle sur le lieu de travail, selon une tactique reposant essentiellement sur une transformation de la vision que les salariés eux-mêmes ont de leurs droits et de leurs devoirs, avec un succès indéniable. Le géant de la distribution Wal-Mart, les avocats "anti syndicalistes" sont ainsi analysés.

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Date de parution 01 octobre 2012
Nombre de lectures 4
EAN13 9782296505520
Langue Français
Poids de l'ouvrage 11 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

POLITIQUE AMÉRICAINE N°20
Les conservateurs et le travail
La crise du syndicalisme
La démocratie dans l’entreprise
LeLiving Wage Movement
Directeurs de la publication Conseil scientifiqueetrédacteurs en chefSuzanne BERGER, directrice, M.I.T. International Science and Technology Initiatives, Massachusetts Institute of Technology François VERGNIOLLEBruce CAIN, professeur de science politique, University of DECHANTALCalifornia, Berkeley Jack CITRIN, professeur, Institute for Governmental Studies, University of California, Berkeley AlexandraDEHOOPSCHEFFERJohn D. DONAHUE, professeur, Center for Business and Government, John F. Kennedy School of Government, Harvard University Jean-Pierre DUPUY, professeur, Stanford University, École Comité de rédaction Polytechnique Daniel BÉLANDJohn E. E, président de l’université Woosong, Corée NDICOTT du Sud Professeur à l’Université de la Stephen J. FLANAGAN, vice-président, Center for Strategic and Saskatchewan International Studies (CSIS) Francis FUKUYAMA, professeur, School of Advanced International Studies, Johns Hopkins University Anne-Lorraine BUJONWilliam A. GRAHAM, doyen, Harvard Divinity School, Harvard DEL’ESTANGUniversity Institut des hautes études Laurent L. JACQUE, directeur, International Business Relations Program, Fletcher School of Law and Diplomacy, Tufts sur la justiceUniversity Charles O. JONES, professeur émérite de science politique, université de Wisconsin-Madison Frédérick DOUZETRobert O. KEOHANE, professeur, Department of Political Université de Paris VIII Science, Duke University Charles A. KUPCHAN, professeur, Department of Government, Georgetown University Denis LACORNEDavid MAYHEW, professeur, Yale University Centre d’études Sidney MILKIS, professeur, Miller Center, University of Virginia et de recherches internationalesWilliam R. MOOMAW, directeur, International Environment and Resource Policy Program, Fletcher School of Law and (CERI Sciences-Po) Diplomacy, Tufts University Joseph S. NYE, ancien doyen, John F. Kennedy School of Government, Harvard University Vincent MICHELOTRobert B. REICH, ancien secrétaire au Travail, professeur, Institut d’études politiques de Lyon University California, Berkeley William RICHARDSON, gouverneur du Nouveau-Mexique Saskia SASSEN, professeur, Department of Sociology, University of Chicago James R. SCHLESINGER, ancien secrétaire à la Défense, directeur de la publication,The National Interest Dimitri K. SIMES, président, Nixon Center Anne-Marie SLAUGHTER, ancienne doyenne, Woodrow Wilson School of Public and International Affairs, Princeton University Ezra SULEIM AN, directeur, Program in European Politics and Society, Princeton University Serge SUR, professeur, université de Paris-Panthéon-Assas Bruno Tertrais, maître de recherches, Fondation pour la Recherche StratégiqueDali Yang, doyen, Department of Political Science, 28, rue Étienne Marcel University of Chicago
Revue publiée avec le soutien du Centre National du Livre et en partenariat avec l’Institut des Amériques
L’Harmattan, 2012 57, rue de l’École polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 9782336-00203-3EAN : 9782336002033
POLITIQUE AMÉRICAINE,N°20
SOMMAIRE
