Menaces sur Obama
117 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Menaces sur Obama , livre ebook

-

117 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description


Avec l'Obamania, on croyait les conservateurs américains moribonds. Ils sont pourtant en ordre de marche pour tenter d'accomplir l'impossible en novembre 2012 : faire tomber le président Obama !






Novembre 2008 : l'Obamania porte au pouvoir le premier président américain noir.
Un " raz-de-marée ", un " événement à la portée mondiale ", les superlatifs inondent la presse internationale et le monde s'enflamme pour celui qui ne pouvait tout simplement pas perdre ! En une nuit, les pages sombres des années Bush sont définitivement tournées, deux mandats passés aux oubliettes de l'Histoire et une droite américaine un peu vite enterrée.
Novembre 2012 : Barack Obama joue sa réélection. Quatre ans ont passé... et cette droite américaine s'est refaite une santé. Dès 2009, sa frange la plus conservatrice, la plus médiatique aussi, a saisi la crise financière puis économique pour s'offrir une tribune de choix : on commença alors en France à s'intéresser au phénomène des Tea Parties. De discours populistes en rhétorique ultraconservatrice, ils allaient secouer le système, à commencer par le cœur de l'establishment républicain. Car ces extrémistes dont on se moquait avec quelque condescendance teintée de crainte (justifiée : ils ont " pris la Chambre " aux élections de novembre 2010) sont aux premières lignes au cours des primaires : Michele Bachmann, Rick Santorum, Rick Perry ou Newt Gingrich. Le Parti républicain, lui, a choisi un adversaire pour faire face à Obama : ce sera Mitt Romney. La base n'en voulait pas. Elle se fera une raison. Car, après tout, la droite américaine au grand complet, de ses rangs les plus agités jusqu'à l'élite modérée du Parti républicain en passant par les " neocons " et les anciens de l'équipe Bush, n'a qu'un but, bien partagé celui-là : faire tomber Obama !
Y parviendront-ils ? Le résultat d'une élection ne se lit pas dans une boule de cristal mais un décryptage précis, fouillé et objectif, étayé d'entretiens de spécialistes de politique américaine sur le terrain, permet de comprendre quelles sont les forces en jeu pour cette présidentielle américaine 2012. Certaines promesses du Yes we can, dans le sillage de la bourrasque économique, se sont envolées. Le vent de l'Obamania ans pourra-t-il souffler encore ? Des menaces, bien réelles, pèsent sur Obama. Les républicains ont devant eux quelques mois pour les mettre à exécution.





Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 octobre 2012
Nombre de lectures 77
EAN13 9782221133996
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0120€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MARIE BRUNERIE
MENACES SUR OBAMA
L’Amérique conservatrice à la conquête de la Maison-Blanche

ROBERT LAFFONT



En couverture : © Olivier Douliery / Pool / Corbis
© Éditions Robert Laffont, S.A., Paris, 2012
ISBN 978-2-221-13399-6



