Une diplomatie du respect : le Japon et le multilatéralisme
127 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Une diplomatie du respect : le Japon et le multilatéralisme , livre ebook

-

127 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Le Japon a mis en place une diplomatie multilatérale très active : contributions financières considérables, visibilité importante dans l'aide au développement, engagement pour le désarmement nucléaire, efforts pour obtenir un siège permanent au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, etc. Cet ouvrage interroge donc la place que prend le multilatéralisme dans la diplomatie japonaise ainsi que son rôle dans la diplomatie multilatérale globale.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 août 2017
Nombre de lectures 21
EAN13 9782336795638
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Questions contemporaines Collection dirigée par B. Péquignot, D. Rolland et Jean-Paul Chagnollaud
Chômage, exclusion, glodalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nomdreuses et aussi complexes à appréhenDer. Le pari De la collection « Questions contemporaines » est D’offrir un espace De réflexion et De Dédat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer Des iDées neuves et ouvrir De nouvelles pistes à la réflexion collective.
Dernières parutions
Érik LESCAR,Le discours de Poutine : Métamorphoses et continuité,2017. Laurène RENAUT,Le président qui voulait être normal, 2017. Jean-Christophe TORRES,L’esprit démocrate, 2017. ADo-ieumerci BONYANGA BOKELE,Le défi de l’autodétermination africaine. Problème d’organisation, 2017. Jean-François KESLER,Institutions et politique française, 2017. Eric AGBESSI,Etats-Unis : la loi sur les droits civiques de 1964, 2017. Hudert MORELLE,La décolonisation de l’Empire russe (1992 – 2016) Mythe ou réalité ?, 2017 Hudert MORELLE,De la Russie à l’URSS, Edification et écroulement de l’Empire russe (878 – 1991), 2017 Rodert BIBEAU,Question nationale et révolution prolétarienne sous l’impérialisme moderne, 2017 Gildert ELBAZ (coorD.),De la sexualité aux sexualités, 2017. Paul OBRESCU,Les crises post-crise. Un monde sans boussole ni hégémonie, 2017. Laurent TERTRAIS,La fierté professionnelle, L’emploi, c’est maintenant !,2017.
Sarah Tanke
Une diplomatie du respect : le Japon et le multilatéralisme
Trois cas p’étupe : L’Assemblée générale pes Nations unies, le PNUD et l’AIEA peuis les années 2000
Préface pe Pierre Grosser
© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-79563-8
Préface
En un temps où il est beaucoup question de retour a u jeu des grandes puissances, l’intérêt pour la politique extérieure du Japon est souvent restreint à la réforme de l’article 9 de la Constitution, considérée soit com me une « normalisation », soit comme un pas en arrière, soit comme une adaptation à la n ouvelle politique américaine. Les questions identitaires apparaissent centrales : le Japon conservera-t-il son identité « pacifiste » ? Et arrivera-t-il à une relation apa isée avec ses voisins, notamment la Chine et la Corée du Sud, en fixant définitivement l’interprétation des années « impérialistes » du pays, et en échappant à la vol onté de Pékin de lui dénier sa nouvelle identité de pays internationaliste, pacifi que, et qui a beaucoup aidé son grand 1 voisin ? S’appuyant sur une lecture très attentive des di scours des officiels japonais (notamment quantitative), sur l’étude des carrières de diplomates japonais représentant leur pays auprès des instances internationales, et sur les travaux les plus récents du courant constructiviste des relations international es, Sarah Tanke sort de ces deux passages obligés de l’étude de la politique extérie ure japonaise. C’est une modernisation bienvenue des discours orie ntalistes sur la « face », omniprésents dans les études anciennes sur l’Asie e t dans les remarques des voyageurs et des diplomates. Au moment où l’on s’ap erçoit que l’« honneur » ne fut pas un vain mot dans l’histoire des relations inter nationales (expliquant notamment l’entrée en guerre en 1914), et où il est question partout de « soft power » (terme inventé par Joseph Nye en 1990 pour distinguer les États-Unis du Japon qui n’en avait pas malgré ses succès économiques, sinon le trio « manga-sushi-karaoké »), il est évident que l’image de soi et le souci de cette ima ge auprès des autres est primordial. C’est