Images, cinéma et Shoah
246 pages
Français

Images, cinéma et Shoah , livre ebook

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246 pages
Français

Description

Dans le contexte de la représentation du génocide, les débats ont pris un deuxième souffle avec la remise en question du rôle et des capacités de l'image face au caractère crucial du sujet. L'image fixe ou mobile, au cinéma, dans la BD et la littérature est-elle susceptible de transmettre la Vérité dans le cadre du génocide ? Le cinéma permet de poser et de reposer la question de la représentation possible de cet évènement, et de son lien avec la réalité ? Puis viendra le lien avec la fiction, la bande dessinée et l'œuvre littéraire ou philosophique.

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Publié par
Date de parution 01 juin 2017
Nombre de lectures 5
EAN13 9782140039065
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Historiques
n deSous a dîrectîo Renée Dray-Bensousan
série Travaux
Images,cinémaetShoah
Historiques Travaux
Images, cinéma et Shoah
Historiques Dirigée par Bruno Péquignot et Vincent Laniol La collection « Historiques » a pour vocation de présenter les recherches les plus récentes en sciences historiques. La collection est ouverte à la diversité des thèmes d'étude et des périodes historiques. Elle comprend trois séries : la première s’intitulant « travaux » est ouverte aux études respectant une démarche scientifique (l’accent est particulièrement mis sur la recherche universitaire) tandis que la deuxième intitulée « sources » a pour objectif d’éditer des témoignages de contemporains relatifs à des événements d’ampleur historique ou de publier tout texte dont la diffusion enrichira le corpus documentaire de l’historien ; enfin, la troisième, « essais », accueille des textes ayant une forte dimension historique sans pour autant relever d’une démarche académique. Série Travaux Alain CUENOT,Pierre Naville, Biographie d’un révolutionnaire marxiste, Tome II. Du front anticapitaliste au socialisme autogestionnaire,1939-1993, 2017. Alain CUENOT,Pierre Naville, Biographie d’un révolutionnaire marxiste, Tome I. De la révolution surréaliste à la révolution prolétarienne, 1904-1939, 2017. Jean-Marc Cazilhac,Le Douaire des reines de France à la fin du Moyen Âge, 2017. Didier CHAUVET,Les autodafés nazis. Mémoire du 10 mai 1933, 2017. Anne MÉTÉNIER,Ségrégation raciale aux États-Unis. Six portraits de stars, 2017. Didiver CHAUVET,Hitler et la Nuit des Longs Couteaux (29 juin – 2 juillet 1934), La Sturmabteilung (SA) décapitée, 2016. Jean-Yves CHAUVET,La transmission des maisons lorraines, e e Familles et maisons paysannes de la fin du XVII au milieu du XX siècle,2016. Tchavdar MARINOV,« Nos ancêtres les Thraces, Usages idéologiques de l’Antiquité en Europe du Sud-Est,2016. Françoise DASQUES,La pensée française de l’architecture mexicaine, Paris–Mexico 1784-1910, Architectures et univers mental, Tome III,2015.
Sous la direction de Renée Dray-Bensousan Images, cinéma et Shoah
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INTRODUCTION Penser les rapports de l’image fixe ou mobile et de la vérité dans la représentation du génocide
Renée Dray-Bensousan, AMU
Dans le contexte de la représentation du génocide, les débats ont pris un deuxième souffle avec la remise en question du rôle et des capacités de l’image face au caractère crucial du sujet. La question au centre de ces journées peut être simplement formulée en ces termes : L’image fixe ou mobile, au cinéma, dans la BD et la littérature, est-elle susceptible de transmettre la Vérité dans le cadre du génocide ? La réponse à cette question est propice à mille nuances (la vérité étant sans doute à mi-chemin des points de vue tranchés et fonction des acceptions des termes en balance dans notre sujet). L’image, considérée tantôt comme révélatrice de vérité ou, au contraire, comme mensongère et dangereuse, ne date pas d’hier. En effet, l’image peut être considérée comme fidèle à la réalité et, par conséquent, comme le moyen d’accéder à la vérité du réel représenté. Elle peut même être perçue comme la saisie d’une vérité plus profonde que toute représentation fidèle échouerait à saisir. On pourrait trouver de nombreux exemples dans les images écrites de Primo Lévi ou de Georges Semprun. Ou encore dans des œuvres comme celles du cinéaste Roberto Benigni qui, dans une scène de son film "La vie est belle", donne à comprendre la fracture entre les deux mondes : celui des déportés et celui des nazis à travers la farce de l’énigme à trouver. Et inversement : l’image qui se veut une représentation du réel est souvent fustigée pour ses lacunes : comment pourrait-elle donner accès à ce qui est vraiment représenté puisqu’elle n’est qu’une transposition ? N’est-elle pas plutôt un écran à la vérité du réel
