Où va la Côte d Ivoire ?
249 pages
Français

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Où va la Côte d'Ivoire ? , livre ebook

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Description

Pour quelles raisons les mêmes types de tensions et de conflits qui existent partout en Afrique de l'Ouest ont-ils produit un tel résultat en Côte d'Ivoire précisément et pas ailleurs ? Et pourquoi la Côte d'ivoire est-elle le seul pays où l'on discute encore 50 ans après les Indépendances pour savoir qui est Ivoirien et qui ne l'est pas ? Poser ces questions ne revient pas à jeter l'opprobre sur un pays, mais à interroger une réalité sociale dont les premiers à souffrir sont les Ivoiriens eux-mêmes.

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 446
EAN13 9782336277738
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Où va la Côte d’Ivoire ?
Malick Ndiaye Où va la Côte d’Ivoire ?Entre la questionjuula, le complexe d’Akan et le souverainisme de Laurent GbagboL’HARMATTAN
© L'HARMATTAN, 2011 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-54091-0 EAN : 9782296540910
Sommaire Avant-propos ..................................................................7 Introduction ...................................................................9 Espace, territoire, dynamiques de population et pouvoir ................ 20 Histoire sociale du changement et du mouvement qui éclaire certains aspects de la crise ivoirienne ..................................................... 22 I - Objet de la présente étude.......................................26 Ce que la crise ivoirienne a de spécifique .................................... 36 Le Souverainisme de Laurent Gbagbo et la seconde crise de décolonisation en Afrique de l’Ouest ........................................... 37 L’Idée de nation entre Indépendantisme et Souverainisme ............ 38 Le souverainisme de Gbagbo ..................................................... 42 La question nationale ............................................................... 45 De la transition de l’état de territoire à l’état de nation.................. 46 II - L’Idéologie ivoirienne.............................................50 Les messianismes séculiers et les identités transmises .................. 52 Le cosmopolitisme ivoirien et le type de lien social qui lui correspond57 Identités et allégeances : Religion, régions, profession et identités ethniques ............................................................................... 59 Un tableau complexe et contradictoire ........................................ 63 Du tàng diiné des Ivoiriens. Sur les caractères et les traits de caractère ................................................................................ 65 Peuple à sang « chaud » et peuple à sang « froid » ...................... 66 Du régulateur socio-thermique au Sénégal et en Côte d’Ivoire........ 67 Coalescence des segments et régulation socio-thermique : l’exemple contraire du Sénégal ................................................................ 68 Mouvements sociaux et foyers d’intégration................................. 74 L’Etat moderne et les institutions traditionnelles........................... 86 Reproduction par transmission des identités traditionnelles ou construction de nouvelles identités ? Identités transmises et identités en construction ....................................................................... 87 Une Nation nouvelle ne se proclame pas, elle se construit ; mais la question est de savoir en quoi cela consiste et par où il convient de commencer............................................................................. 90 Post-colonie et types de liaison sociale........................................ 95 Houphouët, Gbagbo et les colons face à la coalescence des segments en Côte d’Ivoire....................................................................... 96
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Pour émerger comme nation ou ensemble plus vastes que les groupes élémentaires, ce sont des valeurs que les peuples échangent, non des produits ............................................................................... 100III – Hypothèse(s), problématique et méthode .......... 104 Sur la méthode d’approche et de sélection des données .............. 110 Crise de la vérité et vérités de la crise ...................................... 118 La mécanique des crises muettes ............................................. 119 Gagnoa, Kong et YaKro .......................................................... 123 IV – Le complexe d’Akan et la Questionjuula............. 126La tension entre les hommes, l’espace et le territoire est une question politique ............................................................................... 134 Schéma partisan et tableau sociologico-politique et clivage idéologique et culturel ............................................................ 137 Le complexe d’Akan dans l’Histoire singulière de la Côte d’Ivoire .. 139 Histoire sociale et Gouvernance ............................................... 182 Le problème akan et la Question juula ...................................... 184V- Lephénomène démocratique en Côte d’Ivoire ou l’équation de la régulation démocratique dans une société cosmopolite qui change .................................. 