Mondes méditerranéens
336 pages
Français
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Description

Les émeutes ont longtemps été considérées comme des phénomènes à durée éphémère. Elles ne sont pas rares, elles sont même fréquentes sur le pourtour méditerranéen. Les réactions à l'injustice qui émanent des émeutiers se limitent-elles à l'instantané et à la violence ou possèdent-elles une trajectoire et une logique propres ? Ces contributions analysent des événements survenus en France en 2005, en Grèce dès 2007, ainsi que ceux des Territoires occupés ou ceux plus récents du monde arabe.

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Date de parution 01 octobre 2013
Nombre de lectures 6
EAN13 9782336325576
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

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Extrait

-188
L’homme et la société Revue internationale de recherches et de synthèses en sciences sociales
Mondes méditerranéens L’émeute au cœur du politique
L’émeute au cœur du politique c o o r d o n n épa rRatiba Hadj-Moussa et Sophie Wahnich
L’homme
la société
C.N.L. et du C.N.R.S. Publié avec le concours du
L’homme et la société Revue internationale de recherches et de synthèses en sciences sociales
Mondes méditérranéens L’émeute au cœur du politique
Coordonné par
Ratiba Hadj-Moussa et Sophie Wahnich
Revue soutenue par l’Institut des Sciences Humaines et Sociales du CNRS et le CNL
L’Harmattan
L’homme et la société Revue internationale de recherches et de synthèses en sciences sociales
Fondateurs Serge JONAS† et Jean PRONTEAU
Directeurs Claude DIDRYet Michel KAIL
Comité scientifique Michel ADAM, Pierre ANSART, Elsa ASSIDON, Solange BARBEROUSSE, Denis BERGER, Alain BIHR, Monique CHEMILLIER-GENDREAU, Catherine COLLIOT-THÉLÈNE, Catherine COQUERY-VIDROVITCH, Christine DELPHY, René GALLISSOT, Michel GIRAUD, Gabriel GOSSELIN, Madeleine GRAWITZ, Colette GUILLAUMIN, Serge JONAS, Serge LATOUCHE, Jürgen LINK, Richard MARIENSTRAS, Sami NAÏR, Gérard RAULET, Robert SAYRE, Benjamin STORA, Nicolas TERTULIAN.
Comité de rédaction François Athané, Marc BESSIN, Pierre BRAS, Francesca BRAY, Patrick CINGOLANI, Laurence COSTES, Christophe DAUM, Véronique DERUDDER, Claude DIDRY, Camille DUPUY, Jean-Pierre DURAND, Jean-Pierre GARNIER, Dominique GLAYMANN, Gaëtan FLOCCO, Bernard HOURS, Aziz JELLAB, Michel KAIL, Pierre LANTZ, Florent LEBOT, Margaret MANALE, Louis MOREAU DEBELLAING, Numa MURARD, Nia PERIVOLAROPOULOU, Thierry POUCH, Pierre ROLLE, Laurence ROULLEAU-BERGER, Monique SELIM, Richard SOBEL, Sophie WAHNICH, Claudie WEILL.
Secrétariat de rédaction Jean-Jacques DELDYCK
© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’École polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-343-01501-9 EAN : 9782343015019
L’homme et la société Revue internationale de recherches et de synthèses en sciences sociales
N° 187-188
2013/1-2
Éditorial. La crise de la représentation politique ?………………………. 5 * * * MONDES MEDITERRANEENS L’ÉMEUTE AU CŒUR DU POLITIQUE
Ratiba Hadj-Moussa et Sophie Wahnich Les émeutes : contestation de la marge ou la marge de la contestation ? 9 I - Émeute et politique du sensible Ekin KURTIÇ Manifestations rurales et contestation politique autour des centrales hydro-électriques en Turquie…………………………………………. 17 Ratiba Hadj-Moussa Les émeutes au Maghreb : Le web et la révolte sans qualités…………………………………….. 39 Sophie Wahnich La foule, l’émeute, la fête entre révolte et révolution. France révolutionnaire 1789-1792, émeutes françaises de 2005, Tunisie-Égypte, 2011…………………………………………………. 63 Alexandre Piettre Islam (im)politique et quartiers (im)populaires. Retour critique sur les émeutes de novembre 2005…………………………………….89 II - Émeute, violence, tactique Konstantinos Eleftheriadis Les perceptions de genre au cours d’une émeute urbaine : Décembre 2008 à Athènes……………………………………………133 Ahmet Özcan Les derniers bandits kurdes de la Turquie moderne : Analyse des soulèvements individuels « spontanés » kurdes ou le banditisme contre l’État-nation turc »…………………………. 155