représenté ? Enfin, l’image artistique n’a cessé d’être suspectée de mentir, de donner un accès faussé à une réalité désormais lointaine. Comment aborder un évènement comme la shoah avec des images ? Comment aborder par l’image et avec quelles images le phénomène des génocides en général et de la Shoah en particulier ? Le cinéma permet de poser et de reposer la question de la représentation possible de cet évènement, et de son lien avec la réalité. Puis viendra le lien avec la fiction, la bande dessinée et l’œuvre littéraire ou philosophique. Il suffit de retracer l’histoire de « Cinéma et Shoah » pour démontrer combien le septième art possède l’aptitude à refléter les évolutions d’opinion par rapport à la Shoah. C’est ce que fait par exemple Michel Jacquet dans un excellent petit ouvrage intitulé Travelling sur les Années Noires, paru aux éditions Alvik en 2004. Il donne à voir les différentes phases de cette évolution de 1945 à nos jours, évolution qui recoupe l’historiographie de la Shoah elle-même. D’abord un cinéma consensuel dans l’immédiat après-guerre avec des films commeLa bataille durail,Le père Tranquille, puis le cinéma de la réconciliation franco-allemande avecLe silence de la mer, Un taxi pour Tobrouk. Vient ensuite la grande remise en cause des années 70 avecLe Chagrin et la Pitié, et enfin la dénonciation progressive de la participation des Français à la Shoah, avec des films commeMr Klein. Et plus récemment le temps des hommages aux Justes, Monsieur Batignolles, Au revoir les enfants, etc...Le cinéma peut être, avec la BD, la photographie et le texte littéraire, un outil documentaire au rôle décisif dans la construction du savoir sur cette période. Comment ne pas se référer au filmShoahde Claude Lanzmann, à son écriture et ses bouleversements ? C’est ainsi en grande partie grâce au cinéma que les différents procès de Nuremberg ont rencontré un large retentissement. Le cinéma, à travers les œuvres de fiction, s’est très vite interrogé : pouvait-on représenter l’extermination, la reconstituer ? Dès le lendemain de la guerre en 1945, les premières images des camps ont été diffusées, les cameramen des services cinémato-graphiques des armées se sont mis à tourner spontanément, sous le coup de la sidération et de l’horreur. Ensuite, des ordres sont venus pour demander de filmer simplement pour avoir la trace de ce qui s’était passé. Ces plans ont commencé à être vus à petites doses seulement vers 1946, 1947 en France, en Angleterre, dans des salles
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de cinéma. Mais seules les images les moins dures de la réalité des camps étaient montrées. Pourtant, dès 1945, ces bandes filmées sont montrées dans leurs films. Citons par exemple le cas d’Orson Welles dans le filmLe criminel qui met en jeu l’histoire d’un nazi en fuite dans une petite ville des USA. Mais le film éponyme resteNuit et Brouillarden 1956. Il y avait cependant un sérieux obstacle à montrer la réalité : d’une part, le manque de documents et, d’autre part, la volonté de surdité de certains pays, y compris le nôtre. Les Soviétiques décident de reconstituer certaines images de libération des camps qui ont été rejouées. Quelques survivants, les mieux portants, se sont rhabillés en déportés, mais on a aussi fait jouer des soldats soviétiques qui, eux, ne sont pas des déportés. Côté anglais, il existe un film sur les camps de concentration, réalisé par Sydney Berstein en majeure partie lors de la libération du camp de Bergen-Belsen, qui s’intituleMémoire meurtrie. Le responsable du service cinématographique de l’armée demande à Alfred Hitchcock de l’aider à monter les images du camp, à savoir des charniers, des regards et un simple travelling du camp. On y voit les forces de libération faire défiler des infirmiers nazis, des médecins, des paysans qui se trouvaient autour du camp, poussés par l’armée anglaise à regarder ce que l’Allemagne nazie avait fait. Dans le même plan, la caméra part des témoins, des Allemands, se déplace vers les charniers et revient vers les visages en larmes des Allemands de manière à mettre dans le même plan les deux parties, bourreaux et victimes. C’est le montage qui permet de donner vie au film et de combler les manques. Dans l’esprit du cinéaste, il s’agit de donner un document ayant valeur de preuve. Il ne sera pas montré avant 1985. En France, il y a dans la version originale deNuit et Brouillardun plan où l’on voit très bien un gendarme français à Drancy. Pour que le film sorte en salle, la censure a demandé le retrait de ce plan.
Le lien avec la fiction : évoquer ou recréer ? D’HolocausteàLa vie est belleen passant parLa liste de Schindler1 etLa dernière étape.de Wanda Jakubowska en 1948
1 La Dernière Étapeest un drame réalisé par Wanda Jakubowska et sorti le 28 mars 1947 sur les écrans polonais et en septembre 1948 en France. C’est le premier film dont l’action se situe presque exclusivement au camp d’Auschwitz-Birkenau.
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