Les Mapuche et la revendication d'une nation

Pablo Barnier-Khawam

Description

Les Mapuche sont souvent présentés comme l'un des peuples autochtones d'Amérique latine ayant montré la capacité de résistance la plus farouche face au colonisateur espagnol et, ensuite, face au processus de construction des Etats-nations chilien et argentin. Ce caractère attribué nécessite d'être réinscrit dans le temps long de l'histoire en prenant en compte l'importance des processus sociaux relatifs à la construction identitaire. Au travers de l'usage de catégories telles que "peuples autochtone" ou "nation", dans un contexte d'internationalisation aujourd'hui croissante des acteurs, cette construction identitaire mapuche interpelle l'Etat "monoculturel".

Sujets

• Colonisation
• Anthropologie
• Ethnologie
• Géopolitique
• Civilisation
• Diplomatie
• Relations internationales
• Institut d'Études Politiques de Paris

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 17 juin 2019
• Nombre de lectures: 3
• EAN13: 9782140124051
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Pàblo Barnier-Khawam

LES MAPUCHE ET LA REVENDICATION D’UNE NATION

IN S T ÈR E Ié R PR N é A I T è I Ré O s N Sy A Nt L Hèsés

Préface d’Irène Bellier

L‐S MAPUCH‐ ‐T LA R‐V‐NDICATION D’UN‐ NATION

Collection « Inter-National » dirigée par Denis Rolland, Joëlle Chassin Françoise Dekowski et Marie-Hélène Touzalin Cette collection a pour vocation de présenter les études les plus récentes sur les institutions, les politiques publiques et les forces politiques et culturelles à l’œuvre aujourd’hui. Au croisement des disciplines juridiques, des sciences politiques, des relations internationales, de l’histoire et de l’anthropologie, elle se propose, dans une perspective pluridisciplinaire, d’éclairer les enjeux de la scène mondiale et européenne. Dernières parutions Despina TOM‐SCU,Roumanie histoire d’une identité,2019. Jean KUD‐LA et Bernard LORY (dir.),Le regard sur l’autre en Europe médiane,2019. Rubenilson BRAZAO TEIXEIRA,avec la participation d'‐dja Trigueiro, Des deux côtés de l’Atlantique : Natal-Dakar dans une perspective comparative, 2018. Jules DURAND,Lettres de prison- septembre 1910-février 1911, 2018. ‑élix PAVIA,Mexique : la guerre perdue contre le narcotrafic, 2018. Laurie S‐RVIÈR‐S: la paix comme levier politique, Colombie internationale, 2018. Antonia AMO SÁNCH‐Z, Marie GALÉRA,Métissage de la création théâtrale. Amérique hispanique/Espagne/France, 2018. Tristan L‐‑ORT-MARTIN‐,Des droits pour la nature ? L’expérience équatorienne, 2018. Mariella VILLASANT‐ C‐RV‐LLO et Raymond TAYLOR (sous la dir. de), avec la collaboration de Christophe D‐ B‐AUVAIS,Histoire et politique dans la vallée du fleuve Sénégal. Mauritanie. Hiérarchies, échanges, colonisation et violences politiques, VIIIe-XXIe siècles. Essai d’histoire et d’anthropologie politique, 2017. Catherine DURANDIN, Irina GRIDAN,Moldavie, repères et perspectives, 2017. Ruggero GAMBACURTA-SCOP‐LLO,Les régimes passent, l’État développementaliste demeure. Le cas de la Banque Nationale de Développement Économique et Social (BND‐S) au Brésil, 2017. Pierre JOURNOUD,L’énigme chinoise. Stratégie, puissance et influence de la Chine depuis la Guerre froide, 2017. Morgan DONOT,Discours, identité et leadership présidentiel en Amérique latine, 2017.