196 Questions fortes, jeu(x) et enjeux des transformations en cours... 199 Fonctions manifestes et fonctions latentes des Accords : De Marcoussis à l’APO ................................................................. 204 Crise cognitive et drame de la connaissance .............................. 206 VI - Deux itinéraires, deux trajectoires, Deux compréhensions, deux méthodes ...................... 209 Epoque, période et conjoncture ............................................... 221 Autorité et hégémonie : À nouveau sur la question du lien social .. 225 VII - De la rébellion (comme méthode de réforme) ....227 ConclusionEntre Question juula, Complexe d’Akan et Souverainisme, sur fond de partition du pays : la Côte d’Ivoire à la croisée des chemins......... 235Bibliographie .............................................................. 241
Avant-propos
Ceux qui seraient tentés de chercher dans cette étude des remèdes ou des clichés et des stéréotypes sur la crise ivoirienne devraient fermer ce livre et aller voir ailleurs. Car il ne s’agit ici ni d’événementiel ni de sensationnel, mais du fond du problème ivoirien, c’est-à-dire les causes basiques tant morales, matérielles et éthiques, ainsi que les contraintes structurelles plus ou moins durables, dont les effets visibles font tant de mal aux Ivoiriens de même qu’aux ressortissants étrangers vivant au pays d’Houphouët-Boigny. Les faits politiques ne sont pas examinés en eux-mêmes, mais d’après le rapport qu’ils soutiennent à l’état social véritable dans ce pays, c’est-à-dire le mode de composition des agrégats constitutifs de la société ivoirienne contemporaine ainsi que la dynamique singulière et originale qui dessine un tableau d’ensemble parfaitement cohérent et rationnel, malgré les crises spectaculaires dont la Côte d’Ivoire n’a pas le monopole en Afrique de l’Ouest, et au-delà. Cette étude traite, en effet, du changement social rapide dont la complexité non-maîtrisée par les élites de pouvoir notamment entre 1993 et 2010, aura plongé la Côte d’Ivoire dans un engrenage qui défraie la chronique depuis près d’une dizaine d’années, et subséquemment, compromet toute mobilisation pertinente des ressources et des moyens en vue de répondre aux problèmes centraux du développement en Afrique de l’Ouest, particulièrement. La matière principale de l’ouvrage n’est donc pas exactement l’actualité politique conjoncturelle de ce pays, en particulier les élections récentes ou la crise post-électorale qui en a suivi, mais les mutations sociales en cours sur la moyenne et longue durée, pour autant que celles-ci ont donné lieu sans s’y réduire totalement, à des rapports de pouvoir et de domination, qui en l’absence d’hégémonie claire et de légitimité pertinente de l’une quelconque des forces politiques successives auront mis le pays d’Houphouët au bord de l’implosion, et plus tôt deux fois qu’une ! Et ce, dans la confusion la plus totale aux plans théorique et conceptuel, sociologique et politique, scientifique et méthodologique. Partant, ainsi que le lecteur attentif s’en rendra compte aisément - du moins aimons-nous à l’espérer – ce livre devrait être à même d’éclairer de restituer les logiques du social ainsi que le jeu des acteurs principaux sur la moyenne et la longue durée, au-delà des idéologies et des messianismes qui ont élu domicile dans ce qu’il faut bien appeler « l’Idéologie ivoirienne », sorte de mélange de traditionalisme des terroirs, de préjugés « autochtonistes », de merveilleux et d’esprit de village, le tout coordonné sur le plan spéculatif par des manières de mysticisme des religions révélées et  7
des croyances ancestrales, articulées à des schémas pseudo modernistes empruntés aux messianismes des Lumières et à ses excroissances, les variétés de démocratisme, de franc-maçonnerie, de libéralisme et/ou de socialismes en mal d’adaptation et de tropicalisation. Pour arriver à la pleine compréhension des processus sociaux contemporains en Côte d’Ivoire – et sans doute – dans les pays de même type, la clé n’est autre que l’examen de l’arrière-plan social de la crise, et non l’analyse des discours et des représentations des protagonistes comme tels ; à commencer par le mode de composition et la dynamique sociodémographique de la société ivoirienne contemporaine. Aussi ce document montre-t-il comment, au-delà des discours messianistes et œcuméniques, il existe des rapports sociétaux persistants qui commandent les rationalités et les trajectoires des principaux groupes stratégiques, dont les rapports politiques et idéologiques catastrophiques ont mis la Côte d’Ivoire qui n’est pas fatale, mais exige une démarche critique et autocratique de la part des Intellectuels, des Universitaires et des Décideurs auxquels cet ouvrage est destiné en premier lieu. Paris, ce 20 décembre 2010
Introduction
Quoiqu’à tous égards la Côte d’Ivoire donne l’impression de s’enfoncer dans une crise sans fin, elle ne compte pas moins parmi les places fortes principales de la CEDEAO aux côtés du Nigeria. Qui plus est, elle demeure le poumon économique de l’UEMOA, dont elle réalise encore, malgré une décade de crise, plus de 40 pour cent du PIB contre seulement près de 20 pour cent pour le Sénégal.
