Les musulmans d Europe face au racisme confessionnel :
94 pages
Français

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Les musulmans d'Europe face au racisme confessionnel : , livre ebook

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Description

Voici un panorama de la situation des vingt millions de musulmans d'Europe occidentale dans trois espaces géoculturels distincts : de sensibilités catholique, protestante et orthodoxe. La méfiance et les malentendus sont en train de se développer entre les pays européens et leurs minorités musulmanes. Comment ces problèmes se posent-ils concrètement dans les différentes aires culturelles ? Comment les musulmans d'Europe doivent-ils se réinventer et abandonner leur vision conservatrice de la société ? En remontant aux sources des discours racistes des années trente, l'auteur montre comment ils ont été récemment adaptés aux minorités musulmanes d'Europe.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2017
Nombre de lectures 3
EAN13 9782336793801
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Zidane Meriboute Les musulmans d’EuroDe face au racisme confessionnel : de la discrimination à l’inclusion ?
Ouvrages du même auteur
Meriboute, Z.,d’ÉtatsLa position du Tiers Monde en matière de succession (décolonisation, dissolution, sécession), les Presses universitaires de France, Paris 1994. Meriboute, Z.,La Fracture islamique : demain le soufismeFayard, Paris 2004 « Prix ? Spiritualités d’aujourd’hui, 2005 » (Mention spécia le du jury présidé par l’orientaliste feu André Chouraqui) et Hibr Édition s, Alger 2009. Meriboute, Z.,Islam’ s Fateful Path : The Critical Choices Facing Modern Muslims, I.B.Tauris, London, 2009. Meriboute, Z.,Islamisme, Soufisme, Évangélisme : la guerre ou la paix, Labor et Fides, Genève 2010. Meriboute, Z.,), de Léon RochesCommentaire des 32 ans à travers l’Islam (1832-1864 sur l’Algérie d’Abd-el-Kader, Alzieu, Grenoble 2010. Meriboute, Z.,Une nouvelle « Vie » du prophète Muhammad,ErickBonnier, Paris 2012. Répertoire analytique d’archives sur l’Émir Abd-el- Kader (1808-1883),par Woerner, T., et Simon-Khedis, S., sous la direction de Zidane Me riboute, Fondation Ousseimi, Alzieu, Grenoble 2014. © L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr EAN Epub : 978-2-336-79380-1
Remerciements
Je tiens à exprimer ma très vive gratitude à toutes celles et à tous ceux qui m’ont aidé et soutenu dans l’élaboration de cet ouvrage, et en particulier : – à la direction du Geneva Centre for Human Rights Advancement and Global Dialogue (GCHRAGD-Geneva), – au Dr.Hanif Hassan Al-Kassim (Chairman) et à l’am bassadeur Idriss Jazairy (Executive Director) du GCHRAGD, – à mon éditeur des Éditions L’Harmattan, – à Mara, Nadia, Sam et Karine pour leurs précieux soutiens et conseils.
INRODUCTION GÉNÉRALE
1 Au nombre de vingt millions, les musulmans d’Europe occidentale sont originaires pour l’essentiel de pays membres de l’organisation de la conférence islamique et se rattachent à différents courants religieux : sunnites, chiites, soufis et de sectes dérivées du chiisme à l’instar des ismaéliens, des zaydites ou des alévis turcs. Ils appartiennent à diverses origines ethnicolinguistiques : arabes, berbères, africains, e asiatiques, européens et autres. Les premiers flux migratoires vers l’Europe s’amorcèrent dès le XIX siècle et ce mouvement s’est poursuivi jusqu’à nos jours. Il a été particulièrement dynamisé par le phénomène colonial, par le besoin de main-d’œuvre indispensable à l’activité des pays industrialisés, par les poussées démographiques locales, et par la quête de liberté et la promesse d’une vie meilleure. Avant le choc de la Révolution iranienne (1978-79), en Europe, l’installation de minorités musulmanes soulevait tout au plus de l’indifférence, et, parfois une 2 inimitié « contrôlée ». En dépit de leur dévalorisation exprimée dans le discours par certaines générations d’orientalistes , ces musulmans ont continué à éveiller dans l’imaginaire occidental un mélange de curiosité et d’exotisme. Mais c’est principalement avec les effroyables tragédies du 11 septembre 2001 à New York et du 7 juillet 2005 à Londres que tout a vraiment basculé. Ces événements dramatiques amorcèrent un regain d’animosité de la « vieille Europe » à l’égard de l’islam et des musulmans. Très vite, le fléau de la haine, de la violence et du racisme, souvent banalisé par les mass médias occidentaux, se focalisa sur de nouveaux boucs émissaires : les Arabes et les