Gustave Doré, le rêveur éveillé
314 pages
Français

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Gustave Doré, le rêveur éveillé , livre ebook

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Description

Illustrateur de Rabelais, Cervantès, Perrault et La Fontaine, Gustave Doré reste l'un des artistes français les plus célèbres du XIXe siècle.Toutefois, l'homme, qui fut l'ami de Théophile Gautier, l'amant de Sarah Bernhardt, le contemporain de Pissarro, Manet et Cézanne, est méconnu. Non content d'être un illustrateur prolifique, Gustave Doré se voulut également peintre, aquarelliste et sculpteur d'allégories – une partie de son oeuvre qui est encore ignorée du grand public.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2012
Nombre de lectures 45
EAN13 9782296502628
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Du même auteur :
Avec T .E. Lawrence en Arabie : la Mission militaire française au Hedjaz (1916-1920) , préface de Maurice Larès et Malcolm Brown, Paris, L’Harmattan, coll. « Comprendre le Moyen-Orient », 1998.

Lawrence d’Arabie : écrire l’Histoire au cinéma , Paris, L’Harmattan, 2001.

Un panthéon hollywoodien. Portraits des stars de l’âge d’or , Paris, Publibook, 2005.

Le cinéma de John Huston. Entre l’épique et l’intime , Paris, Publibook, 2006.




Illustration de couverture

Gustave Doré dans les années 1870.
Tous droits réservés.
Copyright

© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-98088-4
EAN : 9782296980884
Titre
Christophe L ECLERC






GUSTAVE DORÉ
Le rêveur éveillé
Citation

« Tous les hommes rêvent, mais inégalement. Ceux qui rêvent la nuit dans les recoins poussiéreux de leur esprit s’éveillent au jour pour découvrir que ce n’était que vanité ; mais les rêveurs diurnes sont des hommes dangereux, car ils peuvent jouer leur rêve, les yeux ouverts, pour le rendre possible. »
Thomas Edward Lawrence
Les Sept Piliers de la sagesse
Remerciements
Je souhaite exprimer ici ma reconnaissance à celles et ceux qui ont accompagné mes travaux ces six dernières années, pour que cette biographie voie enfin le jour.
Je remercie affectueusement Maurice Larès, pour son soutien indéfectible, sa générosité et son amitié stimulante. Il lui tardait de voir ce livre publié. C’est maintenant chose faite et il est d’abord pour lui.
Le concours de Thiery Cordier, qui a mis à ma disposition une iconographie abondante, m’a été précieux. Interlocuteur passionné, bon connaisseur du siècle de Gustave Doré et Jules Verne, il m’a encouragé (sans le savoir) dans cette difficile entreprise.
Mes remerciements les plus sincères vont également à Denis Pryen, Benoît, Philippe, Marie-Alexia Veyer et Jacques Leclerc (1903-1966) ; là où il se trouve, ce dernier m’a certainement inspiré.
Merci enfin à Anne-Marie et Thomas pour leur patience.
C. L.
Juin 2012
Première partie L’envol
1 Je suis né entre deux cathédrales
Gustave Doré est âgé de quinze ans quand il rencontre à Paris l’homme qui va le révéler, Charles Philipon. L’adolescent n’a pas frappé à sa porte par hasard. Personnalité éminente de la presse satirique, Philipon est le directeur du Charivari . Il a lancé Daumier, Gavarni, Traviès et Grandville.
Sûr de son talent graphique, Gustave s’est promis d’appartenir bien vite « à ce milieu de gens d’esprit, de tact et de cœur qu’on nomme les grands artistes 1 ». Comme ses héros de romans, Lucien de Rubempré, Frédéric Moreau et Julien Sorel, le jeune Strasbourgeois aspire à fuir la grisaille d’une vie provinciale. Il veut échapper à l’ennui programmé d’une vie d’épicier ou de saute-ruisseau, loin des lumières de la ville-monde.
Paris, disent les Goncourt, « absorbe tout, attire tout et fait tout 2 ». On est parisien avant d’être français, ajoute Sainte-Beuve. La capitale, que Gustave Doré découvre en septembre 1847, est la ville de l’intelligence et des plaisirs, la métropole des théâtres, des cafés-concerts et des bonnes tables. Il n’est pas rare cependant que les jeunes ambitieux, éblouis par ce phare, déchantent. La misère, l’oisiveté et le désespoir guettent ceux qui échouent. Mais qu’importe à Gustave Doré la bohème désenchantée. Sûr de lui et dominateur, il fait son entrée sur la scène parisienne, exalté par les promesses de lendemains qui chantent.
Une famille alsacienne
Sa vie, jusque-là, a été insouciante et choyée. Les aïeux de Gustave se partagent entre rentiers, grands commis de l’État et porteurs d’épée. Nicolas Martin Doré, son grand-père paternel, était officier de l’Empire. Il aurait, dit-on, trouvé la mort dans la plaine de Waterloo en 1815. Le souvenir de cette figure héroïque s’est un peu estompé quand Gustave vient à naître 3 , le 6 janvier 1832.
C’est du côté de sa mère, Alexandrine Marie Anne Pluchart, qu’il faut rechercher les aïeux les plus remarquables de l’artiste. Ses premiers biographes indiquent que les Pluchart s’étaient constitué une fortune confortable, sans qu’on puisse exactement en déterminer l’origine.
La grand-mère maternelle de Gustave était une esthète et, à en croire Paul Lacroix, son talent d’épistolière aurait pu faire pâlir d’envie madame de Sévigné 4 . Quant au grand-père Pluchart, le petit Gustave aimait son air gentilhomme et il représenta sans doute le modèle bourgeois auquel, adulte, celui-ci voulut s’identifier.
Le père de l’artiste, Pierre Louis Christophe Doré, est né à Coblence, en août 1802, de Nicolas Martin Doré et Louise Françoise Henriette Steinbrenner. Gustave Doré a réalisé son portrait à l’huile, aujourd’hui propriété du musée de Brou. Regard mélancolique, cheveux longs rabattus derrière l’oreille, fine moustache blonde et barbe à la « royale », la ressemblance entre le père et le fils est frappante. Au tournant de la quarantaine, Gustave n’affichera cependant pas un physique aussi athlétique que son géniteur.
On sait peu de choses sur Christophe Doré, mais quelques indices laissent à penser qu’il avait un caractère bien trempé. Lorsqu’il convole en justes noces avec Alexandrine, dans les premiers jours de septembre 1829, ce jeune ingénieur des Ponts et Chaussées, qui a notamment travaillé à la construction du canal reliant le Rhône au Rhin en 1823, néglige d’en informer sa hiérarchie. C’est oublier un peu vite qu’un fonctionnaire a l’obligation de demander une autorisation à son supérieur pour se marier.
« Sans doute, vous n’aviez pas connaissance de ces règles », lui écrit le directeur général des Ponts et Chaussées auprès de qui il fait amende honorable, « car si elles vous avaient été connues, vous vous y seriez conformé. Je vois, du reste, que vous avez fait un choix convenable, et j’espère que vous trouverez votre bonheur dans l’union que vous venez de former 5 . »