une constante de l’histoire moderne du Japon, qui s’est efforcé d’apparaître « civilisé », « blanc honoraire », et ainsi pouvoir revenir sur les traités inégaux et participer au « club des puissances ». Trop souvent l’histoire du Japon depuis la révolution Meiji est décrite au vu des actions japo naises de 1931 à 1945, comme l’histoire allemande semble surdéterminée par 1933, la Seconde Guerre Mondiale et le génocide des Juifs. Le grand historien Akira Iriye a bien mis en valeur les débats identitaires de l’« être-au-monde » japonais et le poids de l’internationalisme. Celui-ci 2 triompha dans les années 1920 . Le Japon prit toute sa place dans la Société des 3 Nations . Certes, il en claqua la porte, à cause des critiq ues à l’encontre de ses actions en Mandchourie, alors même que nombre de ju ristes occidentaux considéraient qu’il « civilisait » la Chine et part ageait le « fardeau de l’homme blanc » tout en faisant face à l’hydre bolchevique. Les Jap onais conclurent à l’hypocrisie de l’ordre international, les règles prétendues universelles étant occidentales, de sorte que le Japon ne serait jamais reconnu membre à part ent ière de la « société » des nations civilisées. Le Japon est toutefois resté dans des o rganismes techniques et humanitaires de l’Organisation jusqu’en 1938. Après une campagne commencée en 1933, Tokyo se voit même attribuer l’organisation d es Jeux Olympiques de 1940, preuve de la mondialisation du mouvement olympique, mais aussi de la 4 reconnaissance d’une modernité spécifique de l’Orie nt . Mais ils n’auront pas lieu, et il faut attendre 1964 pour assister à Tokyo aux premie rs Jeux organisés en Asie – au 5 moment même où le Japon entre dans l’OCDE . Le Japon n’a pas abandonné l’internationalisme dans les années 1930. Il sait que 6 pour être une grande puissance, il lui faut utilise r la coopération internationale , ce qu’il
organise dans un cadre panasiatique, tout en se com portant de manière impérialiste – l’impérialisme étant aussi, pour les Britanniques, au cœur de leur internationalisme. Les juristes japonais s’efforcent alors de réfléchi r à un droit international « asiatique », mais sans rompre complètement avec le droit interna tional ni céder aux élucubrations des ultra-nationalistes. Le Japon veut créer son pr opre ordre régional, où le Japon prendrait le rôle central traditionnel de la Chine, tout en fonctionnant avec le 7 vocabulaire du droit international moderne . Après la catastrophe de 1945, le Japon eut bien du mal à entrer aux Nations unies. Les États-Unis essayent d’obtenir cette entrée en c ontrepartie de celle de la Mongolie Extérieure, qu’ils considèrent depuis 1946 comme l’ équivalent d’une seizième République socialiste. Pourtant, ils firent face à une opposition résolue de la Chine nationaliste, qui mit un des seuls veto de son hist oire pour empêcher l’entrée de la Mongolie extérieure, considérée encore comme une pa rtie du territoire national indument arrachée par l’Union Soviétique. Celle-ci répliqua par des veto sur tous les pays non communistes. Le Japon fut finalement sacri fié jusqu’en 1956. À ce moment, 8 Moscou accepte d’ôter la Mongolie, qui ne fut admis e qu’en 1961 . L’entrée dans le G7 n’a pas été simple non plus, ca r la France considérait le Japon comme un instrument des États-Unis pour s’en prendr e aux intérêts européens, et parce qu’il était jugé trop préoccupé par ses intér êts égoïstes nationaux. Mais le Japon appartenait à la Commission Trilatérale, structure importante mise en place au début 9 des années 1970 par les Américains, avec les Europé ens . En fait, du Tokyo Round du GATT dans les années 1970 aux accords du Plaza secr ètement négociés à cinq en 1985 pour organiser la diminution de la valeur du d ollar (notamment par rapport au yen), le Japon a semblé particulièrement coopératif dans les affaires économiques 10 internationales – certains Japonais n’hésitant pas à condamner la subordination de leurs gouvernements aux intérêts américains et à fa ire de Plaza un complot américain pour casser l’insolent succès économique du Japon. À ce moment, ces succès même 11 faisaient qualifier le Japon de « puissance sans se ns ». Le vrai tournant est bien la guerre du Golfe de 199 1, qui sembla réduire le Japon à la « diplomatie du carnet de chèques ». Certes, il entame alors une approche plus pragmatique des questions de