Prologue
Février 2012, Washington. Effervescence à l’hôtel Marriott.Comme tous les ans, l’American Conservative Union, la plus importante et la plusancienne organisation conservatrice américaine, tient son CPAC (ConservativePolitical Action Conference). Cette conférence, c’est le grand rassemblement de tous les républicains et des forces conservatricesaméricaines pendant trois jours. En cette année présidentielle, l’enjeu estimmense et plus de treize mille personnes ont fait le déplacement pour écouterleurs idoles à la tribune. Car mis à part le candidat aux primaires Ron Paul,ils sont tous là : Michele Bachmann, Rick Perry, Herman Cain, RickSantorum, Mitt Romney bien sûr et même Sarah Palin qui galvanise la foule lorsdu discours de clôture de ces trois journées. Le CPAC, c’est le grand raout oùl’élite du Parti républicain se mêle à la base des militants, où une machineénorme de troupes motivées pour gagner la présidentielle se prépare,s’autocélèbre et se motive. Tous partagent le même désir farouche, tous n’ontqu’un seul but : faire tomber Obama en novembre. «  Gethim out !  » (« Virez-le ! »), c’est leslogan qu’on aura le plus entendu pendant cette grand-messe conservatrice.
Des dizaines d’intervenants dans les débats, atelierset autres « panels » d’experts à la tribune centrale : desfigures politiques d’abord comme John Boehner, président républicain de laChambre des représentants, le gouverneur Rick Scott (Floride), le sénateur RandPaul (du Kentucky et fils du candidat aux primaires Ron Paul), l’anciengouverneur Mike Huckabee. Des leaders associatifs aussi : le président dela NRA (National Rifle Association, puissant lobby pro-armes), Grover Norquist(président d’Americans for Tax Reform), des animateurs de Fox News ainsi que desjournalistes de la National Review , des associations devétérans, des organisations pro-life (anti-avortement,comme Focus on the Family  1 ) et chrétiennes (Faith and FreedomCoalition  2 ), des leadersdu Tea Party (comme la présidente du Tea Party Express, Amy Kremer) etautres groupes extrêmes comme ProEnglish qui entend prouver l’échec dumulticulturalisme et « sauvegarder » la langue anglaise face auxassauts de l’espagnol en terre yankee. Ce sont également des dizaines et desdizaines de stands de ce que l’ultradroite fait de mieux : un stand de tirvirtuel de la NRA, ou encore un stand de Human Life International où l’on tentede nous convaincre que les États-Unis – avec l’aide de l’ONU – ont unepolitique qui vise à « promouvoir l’homosexualité et l’avortement partoutdans le monde ». Beaucoup d’associations d’étudiants aussi – ils sont venuspar cars entiers des campus –, de Tea Parties locaux. Et même Pamela Geller, lablogueuse anti-mosquée à la pointe du combat contre l’« islamisation desÉtats-Unis  3  ».
Sharon, militante conservatrice, n’a pas de candidat favoridans le camp républicain mais elle nous assure « voter en novembre pourcelui qui sera choisi, quel qu’il soit ! Romney, Gingrich, moi je n’ai pasde préférence, je ne connais pas bien leurs programmes mais ils auront monvote ». On sait aujourd’hui pour qui votera Sharon : ce serafinalement pour Mitt Romney, celui qu’on disait pourtant si mal-aimé en ce débutd’année 2012… Sans emploi, trentenaire, deux enfants, elle vient de l’État d’àcôté, le Maryland, où elle se sent « bien seule » (l’État est en effetmajoritairement démocrate) et elle est là « pour rencontrer des vraisconservateurs. Obama nous a fait trop de mal à tout vouloir décider pournous ». Au CPAC elle ne se sent plus isolée et elle a même décidé des’engager dès septembre dans la campagne du candidat désigné à la convention duparti. Une jeune fille se joint à notre conversation. Elle s’appelle Adriana, adix-neuf ans et vient tout droit de Caroline-du-Sud. À la fin de la conversationelle nous confie être… démocrate ! « Je suis juste là en repérage pourvoir comment ils s’y prennent et ce qu’ils font et quand je rentre je débriefeavec mes amis. On est des militants de la base et en 2008 on avait été superforts. Moi j’étais trop jeune pour participer mais cette année je suis impliquéeà fond ! » La grassroots campaign d’Obama,Adriana y passe ses soirées, ses week-ends, sacrifie même trois jours chez les« affreux du camp adverse » ! Cette campagne de terrain est ànouveau l’une des forces du camp Obama  4 .
Quant au message des républicains, il est simple et tient enquelques slogans chocs. Avant tout, il s’agit de recouvrer la liberté face à cegouvernement central qui entend tout diriger : « Le pouvoir au peuple,pas à Washington ! » S’appuyant sur le premier amendement et sur laDéclaration d’indépendance de 1776, «  We thepeople  » (« Nous, le peuple ») est le leitmotiv de laconférence. Contre cet « étatisme » tyrannique de« bureaucrates » intrusifs et liberticides, des solutions simples sontrépétées à l’envi : supprimer les ministères inutiles (l’Éducation,l’Environnement  5 ), effectuerdes coupes franches dans les programmes d’aide sociale. Le message estclair : ceux qui sont dans le besoin doivent s’en sortir seuls, c’est deleur responsabilité individuelle, l’État n’a pas à les soutenir en y mettant dessommes colossales alors que le pays est endetté  6 . Dans le même ordre d’idée, lecandidat Mitt Romney s’attaque frontalement aux fonctionnaires : « Iln’y a pas de raison que les fonctionnaires s’en sortent mieux que ceux qui lespaient » (sous-entendu : vous, avec vos impôts).
Partant, la réduction d’impôts est au cœur des débats. Pourque l’État dépense moins et réduise sa dette, même recette : ces réductionsbudgétaires mêlées à l’idéologie de l’individu « maître de son propredestin » contre la taxation qui vise à une redistribution dont le pays n’apas les moyens d’une part, et qui est idéologiquement illégitime d’autre part.Là encore un intervenant, le journaliste Cal Thomas, de Fox News, a le mérited’être clair : « Ce qui fonctionne dans la société, c’est que les gensne vivent pas au-dessus de leurs moyens, qu’ils soient responsables et qu’ilsn’attendent pas que le gouvernement vienne à leur secours quand ils ont enviéleur voisin et trop dépensé ! Ils sont les clients de l’État, alors biensûr qu’ils vont voter pour ceux qui leur donnent ce qu’ils veulent ! »De l’explication de la pauvreté façon ultradroite en somme…
Le président d’Americans for Tax Reform, Grover Norquist,commence quant à lui son discours ainsi : « On ne va pas devenir laGrèce ou la France ! » Norquist, l’un des piliers de l’ultradroiteconservatrice, a œuvré au côté de Reagan (qui lui aurait inspiré la créationd’Americans for Tax Reform en 1985) puis de Gingrich (l’un des auteurs de son« Contrat avec l’Amérique » en 1994) avant de travailler au côté deBush dans les années 2000 sur la question des réductions d’impôts. Le titre deson dernier livre résume à lui seul sa vision politique : Laissez-nous tranquilles. En finir avec la mainmise du gouvernement surnotre argent, nos armes, nos vies .
Au cœur du message, bien sûr, deux mots-clés qui doiventencore résonner dans l’enceinte de l’hôtel Marriott : «  Repeal Obamacare . » L’abrogation de la réforme de lasanté. C’est la promesse de tous les candidatsrépublicains, l’absolue nécessité de tous les panélistes : supprimer cetteréforme dès leur arrivée au pouvoir. « J’éliminerail’Obamacare ! » déclare Mitt Romney, standing ovation garantie.
Il s’agit, enfin, de retrouver les vraies valeurs del’Amérique, c’est-à-dire ses valeurs morales. La famille, le droit

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents