Trois questions sur l Afrique
100 pages
Français

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Trois questions sur l'Afrique , livre ebook

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Description

En un seul mot appelé "rupture", vous avez juré de mettre fin au système archaïque de la Françafrique, tout en promettant d'augmenter l'aide au développement de l'Afrique. Alors, M. Nicolas Sarkozy, j'ai trois questions à vous poser : de quelle Afrique s'agit-il : celle des dirigeants aux mandats à durée indéterminée ou celle des populations victimes des réseaux et lobbies françafricains ? Avec quels dirigeants africains espérez-vous aider l'Afrique à se développer ? En quoi consiste votre rupture ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2007
Nombre de lectures 187
EAN13 9782336272276
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur :
Collection CONGO DÉMOCRATIE : - vol 1 : Les déboires de l’apprentissage (L’Harmattan), 1995 - vol 2 : Les références (L’Harmattan), 1995 - vol 3 : La bataille de Brazzaville (NM7), 1999 - vol 4 : Devoir de mémoire (L’Harmattan), 2002 - vol 5 : Ainsi naquit la République (L’Harmattan), 2003 - vol 6 : Du putsch au rideau de fer (L’Harmattan), 2005
Autres publications : - Quelle Afrique dans la mondialisation ? Ligue, 1996. - Vers une éradication du terrorisme ? L’Harmattan, 2002. - Matalana : la colombe endiablée, L’Harmattan, 2004 - La flambeuse, Bénévent, 2006
Trois questions sur l'Afrique
Lettre à Nicolas Sarkosy