musulmans. Les manipulations et les dérapages médiatiques ciblant les musulmans ont été analysés 3 minutieusement par Thomas Delthombe. Son ouvrage sur « l’Islam imaginaire » nous montre comment les médias ont progressivement construit une inquiétante islamophobie. Au cours de cette dernière décennie (2004-2014) en Europe, la xénophobie, la discrimination et la stigmatisation ont atteint un paroxysme, notamment envers les minorités musulmanes. Cette condamnation, consécutive aux agissements d’une frange d’islamistes radicaux, a contribué au regain de l’activisme de l’extrême droite et à la résurgence du fascisme sur le continent. La nouvelle situation, causée surtout par la cohabitation avec les musulmans, a contribué à faire évoluer la nature du racisme et du discours démagogique des extrémistes européens. De plus, si on remonte au passé de l’Europe et particulièrement de la France, tel qu’il a été étudié par des historiens crédibles du e4 5 XVIII siècle à l’instar d’Augustin Thierry ou de Nicolas de Bonneville, on s’aperçoit que la nature même du pouvoir, sur ce continent, a été 6 7 jalonnée de manière ininterrompue par ce qu’ils qualifient de « lutte des races » et par « la domination des peuples du Nord » . À titre 8 d’exemple, durant des siècles, le pouvoir hégémonique des Germains d’Europe de l’Ouest (Saxons, Francs, Burgondes, Normands, Lombards, etc.) a été caractérisé par l’antipathie, la marginalisation et le racisme à l’égard des Gallo-Romains et d’autres communautés ethniques et linguistiques européennes. Les Germains justifiaient leur supériorité hégémonique sur les peuples dominés en se targuant de 9 leur « ancienneté sur cette terre d’Europe » . Il est curieux de voir qu’à leur tour, les peuples européens assujettis autrefois par les Germains invoquent, aujourd’hui, les mêmes arguments d’« ancienneté » pour justifier leur supériorité sur les communautés récemment installées sur e e le vieux continent. Précisons dans la foulée qu’aux XVI et XIX siècles deux autres clivages sont venus se superposer à cette lutte, l’un à connotation religieuse, opposant les catholiques aux protestants, l’autre idéologique mettant aux prises, socialisme, capitalisme et fascisme. Ainsi, on se demandera si toutes ces pratiques « d’affrontement », soulignées par Michel Foucault, et inhérentes à l’exercice du pouvoir intraeuropéen sont différentes du racisme à caractère religieux antisémite qui a ravagé l’Europe des années 1930 et qui semble se reporter sur les minorités musulmanes ? Durant la période des deux Guerres mondiales, le racisme dans sa forme la plus violente et l’ostracisme visaient essentiellement les Juifs et les Gitans en Europe. Ces pratiques racistes et xénophobes étaient le fait de pouvoirs étatiques (allemand, italien, français vichyste, etc.), soutenus par des groupes politiques fascistes ou d’extrêmes droites. Or, aujourd’hui, on verra que ces idéologies néfastes semblent subir une mutation méthodique révélant que la haine menace désormais non seulement le Juif et le Gitan, mais aussi le musulman et l’Arabe. Les thèses funestes évoquées, ci-dessus, ne sont plus directement défendues par des États constitués, mais par les représentants d’institutions qui leurs sont proches (groupes parlementaires extrémistes liés à d’amples nébuleuses associatives et à des organisations de jeunesses chrétiennes sectaires) dans la majorité des pays européens et dans l’Union Européenne. Un nouveau délire inquiétant s’est emparé de l’esprit de beaucoup d’Européens et nous remémore une réflexion de Deleuze « Il appartient à la libido d’investir le champ social sous des formes inconscientes, et par là d’halluciner toute l’histoire, de délirer les civilisations, les continents et les races, et de “sentir” intensément un devenir mondial. Pas de chaîne signifiante sans un Chinois, un Arabe, un Noir qui passent la tête et viennent troubler la nuit d’un Blanc 10 paranoïaque ». Enfin, on verra que ce mouvement délirant veut ignorer qu’à l’horizon se dessinent les contours d’une « nouvelle » Europe interculturelle, humaniste et dynamique. Et, pour s’opposer à cette marche de l’histoire, il affine, d’une part, un discours qui induit les Européens en erreur par une fausse représentation visant à discréditer tous les musulmans et, d’autre part, il s’efforce d’ajouter une frange de salafistes radicaux en lieu et place d’une majorité de musulmans modérés et pacifiques qui vivent en Europe et dans le monde. Tenant compte de ces éléments, nous sommes convaincus qu’il y a lieu d’aborder la problématique des musulmans en Europe qui, à notre connaissance, a fait l’objet uniquement d’études sectorielles par pays et rarement de manière globale. Ainsi, nous mènerons notre réflexion en privilégiant trois perspectives : Primo, nous ne chercherons pas à élaborer de nouvelles connaissances sur ces phénomènes idéologiques que nous venons d’énoncer. Notre démarche consistera plutôt à mettre en garde l’opinion quant à l’accroissement du racisme et des discriminations à l’égard des 11 musulmans d’Europe et de l’inciter à développer une attitude active envers ces phénomènes ou du moins à éviter la crispation et la haine, en abordant la question de l’islam européen. 12 Secundo, nous nous efforcerons de contribuer à présenter la problématique des musulmans en Europe, en donnant plus spécialement une visibilité au ressenti des musulmans et en accordant aussi la parole aux intellectuels issus de ce groupe, sans pour autant négliger la réflexion d’érudits tiers-mondistes de sensibilités culturelles différentes comme Édouard Said et Frantz Fanon, etc. Ainsi, on examinera la façon dont ces musulmans perçoivent, d’une part, les dérives de l’intégrisme islamique qui bouleverse l’opinion publique européenne et, d’autre part, comment ils analysent le racisme, les discriminations et les violences « symboliques » antiarabes et antimusulmanes colportées par les groupes d’extrême droite et fascistes en Europe.
On verra comment la communauté musulmane d’Europe, qui n’est pas un bloc monolithique, est sous l’emprise de deux forces contraires qui la compriment et la prennent en otage, à savoir d’une part, l’intégrisme islamiste et d’autre part les groupes d’extrême droite ; ces derniers ont réussi à colporter un discours banalisé, mais tout de même stigmatisant, essentialiste et raciste à l’égard des musulmans. Il conviendra également de faire un bilan des prétendus échecs du multiculturalisme dénoncé par David Cameron en Angleterre et, d’autre part, des revers du modèle français d’assimilation ou d’intégration ? Pour répondre à ces questions, nous avons choisi d’examiner la situation des minorités musulmanes dans neuf pays : la France, l’Italie, l’Angleterre, la Hollande, le Danemark, la Norvège, la Grèce, la Suisse et l’Allemagne. Tertio,dans la foulée, nous tenterons aussi de savoir si ces nations européennes choisies adoptent une attitude identique ou, au contraire, complètement différente envers leurs minorités. Pour ce faire, nous les classerons en trois groupes, selon leurs sensibilités au pouvoir tant politique, culturel que religieux. Dans le sillage de ces groupes, nous joindrons un sous-groupe mixte composé de la Suisse et de l’Allemagne, en raison des similitudes qui les caractérisent. Dans le premier groupe dit latin d’Europe du Sud, de sensibilité à majorité catholique, privilégiant l’assimilation, l’intégration culturelle et le centralisme jacobin, nous avons sélectionné la France et l’Italie. Dans la foulée, la Suisse bien que fédéraliste sera traitée à l’intérieur de ce groupe, notamment à travers sa sensibilité latine (Tessin italophone, Romandie francophone). Pour le deuxième groupe anglo-saxon et de culture à majorité réformiste (protestante) du nord de l’Europe, avantageant le multiculturalisme, la diversité religieuse et le brassage des identités, l’Angleterre, la Hollande, le Danemark et la Norvège ont été sélectionnés. Enfin, le troisième groupe, de confession orthodoxe, est essentiellement composé de la Grèce pour représenter les pays du Sud Est de l’Europe, mais nous aborderons incidemment l’attitude complexe des orthodoxes à l’égard des musulmans. Avant d’analyser les particularités des groupes de pays cités ci-dessus, examinons de près la genèse historique du discours « racialiste » sur lequel se sont construits le racisme, la xénophobie et la discrimination sous leur forme actuelle. En d’autres termes, comme on l’a suggéré, on se demandera si les nouvelles formes de « racisme religieux » (antisémite ou antimusulman), ne sont finalement que de vieilles recettes de pouvoir que les groupes hégémoniques européens ont toujours utilisées pour sauvegarder leur domination sur d’autres communautés ethniques et linguistiques « subalternes », et que les minorités musulmanes, récemment installées en Europe, ne sont pas l’exception à cette règle cardinale.
Figure 1
Population musulmane en Europe, y compris l’Europe de l’Est
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