Re-penser l administration publique en Afrique
280 pages
Français

Re-penser l'administration publique en Afrique , livre ebook

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280 pages
Français

Description

Plus de soixante ans après les indépendances, l'administration africaine est figée, dans sa pratique, tel un concept source de polémique. À l'heure où les États fournissent des efforts appréciables pour répondre aux attentes multiples et pressantes des sociétés de plus en plus exigeantes, cet ouvrage invite à s'arrêter un moment pour distinguer les faits concrets qui marquent l'évolution des administrations africaines, des principes et enjeux qui fondent la fonction administrative dans la gouverne de l'État, et repartir sur des bases nouvelles.

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Informations

Publié par
Date de parution 23 avril 2018
Nombre de lectures 78
EAN13 9782140088476
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jean-Fidèle OMGBA
RE-PENSER L’ADMINISTRATIONPUBLIQUE EN AFRIQUE
Préface de Elikia M’Bokolo
Re-penser l’administrationpubliqueen Afrique
Jean-Fidèle OMGBA
Re-penser l’administrationpubliqueen Afrique
Préface de Elikia M'Bokolo
© L’Harmattan, 2018 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-14508-2 EAN : 9782343145082
À toutes celles et à tous ceux qui, par souci de qualité et d’équité, œuvrent ou aspirent à œuvrer pour le mieux-vivre des populations.
 À mes parents,
Brigitte Mboé (de regrettée mémoire) et Christophe Omgba, qui ont su insuffler à leurs enfants, la persévérance dans le silence. Puissent les nôtres à leur tour, entretenir ce précieux héritage !
PRÉFACE
Approfondir le débat sur l’administration en Afrique pour une action publique de qualité est une nécessité devenue incontournable. Soixante ans après les indépendances, il était temps que l’on s’interroge sur la conception et la pratique de l’administration par les Africains eux-mêmes ! C’est l’opportunité que nous donne cet ouvrage que l’on peut résumer par la réponse à cette question à trois volets, à l’allure banale, mais d’une immense profondeur : une administration de qualité devrait-elle être au service de l’État, comme aiment à le répéter les fonctionnaires sortis des écoles d’administration africaine, au service des agents publics et de leurs proches, ou au service de la population, telle que le traduit littéralement l’expression administration publique?
Pour y répondre, on trouverait facile de dire que l’administration est à la fois au service de l’État et de la population, et même au service des agents publics eux-mêmes. Une telle réponse, trop simpliste, ne rend pas suffisamment compte de la complexité ni même de la particularité de la mission du système administratif au sein de l’appareil étatique. Le fait que l’auteur invite dans son titre à re-penser l’administration est un appel à tous les Africains à s’interroger sur l’image qu’ils ont de l’administration ou celle qu’elle leur renvoie, dans sa théorie et dans sa pratique quotidienne. Bien plus, le fait qu’il choisisse de mettre "publique" en italique est loin d’être une simple occurrence. En effet, l’administration dont il est question dans ce livre est celle qui se consacre à répondre aux besoins et aux attentes des sociétés, qu’elles soient africaines ou non, étant entendu qu’une telle administration décuplerait l’engagement des agents publics et la sympathie des partenaires au développement qui, à la rencontre d’administrationspubliques dignes de ce qualificatif, seraient encore plus encouragés à intervenir en Afrique, convaincus que leurs efforts se joignent à ceux, appréciables, des autorités politiques et des agents publics africains eux-mêmes, pour changer en vrai le sort des populations. L’auteur détient tous les diplômes (DESS, Maîtrise, PhD) en administration publique, obtenus dans l’une des plus prestigieuses écoles francophones du domaine en Amérique du Nord, auxquels s’ajoute une longue expérience professionnelle en contexte de développement, sur le terrain difficile de la zone rurale et dans l’administration centrale notamment. La rigueur scientifique de ses propos n’a donc rien de dogmatique et sa "neutralité" de fonctionnaire ne l’empêche pas d’utiliser les armes de la raison pour amener le lecteur à comprendre l’administration publique en Afrique, dans ses dysfonctionnements et dans les principes qui devraient la guider. Au-
delà, il s’agit tout simplement de connaitre l’administration publique dans son essence et son fonctionnement. Au moment où l’on s’aperçoit que malgré les efforts consentis par les Africains et leurs partenaires pour le développement de l’Afrique, la situation politique, socioéconomique et environnementale du continent ne s’améliore pas selon le rythme et dans les conditions souhaités, cet ouvrage donne l’occasion de s’arrêter un moment pour scruter le fonctionnement dans les faits afin de les confronter à l’être en soi de l’administration publique. Un tel exercice a permis de ressortir des zones d’ombre qui portent en elles le mal de l’administration publique en Afrique. Comme dans un miroir, l’administration africaine peut se regarder en face, reconnaître ses dysfonctionnements et amorcer une réforme en profondeur, partant des attitudes, des comportements de ses agents, et des principes scientifiques qui sont censés la guider. Faute d’une administration