Avec un potentiel à nul autre pareil dans le monde francophone ouest-africain, objet de toutes les convoitises et de toutes les sollicitudes eu égard à sa position géographique enviée autant que ses ressources agricoles, minières, stratégiques et énergétiques, ce pays dont le taux d’immigration remarquable atteste le degré d’hospitalité des habitants ainsi que le niveau de générosité de la nature et des lieux, la densité du réseau hydrographique, est par excellence le creuset cosmopolite où convergent les trajectoires migratoires de l’Ouest africain qui semble s’y être donné rendez-vous. Quoi d’étonnant, dès lors, que ce pays fasse office de laboratoirein vivoéquations sociétales en cours dans la sous-région, lieu des d’observation privilégiée des mutations en cours dans les pays de l’Ouest, dès l’instant où elle centralise sur son sol les problèmes 1 cruciaux qui se présentent à l’état de miniature dans la plupart des pays de la sous-région. En Côte d’Ivoire, les tendances qui sont embryonnaires ou à peine esquissées ailleurs sont grossies, comme par un effet de loupe, par les circonstances exceptionnelles dues à la concentration sur ce territoire grand comme les 2/3 de la France, des hommes, des cultures et des ressources.
Aussi cette étude qui porte principalement sur le Pays des lagunes aurait-elle pu tout aussi bien s’intituler :« Où va l’Afrique de l’Ouest ? » [Entre Sciences sociales d’emprunt, Pensée critique 2 balkanisée et Histoire sans Sociologie] ,que le lecteur attentif ainsi 1 Cosmopolitisme, Etat multiethnique, Pluralisme culturel, gestion de la diversité religieuse, etc. Mécanismes d’allocation de l’autorité et du pouvoir en situation de pluralisme ; régulation démocratique des sociétés cosmopolites ; rapports de citoyenneté, d’égalité et d’équité dans les pays d’immigration ; les rapports entre espaces, territoires et pouvoir ; la xénophobie et le racialisme entre Africains ; les mutations sociales des sociétés post-coloniales, etc., l’état des sciences sociales dans les pays anciennement coloniaux ; la question de l’Etat en Afrique ; l’offre politique partisane entre groupes identitaires et citoyennetés émergentes, etc. 2  La science sociale dite moderne n’a pas été fondée sur l’Histoire des sociétés, mais sur les préjugés des Universités francophones et sur lesa priorides experts et professeurs métropolitains. Aussi la redécouverte de l’Histoire ainsi que la réinsertion de celle-ci dans l’univers des sciences, des théories et des pratiques sociales, sera-t-elle de toute autorité, la prémisse du remembrement d’un corps des sciences de l’Homme, qui n’en doutons pas, prendra les allures d’une révolution  9
s’en rendra compte au départ, tant les matières sociales politiques et historiques sont solidaires et s’éclairent mutuellement d’un pays à l’autre, d’un groupe de pays à l’autre, de Dakar à Niamey et d’Abidjan à Praia, et de l’Atlantique au désert de l’Aïr. Aussi le retour de l’Afrique comme catégorie d’analyse sociologique, et non plus seulement comme fait géographique et physique, d’une part, et d’autre part, la convocation de la sous-région comme espace moral 3 dynamique de compréhension des processus internes à chaque Etat pris isolément, et non plus comme ensemble de territoires, Etats associés, ECOWAS/ CEDEAO, Conseil de l’Entente, UEMOA, Pays de la Rivière Mano, OMVS, OMVG, etc., en réhabilitant les fondamentaux copernicienne dans ce domaine. Cf. Revue AMO, n° 7, Juillet 2006, pp.157-73 ;Cours nouveau, Revue africaine trimestrielle de Stratégie et de Prospective, n°1-2,Sarkozy, la