Pablo BARNIER-KHAWAM LES MAPUCHE ET LA REVENDICATION D’UNE NATION

Préface d’Irène Bellier

© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-17571-3 EAN : 9782343175713

R‐M‐RCI‐M‐NTS Je remercie mon directeur de mémoire, Guillaume Devin, d’avoir suivi ce travail, de ses conseils de lecture toujours éclairants, et pour toute son aide dans le traitement d’un sujet sur un peuple du bout du monde. Je remercie ma mère et mon père pour m’avoir appris à apprendre et soutenu dans mes choix de vie. Je remercie également mes grands-mères pour les discussions qu’elles ont souhaité entreprendre avec moi et leurs histoires qui m’ont permis d’en savoir toujours plus sur mes ancêtres d’Orient et d’Occident. Je remercie ma famille dans son ensemble dont les dilemmes d’identité et de mélange culturel, parfois douloureux, ont conduit à divers conflits mais également à de grandes joies et espoirs. Je remercie Mafe pour m’avoir fait découvrir les Sud et m’avoir aidé à les comprendre. Je la remercie aussi pour son amour, pour son aide, ses conseils et ses questions qui m’ont parfois conduit à reconsidérer en profondeur mes certitudes sur les Mapuche et leur place dans les nations chilienne et argentine. Je la remercie aussi pour ses rires et toute la joie qui en émane. Mes remerciements vont également à sa famille qui m’a hébergé et m’a surtout accepté avec grand cœur. Ce travail aurait été difficilement réalisable sans l’accueil d’Adriana Goñi Godoy dont la maison anthropologique m’a rapproché un peu plus des Mapuche mais aussi du peuple Rapa Nui. Son travail de mémoire m’a également fait prendre conscience qu’un peu plus de quarante années ne suffisent pas à panser toutes les blessures d’un mouvement politique arrêté dans la brutalité et que les « 500 ans de résistance » des peuples autochtones font partie de cette histoire qui mêle erreurs et reconnaissance. Je remercie Claudio Crachtley pour m’avoir généreusement envoyé un ensemble d’archives sur la diaspora mapuche en ‐urope, ainsi que pour sa discussion téléphonique qui m’a fait

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découvrir un pan important de l’histoire intellectuelle relative aux Mapuche. Je remercie, enfin, toutes les personnes qui ont accepté de répondre à mes questions. Parmi elles, je remercie particulièrement Ana Vera qui m’a aimablement mis en contact avec diverses personnes au Chili. Je remercie aussi Rosario Railaf qui a accepté de me conter son histoire personnelle et Cristian Vargas Paillahueque qui m’a fait découvrir le mapudungun et la culture mapuche. Je remercie, enfin, Nelson Miranda, pour m’avoir montré la situation d’une communauté mapuche et livré son ressenti du mouvement depuis son point de vue d’avocat.

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PRÉ‑AC‐

Irène Bellier, directrice de recherches au CNRS (LAIOS/IIAC – EHESS)

Pablo Barnier-Khawam, étudiant les relations internationales à l’Institut d’études politiques de Paris sous la direction de Guillaume Devin, s’est saisi du cas mapuche comme objet d’étude de son mémoire de master 2. Il se penche sur la problématique qui lui semblea priori paradoxale de l’internationalisation d’un mouvement et d’une demande de reconnaissance comme nation au sein de cet État unitaire qu’est le Chili. Il découvre à ce propos ce mouvement des peuples autochtones qui ne laisse pas d’ouvrir des pistes de recherche absolument passionnantes, que j’explore depuis une vingtaine d’années à propos justement de cette originalité que représente l’émergence internationale de nouveaux acteurs politiques dans un champ dominé par la figure de l’État (Bellier, 2012). Les peuples autochtones ont pour caractéristique d’avoir réussi à saisir l’Organisation des Nations Unies pour remédier à leurs situations de discrimination systémique au sein des États. Ce faisant, ils ont pu atteindre le premier objet de leur quête, à savoir la reconnaissance comme peuple et non comme des collections d’individus, diversement traités de « sauvages » à travers le monde. Ils sont aujourd’hui reconnus comme sujets de droit, du moins en droit international et dans les quelques pays qui mettent en œuvre des politiques de reconnaissance (Bellier, Cloud et Lacroix, 2017). Depuis l’adoption par la communauté internationale, en 2007, de la Déclaration des Nations unies

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