véritablementpublique, c’est-à-dire dédiée aux populations et performante, la société africaine tarde à connaître des transformations majeures. Malgré l’expression politique de visions de développement à long terme ici et là, l’absence d’une perspective durable et endogène des nombreuses réformes au profit de préoccupations de gestion immédiate et politicienne, a donné lieu à l’émergence des tendances internationales sans ancrage national établi. L’enracinement dans les réalités socio-culturelles de l’action de l’État et de l’administration publique en particulier présente l’avantage majeur de contribuer réellement au développement. C’est une révolution tranquille que les administrations africaines, surtout des pays francophones, sont appelées à opérer en leur sein et dans leurs sociétés respectives pour négocier avec succès le tournant de la performance publique et de l’émergence tant souhaitées. Une administration publique, par et pour les populations, constitue la meilleure réponse aux évènements politiques et à la mondialisation capitaliste qui n’arrêtent pas de secouer les pays africains. En reconnaissant que l’administration englobe tout et est englobée par tout, l’auteur explore les enjeux d’une connaissance profonde de l’administration dite publique, telle que conçue depuis les origines.
Des esprits malins pourraient voir en la différence entreadministrationet administration publiqueune différence d’ordre culturel, entre francophones et anglophones. Ce serait preuve de légèreté et de myopie intellectuelle que de ne pas pouvoir distinguer la proximité à laquelle l’administration publique, dans les pays où elle a pris corps, s’efforce à entretenir avec l’individu le plus anonyme, là où il se trouve, et la distance consacrée entre l’administration et les administrés, chez les adeptes de l’administration tout court. Tout est mis en œuvre pour créer la différence entre le public et le fonctionnaire, de la tenue vestimentaire à l’accès au bureau administratif, souvent confondu à un espace "privé".
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Bien plus, tout a été fait pour laisser croire qu’un enseignant ou un médecin n’est pas un administrateur au sens strict. À lire cet ouvrage, on constate qu’un administrateur public est tout homme ou toute femme mobilisés par l’État au service direct ou indirect de la population. Il n’est pas cet homme ou cette femme qui assimile l’entrée dans l’administration à la sortie des rangs de la misère par l’obtention d’un salaire mensuel, des avantages divers, prévus et non prévus, et d’une pension de retraite garantie. Son seul rapport avec les populations, quand il ne s’en sert pas, se traduirait par des actes de générosité passagère ou occasionnelle, lesquels prennent appui sur une pratique d’évergétisme généralisé fondé sur le "blanchiment" des ressources publiques. Dans un contexte de chômage généralisé et de sous-développement, la carrière dans l’administration se réduirait à une lutte constante pour les promotions professionnelles et le maintien dans les centres urbains à des positions "juteuses", au grand malheur des contribuables et des populations, en commençant par celles de l’arrière-pays. La notion de pouvoir liée à cette façon de percevoir l’administration est contraire à celle qui porte en elle les sources du mieux-être des populations, même les plus désespérées, qui ne font pas partie de l’administration, mais qui en sont la raison d’être et appelées à être les principaux bénéficiaires de son action. L’agent technique d’agriculture, d’élevage, l’infirmier, l’enseignant, le conducteur d’engins des travaux publics, le chef de service ou le directeur d’administration, le responsable communal du marché des vivres, sont tous, au sens propre du terme, au même titre, mais à responsabilité différente, des administrateurs publics de l’État, au seul service de la société. Vue sous cet angle et considérée comme telle, l’administration publique saura se hisser à la hauteur des enjeux et des défis de développement qui se présentent à elle.
Bien sûr, il ne s’agit pas de transférer tel ou tel modèle comme un organisme génétiquement modifié administratif à haut rendement. Il est question de connaître l’administration publique dans son essence pour bien la pratiquer. Subrepticement, l’auteur laisse croire qu’une fine connaissance de l’essence de l’administration publique par la majorité de ses agents et l’ensemble des populations constitue un préalable dans la quête de la performance publique. On a beau être un médecin ou un ingénieur chevronné, sur le plan de la pratique professionnelle, une ignorance des principes et des valeurs administratifs peut s’avérer fatale lorsqu’il s’agit de participer à la conduite d’un projet, d’une organisation ou d’une politique vers la performance publique. Le résultat souvent observé est que l’on peut produire des extrants organisationnels sans changer, à terme, le sort des personnes auxquelles ils sont destinés. La compétence en administration publique traduit la capacité, au-delà de la pratique professionnelle, de prendre en compte la nature réelle des organisations et des politiques publiques, leur fonctionnement et le rôle que les gestionnaires devraient y jouer. Les organisations sont des « phénomènes sociaux » au sein desquels les gens sont
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