Réflexions sur l état du monde
231 pages
Français

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Réflexions sur l'état du monde , livre ebook

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Description

Lentement mais sûrement, le monde s'achemine vers de nouvelles remises en cause, une nouvelle répartition des schémas des forces et des influences, et une nouvelle configuration des volontés des peuples. Ainsi, et sans que l'on s'en rende vraiment compte partout, ce sont toutes les idées reçues sur l'état du monde durant les dix dernières années qui vont bientôt tomber en désuétude, dépassées par l'ampleur d'un mouvement qui ne laissera aucun pays, aucun citoyen, aucune organisation ni aucune culture sans retournement.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2009
Nombre de lectures 57
EAN13 9782296669758
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Réflexions sur l’état du monde


2007
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www. librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanado.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-07823-9
EAN : 9782296078239

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
SHANDA TONME


Réflexions sur l’ état du monde


2007
JANVIER – FÉVRIER – MARS 2007
1. Pourquoi les islamistes font-ils peur ?

2. L’autre prostitution : ces intellectuels qui font honte à l’Afrique

3. La Guinée de Conté est-elle un cas isolé ?

4. Le dangereux signal des pharmaciens

5. La guerre froide camerounaise

6. A propos de la révision du mandat présidentiel : pas de pitié pour les salopards
1. Pourquoi les islamistes font-ils peur ?
Les derniers développements de la situation en Somalie, marqués par l’intervention de l’armée éthiopienne suivie d’un déploiement de la marine américaine le long des côtes de la corne de l’Afrique, suscitent de nombreuses interrogations. Officiellement l’Ethiopie est intervenue pour exercer un droit d’anticipation, pas très loin d’une application de la théorie américaine de la guerre préventive. Pour les Etats-Unis qui reconnaissent maintenant avoir mené au moins une action de bombardement aérien en territoire somalien, il se serait agi de neutraliser des chefs de guerre membres du réseau Al Qaida. Il convient de rappeler que cette organisation porte, d’après Washington, la responsabilité des deux attentats contre les ambassades des Etats-Unis dans la sous région. Plus de quatre cents personnes furent tuées.

Tout cela a été dit et ne relève plus du secret pour personne. Pourtant, le dossier somalien comporte de nombreuses inconnues et des sous-entendus. Mieux que n’importe quel autre dossier de conflit ou de tension en Afrique, nous sommes pour une fois en présence d’une complexité géopolitique et géostratégique qui intéresse la quasi-totalité des Etats du continent. C’est donc un dossier qui va créer de sérieux problèmes au sein de l’Union africaine comme en témoigne l’embarras des Etats.

Au fond, il est aisé de constater qu’alors que très peu d’Etats ont fait des déclarations pour condamner l’intervention de l’armée éthiopienne bien au contraire, un plus grand nombre d’Etats semblent s’activer en coulisse dans le sens d’une approbation implicite. Que se passe-t-il alors vraiment ? Comment n’a-t-on pas vu ou entendu des condamnations contre les bombardements américains en territoire somalien, même en tenant compte que le nouveau secrétaire général de l’ONU a cru saisir l’occasion pour donner quelques gages d’indépendance vis-à-vis de l’Oncle Sam.

La réalité tient en ce que le dossier somalien met en exergue au moins deux équations délicates. La première tient à l’histoire. Pour ceux qui n’ont pas perdu la mémoire du passé des premières rencontres de l’Afrique avec le monde et les civilisations extérieurs, ils se souviennent pertinemment que les premiers royaumes du continent furent détruits par des invasions arabes, bien avant la pénétration européenne. Ce sont les Arabes qui, les premiers, organisèrent la traite des Noirs. Les cultures africaines ne furent pas épargnées par une islamisation forcée avec tous ses drames, ses regrets et ses abus.

Lorsque l’on entend aujourd’hui qu’une organisation se présentant comme des tribunaux islamiques a conquis la Somalie, imposé la loi islamique et soumis les populations à la rigueur d’une charia bien curieuse, on ne peut que dresser les oreilles et s’étonner. La première réaction de ceux qui vivent avec la mémoire historique du continent, est de désapprouver, sinon de manifester une certaine prudence. Ce n’est pas aujourd’hui qu’il est établi que l’Islam, au même titre que le christianisme, s’est installé dans des conditions inacceptables.