Mathieu Rey Comment les forces d’opposition revendiquaient-elles le pouvoir ? L’Intifâdaen Irak en 1952…………………………………………... 183 Alexander Koensler Le conflit comme performane : contestation et politique de l’espace des bédouins arabes en Israël…………………………… 205
* * * HORS DOSSIER Aziz Jellab Cohérences et tensions dans la socialisation universitaire des étudiants : les enseignements d’une recherche qualitative……… 227 DEBATS ETCONTROVERSES Richard Wolin Le moment maoïste parfait de Sartre………………………………... 251 NOTECRITIQUE Pierre Rolle Une sociologie du travail est-elle possible ?………………………… 291 COMPTES RENDUS……………………………………………………... 301 Résumés/Abstracts……………………………………………………. 321
* * *
Toute la correspondance — manuscrits (double interligne, 35 000 signes maximum pour les articles, 4 200 pour les comptes rendus), livres, périodiques — doit être adressée à laRédaction: L’homme et la société -Jean-Jacques Deldyck Université Paris 7 – Boîte courrier 7027 75205 Paris Cedex 13 - Téléphone 01 57 27 64 86 E-mail : deldyck@univ-paris-diderot.fr ABONNEMENTS ET VENTES AU NUMERO Éditions L’Harmattan 5-7 rue de l’École-Polytechnique 75005 PARIS Un abonnement annuel couvre 3 numéros dont 1 double (joindre un chèque à la commande au nom de L’Harmattan). France : 60"— Étranger par avion : 65"
Éditorial
La crise de la représentation politique ?
Aussi bien le moment politique en France, marqué par ladite « affaire Cahuzac », que le thème de ce numéro, les émeutes, invitent à revenir une nouvelle fois sur le système politique de la démocratie représentative, sur ses principes et sur son fonctionnement. Les commentaires vont bon train, à l’heure des chaînes, télévisuelles ou radiophoniques, d’information en continu, des réseaux sociaux, sur les mérites ou défauts de ce mode de gouvernement. Ce qui annonce déjà que, dans peu de temps, ils ne seront plus d’actualité, comme si ces mé-rites ou défauts s’étaient évanouis, n’étant plus, dès lors, que délaissés par l’éclairage médiatique. Tel est le flot continu médiatique qui prétend à une capacité démiurgique en orientant ses projecteurs sur tel ou tel évé-nement. Nous voudrions seulement introduire quelque discontinuité et, du mê-me coup, quelque signification. L’idée même de représentation politique semble cristalliser les reproches que le flux médiatique énonce sans trop se préoccuper de ce qui les justifie. Or, qu’est-ce qui peut conférer quel-que consistance à de tels reproches si ce n’est de confronter la démocratie représentative à la démocratie directe, laquelle réaliserait à plein les po-tentialités que recèlent les principes mêmes de la démocratie ? Cependant, si nous nous référons aux analyses de Bernard Manin, développées dans son ouvrage,Principes du gouvernement représentatif (Paris, Flammarion, « Champs Essais », 2012 [1995]), comparaison ne se-rait décidément pas raison. À l’occasion d’une enquête historique, cet au-teur s’attache à montrer que démocratie directe et démocratie représen-tative sont deux réalités socio-historiques, indépendantes l’une de l’autre, ne se prêtant donc pas à une analyse comparative ; il serait dès lors hasar-deux de présenter l’une, la démocratie directe, comme la vérité de l’autre, la démocratie représentative.
o L’homme et la société187-188, janvier-juin 2013, n
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L’homme et la société
« Deux conclusions principales se dégagent de ce qui précède [sur la dési-gnation des gouvernants à Athènes]. Dans la démocratie dite directe, le peuple assemblé n’exerçait pas tous les pouvoirs. La démocratie athénienne attribuait des pouvoirs considérables, parfois supérieurs à ceux de l’Assemblée, à des instances plus restreintes. Mais les organes composés d’un nombre limité de citoyens étaient, pour l’essentiel, désignés par le sort. Que les gouvernements représentatifs n’aient jamais attribué par le sort aucun pouvoir politique montre que la différence entre les systèmes représentatifs et la démocratie dite directe tient au mode d’élection des organes gouvernants plutôt qu’au nombre limité de leurs membres. Ce qui définit la représentation, ce n’est pas qu’un petit nombre d’individus gouvernent à la place du peuple, mais qu’ils soient désignés par élection exclusivement. » (Ber-nard Manin,op. cit., p. 61).