Éditorial.................. ...............................................................................7Alexandra de Hoop Scheffer et François Vergniolle de Chantal IntroductionLes conservateursetletravailauxÉtats-Unis:combats,idées, pratiques......................................................................11 Jean-Christian Vinel Wal-Mart, John Tate etle combat pour uneAmériquesanssyndicats.15 Nelson Lichtenstein L’opposition au syndicalisme est un élément crucial de la culture d’entreprise de Wal-Mart, société qui va profondément transformer l’industrie de la distribution. Issue du sud rural, où elle est créée en 1962, Wal-Mart s’appuie sur une stratégie très élaborée pour s’implanter dans les banlieues américaines sans pour autant accepter l’action collective de la part de ses salariés. La contribution de John Tate, avocat spécialiste du droit du travail, sera déterminante à cet égard. Dans les années 1970, ce dernier élabore un répertoire qui comprend trois éléments essentiels : construire un esprit d’entreprise rappelant ; mettre en place un plan retraite qui récompense la loyauté des salariés, et enfin utiliser la « liberté d’expression » que le droit du travail américain reconnaît aux managers au cours des campagnes syndicales, pour décrire les syndicats comme des organisations corrompues et incapables d’améliorer les salaires ou les conditions de travail des employés. Le succès de cette stratégie est visible aujourd’hui : aucun syndicat n’a réussi à s’implanter dans les quelque 5,000 magasins Wal-Mart.
Défendonslesurnes! Le débat surl’Employee Free Choice Act(EFCA)et le combat conservateurpour la démocratieautravail.........................47 Joseph A. McCartin et Jean-Christian Vinel Àla croisée de l’histoire des représentations et de l’histoire politique, cet article pose les premiers jalons d’une histoire de la désyndicalisation insérée dans l’histoire de la démocratie auxÉtats-Unis. En partant d’une analyse des débats portant sur la proposition de réforme du droit du travail intituléeEmployee Free Choice Acten 2008-2009, cet article montre comment, depuis les années 1950, les conservateurs ont combattu l’idéal de la démocratisation de l’usine et la liberté syndicale héritée du New Deal par une autre conception de la démocratie au travail. Pour les hommes d’affaires, avocats et économistes conservateurs, la démocratie au travail implique pour chaque salarié le libre accès à l’emploi et la négociation individuelle des conditions de travail sans pression ou intervention syndicale. Derrière ce combat idéologique se trouve un enjeu essentiel : le financement électoral.
De New York à Madison:Leworkfareet la remise en cause du service public................................69 John KrinskyCet article montre comment les réformes du workfare menées dans les années 1990 pèsent dans le débat actuel sur les agents publics auxÉtats-Unis. Il montre combien, à New York, la spécificité de la construction institutionnelle du syndicalisme, l’abandon d'une critique forte des programmes d’assistance
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Sommaire
par les associations de défense des pauvres et enfin la réorganisation de la fonction publique depuis les années 1990 ont conjointement participé à la détérioration des conditions du travail dans le secteur public et posé les jalons d’une remise en cause du statut et des droits des agents publics dont on voit toute l’importance aujourd’hui au Wisconsin.
TeachforAmerica… et contre le syndicat?............................................89 Maud Simonet Créée en 1990 par une jeune diplômée de Princeton,Teach for America(TFA) est une association qui a pour mission de recruter et de former des jeunes issus des meilleures universités pour enseigner pendant deux ans dans les écoles publiques des zones urbaines les plus défavorisées. Cet article montre comment ce programme « civique » questionne de l’intérieur du système éducatif public le pouvoir des syndicats enseignants.
Laluttepourunsalairedécent(living wage).Forceetfaiblessedunmouvementprogressisteface à l’offensive conservatrice.............................................................103 Isabelle RichetLe mouvement pour un salaire décent est apparu en 1996 à Baltimore et s’est développé dans le pays autour de sa revendication pour un salaire correspondant au niveau de vie réel dans les différentes régions. Le mouvement s’est appuyé sur une mobilisation à la base, au niveau local et a réussi à rassembler différentes forces progressives, comme des syndicats de gauche, des associations d’action locale telles que ACORN, et des forces religieuses progressives. Alors que le mouvement atteignait son but dans de nombreuses villes, il devint la cible d’une attaque concertée par les forces conservatrices les plus radicales, déterminées à détruire toute force porteuse d’une action progressive dans le pays.
Revue critiqueLawrenceRichards,Union-Free America, Workers and Antiunion Culture............................123 Gabriel Lattanzio Un brasdefer feut? Le heurt entre l’administration Bushet le gouvernementShamir(1991-1992).............................................133 Pascal de Crousaz Au début des années 90, l’administration Bush Sr. et le gouvernement israélien nationaliste d’Itzhak Shamir s’affrontèrent sourdement sur la poursuite de la construction de colonies dans les territoires occupés, perçue à Washington comme obstacle au processus de paix. On découvrira dans cet article à quel point le bras de fer est allé loin, mais aussi les limites de ce que pouvait obtenir une administration pourtant résolue à faire prévaloir les intérêts américains, fût-ce au prix d’un heurt frontal avec Israël. Ce retour sur une crise aujourd’hui relativement oubliée est éclairant pour appréhender le comportement de l’Administration Obama face à la coalition de Benyamin Netanyahou. ............................. .............5 Livres signalés................................... .......15Chicago : le moment 68......................................................................................................... 155Par Caroline Rolland-Diamond
POLITIQUE AMÉRICAINE,N°20
Sommaire
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L’intermédiation en question. Finance et politique aux États-Unis de Clinton à Obama......... 157 Par Christine Zumello Le monde selon Obama ......................................................................................................... 159 Par Zaki Laïdi Abstracts............................................................................................163
POLITIQUE AMÉRICAINE,N°20
Éditorial
ALEXANDRA DEHOOPSCHEFFERETFRANÇOISVERGNIOLLE DECHANTAL*
Ce numéro dePolitique américaineessentiellement d’un sujet traite peu visible ou mal compris, la profonde reformulation des relations sociales auxÉtats-Unis dans le contexte de la domination conservatrice contemporaine. Dans le pire des cas, la perception française se limite à une série de clichés sur l’inégalité soi-disant « inhérente » à la société américaine, ou bien se contente de prendre acte de la défaite des syndicats et des forces progressistes en gros depuis les années quatre-vingt. Le dossier coordonné par Jean-Christian Vinel, maître de conférences à Paris 7, permet d’aller au-delà de ces images caricaturales et restitue toute la complexité des phénomènes à l’œuvre tout en les inscrivant dans une problématique plus générale. On a trop souvent tendance à opposer l’histoire politique – celle des grands hommes – et l’histoire sociale – celle des grèves et des combats de classes. Or, le pari méthodologique sur lequel repose ce dossier est précisément inverse. Il s’agit en effet de montrer à quel point le travail est un enjeu puissamment politique, ne serait-ce que parce que son histoire récente auxÉtats-Unis s’inscrit pleinement dans les dynamiques que les historiens du politique cherchent à explorer, le rôle de l’État dans la société, les mobilisations sociales (de droite comme de gauche), les évolutions partisanes, les conséquences de
* Alexandra de Hoop Scheffer est directrice France duGerman Marshall Fund of the United States. François Vergniolle de Chantal est maître de conférences à l’université de Bourgogne (Dijon).
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Alexandra de HOOP SCHEFFER et François VERGNIOLLE de CHANTAL
la croissance des inégalités, et sans doute ni plus ni moins que la démocratie elle-même. Autrement dit, les problématiques sociales des cinq contributions de ce dossier nous parlent du politique et de son développement auxÉtats-Unis. Plus précisément, les auteurs rassemblés dans ce numéro nous permettent de mieux comprendre comment le rapport démocratie et inégalités sociales s'est transformé au cours des trente dernières années. En 2002, l’éditorialiste duNew York TimesPaul Krugman publiait un article maintenant connu où il dénonçait le retour à unGilded Age: tout ème comme la fin du 19 siècle, la croissance économique allait de pair avec 1 une inégalité croissante et des tensions montantes . Cette situation est concomitante d’un affaiblissement des syndicats dans l’ensemble du pays et plus généralement du système de régulation fordiste traditionnel.What Do Unions Do ?le titre d’un livre de 1984 publié par deux était sociologues James L. Medoff et R.B. Freeman. La réponse apparaît maintenant clairement : les syndicats permettent d’augmenter les salaires et en ce sens de soutenir la croissance économique. Les new dealers étaient convaincus des bénéfices de l’augmentation des salaires. Pour eux, le travail était un vecteur d’intégration sociale par la consommation d’où le rôle déterminant des conventions collectives négociées « de bonne foi » (bargain in good faith) selon les termes de la loi Wagner. La mondialisation remet bien sûr en cause cet équilibre traditionnel, mais l’affaiblissement syndical est lui le résultat d’une véritable guerre politique menée par les conservateurs. Nelson Lichtenstein décrit la montée d’une profession fort particulière, celle des avocats spécialisés dans la suppression de tout syndicat au sein des entreprises. En prenant l’exemple de Wal-Mart et de John Tate, un pionnier en la matière, il montre l’efficacité redoutable de ce type de démarche, notamment dans un contexte politique national où les contre-pouvoirs, tel leNational Labor RelationsBoard, sont affaiblis. Dans l’article suivant, Jean-Christian Vinel et Joseph A. McCartin se penchent sur le tout dernier chapitre dans cet amoindrissement du cadre légal national, le débat autour du « Employee Free Choice Act ». Ce texte était censé faciliter l’adhésion aux syndicats, mais il se heurta à une offensive des conservateurs qui, à cette occasion, mirent en avant une définition précise de la façon dont ils envisagent la démocratie sur le lieu de travail. Les deux textes qui suivent portent sur des études de cas plus précises. John Krinsky se penche lui sur la gestion duworkfare dans la fonction publique new yorkaise. La mise en œuvre de cette obligation fédérale – 1. Paul Krugman, « For Richer »,New York Times Magazine, 20 octobre 2002.
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Éditorial
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depuis 1996 – s’est faite avec l’accord des syndicats, soucieux d’éviter toute confrontation majeure. Mais leworkfarecréé un groupe de a travailleurs placés ni plus ni moins en position d’exploitation. Il sape également le statut des employés du public et affaiblit l’influence syndicale. La perspective est similaire dans l’article de Maud Simonet.Àpartir d’entretiens qu’elle a menés, elle analyse le fonctionnement d’un programme scolaire, leTeach for America, qui vise à faire participer de jeunes diplômés des plus grandes universités à l’enseignement secondaire public. Mais ce programme a des effets pervers graves, car là aussi il sape le pouvoir des syndicats enseignants en termes de contrôle des conditions de travail et plus largement il questionne la définition de la profession elle-même. Le dernier texte porte sur une des dernières initiatives progressistes dans un contexte national éminemment conservateur. Isabelle Richet présente le mouvement pour un « salaire décent » (living wage) qui, depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, se développe au niveau local. Le succès relatif de cette initiative illustre la difficulté qu’il y a à généraliser sur lesÉtats-Unis, notamment parce que les évolutions nationales ne sont bien souvent que la partie émergée du gigantesque iceberg américain. Dans ce cas précis, c’est au niveau local que des coalitions originales (rassemblant des groupes religieux, des associations communautaires et les syndicats des employés du secteur public) préparent peut-être un nouveau chapitre dans l’histoire des relations sociales auxÉtats-Unis. Le dossier se termine par une revue critique. Gabriel Lattanzio nous propose ainsi de découvrir la prégnance de la culture antisyndicale là où on l’attend le moins : chez les salariés.
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