La deuxième tangente tient à la nature de la plupart des régimes du continent qui redoutent tout ce qui peut entraîner une remise en cause de leurs fragiles stabilités et de leurs statuts. Il est clair que l’essentiel du discours islamiste tourne autour d’une refonte de la société, une sorte de probité morale outrancière qui, dans son ultime expression, rejette l’ordre culturel et les valeurs de l’Occident.

Or, dans une Afrique où les régimes autocratiques ont pour maîtres les anciennes puissances coloniales, le discours islamiste et tout mouvement l’incarnant sont directement perçus comme une flamme révolutionnaire très dangereuse. En réalité, on redoute plus un sursaut de gens courageux, animés d’une foi religieuse dont le fanatisme serait la principale école de formation et d’action.

Dans ce contexte, l’intervention de l’Ethiopie et celle des Etats-Unis, sont perçues comme très bienvenues pour ne pas dire souhaitées et même recommandées.

L’on notera que les grandes capitales occidentales, centres des pouvoirs néocoloniaux, ont plutôt trouvé ces interventions fort chaleureuses. On voit d’un très mauvais œil à Paris, Londres ou Bruxelles, tout ce qui pourrait générer un effet domino sur le continent. Bien évidemment, l’Union africaine qui n’est au bout du compte que le produit de la volonté de ces grandes puissances maléfiques et envahissantes, a bien joué le jeu et ne se préoccupe plus dorénavant que de mettre rapidement en place une force de maintien de la paix pour remplacer l’armée éthiopienne.

En poussant l’analyse plus loin, les Africains qui croupissent sous des régimes dictatoriaux ne sont pas si fâchés que cela en entendant parler d’une armée ou d’une organisation qui, au nom de l’Islam, se lance à la conquête du pouvoir. Il faut dès à présent souligner que c’est le produit d’une conjonction de facteurs favorables qui a rendu possibles la situation en Somalie et surtout l’irruption des islamistes. En menant des investigations sérieuses, il n’est d’ailleurs pas impossible de se rendre compte qu’il s’agit plus d’une bande de trafiquants et de bandits plutôt que de guerriers animés d’une quelconque foi religieuse.

Nous tombons ainsi dans la logique du vide qui se crée du fait de la mauvaise gouvernance et qui, à un moment donné, est comblé par des groupuscules. La conquête du pays se fait alors par le groupuscule le mieux organisé, le plus structuré et le plus opportuniste.

Si les grandes puissances colonialistes sont si inquiètes devant la situation somalienne, c’est parce que la plupart de leurs anciennes colonies ne sont pas à l’abri du même scénario. Les projections les plus sérieuses présentent dorénavant les pays comme le Cameroun, le Gabon, le Congo Brazzaville, le Tchad et la Centrafrique, sous un jour prérévolutionnaire propice à toutes les dérives.

Dans les analyses géostratégiques, on n’écarte plus les hypothèses de l’irruption de bandes qui, se proclamant de l’islamisme, engageraient des formes de guérillas urbaines ou frontalières en s’appuyant sur des soutiens réels ou supposés. L’essentiel pour de telles organisations est de trouver assez d’arguments pour foncer sur la pourriture du régime, la mauvaise gouvernance chronique, le tribalisme, la corruption et la discrimination. Réunir les combattants fanatisés n’est plus un problème dans la plupart des pays cités, où les pouvoirs en place ont tous instauré des présidences à vie explicites ou implicites et s’obstinent à bloquer toutes les voies de réformes démocratiques.

En fait, la dérive des régimes autocratiques en Afrique prépare le lit des mouvements violents qui prendront des allures de mouvements révolutionnaires messianiques sans attache idéologique fondamentale. Il s’agit tout simplement de la mutation du nationalisme en un courant d’éveil intelligent qui va profiter davantage des voies et des moyens les plus adaptés du moment, en somme l’air du temps. Qu’est-ce qui fait le plus peur à l’Occident en ce moment ? La réponse est trouvée sans difficulté dans l’islamisme. Or, l’Occident a-t-il intérêt à voir l’islamisme gagner l’Afrique ? La réponse est doublement non.

Si jamais les Africains pouvaient trouver dans le recours à l’Islamisme et la conversion massive à l̵

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