Wade-mecum ou le Wadisme en 15 mots-clés
188 pages
Français

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Wade-mecum ou le Wadisme en 15 mots-clés , livre ebook

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Description

A travers 15 mots-clés, Fadel Dia qui, comme des millions de Sénégalais, avait applaudi l'arrivée de Wade au pouvoir, tente de mettre en exergue les aspects les plus saillants d'un homme complexe et plein de paradoxes. Ce livre trace le portrait, encore inachevé, d'un homme qui avait été porté au pouvoir dans l'euphorie et qui a trahi les promesses d'espérance placées en lui, un homme dont le cri de ralliement, "SOPI", est devenu le signe même du désenchantement des Sénégalais.

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2010
Nombre de lectures 276
EAN13 9782296935792
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

WADE-MECUM
ou
LE WADISME EN 15 MOTS-CLÉS
Sociétés Africaines et Diaspora
Collection dirigée par Babacar SALL

Sociétés Africaines et Diaspora est une collection universitaire à vocation pluridisciplinaire orientée principalement sur l’Afrique et sa diaspora. Elle accueille également des essais et témoignages pouvant servir de matière à la recherche. Elle complète la revue du même nom et cherche à contribuer à une meilleure connaissance des réalités historiques et actuelles du continent. Elle entend également œuvrer pour une bonne visibilité de la recherche africaine tout en restant ouverte et s’appuie, de ce fait, sur des travaux individuels ou collectifs, des actes de colloque ou des thèmes qu’elle initie.

Déjà parus

Mamadi CAMARA, Où va la Guinée? Mémorandum à un ami pour sauver notre pays , 2010.
Aldo AJELLO, Brasiers d’Afrique. Mémoires d’un émissaire pour la paix , 2010,
Thierno DIOP, Léopold Sédar Senghor, Majhemout Diop et le marxisme , 2010.
Sidiki KABA, La Justice universelle en question. Justice de blancs contre les autres , 2010.
Seidik ABBA, Rébellion touarègue au Niger. Qui a tué le rebelle Mano Dayak ? , 2010.
Mandiaye GAYE, Le Sénégal sous Abdoulaye Wade. Banqueroute, corruption et liberticide , 2010.
M e Boucounta DIALLO, La crise casamaçaise. Problématique et voies de solutions , 2009.
Seidik ABBA, La presse au Niger. Etat des lieux et perspectives , 2009.
Momar Sokhna DIOP, Quelles alternatives pour l’Afrique ? , 2008.
Kodou WADE, Sexualité et fécondité dans la grande ville africaine, la cas de Ouakam , 2008.
Ndiassé SAMBE, El Hadji Diouf, footballeur et rebelle , 2008.
Seidik ABBA, Le Niger face au Sida : atouts et faiblesses de la stratégie nationale contre la pandémie , 2008.
Mame Marie FAYE, L’immolation par le feu de la petite-fille du président Wade , 2008.
Fadel DIA


WADE-MECUM
ou
LE WADISME EN 15 MOTS-CLÉS
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12489-9
EAN : 9782296124899

