Cahiers Simondon
158 pages
Français

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Cahiers Simondon , livre ebook

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Description

Ce troisième numéro dresse d'abord un bilan de la redécouverte récente du lien central de Deleuze à Simondon. Il confronte ensuite Simondon à Arendt sur la question décisive du travail, à Dufrenne sur celle de l'esthétique. Enfin, Jean-Hugues Barthélémy dialogue avec le dernier ouvrage de Xavier Guchet à propos du mode d'unité de l'ensemble de l'oeuvre, et Vincent Bontems clôt ce volume en évoquant les activités de l'Atelier Simondon qu'il anime à l'École normale supérieure de Paris.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2011
Nombre de lectures 119
EAN13 9782296809727
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cahiers Simondon
Numéro 3
Collection Esthétiques – Série « Philosophie »
Coordonnée par Jean-Hugues Barthélémy

La série « Philosophie » de la collection Esthétiques se propose de publier des travaux philosophiques relatifs aux différentes « phases » (Simondon) de la culture : art, technique, religion, science, éthique, etc.
Elle ambitionne par là de participer au renouveau de l’Encyclopédisme, à une époque où se fait en effet sentir le besoin d’une nouvelle synthèse qui redonne du sens et permette de surmonter la crise déjà diagnostiquée en son temps par Husserl. La série « Philosophie » n’entend pourtant pas s’inscrire dans une optique phénoménologique, mais œuvrer bien plutôt à une prise de conscience qui soit source d’un « humanisme difficile » : un humanisme qui sache reconnaître, notamment, l’appartenance de l’homme au vivant, et celle de la technique à la culture.

Dernières parutions

PENSER LA CONNAISSANCE ET LA TECHNIQUE APRES SIMONDON, Jean-Hugues Barthélémy, Esthétiques, 2005.

CAHIERS SIMONDON – NUMERO 1, sous la direction de Jean-Hugues Barthélémy, Esthétiques, 2009.

CAHIERS SIMONDON – NUMERO 2, sous la direction de Jean-Hugues Barthélémy, Esthétiques, 2010.
Sous la direction de
Jean-Hugues Barthélémy


Cahiers Simondon
Numéro 3


Ouvrage publié avec le concours
de la Maison des Sciences de l’Homme de Paris-Nord
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55045-2
EAN : 9782296550452

