Surarmement pouvoir démocratie
392 pages
Français

Surarmement pouvoir démocratie , livre ebook

-

392 pages
Français

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 1985
Nombre de lectures 92
EAN13 9782296303393
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

SURARMEMENT, POUVOIRS,
DÉMOCRATIE © L'Harmattan, 1995
ISBN : 2-7384-3293-X Andrée MICHEL
SURARMEMENT, POUVOIRS,
DÉMOCRATIE
Éditions L'Harmattan
5-7, rue de l'École-Polytechnique
75005 PARIS Remerciements
L'auteure tient à remercier les personnes suivantes qui lui ont
fait part de leurs observations et/ou lui ont fourni des compléments
d'informations lors de la rédaction de cet ouvrage (par ordre
alphabétique) :
- Lise Bouzidi, Documentaliste
- Madeleine Briselance, présidente de SOS-Tahiti
- Alain de Bouard, administrateur salarié chez Thomson
- Ratiba Chenni-Saoud, ancienne député à l'assemblée
Populaire Nationale (A.P.N.), Alger.
- Marthe Cottam, professeur honoraire à Mills College (San
Francisco)
- Tassoum Doual, sociologue africaine
- Agnès Fatoumata Diaroumeye, économiste, UN Economic
Commission of Africa
- Solange Fernex, ancienne députée au Parlement européen,
Présidente de Femmes pour la Paix, Vice-Présidente de la Ligue
Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté
- Shéhérazade Hassan, historienne, enseignante à l'université de
Paris VIII
- Esther Jemba, écrivaine, Cameroun
- Yvan Jossen, journaliste
- Michel Lefebvre, sociologue
- Diana Malpède, économiste, experte-consultante à l'OCDE
- Francesca Martinez, Union Pacifiste de France
- Yvonne Mignot-Lefebvre, sociologue au C.N.R.S.
- Céline Ostyn, sociologue, Présidente de "Femmes et
Changement"
- Christiane Passevant, journaliste
- Larry Portis, historien, professeur à l'Université de Paris VIII
- Yves Régis, Président de la Fédération Internationale du
Mouvement Coopératif - Souad Rejeb, sociologue, Tunis
- Monique Sené, physicienne, directrice de recherche au
Laboratoire des hautes énergies du Collège de France, Présidente
du GSIEN (Groupement des scientifiques pour l'information sur
l'énergie nucléaire)
- Mohamed S'Himi, Ingénieur, Tunis
- Ruth Leger Sivard, économiste, présidente-fondatrice de
World Priorities, Washington (D.C.)
Elle remercie également Claude Blumenthal, Philippe
Delamarre et Sophie Vieille de leur dévouement pour régler les
problèmes d'ordinateur. L'ÉCONOMIE POLITIQUE DE LA BOMBE
Avant-propos
La guerre est-elle une fatalité biologique, inhérente à la « nature
de l'homme », comme le soutient une opinion communément
partagée ? Les recherches préhistoriques, en particulier du CNRS,
révèlent que la guerre est une création humaine qui peut être datée
et qu'elle n'a pas toujours existé comme mode de règlement des
conflits entre les sociétés humaines. La guerre est une pratique
relativement récente, datant du néolithique, car, au paléolithique,
les chasseurs disposaient d'armes efficaces en silex qu'ils
utilisaient pour la chasse et non pas pour régler un conflit avec
leurs voisins : Pendant des dizaines de millénaires, les hommes
préhistoriques, chasseurs, vécurent armés et paisibles.... Les
tombes de ces chasseurs ne fournissent aucune trace de guerre. On
rencontre des blessures accidentelles, mais jamais des blessures
occasionnées par ces belles pointes en silex 1 .
L'histoire et la géographie enseignent aussi que, dans la société
humaine, les philosophies et les institutions se diversifient en
fonction de l'époque et de l'espace, étant tantôt orientées vers une
éthique de justice et d'équité, tantôt vers la domination et
l'exploitation. Dans des sociétés du néolithique, bâties sur
l'accumulation de richesses au profit de quelques groupes sociaux
et au dépens du plus grand nombre 2 , la guerre était devenue le
moyen institutionnel de régler les conflits en même temps que la
domination des femmes par les hommes structurait l'ordre social.
1. Max Escalon de Fonton, « La fin du monde des chasseurs et la naissance de
la guerre », Le Courrier du CNRS, n°25, juillet 1977.
2. Voir en particulier Max Escalon de Fonton, art. cit. ; Germaine Tillion, Le
Harem et les cousins, Paris, Le Seui1,1966 et Alain Testard, « Les
chasseurscueilleurs, ou l'origine des inégalités ».
7 De sorte que ces deux phénomènes, survenus il y a environ huit
mille ans à la même étape du développement de l'humanité,
régissent encore aujourd'hui les rapports entre les hommes et entre
les genres dans nos sociétés, plus que jamais basées sur
l'accumulation et l'injustice. Après avoir été attribuées à l'ordre
divin, la soumission de la société à la guerre et à la violence
comme seul mode de solution des conflits et la soumission des
femmes aux hommes comme seul mode de rapports entre les sexes
furent présentées comme le résultat d'une fatalité et d'un
déterminisme biologique, présidant à la nature humaine.
Mais alors que le mouvement féministe contribuait à ébranler le
discours théologique ou biologique justifiant la subordination des
femmes, le mouvement social en faveur de la régulation des
conflits par la négociation n'a pas réussi encore à miner le
paradigme qui assimile la résolution des conflits à la guerre et à la
violence. Ce paradigme s'est traduit, au cours du siècle qui
s'achève, soit par des holocaustes dont la dimension et la barbarie
n'avaient jamais été atteintes dans le passé, soit par des dépenses
militaires inconsidérées, acculant des populations nombreuses à
une vie infra-humaine. Il est grand temps aujourd'hui que les
citoyen-ne-s de la planète fassent preuve d'imagination et
renversent cette tyrannie de la guerre en renonçant au vieux dicton
si vis pacem, para bellum.
Le drame, c'est que cette équation entre paix et violence
militaire fait encore partie des dogmes des décideurs de l'Occident
qui exercent le pouvoir économique, politique et militaire sur les
états et les peuples du monde entier. La formule incantatoire. Si vis
pacem, para bellum qu'ils imposent aux populations se double de
la privation, par la censure ou l'autocensure, du droit de formuler
d'autres alternatives.
Cet ouvrage a pris comme objectif de répondre aux questions
suivants : pourquoi le surarmement ? Par quelle formation sociale
et quels mécanismes se reproduit-il ? Quelles sont les catégories
sociales et les peuples qui en paient le prix ou au contraire en
profitent ? dans ce processus, quels sont les mythes, les idéologies
et les institutions qui entretiennent la reproduction de « l'ordre
militaire mondial » ? Existe-t-il des forces sociales qui permettent
d'espérer en l'avenir d'un monde, débarrassé de sa violence ?
Cet ouvrage s'efforcera d'abord d'explorer les fonctions du
surarmement. Il semble qu'aujourd'hui le surarmement des
grandes puissances n'a plus pour fonction manifeste, comme on le
8 soutenait jusqu'ici, à la suite de Clausewitz, de prolonger par la
violence ce que l'on n'obtenait pas par la diplomatie. Le champ de
la diplomatie et de la négociation semble se rétrécir à la
compétition entre les grandes puissances de la planète (États-Unis,
Europe, Russie, Chine, Japon) pour l'accès aux marchés des pays
riches, objet d'une énorme convoitise. Mais, que celle-ci concerne
cet accès ou celui des marchés des pays en développement, les
États, soumis à « des complexes militaro-industriels » (CMI)
puissants, estiment indispensable de faire étalage de leur force
militaire. Les profits émanant des productions et des ventes
d'armes bénéficieront de cette compétition acharnée. Par ailleurs,
les États d'un Tiers Monde surarmé recourent de plus en plus
souvent à la guerre civile pour résoudre un conflit interethnique ou
frontalier. Conflits interétatiques ou guerres civiles revêtent
aujourd'hui un caractère d'extermination totale. C'est qu'il faut
consommer, éponger, l'énorme quantité d'armes, produites,
disséminées et vendues dans le monde au cours de quarante ans
de guerre froide, quitte à inventer sans cesse de nouveaux ennemis
en vue d'en poursuivre la production et la vente.
Il s'agira aussi d'identifier les mécanismes, institutions,
pratiques, archaïques ou récentes, mises en place par les complexes
militaro-industrie

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