La leçon de cette citation : l’avantage démocratique que l’on serait tenté d’accorder à la forme directe, en ce qu’elle permettrait au peuple assemblé de remplir la double fonction législative et exécutive, reposerait sur une illusion que l’acuité historique permet de dénoncer. On peut soutenir que le sort est démocratique et décréter que l’élection est aristocratique, il n’en reste pas moins que les révolutionnaires, amé-ricains et français, ont opté pour l’élection. C’est que pour eux, comme pour les théoriciens du droit naturel, le consentement est à la source de l’autorité légitime ; les individus ne sont obligés que par ce à quoi ils ont consenti. L’élection est un acte de volonté tandis que le tirage au sort est un simple mécanisme de sélection des autorités et de répartition des tâ-ches. Le sort ne fait nul appel au consentement, il est une procédure de sé-lection et non de légitimation, alors que l’élection intègre les deux aspects. Parce qu’il s’agissait de rompre avec le principe de l’hérédité du pou-voir, la philosophie politique, depuis la théorie du droit naturel, s’affiche volontariste : volontéversushérédité, tel est le programme de la moder-nité politique. Volontarisme qui, en vérité, prévaut sur l’idéal démocra-tique égalitaire. Bernard Manin peut ainsi remarquer sans fard, mais en pleine cohérence, que la représentation (conséquence de la primauté accor-dée à l’élection, donc à la volonté) ne saurait se concevoir sans distinction sociale.
« Les fondateurs des gouvernements représentatifs étaient donc disposés à accepter que la répartition des fonctions publiques ne fût peut-être pas la plus égalitaire possible, eu égard aux autres propriétés de l’élection, et en particulier au rôle qu’y jouait le consentement libre et égal des citoyens. Mais ils s’efforcèrent aussi, de façon plus consciente et délibérée, de faire en sorte que les élus soient d’un rang social plus élevé que leurs électeurs, qu’ils se situent plus haut que ceux dont ils tenaient leur pouvoir dans l’échelle de la fortune et celle, plus difficile-ment saisissable, du talent et de la vertu. […] Le gouvernement représentatif a été institué avec la claire conscience que les représentants élus seraient et devraient être des citoyens distingués, socialement distincts de ceux qui les élisaient. » (Ibi-dem, p. 125).
La crise de la représentation politique ?
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Aussi est-il vain de réclamer, comme le faisaient les anti-fédéralistes aux États-Unis, et comme il est encore revendiqué de nos jours, que la représentation soit à l’image de la sociologie des représentés. La repré-sentation n’est pas la ressemblance, ou alors elle serait affaire de statisti-ques et non pas d’élections. La représentation politique est volontaire, non libertaire. Sur la distinction décisive entre liberté et volonté, nous ne revenons pas sur la démonstration délivrée par Sartre et Beauvoir, et nous conten-tons d’en entériner le résultat et d’évoquer la conséquence que nous en tirons. La volonté, argumentent nos auteurs, est seconde par rapport à la liberté ; celle-ci pose des fins tandis que celle-là organise les moyens. Lorsque la volonté prétend supplanter la liberté et se substituer à elle — thèse du volontarisme —, elle est alors privée de fins puisque la liberté n’y pourvoit plus ; ce qu’elle compense en se référant à un ordre soi-disant nécessaire de valeurs et de vérités (Descartes) auquel elle ne peut que se soumettre. La volonté ne fait alors la preuve de son efficace que si son consentement vise ce qui est déjà là, et mieux, ce qui est nécessai-rement déjà là. Dans le cas qui nous occupe, la volonté qui se manifeste dans le vote accorde une légitimité à une oligarchie préexistante dans la société. Le volontarisme électif reproduit l’inégale sociologie en accor-dant ses suffrages à qui est constitué préalablement comme éligible. L’éli-gibilité précède la légitimation et l’anticipe.
« Quels qu’aient été les rôles respectifs des circonstances et des croyances concernant la légitimité, le fait est qu’aux origines du gouvernement représentatif la question de la justice distributive dans la répartition des offices était passée au second plan. Le citoyen était avant tout envisagé et traité comme celui qui attribue les charges, et non plus (ou beaucoup moins) comme un candidat possible, comme quelqu’un qui pourrait désirer les charges. » (Ibid., p. 124) Au regard de ces remarques, sans doute rapides mais suffisantes pour marquer la spécificité de la représentation politique, il devient possible et sans doute salutaire de dénoncer un usage abusif et inapproprié de la no-tion de « crise de la représentation ». Comme dans le cas où l’argument, déjà évoqué, du décalage entre la représentation politique et la société elle-même est avancé : il n’y a pas là crise de la représentation, il y a fonc-tionnement de la représentation conformément à sa vocation oligarchique. Michel KAIL
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Prochainnuméro Anthropologie et médiations disciplinaires : Variations africanistes, 37-1, 2013
ANTHROPOLOGIE DU GESTE Volume 36, numéro 3 (2012)
Présentation : Gestique, un état des lieux Jôë Candau, Chares Gaucher et Arnaud Haôy
E NTREVUE Autour dugeste : entretien avec le Professeur Alain Berthoz (Collège de France) Jôë Candau et Arnaud Haôy Gestegraphique et technicité : l’exemple despeintures néolithiques Phiie Haeau Lagestuelle du buveur dans un contexte festif andin (note de recherche) Céine Geffrôy Suivre les actions de l’autre : lesgestes en salle de classe autour du tableau interactif Diitri Vôiy Échanges degestuelles religieuses dans l’espace rituel : Performance des traditions rituelles et négociation des frontières entre les communautés dans le bassin du lac Songkhla, en Thaïlande du Sud Aexander Hôrstann Rythmomimisme etgestuelle dansée : danser à l’image desgénies au Congo Carine Pance Les Sourds negesticulentpas,ils « signent » : réflexion sur le rapport entre corps sourds et langues des signes Chares Gaucher « J’ai sentique c’était mon monde » : expression des dimensions identitaire et normative des langues des signes Dahnée Pôirier H -ORS THÈME Le chant commegeste vocal : une enquête interactive chez les chanteurs paysans d’un village au sud de l’Italie Favia Gervasi « Le doudou de ma fille, ça pue tellement bon ! » : intimité familiale etjugements olfactifs Oivier Watheet NTREVUE E Matière libre : entretien avec Elizabeth Povinelli Ki Turcôt DiFruscia
ESSAI BIBLIOGRAPHIQUE Deux récits de l’anthropologie de l’Islam Abdeaid Hannôu
1030, av. des Sciences humaines, bureau 343 3FUniversité Laval(Québe c)G1V 0A6 CANADA Tél. : 1 418 656-3027FTéléc. : 1 418-656-283 1 Courriel : anthropologie.et.societes@ant.ulaval.ca
Les émeutes : contestation de la marge ou la marge de la contestation ?
Pourquoi les émeutes ? Les émeutes sont en général décrites comme l’expression d’un mécon-tentement « populaire » qui échappe aux groupes organisés (associations, syndicats) ou aux institutions qui auraient pu les transformer en forces revendicatives de type politique. Alors que les mouvements sociaux ont suscité l’attention de nombreuses recherches théoriques et empiriques, les émeutes, en particulier en sociologie et science politique, apparaissent comme une sorte de point aveugle. Lorsque ce phénomène est étudié, c’est pour être questionné sur son caractère politique dont on suppute très sou-vent l’incohérence et l’insuffisance organisationnelle. Il est souvent consi-déré comme un « sous-mouvement » à durée éphémère, un infra-politique qui ne pourrait acquérir une véritable place dans l’économie des problè-mes politiques les plus classiquement traités en sociologie, en anthropo-logie, en science politique et même en histoire où le diagnostic est pour-tant moins vrai tant la figure d’Edward P. Thompson a été influente dans cette discipline et dans les disciplines affines. 1 En effet, depuis les travaux de Edward P. Thompson , sur les émeutes e urbaines de l’Angleterre du XVIII siècle, la question du statut politique des émeutes se pose à nous, non seulement parce qu’il y a une difficulté réelle à délimiter son champ analytique mais aussi parce que la recherche reste tributaire dans sa forme et dans son contenu des manifestations dominantes de la contestation. Selon Thompson, la non-reconnaissance de la dimension politique des émeutes s’explique par le refus des histo-riens d’avant la Révolution française de considérer les ouvriers comme des acteurs politiques. Ce qu’il appelle «the spasmodic view of popular
1. Edward P. THOMPSONThe Moral Economy of the English Crowd in the Eigh-, « teenth Century »,Past & Present, 1971, 50, p. 76-136 ; etCustoms in Common, Londres, Merlin, 1991.
o L’homme et la société, n 187-188, janvier-juin 2013
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