Osons réinventer la démocratie
153 pages
Français

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Osons réinventer la démocratie , livre ebook

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Description

En bonne démocratie, l'Etat et son chef se tiennent au service du peuple, non l'inverse. Or, aujourd'hui le peuple a perdu le pouvoir. Il se sent abandonné de la classe politique. Il est urgent de lui restituer sa souveraineté, car le mécontentement s'amplifie. Cet ouvrage propose des pistes pour remédier à cette insatisfaction.

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Date de parution 21 décembre 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782336859378
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Questions contemporaines Collection dirigée par Jean-Paul Chagnollaud, Bruno Péquignot et Denis Rolland
Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « que stions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves e t ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective. Dernières parutions Sophia MAP PA,s politiques occidentales,Le changement social. La cité grecque interpelle le 2018. André CAYOL,La Terre est en surchauffe. L’impact de la mondiali sation et des multinationales sur notre planète, 2018. Philippe MOSSE,Une économie politique de l’hôpital – contre Procuste –,2018. Jacques ARON,M ythologies et réalités juives au commencement de l’Europe moderne, Huguenots et Juifs ou l’illusion rétrospective,2018. Jean-Paul GUICHARD,L’affirmation de l’Europe byzantine(1796-1914), 2018. Richard TRAP ITZINE,Pe d’aujourd’hui,our un urbanisme humaniste, Réalités d’hier, utopi réalité de demain ?,2018. Thierry ALLAIN, Frank CLAUSTRAT, Françoise P ELLICER et Jean-François THOMAS (dir.), Entre paysage et territoire. Rvoireprésentations de l’espace et manifestations du pou , 2018. Gilbert P ILOT et Réjean COTE,Pacte socio-économique entre le gouvernement du Can ada, le gouvernement du Québec et le peuple innu,2018. Lukas STELLA,Intoxication mentale, Représentation, confusion, aliénation et servitude,2018.
Albert de Surgy OSONS RÉINVENTER LA DÉMOCRATIE Comment rendre le pouvoir aux citoyens ?
Du même auteur Le grand choix : société républicaine ou société de marché, Paris L’Harmattan, 2002. © L’Harmattan, 2018 5-7, rue de l’École-Polytechnique ‒ 75005 Paris www.editions-harmattan.fr EAN Epub : 978-2-336-85937-8
Prologue
Nous avons aujourd’hui de sérieuses raisons de nous inquiéter de l’avenir de notre pays, mais aussi de l’Europe, du monde et de l’humanité. Alors que nos connaissances devraient nous permettre de vivre dans l’abondance, la condition de vie du plus grand nombre ne s’améliore plus. Il y a toute chance pour que nos enfants vivent moins facilement que nous, confrontés à une multitude de nuisances. La précarité et la baisse du pouvoir d’achat gagnent du terrain jusqu’à menacer l’emploi et la sécurité des classes moyennes. La richesse se concentre entre les mains d’une catégorie très r estreinte d’individus : la haute bourgeoisie d’affaires et ses auxiliaires politiques. De tels individus orientent les investissements et la production à seule fin d’assouvir leur insatiable appétit de j ouissance et d’accaparement des richesses, et affirmer leur supériorité par des dépenses ostentat oires (yachts et jets privés, séjours dans des palaces, voyages de simple curiosité dans l’espace, etc.). Essentiellement préoccupés d’accroître leurs profits, ils n’ont que peu d’égards pour les ressources naturelles et humaines dont ils se servent. À la différence des entrepreneurs d’autrefois, ils vont de l’avant, se grisent et s’enorgueillissent de l’accélération de leur croissance sans se soucier du terme où elle les mène en entraînant derrière eux le reste de la société. Ils représentent une nouvel le droite dangereuse, dévastatrice, n’obtenant le soutien d’une majorité d’électeurs qu’en les influençant, voire en les désinformant et les manipulant par le biais de réseaux et d’organes de