Bertrand Cantat
108 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Bertrand Cantat , livre ebook

-

108 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Approche factuelle, esthétique, poétique et philosophique d'une trajectoire humaine. Celle d'un destin placé sous le signe du rock. Celle d'un groupe, "Noir désir", et plus particulièrement de son chanteur, tentant de reprendre le cours de son existence, humainement et artistiquement. Une biographie ne peut jamais se prétendre exhaustive. Encore moins objective quand son auteur a été et demeure admirateur d'une oeuvre qu'il prétend analyser avec le recul nécessaire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2011
Nombre de lectures 73
EAN13 9782296474024
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Bertrand Cantat
Entre éthique du dégagement et immanence du contrôle
Thomas Roussot
Bertrand Cantat
Entre éthique du dégagement et immanence du contrôle
L’Harmattan
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55573-0
EAN : 9782296555730
Avant-propos
NOIR Désir c’est avant tout un groupe d’amis qui a flirté avec cette soif d’absolu à laquelle toute jeunesse aspire.
Un groupe dont l’épicentre se nomme Bertrand Cantat. Une discographie fulgurante, tourmentée, écorchée vive, mais tout aussi souvent à la recherche de la pureté simple, du dépouillement intègre, balançant sur scène des fusées de joie et de révolte. Un parcours chaotique et flamboyant qui a ébranlé la scène musicale française de ces dernières décennies, et au-delà, bien des consciences, bien des conformismes, tant médiatiques, économiques, artistiques que politiques. Cette spirale infernale, sonore et humaine, qui aspirait au grand incendie, pouvait-elle se conclure autrement que dans le tragique ?
Nul ne pourra jamais répondre à cette interrogation, mais ne demeure que l’essentiel : une œuvre. Et qui sait, en plongeant en elle comme en un volcan non éteint, se trouvent sans doute encore des morceaux de vérité, des pépites d’insurrection, des éclairs d’innocence qui s’offrent toujours à l’auditeur sensible, pénétrant l’embrasure existentielle ouverte à celles et ceux qui veulent encore croire en leur étoile.
Pourquoi cette formation rock a su entrer plus qu’aucune autre en communion avec un public en attente de singularité sans concessions, comment des textes poétiquement exigeants ont pu trouver un tel écho populaire ?
Le positionnement radical du groupe vis-à-vis de sa propre médiatisation, ses engagements citoyens de plus en plus manifestes au long de cette carrière hors-normes, cette faculté de surfer entre spectacle et anonymat, violence et sensibilité, ses influences littéraires et idéologiques, la personnalité déterminante de Cantat et finalement le drame de Vilnius. Ce livre se propose de disséquer ces questions et d’autres plus adjacentes, d’entrer en gravitation autour de cette étoile filante, de cet astre fou qui luit encore et dont l’avenir demeure ouvert sur le possible, cet astre qui a su traverser des trous noirs pour renaître à plusieurs reprises de ses cendres et qui est définitivement nommé Noir Désir.
Irréductiblement, cruellement, librement. Un groupe de rock qui a proposé des torrents de lumière et d’obscurité, établissant des liens invisibles avec son public. Une pluie de chansons pour insurgés, ivres de poésie et de colère, à en faire rajeunir les morts. À la bouche de Cantat ont raisonné des secousses sismiques, des fulgurances dissidentes qui ont épaulé toute une jeunesse, frappée par ces mots descendus d’ailleurs, ces notes qui ont circulé dans leurs entrailles, notes nerveuses, épineuses, combattives, sans demeure ni bannière, ouvrant des gouffres, entaillant des rêves impossibles, décimant la résignation et l’apathie, laissant des sentiers ouverts devant nous, mêmes couverts d’écorchures et d’ecchymoses, des contrées pour assoiffés de torrents qui mènent ailleurs. Pour le pire et le meilleur.
CHAPITRE 1 : Pyromane à temps complet
LE feu a pris l’été 1980, du côté de Bordeaux, pour échapper à l’ennui, au calme bourgeois d’une ville manquant d’écorchures et suintant l’opulence sans horizon. Bertrand Cantat et Serge Teyssot-Gay sont encore au lycée et rêvent de quelque chose, avec en sourdine les cours qui défilent interminablement. On parle musique et le camarade Denis Barthe se propose à la batterie, à condition qu’ils osent sortir de leurs fantasmes pour mener à terme jusqu’à un studio d’enregistrement ce qui pour le moment n’est que chimères d’adolescents. Cantat vient du Havre, suite à un énième déménagement lié à la carrière d’un père militaire, ce qui lui donnera durablement le goût du nomadisme, de l’échappée belle, hors des sentiers balisés. Cette intégration bordelaise va rapidement tourner à l’indigestion.