Quand il lui faut gagner son nouveau poste, à Saverne, en 1832, Christophe Doré s’entête. Il n’est pas question pour lui de quitter le foyer familial confortablement installé à Strasbourg – au grand dam de son ingénieur en chef. Celui-ci soutient qu’un fonctionnaire doit élire domicile au lieu de sa résidence administrative. En fait, Christophe Doré ne résidera que quelques mois à Saverne et il parviendra, dès la fin de 1834, à obtenir une affectation à Strasbourg.
L’ingénieur du corps royal des Ponts et Chaussées a-t-il une conscience politique ? Est-il possible qu’il ait nourri quelque sympathie pour le neveu calamistré de l’empereur, qui fit sensation, un jour d’octobre 1836, en soulevant tout un régiment d’artillerie à Strasbourg ? Certains biographes de Gustave Doré indiquent que son père était orléaniste. C’est une hypothèse que rien ne vient étayer. Ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’il appartient aux élites de son temps. Les Ponts et Chaussées ou la magistrature, c’est ce dont rêve madame Bovary mère pour son fils dans le célèbre roman de Flaubert 6 .
Christophe Doré est issu de l’École polytechnique, et il peut espérer que ses fils, Ernest, Gustave et Émile, embrasseront, comme lui, une carrière dans la haute fonction publique, gage de prospérité et d’honorabilité 7 . Finalement, il n’y en aura qu’un, Émile, pour satisfaire aux espérances paternelles. Condisciple du futur maréchal Foch à l’« X », il achèvera sa carrière militaire dans le grade de lieutenant-colonel. Quant à Ernest, il sera, comme Gustave, attiré par les arts ; le jeune homme s’épanouira dans la musique tout en travaillant pour un agent de change. Des partitions d’Ernest seront même publiées, parfois accompagnées des lithographies de son frère.
Aussi loin que l’on puisse remonter, les aïeux de Gustave Doré sont alsaciens. Il e

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