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
En guise d’introduction
Quinze (15) mots suffisent-ils pour faire le tour de Wade, de sa doctrine politique et de son mode de gestion des affaires publiques ? Certainement pas ! L’homme est si complexe, avec ses contradictions et son sens du spectacle, sa vie politique a été si longue, son parcours si plein d’imprévus qu’il serait prétentieux de vouloir le cerner complètement en quelques mots. Il y a tant à dire, sur l’étudiant dandy si préoccupé de sa chevelure et le tribun populiste chauve, sur l’ancien franc-maçon (démissionnaire ? dormant ?) devenu, si on l’en croit, un mouride à la dévotion tapageuse, sur l’ancien militant socialiste devenu le pape du libéralisme, sur l’opposant irréductible devenu homme de pouvoir, sur le manipulateur florentin, « machiavélique » selon Aminata Tall qui sait de quoi elle parle, et le naïf toujours prêt à vider ses poches, et depuis peu, à vider aussi les caisses de l’Etat, pour s’attacher quelques reconnaissances. Senghor l’avait baptisé « Njomboor », en référence au malin lièvre des contes africains, et depuis il lui est arrivé de se faire rouler dans la farine comme un vulgaire béotien.
Il est tout aussi difficile de percer le Wadisme, doctrine mouvante, perpétuellement revue et corrigée, qui s’apparente à un comportement, un manuel de vie, le culte d’une personnalité, bien plus qu’à une philosophie ou à une véritable doctrine politique. Wade, pour tout dire, représente une source d’inspiration inépuisable pour les caricaturistes, les polémistes et les politologues : tout en lui est « trop » : son verbe qui tourne souvent à la logorrhée, son style hors norme, son « monument » pompier, son ego même et jusqu’à sa générosité, et un dictionnaire ne suffirait pas à tracer son portrait.
A supposer que quelques mots suffisent pour lever le mystère de cet homme et celui de son système politique, les mots que j’ai choisis sont-ils les plus appropriés, les plus opportuns ? Je ne peux l’affirmer. Mais je doute fort qu’on puisse parler de Wade et du Wadisme sans évoquer la dépendance du Président de la République envers l’argent, sa propension à s’en servir comme mode de gestion des hommes, son acharnement à impliquer sa famille dans la chose publique, son goût des voyages et ses revirements, ce culte du moi qui le rend finalement fragile en raison de sa « vantardise et de sa boulimie des louanges », selon les mots du curé de Gorée… Les mots que j’ai choisis sont quelquefois ceux auxquels s’attendraient le moins ceux qui le connaissent mal, mais ils révèlent, je crois, sa vraie nature qui est d’être un homme plein de paradoxes. Ils tracent un portrait peut-être peu flatteur de l’homme et c’est pourtant celui-là que les Sénégalais ont porté au pouvoir dans l’euphorie, « sans connaissance de cause », réalisant la première véritable transition démocratique du pouvoir en Afrique francophone, le Bénin mis à part. Ils sont les premiers surpris de faire le constat que le Sopi n’était pas là où ils l’attendaient et que le pouvoir était un étonnant révélateur. Leur déception a encore été plus grande lorsqu’ils ont réalisé, qu’à leur corps défendant, Wade était devenu le prototype même du Sénégalais tel que l’imaginent leurs voisins, souvent à tort. A Bamako ou à Abidjan le Sénégalais est, en effet, souvent vu comme un homme à la parole facile (« la bouche sucrée », diront certains), séducteur en diable, sachant surtout parler de lui-même et jouer au matamore. Un homme incroyablement doué pour transgresser les règles et tirer son épingle du jeu. Un homme à la piété un peu trop bruyante et ostentatoire, plus inspirée par le communautarisme confrérique que par l’universalisme islamique. Le citoyen d’un pays qui entretient avec la France des rapports compliqués, qui soulèvent chez les voisins moqueries mais aussi jalousie. Et au bout du compte un homme généralement peu violent, du moins en actes, accueillant, Téranga oblige… même si quelquefois, la téranga a bon dos. En réalité Wade n’est pas un Sénégalais ordinaire, c’est un Sénégalais porté à l’incandescence et c’est pour cela qu’il fascine et que les mots pour le décrire sont incroyablement déconcertants.
J’ai donc retenu 15 mots parmi d’autres. Chacun d’entre eux pourrait constituer la matière d’un livre et j’ai choisi de m’en tenir à ce qui me paraissait essentiel, de mettre en évidence les aspects les plus saillants, les plus significatifs, en supposant que mon lecteur n’a besoin que d’un déclic pour reconstituer sa propre expérience de l’homme. Il peut aussi choisir sa porte, classer les mots selon ses préférences et ses penchants, opposer ses propres mots aux miens. Peut-être trouvera-t-il la critique déséquilibrée. Peut-être, au contraire, trouvera-t-il incomplète la liste des ministres de Wade ou celle de ses déplacements à l’étranger ou de ses promesses. De toute façon, avec Wade, on court toujours le risque de se tromper et le tour du Wadisme ne peut être qu’une entreprise collective. Il s’agit en tout cas ici de mots-clés, et non de « mots-sommes », de tire-bouchons qui permettent d’ouvrir des pans de la galaxie wadienne. Ces mots sont classés selon l’ordre alphabétique, mais toutes les lettres de l’alphabet ne sont pas au rendez-vous et certaines sont citées à plusieurs reprises : une petite dizaine de lettres seulement sont illustrées par des mots. Ce livre ce n’est donc pas Wade de A à Z, ce n’est que le florilège d’un système qui dure depuis dix ans.
Wade est encore au pouvoir, le Wadisme continue à prospérer et à recruter et, comme le dit un proverbe, tout ce qui vit reste inachevé. Il y aura probablement d’autres lettres, d’autres mots-clés feront sans doute leur apparition pour célébrer l’homme et son œuvre.
Au total donc, mon lexique est partiel, personnel et provisoire. Je souhaite que le lecteur contribue à l’enrichir et à l’amender pour que Wade soit, enfin, ce qu’il n’est pas encore : un homme transparent et prévisible.
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