communication dont ils ont acquis le contrôle. Nous pouvions imaginer jusqu’à présent que les progrès de la science allaient nous donner prise sur notre destin. Or voici, au contraire, qu’ils offrent à nos passions, y compris aux plus perverses, toujours plus de moyens de se satisfaire. Nous vivo ns en conséquence dans un environnement de moins en moins maîtrisé, de plus en plus inquiétant . Contraints de réagir sur-le-champ à une multitude d’imprévus, nous n’avons plus le temps de réfléchir à la finalité de nos actions. Nous voici transformés en créatures erratiques, ballottées en tous sens par une sorte de tempête au déclenchement de laquelle nous avons aveuglément consenti. Tout se passe comme si, insouciants du danger ou terrorisés par lui, nous avions renoncé à nous saisir des commandes d’un véhicule nous emportant malgré nous. Effrayés par ses embardées, nous obéissons, comme par réflexe, aux voix de meneurs dont les uns nous crient : "penchez-vous à droite !", et les autres "penchez-vous à gauche !", cependant qu’inexorablement la vitesse s’accroît, que les dérapages s’accentuent et que le gouffre se rapproche. Comment dormir encore tranquilles en ayant compris que, si nous continuons sur notre lancée, nous n’échapperons pas à une catastrophe écologique ou nucléaire, à une insurrection sanglante généralisée ou à un déferlement de populations affamées ? Comment ne pas être tentés de nous jeter dans les bras de quelque sauveur nimbé de gloire politique, militaire ou religieuse, au risque de nous laisser berner par un escroc ? Est-il encore temps de nous ressaisir ? Nous reste-t-il quelque raison d’espérer, de croire en la prédominance de l’intelligence, de la sagesse, de la justice, en un mot de l’humanité sur la bestialité ? De multiples causes (scandales, corruption, mensonges, abus de pouvoir, recours à la "langue de bois") poussent les citoyens soit à se détourner ca rrément de la politique, soit à voter, par protestation plutôt que par conviction, en faveur de l’extrême droite ou de l’extrême gauche, ou pour des partis éphémères focalisant sur eux l’exaspération de certaines catégories d’électeurs : chasseurs, petits commerçants et artisans, habitants de quarti ers à forte proportion de migrants, etc. Leur abstention ou leur vote stérile témoigne moins d’un refus de participer au devenir d’une collectivité politique quelconque (régionale, nationale ou plurinationale) que d’une perte de confiance dans les élus et les administratifs qui les dirigent, les am enant à se replier sur eux-mêmes ou sur leurs communautés de base (familiales, ethniques ou religieuses). Outre les campagnes de communication visant à prévenir leurs protestations en les persuadant de la pertinence des décisions prises en leur nom, de tels sujets (de leur président plébiscité, de l’État, de la nation incarnée par une assemblée théoriquement représentative) se trouvent distraits par toutes sortes de spectacles (matches de football, jeux olympiques, tour de France cycliste, émissions télévisées de bas niveau...). Il est entendu, n’est -ce pas, que les Français sont impossibles à gouverner, rebelles à toute réforme. Lorsqu’on a affaire à de tels râleurs, il faut user de la force o u de la ruse, pour, malgré eux, faire leur bonheur ou , tout au moins, assurer la grandeur de leur patrie,
c’est-à-dire la fortune de ceux qui en ont pris la direction. Je n’ignore pas l’existence de paresseux, de profit eurs, de négligents n’ayant aucun souci des autres et du bien commun. Ceux qui se comportent co mme des goujats sur la route ("Elle est à moi, écartez-vous de là !"), ceux qui se débarrassent n’importe où, n’importe comment, de leurs détritus, comptant sur ces domestiques des temps modernes que sont les éboueurs ou les agents de propreté pour nettoyer leurs saletés, ceux qui jettent du jo ur au lendemain leurs ouvriers à la rue pour mieux rentabiliser leurs capitaux, ceux qui se clôturent dans des résidences surveillées pour ne pas voir la misère qui les entoure et