Unification du monde ou conflits de civilisations ?
130 pages
Français

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Unification du monde ou conflits de civilisations ? , livre ebook

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Description

Après la victoire des Alliés en 1945 et la création de nouvelles institutions mondiales, jamais les perspectives d'unification du monde n'avaient semblé aussi prometteuses. Pourtant, la guerre froide a contredit les espoirs, la course aux armes a repris. L'espoir de paix l'a emporté avec la chute du mur de Berlin. Hélas, les protagonistes des relations internationales ont tourné le dos à ce monde unifié. Dès lors l'idée d'un "conflit de civilisations" n'a cessé de s'imposer, centré particulièrement autour des messages religieux.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2009
Nombre de lectures 86
EAN13 9782296679573
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

U NIFICATION DU MONDE
OU
C ONFLITS DE CIVILISATIONS ?
Association France – Grande Bretagne


U NIFICATION DU MONDE
OU
C ONFLITS DE CIVILISATIONS ?


Actes du colloque organisé par

Jean-Marie Le Breton
Président de l’Association France – Grande Bretagne
Ancien ambassadeur

et

le Comité directeur
de l’Association France – Grande Bretagne
© L’Harmattan, 2009
5 - 7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www. librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-09273-0
EAN : 9782296092730

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Introduction
Jean François-Poncet
Sénateur, ancien ministre

Mesdames et Messieurs,
Le rôle du président d’un colloque ne consiste pas à se substituer aux intervenants. Je ne me lancerai donc pas dans un exposé de mes propres vues sur le thème qui nous réunit.
Je me bornerai à quelques observations que m’inspire le titre de notre colloque.
« Unification du monde » n’est pas synonyme de mondialisation. Celle-ci évoque une réalité objective, que nous vivons quotidiennement. Elle est le résultat du développement des technologies de la communication, des transports mais aussi de la politique de libre-échange conduite depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale par le GATT et l’OMC et qui a peu à peu abattu ou réduit les obstacles aux échanges commerciaux et aux déplacements des hommes. « Unification du monde » est, au contraire, un concept politique. Il évoque une volonté d’organisation de la planète. L’ONU et l’ensemble des institutions internationales qui en dépendent en sont une expression très imparfaite, certes, mais dont l’objectif est de progresser vers une gouvernance mondiale.
De même, « conflits de civilisations » n’est pas l’équivalent de « choc des civilisations ». C’est un universitaire américain bien connu, Samuel Huntington, qui a développé le thème du « choc des civilisations ». Le « choc » sera-t-il surmonté, comme nous l’espérons tous, ou débouchera-t-il sur des « conflits » comme le suggère le libellé choisi par les organisateurs du colloque ? Grave question qui ne comporte pas, à ce stade, de réponse certaine.
Excusez ces observations qui ne relèvent pas d’un scrupule sémantique déplacé mais du souci de poser clairement les questions auxquelles nos différents orateurs vont, chacun à sa façon, répondre avec brio. Nous avons, en effet, la chance ce matin d’écouter un grand professeur britannique : John Rogister ; un éminent ambassadeur de France : Alain Dejammet ; un grand journaliste qui a longtemps dirigé l’Agence France-Presse : Claude Moisy ; et enfin, il en fallait un, un chercheur britannique en sciences politiques : John Crowley, dont les observations seront, j’en suis certain, marquées au sceau de la rigueur.
Je donne la parole au professeur John Rogister.
Vues françaises, vues britanniques
John Rogister
Membre correspondant de l’institut