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Présentation
Les Cahiers Simondon sont depuis trois ans le lieu d’expression privilégié de la communauté simondonienne grandissante, et donnent la parole aux chercheurs confirmés ou aux doctorants, français ou étrangers, qui proposent un apport réel à l’exégèse de l’œuvre du philosophe. Par « communauté simondonienne » il ne faut pas entendre une micro-société rassemblée autour d’un culte, comme cela a pu être le cas d’une bonne part de la « communauté heideggérienne ». Si volonté de réhabilitation d’un penseur il peut y avoir de la part des « simondoniens », une telle réhabilitation, comme telle, n’a précisément rien à voir avec une idolâtrie, ni avec la construction d’un monopole de l’interprétation, mais vise à réparer collectivement un oubli tout en reconnaissant que Simondon a sa part de responsabilité dans le sort que lui ont réservé ses stricts contemporains entre 1958 – année de parution de Du mode d’existence des objets techniques – et 1989 – année de sa mort mais aussi des prémices timides de sa redécouverte, avec la publication de L’individuation psychique et collective.
En vingt-deux ans de redécouverte progressive, beaucoup de choses ont été accomplies, mais elles ne sont qu’un début au vu du nombre croissant d’articles, d’ouvrages et de thèses de doctorat portant sur une œuvre dont les textes continuent chaque année d’être publiés. Désormais on travaille sur Simondon non plus seulement en France ou en Belgique mais aussi en Italie, aux Etats-Unis, au Canada, en Argentine, en Suède, et bientôt certainement en Russie et en Allemagne, où mon ami le philosophe Erich Hörl fait en sorte que soient découvertes les œuvres de Gilbert Simondon et de Bernard Stiegler, qu’il tient à raison, à mon sens, pour les deux œuvres les plus décisives – avec celle de Foucault peut-être – de la philosophie française depuis Sartre et Merleau-Ponty. L’enjeu est celui-ci : par-delà Derrida et Deleuze, ces deux « monstres » enfantés par les amours de la philosophie française avec la métaphore et la littérature, revenir à l’ambition intrinsèquement philosophique et conceptuelle d’un système de pensée global mais désormais ouvert parce qu’anti-dogmatique – c’est-à-dire d’un système de pensée anti-hégélien et post-heideggérien mais aussi, pour une part, post-simondonien. C’est dans cet horizon que j’ai entamé un dialogue avec Stiegler, en projetant une Relativité philosophique qui puisse se dire aussi post- wittgensteinienne {1} .
Le présent Numéro 3 des Cahiers Simondon s’ouvre sur un article d’Anne Sauvagnargues qui fait le point sur l’héritage simondonien de Deleuze, et qui ne doit pas être lu comme une exégèse stricte de Simondon mais plutôt comme un exposé de la façon dont Deleuze le comprenait. Les articles suivants éclairent quant à eux des questions à mes yeux passionnantes et, pour certaines d’entre elles, décisives du point de vue de l’exégèse simondonienne. Quels que soient les débats possibles d’interprétation, je remercie Sacha Loeve, Giovanni Carrozzini, Xavier Guchet, Ronan Le Roux et Baptiste Morizot pour leurs articles respectifs, qui font de ce numéro des Cahiers Simondon le numéro de la maturité dans les études simondoniennes.
Enfin, Vincent Bontems, auteur d’un récent ouvrage sur Bachelard et ses multiples postérités {2} – dont fait partie le renouveau de la pensée simondonienne –, clôt le présent numéro en évoquant les activités de l’Atelier Simondon. A lui je dis mon amitié indéfectible, au sein de la complicité philosophique la plus grande qu’on puisse imaginer. Merci aussi à mon ami François Lagarde pour la photographie de couverture, en attendant que paraisse son film sur Simondon {3} .
Jean-Hugues Barthélémy
Simondon et la construction de l’empirisme transcendantal
par Anne Sauvagnargues,
Professeur à l’Université de Paris ouest – Nanterre


La philosophie de l’individuation de Gilbert Simondon joue un rôle décisif dans la construction du signe que Deleuze entreprend dans Différence et Répétition et poursuit dans toute son œuvre. On systématisera cet apport sous forme de six propositions, logiques et physiques, qui permettent à Deleuze de monter son empirisme transcendantal. Les trois premières propositions concernent les concepts de modulation, de disparation transductive et de problématique, qui décrivent tous trois des opérations réelles, mais sont bientôt systématisés par Simondon en opérateurs conceptuels, valables pour sa métaphysique de l’individuation. Deleuze les intègre à ce titre à sa propre analyse, et se les approprie définitivement, non sans les modifier quelque peu, et parfois sans même plus faire mention de Simondon, dont la présence, dans Différence et Répétition , est plus forte que ne le laissent supposer les renvois effectifs que Deleuze lui consacre. Les trois dernières propositions, concernant l’individuation du cristal, le signe comme différence intensive et la membrane constitutive de l’intériorité du vivant, décrivent elles aussi des individuations réelles, et servent à formaliser cette physique intensive dont Deleuze a besoin pour préciser sa philosophie de la différence dans les deux derniers chapitres de Différence et Répétition. Telles quelles, ces deux triades de concepts composent l’armature d’une épistémologie et d’une philosophie de l’individuation qui alimentent la logique et la physique de la différence selon Deleuze. La définition du signe, aux premières pages de Différence et Répétition , est intégralement simondienne : l’objet qui émet le signe « présente nécessairement une différence de niveau, comme deux ordres de grandeur ou de réalité disparates entre lesquels le signe fulgure » {4} , et ne peut s’élucider sans une analyse précise du texte de Simondon.


1. La modulation

Première proposition : la modulation des forces et des matériaux remplace l’opposition de la forme et de la matière.

Le premier concept que Deleuze reprend à Simondon est celui de modulation, qui transforme les représentations courantes de la forme et de la matière. Depuis Aristote jusqu’à Kant et Husserl, déclare Simondon, la métaphysique occidentale s’est rendue prisonnière d’une représentation abstraite et statique de l’être, qui la rend incapable d’expliquer le moindre procès d’individuation. En effet, on se représente les rapports entre forme et matière comme si la forme s’imposait de l’extér

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