vivre à l’abri de ses écl aboussures, restent malheureusement trop nombreux. Quoi qu’on y fasse, il existera toujours dans la société, sous forme de lie, des individus qu’il faudra contraindre sans discussion ni ménagem ent, mais sans pour autant se plaire à les rabaisser. Cependant ils sont loin de constituer une majorité. On a trop vite fait d’estimer que la plupart des citoyens sont immatures et ne méritent que d’être menés comme un troupeau par les élites qui requièrent leurs suffrages. Mais discutez, de-ci de-là, avec eux : aux arrêts d’autobus, dans les cafés, dans les jardins publics, à l’occasion des fêtes locales, en faisant la queue chez un commerçant, dans le hal l ou la cour de votre immeuble…, et vous constaterez, après un échange éventuel de poncifs du même ordre qu’un discours sur la pluie et le beau temps, qu’ils sont beaucoup plus avertis de la situation qu’ils endurent que vous ne l’imaginiez. Ils ont assez clairement conscience des problèmes de leur région et du monde, et restent disposés à donner de leur temps et même de leur argent (ce qu’ ils font bien plus volontiers auprès des associations) pour que leur pays se porte mieux. Seulement ils ne savent plus du tout quoi faire. Lorsqu’ils ont déjà tenté, par les voies officielles, d’œuvrer en faveur du bien public, trop d’obstacles ou de complications les en ont vite découragés, si bien qu’ils ne sont pas près de recommencer. Un sentiment de fatalité les paralyse. Ils s’aperçoivent qu’ils ne disposent d’aucun levier conséquent pour améliorer leur sort. Des forces quasi transcen dantes dirigent désormais le jeu à l’échelle européenne et planétaire. D’où ces affirmations désabusées : « Que voulez-vous, on n’y peut rien ! Ce n’est pas la peine de s’en mêler ». Or, bien sûr que si, il serait possible de changer quelque chose à la façon dont va le monde. Il suffirait pour cela d’un peu plus de civisme, d’une large union et d’un soulèvement généralisé. Certes, mais autour de qui ou de quel programme se rassembler ? Actuellement les idéologies ne font plus recette. La crise de confiance est généra le. Elle touche les ministres et les dirigeants d’entreprise. Elle touche les solutions qu’ils prop osent. Elle touche essentiellement le système politique dont il semble que rien de bon ne puisse plus être attendu. Elle touche même l’utopie révolutionnaire n’ayant mené jusqu’à présent, à travers des phases de terreur, d’oppression et de massacres, qu’à des dictatures ou à des restaurations brutales. Les résistances à surmonter sont telles, le besoin d’invention si grand, qu’un renouveau dur able ne pourra être obtenu facilement, sans organisation ni effort soutenu. Des protestations de masse vécues sous le mode festif comme une sorte de libération des mœurs débouchent parfois sur un renversement de gouvernement ou même de régime, en le paralysant ou en le privant de tout soutien, mais ne provoquent à elles seules qu’un glissement de la société sur des voies prétracées par une pensée obsolète. De nos jo urs elles contribuent surtout à la précipiter dans des ornières pseudo-libérales ou totalitaires dont il lui est fort difficile de s’extraire. Ne comptons pas sur elles pour nous orienter vers un avenir meilleur. À l’opposé des révolutions violentes aboutissant inévitablement à porter au pouvoir les hommes les moins pondérés, les plus enclins à opprimer le peuple, employons-nous donc à amorcer un rassemblement autour d’un projet de prospérité équitablement partagé. Mettons-nous à cette fin au travail. Collaborons. Ne jetons d’anathème sur personne. Évitons de nous laisser emporter par le genre de puissance archaïque, émotionnelle, vengeresse, que tentent de réveiller en nous certains tribuns souhaitant essentiellement se faire confier par nous la direction des affaires. À côté de citoyens totalement découragés ou qui se résignent à l’immobilisme, plusieurs autres ne s’activent que pour découvrir diverses combines leu r permettant de survivre au mieux. Ayant perdu toute estime pour les autorités, ils n’ont aucun sc rupule à les tromper, à resquiller, à tricher. Cependant ils savent faire preuve de solidarité et d’entraide à échelle réduite. Leur forme de rébellion envers l’État manifeste moins une insociabilité foncière que l’exigence d’un pouvoir qui ne les brime pas, qui leur laisse une appréciable liberté d’action, qui tienne compte de leurs particularités et, au lieu de s’imposer à eux sous couvert de rationalité technique, se préoccupe avant tout de leur