Calixte Baniafouna
© L’Harmattan, 2007
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairicharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296044104
EAN : 9782296044104
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Monsieur le Président de la République, 1 - Vous avez dit Afrique ? 2 - Vous avez dit aide au développement ? 3 - Vous avez dit rupture ? Conclusion
Monsieur le Président de la République,
Je vous adresse une lettre parce que vous incarnez la modernité de la France et de la nouvelle génération du monde politique. Dès votre investiture à la présidence de la République, maintes barrières du traditionalisme tombent peu à peu.
Vous incarnez la politique moderne où tout ce qui touche à l’autorité, à la hiérarchie, au commandement réclamant l’obéissance est dévalorisé comme archaïque.
Vous êtes ce dirigeant moderne qui aime au contraire se définir comme un animateur d’équipe, capable d’écouter, de motiver et de mobiliser autour d’un projet, persuasif et réactif, communicant et stimulant.
Vous montrez chaque jour à plus d’un qu’aujourd’hui, pour être dans le ton, passer pour moderne et ouvert, il faut s’adresser aux personnes qui savent bousculer l’immuable et changer les mentalités rétrogrades. Nous attendons de voir le fond : la pratique.
Je vous adresse cette lettre parce que je suis convaincu que la lettre personnalisée a une dimension émotionnelle.
Oui, M. Le Président de la République,
J’aurais pu vous appeler simplement par votre prénom parce que je suis de la même génération que vous. J’aurais pu vous appeler par votre prénom parce qu’on se comprend mieux quand on utilise le langage de copain-copain contrairement à celui du vouvoiement à valeur hiérarchique. Mais, je m’en tiens au respect hiérarchique.
Ma lettre a pour objet de comprendre votre action immédiate et future sur trois mots clés dont le dernier est au cœur de votre mandat : l’Afrique, l’aide au développement et la rupture.
Mais qui suis-je pour oser faire une telle interpellation, me diriez-vous ?
Je suis français d’origine africaine. J’ai passé l’essentiel de ma vie en France. J’y ai effectué mes études universitaires et j’en suis sorti avec un doctorat d’Informatique à l’université de Paris IX Dauphine. Je ne peux pas, certes, me plaindre de ma condition sociale liée au travail, au logement et à toutes les « tracasseries » bien réelles en milieu africain de France.
Mais, ne pas me plaindre ne signifie pas que je suis épargné des tristes réalités que vivent, dans les entreprises françaises, les employés noirs d’origine africaine. Loin de là. Là n’est cependant pas l’objet de ma lettre. Je ne vous parlerai donc ni des conditions de travail des Africains en France, ni de leurs conditions de vie en société, et encore moins des injustices qu’ils y revendiquent au quotidien.
Je ne veux pas non plus me livrer aux jérémiades d’homme persécuté, d’une part, pour la raison bien évidente d’avoir été élevé dans un contexte de combat pour la vie, où les valeurs spirituelles ( tu mangeras à la sueur de ton front, m’a enseigné la bible) et familiales ( le travail, c’est ton père et ta mère à la fois , ne cessait de me dire mon père) sont la base de l’éducation.
D’autre part, je me réfère à ces valeurs chaque fois qu’il me revient de confronter une souffrance, un malheur ou tout ce qui relève du naturel comme payer mes impôts, m’acquitter des charges, élever mes enfants, participer activement aux devoirs de la vie française dans ses aspects professionnels et civiques, etc.
Je pouvais donc me passer de cette lettre si je ne pensais qu’à moi-même.
Mais, au regard de la situation catastrophique actuelle dans laquelle se trouve l’Afrique subsaharienne, il serait ingrat de me soustraire des rangs de ceux qui cherchent à sortir ce sous-continent d’un bourbier voulu par les hommes. Parce que je dois beaucoup à l’Afrique et que le malheur de l’Afrique n’est qu’une volonté délibérée des hommes.
C’est pourquoi je ne ferai, d’abord, qu’un rappel de ce que vous êtes censé savoir, peut-être pas de l’Afrique, mais des enjeux internationaux, surtout français, qui en sont à l’origine.
Je vais vous rappeler, ensuite, ces faits regrettables parce qu’il n’y a qu’à l’homme d’y mettre fin.
Je vais vous les rappeler, enfin, parce que, depuis votre prise du pouvoir de chef d’État, vos discours sur l’Afrique ont déjà été entendus de vos prédécesseurs. Depuis le général de Gaulle jusqu’au président Jacques Chirac en passant par les présidents Georges Pompidou, Valery Giscard d’Estaing et François Mitterrand, certains les ont même prononcés avec engouement extraordinaire.
Mais avant de vous rappeler ces faits, j’aimerais d’abord les placer dans leur contexte. Ce contexte est celui de la communauté de génération qui est la nôtre, vous et moi. Mais aussi celui des différences qui justifient l’absence d’une vie harmonieuse au sein de cette génération.
Nous sommes unis, en effet, vous M. Nicolas Sarkozy et moi, par le bonheur de n’avoir pas vécu les atrocités de la grande Guerre. Cette particularité est importante à souligner. Elle vous démarque de vos prédécesseurs à l’Elysée qui, dans leur chair, ont subi tout ce que j’en ai appris à l’école. Tout ce que vos parents ont dû vous en raconter.
J’ai appris, en effet, qu’il fut un moment, à Paris, où un inconnu frappait à la porte. Il cognait, avec cette brutalité, cette détermination que pouvait donner le sentiment de représenter la force, sinon la loi. Les coups violents et répétitifs témoignaient de l’impatience de celui qui les assénait contre la porte. L’aboiement « ouvrez, police  ! » accompagnait cet acharnement contre cette fragile protection qui pouvait céder à un léger coup d’épaule. On frappait à la porte. Cette intrusion dans le sommeil renvoyait à une nuit ordinaire lorsque les policiers de Vichy ébranlaient la porte du pauvre logement à un endroit quelconque de Paris ou d’ailleurs en France. Père, mère et enfants se réveillaient en sursaut. Ce n’était pas un rêve. Car les coups redoublaient au réveil.
Ce qui nous unit, vous et moi, disais-je, c’est de n’avoir pas été témoins de la vue de ces policiers dont l’un paraissait haineux, l’autre ayant le regard vide ; l’un impatient, l’autre surexcité. Vos prédécesseurs à l’Élysée ne s’étaient jamais remis de ces pénibles souvenirs. Leur enfance était saccagée par des hommes d’ordre prêts à exécuter toutes les missions, même les plus immondes. Malgré les guerres postcoloniales (Indochine, Madagascar Maroc, Tunisie, Algérie), la France a, depuis, retrouvé le chemin de la démocratie. La démocratie retrouvée a ramené la liberté d’aller et de revenir, la liberté de s’exprimer, la liberté de s’adresser à une justice contre les diffamateurs et les corrompus, la liberté d’audace d’une candidature à la magistrature suprême sanctionnée par des élections libres et transparentes...
Mais l’Élysée continue à mélanger les époques et les genres dans sa politique africaine. La politique africaine de l’Élysée a créé dans les anciennes colonies françaises un univers habité par l’angoisse. À cause du soutien apporté aux dictateurs africains, la volonté d’exclusion des populations africaines est identique. L’univers habité par l’angoisse demeure une triste réalité : contrainte, force brutale, autorité intolérable. Les femmes, les hommes et les enfants ont toujours été révulsés par la force, la brutalité, le manque de liberté de parole, les attitudes agressives, les ordres impératifs. Au sein de cet univers habité par l’angoisse, l’image de cette soldatesque en uniforme de policier français, de même que celle de ces miliciens qui faisaient peur dans les rues de Paris en 1944, restent d’actualité. Il n’y a toujours pas de place pour les faibles, les suspects et même les êtres pa

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