De la beauté des latrines
305 pages
Français

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De la beauté des latrines , livre ebook

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Description

"Il n'y a vraiment de beau que ce qui ne peut servir de rien ; tout ce qui est utile est laid... L'endroit le plus utile d'une maison, ce sont les latrines" (Théophile Gautier). "L'esthétique a été inventée autant pour se tenir à distance de la réalité, se protéger d'elle, que pour approcher de plus près cette réalité" (Christa Wolf). Voici une critique d'ensemble des idéologies réactionnaires - avant-gardisme obscurantiste, misogynie, mépris de la culture de masse - qui déterminent largement la pensée universitaire des dits "intellectuels".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2007
Nombre de lectures 310
EAN13 9782336274133
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Champs visuels
Collection dirigée par Pierre-Jean Benghozi, Raphaëlle Moine, Bruno Péquignot et Guillaume, Soulez
Une collection d’ouvrages qui traitent de façon interdisciplinaire des images, peinture, photographie, B.D., télévision, cinéma (acteurs, auteurs, marché, metteurs en scène, thèmes, techniques, publics etc.). Cette collection est ouverte à toutes les démarches théoriques et méthodologiques appliquées aux questions spécifiques des usages esthétiques et sociaux des techniques de l’image fixe ou animée, sans craindre la confrontation des idées, mais aussi sans dogmatisme.
Dernières parutions
René GARDIES (Sous la dir.), Cinéma et voyage , 2007.
Albert MONTAGNE, Histoire juridique des interdits cinématographiques en France , 2007.
Trudy BOLTER (dir.), Cinéma anglophone : la politique éclatée, 2007.
Lydia MARTIN, Les adaptations à l’écran de romans Jane Austen : esthétique et idéologie , 2007.
René PREDAL, Ciméma sous influence , 2007.
Almut STEINLEIN, Une esthétique de l’authentique  : les films de la Nouvelle Vague, 2007.
Steven BERNAS, L’impouvoir de l’auteur(e), 2007.
Anna Maria KRAJEWSKA, Des visages de l’amour à travers la série télévisée Ally McBeal, 2006.
Andrea SEMPRINI, Analyser la communication II, 2006.
Cyrille ROLLET, La circulation culturelle d’un sitcom américain. Voyage au coeur de Growing Pains. Tome 2, 2006. Cyrille ROLLET, Physiologie d’un sitcom américain. Voyage au coeur de Growing Pains. Tome 1, 2006.
Jean-Pierre ESQUENAZI et André GARDIES (sous la dir.), Le Je à l’écran , 2006.
Evelyne JARDONNET, Poétique de la singularité au cinéma, 2006.
Pietsie FEENSTRA, Les nouvelles figures mythiques du cinéma espagnol (1975..1995), 2006.
De la beauté des latrines

Noël Burch
Du même auteur, dans la même collection
Revoir Hollywood, La nouvelle critique anglo-américaine, 2007. La lucarne de l’infini, Naissance du langage cinématographique, 2007.
© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
9782296043411
EAN : 9782296043411
Sommaire
Champs visuels Page de titre Du même auteur, dans la même collection Page de Copyright Dedicace Que l’ombre de Georges Perec me pardonne si moi aussi je me souviens... Du passé, faisons table rase...
PROLÉGOMÈNES I - Une tradition pesante PROLÉGOMÈNES II - Cinéma, Théorie, Femmes CINÉPHILIE ET POLITIQUE CINÉPHILIE ET MASCULINITÉ MASCULIN FÉMININ CONTRE L’ESTHÉTIQUE SADIENNE CINEMA ET RESSENTIMENT RETOUR SUR L’IMMORTELLE Misogynie ordinaire en France : zapping
En avant, et sans oublier...
DOUBLE LANGAGE UNE POETIQUE DE L’INAVOUABLE FULGURANCES DE KING VIDOR HOWARD HAWKS - ou l’auberge espagnole
CONCLUSION OUVRAGES CONSULTÉS INDEX
Pour Geneviève et pour Michèle, sans qui je n’aurais pas tenu..
Que l’ombre de Georges Perec me pardonne si moi aussi je me souviens...
Je me souviens des mardis de la rue Férou en 1951 où Luc Ferrari et Georges Migot nous initièrent en petit groupe à la musique de Webern ; je me souviens d’Annette Michelson et des visites éblouies aux ateliers de Hajdu, Vieira da Silva, Giacometti, de notre absorption consciencieuse aux concerts du Domaine Musical, de notre incompréhension méprisante devant Johnny Guitar ou La Comtesse aux pieds nus ; mais je me souviens aussi de mon dieu d’alors, Georges Bataille en robe de chambre à Orléans, qui m’a complètement désarçonné par son désintérêt pour la peinture abstraite ; je me souviens, sous le soleil miraculeux de Mérindol-les-Oliviers, de l’étonnement navré de Michel Fano et d’André Hodeir, quand j’avouai – dernier faux pas d’une adolescence finissante – le plaisir que me procurait le Requiem de Fauré ; je me souviens des années soixante, des tournées en Europe de P. Adams Sitney avec le « New American Cinema », mais aussi d’avoir encore osé avouer que je me lassais vite des vertiges de Stan Brakhage ; je me souviens d’un été à Cassis avec Barbara et David Stone, et avec ma chère Bernadette Lafont, du Frankenstein du Living Theater où j’étais l’assistant si maladroit de Jonas Mekas, où l’on prenait des cocktails chez le millionnaire artiste, Jerome Hill et où je me suis cru au centre du monde ; et je me souviens de Jean Barraqué, qui paraissait comme un dieu malheureux, de mes efforts intenses pour aimer sa musique ; je me souviens des évènements-de-soixante-ltuit, de Sylvain Dhomme, Abraham Segal et le Cinéma parallèle, d’Avignon avec le Living encore et les hippies pourchassés par l’équipe de rugby locale ; je me souviens de Marcel Mazé et du Collectif jeune cinéma et comment nous avons cru révolutionner le Festival d’Hyères en inventant un « underground » français de bric et de broc ; je me souviens d’une nuit blanche au cinéma l’Olympic où 500 personnes se sont entassées pour siffler Michael Snow et Tom Tom the Piper’s Son (mais pour applaudir le « camp » de Kenneth Anger) et où je me suis senti l’auteur d’un évènement parisien ; je me souviens combien j’admirais les jeux d’Alain Robbe-Grillet et l’acharnement que j’ai mis à prendre plaisir aux productions plus austères du Nouveau Roman ; je me souviens de Jean-André Fieschi, de l’Institut de Formation Cinématographique et de notre grande illusion, joindre la théorie à la pratique, faire la révolution dans le langage ; je me souviens du jour où Richard Roud m’a suggéré le titre de Praxis du cinéma sans que ni lui ni moi ne sachions très bien ce que signifiait ce mot grec ; je me souviens de Henri Langlois qui nous a fait absorber tant de films japonais sans sous-titres ; je me souviens d’avoir longtemps joué dans des salles de montage avec le brillant et charismatique André S. Labarthe ; je me souviens des cours du Royal College of Arts où je rejoignais publiquement les rangs du formalisme révolutionnaire avec ma dialectique des « faux raccords » ; et je me souviens avec embarras d’un pub dans Charing Cross Road où nous avions beaucoup bu et où, devant Peter Wollen qui n’en pouvait mais, le jeune et talentueux Ed Bennet m’a vertement reproché de l’avoir poussé par mon enseignement dans l’impasse de l’hermétisme engagé – mais je me souviens aussi que ses films de jeunesse étaient sans doute ce qu’il aura fait de mieux. Je me souviens aussi des doutes que commençait à m’inspirer la tolérance de l’art pour l’art que voulait nous imposer la direction du PCF, où je militais depuis 1974.
Et puis je me souviens de ce trop long séjour aux USA, de Columbus dans l’Ohio, où cette fois c’était Judith Mayne qui m’a désarçonné par le peu de cas qu’elle faisait des avant-gardes à la mode, où Thom Andersen, écartelé entre marxisme et avant-garde, enseignait pourtant que l’histoire du cinéma n’est pas celle des formes, où Allan Sekula et Sally Stein me firent entrevoir la critique matérialiste de mon formalisme révolutionnaire... Oui, je me souviens de Columbus car c’est là que j’ai compris qu’il fallait choisir son camp...
Ensuite je me souviens comme si c’était hier du retour dans ma patrie adoptive à temps pour voir introniser Jack Lang là où nous attendions Jack Ralite, mais aussi pour me précipiter à l’Action Lafayette y découvrir un après-midi de juin que les films de Straub/Huillet me faisaient chier et m’avaient toujours fait chier quoi que j’en eusse dit à mes étudiants (et tant pis si cela confirme tout le mal que ce cinéaste a toujours pensé de moi) et alors je me souviens de m’être mis à lire Louis Guilloux, Roger Martin du Gard et Prévert, à écouter Massenet et le sublime Fauré ; et je me souviens d’un autre pub, à Highbury Corner celui-là, où j’ai connu ma chère Hannah Mitchell qui, apprenant cette rencontre à Stanley son ex, s’était entendu répondre : « Oh, the formalist pope... » et qui, quelque temps après, m’avouera s’être dit : « S’il s’attend à Marguerite Duras, c’est foutu ».
Oui, c’est de Hannah que je me souviens surtout, qui m’a réconcilié avec le Requiem de Fauré, qui m’a délivré des lourdes scories de ce que je ne savais pas encore nommer le modernisme, qui a introduit, non sans mal, le féminisme dans ma vie ; je me souviens de Hannah aux Puces et dans les Cévennes, au restaurant et à l’Opéra-comique, et même parfois au cinéma, je me souviens de Hannah comme de la découverte à cinquante ans passés du sens et des sens...
Qu’elle repose en paix.
Il n’y a vraiment de beau que ce qui ne peut servir de rien ; tout ce qui est utile est laid, car c’est l’expression de quelque besoin, et ceux de l’homme sont ignobles et dégoûtants comme sa pauvre et infirme nature. L’endroit le plus

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