faciliter ou de leur agrémenter la vie quotidienne. Bref ces indisciplinés déclarés ingouvernables n’ont peut-être pas entièrement tort de se défier d’un gouvernement dont le contrôle leur échappe. Je ne considère nullement qu’ils soient perdus pour la politique, mais l’image qui leur en est donnée par les politiciens suffit à les en détourner. Nos élus et nos dirigeants se plaignent fréquemment du manque d’implication des Français dans les affaires publiques. Or en fait ces Français (co mme la plupart de leurs voisins européens, chez qui les mêmes causes produisent les mêmes effets) s’en désintéressent de moins en moins, tout en contestant de plus en plus les procédures de décision qui y prévalent et les solutions mises en œuvre. Ils constatent que le système en vigueur prive le peuple de souveraineté effective et que les hommes s’y trouvant portés au pouvoir sont avant tout soucieux de se maintenir aux postes qu’ils occupent en confisquant à leur profit cette souveraineté. En réalité nous traversons une période où la demand e politique est de plus en plus forte, à proportion des dangers qui nous menacent, pour que soient assurés le développement et la sécurité économiques, la paix civile et la concorde entre les nations. Par malheur une telle demande n’est entendue que par une élite incapable d’y répondre pour autant qu’elle reste attachée à des conceptions et des pratiques surannées, et apparaît par ailleurs largement compromise avec les milieux financiers. L’impasse qui en résulte explique largement le nive au croissant de l’abstention et du vote protestataire, comme l’oscillation désespérée du reste de l’électorat entre tout dernièrement une droite et une gauche assez peu différentes l’une de l’autre ou, plus récemment, entre mondialistes et souverainistes, ou entre partisans du succès des affaires et partisans du bonheur de vivre. Je voudrais ci-dessous faire comprendre aux très nombreuses personnes de bonne volonté, égarées et divisées tant par les flots d’informations hétér oclites qui leur parviennent que par les lourds problèmes qu’ils doivent affronter quotidiennement, qu’elles ne se trouvent pas irrémédiablement acculées à l’impuissance, qu’un autre genre d’organisation des sociétés que celui ayant fini par prévaloir dans les pays les plus avancés est non seulement souhaitable, mais possible, et qu’existent également de bons moyens d’y parvenir, sans dégâts, avec le soutien de l’opinion. Après un premier chapitre consacré à la critique du système en vigueur, j’expliquerai sur quels principes il me paraît nécessaire de s’appuyer pour bâtir une société durablement satisfaisante. Ces principes me conduiront à réclamer l’abolition du capitalisme, puis à recommander une organisation démocratique de la demande de biens et de services, le regroupement des travailleurs en nouveaux corps de métiers, le renforcement de la société civile, la séparation totale du pouvoir législatif d’avec le pouvoir gouvernemental, enfin la suppression du monolithisme de l’État par distinction en son sein de plusieurs grandes fonctions administratives autonomes comme de plusieurs niveaux hiérarchisés de collectivités publiques. Je plaiderai en conclusion pour la création d’un nouveau mouvement républicain (c’est-à-dire croyant en l’existence de biens publics à préserver et entretenir), se situant dans une perspective strictement humaniste, se fixant pour mission de préparer, d’engager et de soutenir la rénovation politique souhaitée en y préparant les esprits.