Il se retrouve dans une école catholique, Saint-Lucien-Genès, et l’on n’y écoute guère les groupes incendiaires qui bercent déjà les oreilles du jeune Bertrand.
Traité de « Bolchevik », une forme de rage progressive monte en lui, ses goûts musicaux iront en se radicalisant dès ses 16 ans :
MC5, pionniers d’un rock indépendant, The Gun Club dont le style incantatoire marquera fortement le style du groupe, The Doors et sa poésie hallucinée, le punk des Stooges, The Clash et sa virulence politisée, The Buzzcocks et autres Sex Pistols, ayant tous pour dénominateur commun la révolte. Il faut toutefois noter son intérêt pour une mouvance naissante plus mélancolique, dépressive et moins directement agressive, proche d’un existentialisme esthétique qu’incarnent des groupes cultes comme The Cure et Joy Division.
« Et là, je me suis retrouvé vraiment seul. Dans une belle ville, mais une ville de cons. » 1
Il confiera plus tard à Marc Besse combien en fait, cette période des jeunes années 80 avait stimulé cette ville et à quel point l’émulation créatrice liée aux carcans sociaux était grande.
Les contraintes et les conventions, déjà, il compte ne pas s’y soumettre mais les convertir en morsures enflammées, en sonorités abrasives. Cette mixture existentielle aurait pu donner un groupe indépendant et contestataire de plus, dans la lignée des Bérurier Noir et autres Ludwig Von 88, lignée refusant tout le système sur des bases d’autarcie quasi anarchiste. Pourtant Cantat vise autre chose. En attendant, il lit beaucoup, et tout particulièrement de la poésie, allant de l’inévitable Rimbaud à Mallarmé en s’attardant particulièrement sur Maïakovski. Il écrit également depuis ses 12 ans, « J’ai découvert des univers fabuleux qui m’ont donné envie de me jeter à l’eau, moi aussi. » 2
Cantat est plutôt un littéraire donc, il ne travaille sérieusement qu’en français et philosophie, et rêve le reste du temps.
En 1981, le trio originel, formé de Serge, Bertrand et Denis, relève ce défi : commencer à y croire radicalement, à répéter inlassablement, à composer, expérimenter, chercher un nom de groupe. Ils songent alors à Psychoz, 6.35, Stations Désirs pour enfin accoucher de Noirs désirs encore au pluriel. Les premiers balbutiements sur des scènes significatives font déjà des émules, un bassiste a rejoint le trio (Vincent Leriche) en remplacement d’Hervé Porge, et désormais, après avoir écumé les bars et petits tremplins régionaux, ils accèdent à la Fête de l’Huma de Bordeaux ; on proposera la carte du parti au leader du groupe qui l’avalera selon la légende. Le refus d’être encarté est déjà bien enraciné. Pour le moment, il est question d’apprendre, de perfectionner leur son, leurs prestations scéniques, d’ouvrir un sentier viable. D’entrée de jeu, Cantat ne semble pas complexé par le fait de défendre en public ce qui est né de l’intime, entre potes idéalistes.
La structure du groupe mute de manière assez chaotique durant l’année 1982, tel membre aspirant à de la cold wave quand tel autre veut se rapprocher d’un rock strictement bruitiste. Cantat lui-même quitte la formation en 1983, remplacé quelques mois par Emmanuel Ory-Weil. Il finira assez rapidement par reprendre sa place sans heurts particuliers. Alors que pullulent les groupes de punk, de rock, de new wave sur Bordeaux, partant pour la plupart en feux de paille, par manque de motivation ou dispersion (drogues et alcool circulent allègrement), Cantat et sa bande se mettent plus à l’écart et adoptent au contraire une forme d’austérité basée sur le travail, dans un cadre encore très amateur puisque le local de répétition est le garage des parents du batteur. Ils vivent de petits boulots, vendent des sandwiches, sont roadie ou gardien d’immeuble.
Un tremplin organisé par FR3 et remporté leur permet de multiplier les ouvertures, mais pour le moment, ils refusent la précipitation d’un enregistrement hâtif pour continuer à parfaire leurs idées sur ce que doit devenir cette formation amicale.
Quelques aléas modifient encore la constitution du groupe qui se détermine désormais clairement comme suit : Cantat chante et 

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents