Kirk Douglas
168 pages
Français

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Kirk Douglas , livre ebook

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Description

Le présent essai est centré sur l'art de l'acteur, ses rôles et son jeu. Il interroge la mythologie de la star, en tant que phénomène sociologique et culturel. Dressant un portrait sans concession de Kirk Douglas, il se propose de décrypter l'image composite d'un personnage passionnant.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2014
Nombre de lectures 8
EAN13 9782336358079
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Christophe Leclerc











Kirk Douglas
Le fauve blessé
Copyright

D U MÊME AUTEUR

Avec T.E. Lawrence en Arabie. La Mission militaire française au Hedjaz ( 1916-1920 ) , préface de Maurice Larès et Malcolm Brown, Paris, L’Harmattan, coll. « Comprendre le Moyen-Orient », 1998.
Lawrence d’Arabie. Écrire l’Histoire au cinéma, Paris, L’Harmattan, 2001.
Un panthéon hollywoodien. Portraits des stars de l’âge d’or, Paris, Publibook, 2005.
Le cinéma de John Huston. Entre l’épique et l’intime, Paris, Publibook, 2006.
Gustave Doré. Le rêveur éveillé, Paris, L’Harmattan, coll. « Biographies – série XIX e siècle », 2012.


Illustration de couverture :
Kirk Douglas
Tous droits réservés.



© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-70818-8
Dédicace


À mon fils Thomas, à Issur, Anne-Marie et Sébastien, je dédie ce livre
A vant-propos
Son énergie, son sourire bravache et sa fossette ont marqué d’une empreinte forte la mémoire des cinéphiles. En un peu plus de soixante-dix films, Kirk Douglas a ferraillé sauvagement contre Tony Curtis, il s’est confronté, l’arme au poing, à Robert Mitchum et Burt Lancaster, il a aimé Barbara Stanwyck, enlacé Lauren Bacall et désiré Faye Dunaway.
Avant même que sonne l’heure de la retraite, l’acteur avait entamé une seconde carrière de mémorialiste et de romancier. Publié en 1988, le premier volume de son autobiographie, intitulé Le Fils du chiffonnier, a rencontré un succès mondial. Mais peut-être parce qu’il s’est beaucoup raconté lui-même, Kirk Douglas a été un peu dédaigné par la littérature de cinéma : jusqu’à présent, aucun livre n’avait été consacré spécifiquement à l’étude de ses rôles et de son jeu. Le présent essai vient donc modestement combler un manque ; non pas refaire le récit d’une longue vie d’artiste, mais plutôt partager les images d’un acteur qui voulut être maître de ses choix, montrer comment il a évolué devant les caméras, scruter ses postures, ses gestes et ses regards.
À l’évidence, Kirk Douglas est une star, un acteur qui fait rêver, tout à la fois Spartacus et Ulysse, mortel et demi-dieu. Kirk Douglas est aussi un auteur, au sens où l’entend Patrick McGilligan, c’est-à-dire un acteur « qui résiste aux diktats du studio, qui domine les scénaristes et les réalisateurs ou du moins leur fait de l’ombre, qui retravaille constamment le matériau de sa propre vie et de ses convictions et se préoccupe d’esthétique 1 ».
Acteur-phare de la génération du désabusement, avec Robert Mitchum, Sterling Hayden et Richard Widmark, Kirk Douglas a imposé sans peine sa singularité : de tous, il était le plus rugueux, le plus cynique, le plus asocial et le plus névrosé. Comme l’observe Jean-Pierre Berthomé, « il y a dans ses personnages les plus extérieurement forts une vulnérabilité extrême qui éclate dans leurs accès de violence rageuse » ( Dictionnaire du cinéma, Larousse). Assurément, Kirk Douglas a recherché les personnages tourmentés, meurtris par une blessure d’enfance ou le poids d’une faute ; il a privilégié les films qui se plaisaient à narrer l’histoire de leur rédemption, le récit de leur résilience. Les caractéristiques propres de Kirk Douglas – la vigueur d’un fauve associée à une relative instabilité psychologique –, constituent un cocktail unique. D’où le sous-titre de cet ouvrage.
La filmographie de Kirk Douglas est à l’image d’un martyrologue : corps souillé, avili, mutilé, Kirk Douglas a subi tous les sévices avec une certaine délectation masochiste. Qu’importe, au fond, les adversaires qu’on lui a opposés à l’écran, de L’Emprise à L’Arrangement, Kirk Douglas n’a pas eu de pire ennemi que lui-même. Malheureux en amour, il a été bien peu concerné par les joies familiales et la félicité de la vie conjugale. Fâché avec le happy end, il est mort plus souvent qu’aucune autre idole. Héros plébéien, il aura été le digne successeur de James Cagney dont le rapprochait un jeu tout en nerfs et une constante : l’excès en tout – excès de vitalité, d’ego, d’émotions.
Cet essai interroge la mythologie de la star en tant que phénomène sociologique et culturel. Avec le temps, Kirk Douglas s’est imposé dans l’imaginaire collectif en archétype du rebelle, un insoumis qui brandit le glaive contre l’oppresseur, un homme délivré de ses chaînes et qui allume le flambeau de la révolte dans la Rome ancienne ( Spartacus ), les tranchées de la Grande Guerre ( Les Sentiers de la gloire ) ou les prairies de l’Ouest américain ( L’Homme qui n’a pas d’étoile ) .
Ce livre ne se veut pas exercice d’admiration. La carrière de Kirk Douglas n’est évidemment pas exempte de critiques. Force est de constater que la seconde moitié de sa filmographie est en demi-teinte, surtout si l’on considère le haut standard de la première décennie. Quant à l’homme, il n’est pas dénué de paradoxes. Star souvent tyrannique sur les plateaux, Kirk Douglas fut aussi un producteur inspiré, auquel on doit des films qui traitent d’adultère ( Liaisons secrètes, L’Arrangement ) , d’amours interraciales ( La Rivière de nos amours, Le Dernier Train de Gun Hill ) et même d’inceste ( El Perdido ) . Dans l’Amérique encore puritaine et ségrégationniste des années cinquante et soixante, il fallait un certain courage. Kirk Douglas n’en était pas dépourvu, et quand il incarnait les rebelles et les sauveurs, sa voix portait loin.


Le Champion (1949).
1 Cité dans L’acteur de cinéma : approches plurielles, s.d. de Vincent Amiel, Jacqueline Nacache, Geneviève Sellier, Christian Viviani, Presses universitaires de Rennes, coll. « Le Spectaculaire », 2007, p. 123.
C HAPITRE I Devenir Kirk Douglas
Venu du théâtre, comme beaucoup d’autres stars du grand écran, Kirk Douglas fit ses premiers pas au cinéma en 1946. Diplômé de l’American Academy of Dramatic Arts de New York, il avait fréquenté les planches de Broadway, mais son expérience de comédien restait néanmoins limitée : elle se résumait en tout et pour tout à quelques rôles modestes pour le théâtre Tamarack de Lake Pleasant et quatre pièces à Broadway. C’était peu, mais cette formation n’en fut pas moins déterminante pour la suite.
Sunlights
Kirk Douglas courait les cachets au théâtre et à la radio – sans grand succès d’ailleurs –, quand il apprit qu’une camarade de l’American Academy qui venait de tourner avec Humphrey Bogart, avait œuvré en sa faveur auprès du producteur Hal Wallis. Elle s’appelait Betty Perske, mais les studios l’avaient rebaptisée Lauren Bacall. Sans trop d’hésitation, Wallis engagea Douglas pour The Strange Love of Martha Ivers, son premier film, qui réunissait à l’affiche Barbara Stanwyck, Van Heflin et Lizabeth Scott. En France, ce mélodrame gothique allait être distribué sous un titre très différent de l’original : L’Emprise du crime.
1946, l’année de sortie de L’Emprise du crime, constitue un millésime exceptionnel dans l’histoire du cinéma américain. Plus de quatre-vingts millions de spectateurs se bousculèrent dans les salles obscures et les majors réalisèrent des bénéfices record. C’est l’année où Burt Lancaster et Richard Widmark tournèrent leurs premiers films, respectivement Les Tueurs de Robert Siodmak pour le premier, Le Carrefour de la mort d’Henry Hathaway pour le second. Cette année-là, Robert Mitchum accéda au statut de vedette avec Lame de fond et La Vallée de la peur (après vingt-six films, tout de même) et Glenn Ford connut son premier succès avec Gilda. On ne peut pas vraiment parler de jeunes premiers : tous avaient déjà au moins trente ans, comme Kirk Douglas que Wallis ne sut trop comment utiliser dans un premier temps. Procédé habituel à l’époque, on prêta le comédien à un studio, en l’occurrence la RKO, où Kirk Douglas tourna La Griffe du passé et Le Deuil sied à Electre, l’adaptation d’une pièce d’Eugene O’Neill.
C’est dans La Griffe du passé que l’on perçoit pour la première fois la densité et le potentiel dramatique de Kirk Douglas. Comme Bogart, Robert Ryan et James Cagney, il était fait pour le film noir, ses ambiances nocturnes et poisseuses, sa violence et ses faux-semblants. Le cheveu blond roux, le visage anguleux marqué d’une profonde fossette au menton, Kirk Douglas participe de la vogue des tough guys, lancée après-guerre. En faisant de Mitchum, Mature ou Widmark d

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