controverse de Dakar,Mai-Oct 2008, 288p. 3 Jusqu’ici donc, c’est bien l’explication qui a régné en maître dans la pensée critique et dans les sciences au détriment de la compréhension, et par suite, de l’interprétation qui, ainsi que le lecteur averti le concédera, nécessite de faire une incursion au-delà du réel empirique, comptable et statistique pour examiner de près le symbolique, i.e. l’institué, et au-delà du Symbolique, l’Imaginaire qu’il y a derrière. Aussi la production du Sens (de l’action), de même que la quête de celui-ci, demeurent-ils, en Afrique de l’Ouest, si l’on écarte les sciences religieuses et les philosophies de l’action tirées des religions révélées (Islam, Christianisme,tarîqaconfréries, et sectes diverses et églises autochtones), des religions traditionnelles africaines (Philosophie bantoue), des syncrétismes divers, la grande faiblesse desdites sciences sociales, qui en se rationalisant selon leur historicité occidentale avaient évacué du champ de la recherche, ou réduit abusivement à des causalités explicatives, les formes de conscience et de représentation, les symbolismes et l’imaginaire à leurs aspects matérialistes, empiriques et positivistes compatibles avec l’activité scientifique rationaliste. De par leurs origines, en particulier l’Europe occidentale, et de façon plus récente, l’Amérique du Nord, les disciplines sont marquées par les circonstances de leur élaboration et de leur institutionnalisation (Universités, Instituts, Centres de Recherches), et de leur universalisation. D’où la confusion persistante entre les concepts et les théories, les outils et les pratiques qui tout en ayant une vocation universelle indiscutable, ne sont pas moins issus de questionnements initiaux et de postures sociologiquement marqués et culturellement encodés. Il n’est pas jusqu’aux réponses fournies –définitives ou provisoires – qui ne soient liées à des préoccupations d’une certaine Europe à un moment donné de son évolution et de son développement, i.e. confrontée à des défis et des problèmes historiques, culturels, sociétaux, démographiques ou économiques singuliers, qui dès lors orientent la recherche et permettent d’évaluer les résultats. Or donc s’il y a une historicité de l’Afrique et des sociétés africaines, il faut bien convenir que la chose ne soit point superfétatoire, pas plus qu’elle ne se réduit à un simple trait additionnel, à « une spécificité africaine » au sein d’une tendance générale et universelle qui serait figurée par les sciences sociales en Europe, mais qu’elle réexamine à la fois les postulats et les questions, les options et les produits, les outils et les concepts, les démarches et les techniques. Aussi celui qui se dispose à aller jusqu’au bout de ce travail prendra-t-il toute la mesure de la propédeutique épistémologique indispensable à la science et au chercheur en Afrique. En effet, lesdites sciences sociales contemporaines se présentent de manière telle qu’il y a lieu de se demander s’il n’est pas indiqué de les repenser, tant les approches, les concepts, les méthodologies, les présupposés que les finalités et les résultats. Si elles ne manquent de validité ni de pertinence au regard du projet universaliste d’une Science de l’Homme et de la Société qui est inscrit au cœur du devenir des sociétés contemporaines en général, cette proposition s’avère d’autant plus indispensable qu’il s’agit précisément d’Histoire et de Culture (Liberté), et non de Nécessité et de Nature (Déterminisme).  10
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