Une République indignée

Paul Oudart

Description

Cet ouvrage fait suite à une réflexion sur la « République digne », dans la perspective d'une élection présidentielle. Il intègre les changements survenus dans l'opinion publique française depuis 2016, par rapport aux divers pouvoirs économiques, sociaux et politiques, sensibles notamment dans les mouvements de grève et celui dit « des gilets jaunes ». Il suggère également de nouvelles pistes d'action visant à relancer la démocratie dans notre pays, particulièrement en rebâtissant la géographie de la France.

Sujets

• Géographie
• Géographie
• Géographie
• Géographie
• Science politique
• Éthique
• Socio

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 23 décembre 2019
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782140138706
• Langue: Français

Extrait

Q

es

Paul Oudart tions contemporaines Q UNE RÉPUBLIQUE INDIGNÉE

Questions contemporaines

Une république indignée

Questions contemporaines Collection dirigée par Jean-Paul Chagnollaud, Bruno Péquignot et Xavier Richet Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective. Dernières parutions Ndache DJAVÉTY,Ethnorelégation et mahorité : l’intégration pathologique d’une minorité, 2019. Gilbert Job, Pour une idéologie centriste,La Qualité humaine, 2019 Raoul NKUITCHOU NKOUATCHET,Ordonnances Macron, De quoi la refonte de l’expertise CHSCT est-elle le signe ?, 2019. Isabelle PAPIEAU,Des EHPAD aux « papy-boomers », 2019. Arno MÜNSTER,Osons l’utopie pour construire un monde meilleur, Esquisse d’une autobiographie politique, 2019. Sagar SECK,Machiavel et la communication politique, 2019. Jacques ARON,L’an passé à Jérusalem. Le destin d’Israël en diaspora, 2019. Manuel DIATKINE,Pierre-André Taguieff, lántiracisme en débat,2019. Roland HUREAUX,Les Gilets jaunes ont raison, … et bien plus qu’ils croient, 2019. Robert BIBEAU, Khider MESLOUB,Autopsie du mouvement des Gilets jaunes, 2019. Dominique THIERRY,La solidarité intergénérationnelle sur le terrain, 2019. Daniel GLAUSER,Questionnement critique des visions dépassées du monde actuel, 2019. Franck ZOLLEC,La part de chacun dans le monde de demain, Devenons grains de sable,2019.

Paul Oudart Une république indignée

© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr

ISBN : 978-2-343-19206-2 EAN : 9782343192062

I NTRODUCTION

Depuis les sans-culottes de 1789, la France a été périodiquement secouée par des mouvements populaires souvent spontanés et imprévisibles, parfois violents et à efficacité variable. La tendance à la contestation, voire la révolte et l’impression, à un moment donné, qu’il faut faire quelque chose, sont bien des traditions françaises. Certains disent que l’esprit contestataire des Français remonte à l’époque des Gaulois et de Vercingétorix. Le mouvement des gilets jaunes n’échappe pas à la règle, d’où les jugements contradictoires qu’il a suscités fin 2018-début 2019. Par ailleurs, notamment dans les quartiers de grands ensembles, se déclenchent des émeutes dont il est parfois difficile de discerner à la fois les causes et le déroulement. Cette difficulté d’analyse rend les solutions éventuelles moins évidentes et plus délicates.

En 2016, dans « Une république digne », dans la perspective d’une élection présidentielle, j’essayais d’esquisser une sorte de programme général d’action simple et compréhensible par tout citoyen français. Mais la lecture d’un tel ouvrage, pourtant modeste, suppose déjà un certain niveau de conscience de la chose publique. Il faut, en 2019, affiner les propositions et tenir compte de l’expérience vécue. L’indignation a pris le pas sur la sérénité des débats... ce qui nécessite une nouvelle réflexion sur la dignité d’une nation moderne. Les observateurs sont quasi unanimes pour évoquer une crise profonde de la démocratie en

7

France, plus exactement de la démocratie délibérative et parlementaire. Dans une première analyse, il me semble qu’il s’agit d’un affaissement de notre capacité collective à envisager positivement l’avenir, faute d’une formation civique et d’une réflexion approfondie. L’école n’est pas seule à mettre en cause car les solidarités familiales et intergénérationnelles font trop souvent défaut.

La fragmentation des populations mises en mouvement ou indifférentes à celui-ci, l’incohérence parfois des revendications, l’absence apparente des corps intermédiaires ont favorisé un discours lénifiant et peu opérant des autorités responsables, avec un nombre très limité d’actions concrètes effectuées à la marge. La France reste le pays où l’on bâtit de nombreuses lois mais qui sont souvent non appliquées par manque de décrets, par négligence ou par incompétence de ceux qui sont chargés de l’application, par absence, aussi, d’évaluation impartiale des résultats. Peut-être aussi sommes-nous un peuple de l’incantation et peu pragmatique... Par ailleurs, les citoyens ont tendance à faire de leurs élus, à quelques niveaux qu’ils soient, les seuls responsables de leurs problèmes alors qu’en régime capitaliste libéral, les décideurs économiques possèdent des pouvoirs étendus...

Arrêtons-nous sur l’apparente absence des organisations syndicales. Rappelons qu’en France, malgré la désyndicalisation, le nombre des adhérents payant leurs cotisations dépasse de très loin les adhérents encartés de l’ensemble des partis politiques. Par ailleurs, aux élections professionnelles se mesure mieux le poids réel des syndicats et il reste grand. D’ailleurs, je fais le pari que nombre de « gilets jaunes » modérés des premiers jours ont ou

8

vont adhérer à des organisations syndicales, certains à des partis politiques ou des associations.

Le président de la République, Emmanuel MACRON, lors de ses vœux pour 2019, a insisté sur la fraternité, la liberté étant surtout une justification de la libre entreprise et du capitalisme individualiste. La fraternité induit une reconnaissance de l’existence et de la dignité des autres personnes avec lesquelles nous vivons et une empathie naturelle pour tout humain, de quelque âge ou sexe qu’il soit.

Or l’égalité est bien la seconde référence de notre devise républicaine. Les citoyens en colère étaient surtout sensibles aux inégalités, d’autant que nous savons, depuis les travaux reconnus de Thomas PIKETTY, que ces inégalités se creusent et que les divers impôts touchent moins les riches que les plus pauvres. Aux inégalités mesurables s’ajoutent des différences de considération et le sentiment chez certains d’un déclassement ! La République française semble constituée aujourd’hui uniquement d’indignés, de protestataires convaincus que la violence est la seule voie du progrès ! Cette république indignée mérite un nouvel examen. Il est également nécessaire de mettre à jour nos propositions antérieures.

9