Notables du Makhzen a l épreuve de la "gouvernance" (Des)
434 pages
Français

Notables du Makhzen a l'épreuve de la "gouvernance" (Des) , livre ebook

-

434 pages
Français

Description

L'étude du système politique marocain est longtemps restée imprégnée par la grille du patrimonialisme, le pouvoir central tendrait à contrôler et à susciter des réseaux politiques ne dépendant que de lui. L'élite est analysée dans ses capacités de soumission. L'allégeance se fait suivant l'efficacité du service rendu. Cet essai interroge aussi les caractères politiques, les comportements des élites, leurs rapports aux populations et, en dernière analyse, les modalités du leadership.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2003
Nombre de lectures 320
EAN13 9782296303195
Langue Français
Poids de l'ouvrage 18 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DES NOTABLES DU MAKHZEN
A L'EPREUVE DE
LA "GOUVERNANCE"Couverture: Rbati Mohamed Ben Ali (1861-1939) aquarelle sur papier, 20 x 3lcm.
«Bab el Fahs, porte de la Mendoubia» 1930. Collection Omar Akalay.
Ce livre est publié avec le concours de
l'Institut National d'Aménagement et
d'Urbanisme.
RABAT, 2003Ed. L'HARMATTAN-INAU -
ISBN: 2-7475-3273-9Aziz EL MAOULA EL IRAKI
DES NOTABLES DU MAKHZEN
A L'EPREUVE DE
LA "GOUVERNANCE"
ELITES LOCALES, TERRITOIRES, GESTION URBAINE
ET DEVELOPPElVIENT AU MAROC
(Cas de Trois villes moyennes de la Région Nord-Ouest)
Préface de Mohamed Tozy
Institut National d'Aménagement et L'Harmattan
d'Urbanisme 5-7, rue de l'Ecole-Polytechnique 75005
BP 62] 5 Rabat Institut Paris
Email: inau@maghrebnet.neLma Email: harmat@wanadoo.frAVANT-PROPOS
Ce livre est une version remaniée d'une thèse de doctorat d'Elal en Géographie
soutenue à Paris I en 1999. Les itinéraires et situations locales décrites dans ce travail
ont été réalisés entre 1996 et 1999.
Certaines descriptions de parcours individuels reslent des passages obligés dans notre
problématique et dans notre approche du sujet; elles ne constituent en aucun cas une
fin en soi de cette recherche.
Ce travail n'aurait pas pu être réalisé sans la disponibilité et l'amabilité de toutes les
personnes interviewées à Souk Larbaa, Tiflet et Chefchaouen, qu'elles trouvent ici
l'expression de ma profonde reconnaissance.
Je voudrais exprimer tous mes remerciements aux collègues qui m'ont plus ou moins
accompagné dans ce travail: Mohamed Tamim, Mohamed Tozy, Pierre Signoles,
Michel Rochefort, Abdelghani Abouhani, Abdellah Lahzam, Mohamed Boukhafa.
Enfin mes remerciements s'adressent à toutes les personnes ayant contribué à la
réalisation de cette étude, mais dont les noms ne figurent pas sur cette liste.
5PREFACE
L'innovation scientifique vient des marges des disciplines institutionnalisées. Cette thèse
rappelée par les plus grands historiens des sciences (T.Kuhn, « The stucture of scientific
revolutions »,Chicago, 1970) a été largement vérifiée par le travail que nous présente Aziz
Iraki. Il se situe à la périphérie de plusieurs disciplines: la géographie à laquelle il a
emprunté un sens de la spatialisation, les sciences de l'urbanisme qui lui ont permis de
cheminer dans les dédales des relations complexes entre collectivités locales et autorités
chargées de la production des « villes », des enjeux de l'aménagement et des extensions
urbaines et enfin la sociologie politique qui lui a permis de placer la question de la
production des élites au centre de sa problématique. Le résultat est passionnant, une
approche à la fois empirique et historique débouche sur une reconstitution des mécanismes
de production des élites locales, longtemps méprisés par la science politique institutionnelle.
Il a pu aussi dénouer les fils des stratégies d'adaptation du système au changement aussi
bien démographique, que politique (importance prise par le foncier dans la définition des
ressources nécessaires à produire des élites de substitution aux itinéraires traditionnels
qu'étaient le nationalisme et les circuits notabilaires).
Le livre s'appuie sur une solide expérience de terrain et une connaissance des enjeux locaux
et nationaux qui ont façonné les différentes séquences historiques. Cette familiarité avec les
niveaux macro et micro du politique permet de cerner la nature de la demande et de l'otIre
du personnel politique à un moment donné. Et, surtout, de démultiplier les niveaux
d'observation en liant tantôt l'élite aux enjeux de pouvoir, tantôt aux enjeux économiques
voire sécuritaire. Le travail donne ainsi de la substance à des trajectoires archétypiques et
met l'empirie au service d'une lecture synoptique que les politologues font du système
politique sans pour autant avoir une prise comparable sur les réalités quotidiennes des
itinéraires de l'élite locale. Cette façon de faire inédite est précieuse à un moment où le
système politique connaît des mutations profondes aussi bien dans ses fonctions extractives
et de régulation que dans les stratégies de légitimation.
De nouvelles données de la vie politique locale obligent le système à s'adapter pour
absorber les tensions et tirer profit de nouveaux statuts émergeants.
Le Maroc connaît actuellement un renversement de l'équilibre rural/urbain sur lequel se
y ~ioute lesconstruisait toute architecture électorale des quarante dernières années. Si l'on\'
effets, même atténués, d'une mondialisation qui accélère les recompositions territoriales et
7favorise apparemment un changement de signification du local qui se trouve désenclavé et
projeté de façon brutale dans une relation directe avec le monde, on peut s'attendre à
l'émergence de nouvelles catégories d'acteurs sociaux et politiques qui vont se positionner
par rapport à ces transformations pour les activer, les maîtriser ou les freiner. La
connaissance de ces acteurs et de leur stratégie est essentielle pour mieux réfléchir sur les
questions de gouvernance et de gestion urbaine.
Le parcours aussi bien des anciennes que des nouvelles élites est déterminé par toute une
série de facteurs. Nous pouvons citer, entre autres, le changement de taille de l'élite du fait
de la poussée démographique et de la diversification et la multiplication des positions de
pouvoir, ainsi que la déruralisation, le rajeunissement, et l'élévation du niveau d'instruction.
Ces tendances lourdes conjuguées à une histoire politique singulière alternant des moments
de tension et d'ouverture ont façonné en quelque sorte le destin des élites locales.
On peut, sans trop trahir le déroulement du cours de l'histoire politique et en s'appuyant sur
un de aspects développés par ce travail pour les régions de Chefchaouen, de Tinet et de
Souk Larbaa avancer l'hypothèse d'une histoire des itinéraires des élites locales en trois
temps. Le temps des notables ruraux à statut prescrit, le temps des fonctionnaires et le temps
d'une relative fragmentation de l'élite avec l'accès de profils inédits: technocrates, militants
associatifs.. .
Le temps des fellahs.
Le protïl moyen du conseiller communal se réduisait dans le titre du travail de Rémy
Leveau au notable rural soutenu par les fellahs. La volonté politique de casser au niveau du
découpage l'ordre tribal n'a pas sacritïé en même temps le réseau des notables ruraux: gros
propriétaire terrien ou représentant de familles de notables locaux. Seules les villes ont
échappé à la domination de ces profils avec une présence massive des enseignants affiliés
aux partis du mouvement national. A Agadir, Casablanca, Fès, la variable appartenance
partisane a pu perturber ce jeu, d'autant plus que le mouvement national était porteur d'un
projet qui suscitait une certaine adhésion.
Durant les élections municipales de 1960, 1963, 1969 et 1976, la structure de l'élite a très
peu changé.
Le temps des fonctionnaires.
I
i
En 1976, le taux d'analphabétisme des conseillers dépassait 83 % et les agriculteurs!
représentaient 27,9 % des conseillers. Mais déjà, les premiers signes d'un changement
important dans la structure de l'élite étaient apparus.
Les communales ont vu la participation de 42 607 candidats avec 24 876 candidats sans
appartenance politique. Sans s'attarder sur le contexte politique de l'époque, il faut noter
que l'accès au champ politique, aux côtés de l'ancienne élite rurale, d'une nouvelle élite
s'est fait sur incitation de l'administration et en dehors, sinon contre, l'institution partisane.
Ce renouvellement partiel d'une élite loyale et dépolitisée, puisée essentiellement dans et
8avec une administration en pleine expansion, a permis de dissocier la citadinité d'une
sensibilité exclusive de gauche. M.A Parejo voit dans ces élections« une restauration de
nouvelles bases pour le régime après une longue période d'exception et l'absence
d'institutions représentatives» (M A Parejo, les élites politiques marocaines: les
parlementaires, 1977-93, Grenade, ]997, p.339)
L'amorce d'une fragmentation et d'une déruralisation de l'élite locale
Ce n'est pas le fait qu'il y ait

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