Mon point de départ doit être naturellement la constatation faite par le président Le Breton dans le texte qui a servi de justification à la tenue de ce colloque. Cette constatation, ou plutôt les différents constats dont ce texte fait état, commence par l’effondrement de l’Union soviétique : victoire de la démocratie et des droits de l’homme, ou retour aux nationalismes du XIX e siècle et de la première moitié du XX e siècle ? Ensuite, allons-nous vers une société sans classe « dans laquelle le phénomène national aurait perdu de son poids et de son caractère tragique » : deuxième échec ? Troisième constat : « fruit des valeurs des droits de l’homme, de la liberté de l’information et des responsabilités planétaires, le monde s’oriente-t-il vers l’unité ? » Les institutions qui œuvrent pour cela manquent de moyens. Partout dans le monde, il y a des crises.
Enfin, le « choc des civilisations » est-il un mal, ou une fatalité ? Doit-on imposer des règles de conduite à des peuples qui ont forgé leur identité différemment et qui y sont attachés ? Le poids de l’histoire est lourd. Comme le dit fort bien Jean-Marie Le Breton, « beaucoup d’hommes de notre temps sont convaincus que l’avenir, pour eux, passe par les droits de l’homme et l’édification de la démocratie ». Mais beaucoup d’autres choisissent la force et la violence. Voilà les constats, les données de notre sujet. Quelles sont les réflexions des Français et des Britanniques sur ces questions ?
Il faudrait peut-être inclure, parmi les données du problème, la question de l’actualité du rôle de la religion. On ne peut pas nier, pour commencer par là, que le fondamentalisme islamique est lié au terrorisme international, expression violente du conflit de civilisations. Le marxisme a négligé l’influence de la religion sur les hommes. Or celle-ci reste puissante, surtout en Afrique et en Asie, mais aussi en Europe, à cause de l’immigration venue de ces deux continents. Une certaine historiographie libérale a aussi tendance à négliger le facteur religieux, lequel est parfois incompatible avec les principes démocratiques, ou bien avec les droits de la femme, même dans la société occidentale.
Le christianisme a lui-même été souvent en conflit avec la modernité et le matérialisme. Mais le christianisme s’est adapté depuis le XIX e siècle à la société issue de la Révolution française, et, depuis le dernier quart du XX e siècle, son emprise s’est affaiblie sur le continent européen, tandis que l’islam militant demeure une force qui s’en prend au matérialisme qu’il considère comme l’expression d’une société occidentale corrompue et décadente. Son hostilité à l’existence même de l’État d’Israël le met aussi en conflit avec l’Occident libéral, qui garantit l’existence de cet État. Le militantisme islamique, pour qui la démocratie à l’occidentale n’est pas aussi importante que les principes religieux, a pris l’aspect d’une véritable idéologie politique.
Le problème islamique va bien au-delà de la question du terrorisme. D’abord, pas plus qu’on ne peut parler d’une seule forme de christianisme, il n’y a pas non plus une seule sorte de musulman, tant en Afrique et en Orient qu’en Europe. Chez nous, beaucoup de jeunes musulmans s’intègrent dans la société, leur religion devenant une affaire privée. Mais il y a une minorité non négligeable, et parfois dangereuse, de musulmans orthodoxes, islamistes, et de salafis, qui résistent au processus d’assimilation. Cette minorité adopte des stratégies de résistance à l’intégration, se servant de moyens modernes de communication tels que l’Internet, ainsi que de la mosquée devenue centre de ralliement et point focal de leur activité. L’exigence que les femmes doivent porter le voile, le soutien aux Palestiniens, la haine envers les États-Unis et le recours à la violence ont aussi pour but d’obliger les musulmans à se défendre dans une société occidentale considérée comme hostile, et à affirmer leur identité religieuse et culturelle {1} .
La réaction britannique a été le développement de ce qu’on appelle le multiculturalisme ou l’acceptation de la variété culturelle et ethnique jugée enrichissante pour tous. On ne peut pas dire que cette politique ait eu un grand succès. Les musulmans anglais sont souvent, pour employer la phrase de M. E. Yapp, « des demi-Britanniques qui conservent des passeports pakistanais et bangladeshis et qui peuvent vivre leur existence pratiquement sur deux continents ». Le conflit des civilisations se déroule tout autant en Angleterre qu’en Orient {2} .
Les problèmes du multiculturalisme sont également ressentis en France. En 2004, Blandine Kriegel, présidente du Haut Conseil à l’intégration, déclarait que « les multiculturalistes ont raison de prôner l’ouverture à la différence culturelle. Ils ont tort d’exhorter à rompre avec notre tradition d’intégration » {3} Avec près de 173 000 nouveaux immigrés légaux en 2003, la France s’engageait à donner une formation civique à ces nouveaux immigrés et à leur enseigner les lois de la République que, de leur côté, on leur demandait de respecter. Les incidents lors du match Fran

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