I UNE DÉMOCRATIE DEVENUE FICTIVE
Voyant l’autorité publique exercée par une élite de plus en plus éloignée des problèmes des citoyens ordinaires, et la constatant trop souvent déficiente, manquant d’assurance, paralysée par une bureaucratie pléthorique, nous ne cessons en vain de réclamer davantage de démocratie. Cependant, tenter de la renforcer sous la forme où nous l’avon s laissée se développer, entachée par une conception erronée de la souveraineté du peuple, ne peut que nous décevoir. Après avoir rappelé, à la suite de bien d’autres, que notre penchant à nous placer sous la coupe d’un souverain relève d’un archaïsme regrettable et que le peuple, envisagé comme une personne, abstraction faite de toute distinction entre ses co mposantes, n’est qu’une fiction idéologique, je mettrai en cause la façon dont les principes démocr atiques sont appliqués dans nos sociétés occidentales où quelques grands partis, jaloux de l eurs prérogatives, rivalisent sur le marché électoral pour accéder au pouvoir. L’opinion commune a fini par estimer que ce système politique, malgré ses imperfections notoires, était le moins mauvais possible. Certes i l y a pire si nous le comparons aux dictatures militaires, fascistes ou communistes, mais, étant donné l’insatisfaction qu’il engendre, il serait navrant de renoncer à inventer quelque chose de mie ux. À cette fin, commençons par examiner comment et pourquoi nous nous sommes peu à peu engagés sur une voie ne pouvant nous donner pleine satisfaction.
1. La souveraineté politique en question La souveraineté, nous dit le Grand Robert, est le « principe de l’autorité suprême dans le corps politique ». La personne ou l’institution à laquelle elle est attribuée se trouve « au-dessus de toutes les autres dans son genre ». Elle « échappe au cont rôle d’un organe supérieur ». Elle « détient l’autorité suprême » et ne saurait tolérer le moindre assujettissement à une puissance extérieure ou endogène. La référence à une telle notion induit une organisation politique où tous les pouvoirs, locaux ou partiels, se trouvent coiffés par une instance supérieure s’arrogeant le droit d’avoir le dernier mot sur tout. Elle exclut l’établissement d’une sorte d’équ ilibre écologique, ou d’un compromis continuellement négocié, entre une pluralité de pou voirs. Elle prend pour modèle le gouvernement d’un monarque ne tolérant aucune limitation de son "bon plaisir" par une quelconque loi morale, par une assemblée de dignitaires religieux, par les représentants de communautés particulières ou par des États voisins refusant de se laisser molester. La souveraineté implique ainsi la suffisance, l’inf atuation du chef ou du groupe dominant s’imaginant posséder plus de dignité, de discernement et de légitimité que ses semblables, que ses prédécesseurs ou même qu’une puissance divine. Se présentant comme un apanage qui ne se partage 1 pas , elle nous oriente vers des sociétés assujetties à un parti dominant ou à un président assumant, avec l’assistance d’un aréopage de courtisans et de vassaux, un rôle de "Père de la nation". En particulier, si le peuple est souverain, il ne saurait entrer en contradiction avec lui-même : le voilà contraint de manifester une seule volonté ne parvenant évidemment à s’imposer qu’en étouffant des voix minoritaires. L’exercice de l’autorité politique est tributaire d’une organisation adéquate et d’un ensemble de lois. Tout le problème est de savoir qui est habilité à établir les institutions et fixer les lois. Il fut longtemps estimé que cette fonction appartenait aux représentants reconnus comme tels d’une autorité transcendante. Dans l’occident chrétien, cette dernière s’assimilait à Dieu représenté par so n 2 Église . Le roi avait besoin d’être sacré. Ses décisions étaient dès lors supposées approuvées par les puissances célestes. Quand l’Église avait de bonnes raisons d’en douter, elle pouvait le rendre illégitime en l’excommuniant. 3 Cette monarchie de droit divin fut bientôt remise en question tant par les faits que par la raison. Elle pouvait en effet inspirer le respect aussi longtemps que l’autorité suprême dont elle dépendait était unanimement reconnue. Or ce ne fut plus le ca s à compter de la redécouverte des penseurs
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