sécurité, mais il s’ef force surtout de prendre toute sa 12 part dans le « nouvel ordre international ». Dès lors, il semble être devenu le gardien d’un ordre international libéral menacé par les Éta ts faillis, les « rogues », et les 13 grandes puissances autoritaires avides depower politics, comme il l’était dans les années 1970 face à la menace soviétique, alors qu’à quarante ans d’écart, la tentation de « partage du fardeau » est la même dans l’Amériq ue en difficulté internationale après des guerres (le Vietnam pour les années 1970, l’Afghanistan et l’Irak pour les années 2010). Dans son travail très rigoureux, Sarah Tanke montre bien que le Japon est soucieux de se présenter comme un acteur international qui r especte les règles existantes, et qui respecte les autres États. Le souvenir des anné es d’isolement (et de mauvaises alliances) reste présent. L’auteur insiste sur le d iscours d’acteur responsable du Japon, qui répondrait à des situations et ferait face à de s obligations. Mais en même temps, et c’est un apport important de cette étude, il est de plus en plus question de « leadership » à partir de 2004, et surtout de 2007 -2008, au moment même où la politique chinoise devient plus « assertive ». Il s ’agit d’un leadership spécifique dans le cadre multilatéral, le Japon n’ayant pas été tenté par les élucubrations sur un « ace amérippon » au début des années 1990, et maintenant un profil bas à Washington, à la
ifférence des Chinois, Taiwanais et Coréens qui ess ayent de peser sur les choix des 14 États-Unis . Par la notion de « respect », qui est opposée aux humiliations ressenties (à tort ou à raison) face aux puissances « blanches » durant un demi-siècle et à l’arrogance exceptionnaliste qui a isolé le pays, l e Japon a construit sa légitimité dans les arènes internationales, mais aussi une forme sp écifique d’intérêt national. Sarah Tanke fait état de la notion de « responsabilité » : c’est sur elle qu’il faudrait rebondir pour continuer à creuser le champ discursif des rel ations internationales.
Pierre Grosser
1les conséquences de cette « missrecognition » chinoise du Japon, Karl Gustafsson, Sur Routinised recognition and anxiety : Understanding the deterioration in Sino-Japanese relations.Review of International Studies, à paraître. 2Dickinson, Frederick World War I and the Triumph of a New Japan, 1919-30, Cambridge, Cambridge University Press, 2013. 3 Thomas W. Burkman,Japan and the League of Nations. Empire and World Order, 1914-1938, Honolulu, University of Hawai Press, 2008 4 Sur les enjeux des JO de Tokyo, dossier dansThe International Journal of the History of Sport, 2007, n°24 (8). 5 Paul Drombie, « Phoenix Arisen : Japanese Peaceful Internationalism at the 1964 Summer Olympics »,The International Journal of the History of Sport, 2011, n°28 (16). 6 Jessamyn R. Abel,The International Minimum. Creativity and Contradictions in Japan’s Global Engagement (1933-1964), Honolulu, University of Hawaï Press, 2015. 7 Urs Matthias Zachmann, « The Reception and Use of International Law in Modern Japan, 1853-1945 »,Zeitschrift für Japanisches Recht/ Journal of Japanese Law, Juillet 2014. 8 Kurusu Kaoru, « Japan’s struggle for UN membership in 1955 », in : Iokibe Makoto & alii (ed.),Japanese Diplomacy in the 1950s. From isolation to integration, New York, Routledge, 2008. 9Knudsen, Dino The Trilateral Commission and Global Governance : Informal Elite Diplomacy, 1972-1982, New York, Routledge, 2016, Justin Vaisse,Zbigniew Brzezinski, Stratège de l’Empire, Paris, Odile Jacob, 2016. 10 Le trentenaire des accords a donné lieu à des analyses très laudatrices sur cette coopération, C. Fred Bergsten et Russell A. Green (eds.),International Monetary Cooperation. Lessons from the Plaza Accord After Thirty Years, Peterson Institute for International Economics, 2016. 11 Zaki Laidi, dans le livre collectifL’expansion de la puissance japonaise, Bruxelles, Complexe, 1992. 12Funabashi et Barak Kushner (eds.), Yoichi Examining Japan’s Lost Decades, New York, Routledge, 2015. 13Twining (ed.), Daniel Defending a Fraying Order. The Imperative of Closer U.S.-Europe-Japan Cooperation, German Marshall Fund Policy Paper, 2016, n°16. 14E. Calder, Kent Asia in Washington. Exploring the Penumbra of Transnational Power, Washington DC, Brookings Institution Press, 2014.
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents