Claude Helffer - La musique sur le bout des doigts

Bruno Serrou

Description

« Claude Helffer (1922-2004) est de ces interprètes d'exception sans qui la musique du xxe siècle eût été moins luxuriante. Sa passion pour la musique, son amour pour l'enseignement, sa fougue et sa générosité l'ont incité toute sa vie à transmettre sa foi aux plus jeunes. Familier des compositieurs de son temps qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ont constitué l'école de Darmstadt ou de l'avant-garde, il a créé et s'est vu dédier quantité de partitions pour pianos de trois générations de musiciens de divers mouvements de la création artistique. Il mena ainsi tout à la fois un grande carrière de soliste, de chambriste et de musicien d'ensembles. Il a en outre été l'interprète de prédilection de deux grands comtemporains pourtant réputés inconciliables, Pierre Boulez et Iannis Xenakis… » (B.S.) Établi par Bruno Serrou.

Sujets

• Musique

Informations

• Publié par: Michel de Maule
• Date de parution: 01 janvier 2005
• Nombre de lectures: 65
• EAN13: 9782876233799
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

CLAUDE HELFFER L A MUSIQUE SUR LE BOUT DES DOIGTS

Bruno Serrou

CLAUDE HELFFER L A MUSIQUE SUR LE BOUT DES DOIGTS

Entretien

M ICHEL DE M AULE

C OLLECTION « P AROLES DE M USICIEN »

Entretien avec Claude Ballif(2004), de Bruno Serrou

Conception graphique : Chris Impens & L ES 3TS TUDI O

© Éditions Michel de Maule/Institut national de l’audiovisuel, 2005.

R EMERCIEMENTS

Bruno Serrou tient à exprimer ici sa gratitude à l’égard de la SACEM, Société des auteurs compositeurs et éditeurs de musique, plus particulièrement Olivier Bernard, et à l’Ina, l’Institut national de l’audiovisuel, en la personne de Cati Couteau, institutions et personnalités sans lesquelles ce livre n’aurait pu exister, ainsi qu’à Claude Helffer, qui lui a accordé sa confiance en s’exprimant en toute liberté, et à son épouse Mireille Helffer, qui a relu ces lignes avec vigilance.

A VANT - PROPOS

Mort dans sa quatre vingt troisième année, le 27 octobre 2004, Claude Helffer est l’un des grands acteurs de l’aventure de l’avant-garde musicale. En effet, alors qu’il est rarement fait mention du rôle fondamental de l’interprète dans le pro- cessus de la création, le nom de cet immense artiste est indis- solublement attaché à la genèse d’un nombre considérable de partitions pour piano. Claude Helffer est en effet la figure emblématique de la musique contemporaine pour l’instru- ment à clavier, des premières années de l’après Seconde e Guerre mondiale jusqu’au seuil du XXI siècle. Passionné de quatuor à cordes et d’orchestre, féru de Beethoven, gratifié d’une mémoire exceptionnelle, il a imposé en France le piano de Béla Bartók et de la Seconde École de Vienne, tout en devenant le porte-drapeau de la musique de son temps, embrassant un large éventail de styles, de Gilbert Amy à Iannis Xenakis, et de générations, d’Olivier Messiaen (né en 1908) à Franck Krawczyk (né en 1969). Sa générosité sans frein qui l’incitait à se mettre littéralement au service des créateurs, son esprit d’analyse hors normes, sa clairvoyance, sa curiosité

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naturelle qui le poussait constamment vers la nouveauté, son sens inné de la pédagogie, sa force de persuasion ont attiré à lui ses jeunes confrères, compositeurs et interprètes confon- dus côtoyés dans les grands centres d’enseignement interna- tionaux et les cours d’été les plus courus. Il s’en est pourtant fallu de peu que le jeune polytechni- cien néglige à jamais la muse pour embrasser une carrière diplomatique ou se tourner vers la haute finance. En effet, s’il a été dans son enfance l’élève de Robert Casadesus, que sa mère avait côtoyé au Conservatoire, priorité fut donnée par ses parents aux études générales puis scientifiques, elles- mêmes mises un temps entre parenthèses pour cause de Résistance, et il ne répondit à sa vocation de pianiste qu’en 1948. Ne pouvant de ce fait fréquenter le Conservatoire de Paris, il sut saisir l’opportunité de travailler les disciplines théoriques avec René Leibowitz. Après ses premiers récitals organisés par Gabriel Dussurget, c’est par le biais des Jeu- nesses musicales de France qu’il entre dans la carrière de concertiste, notamment en duo avec le violoncelliste Roger Albin, jusqu’à ce que ce dernier se tourne vers la direction d’orchestre. En 1954, il se lie au Domaine musical que vient de fonder Pierre Boulez, qui l’appellera vingt-deux ans plus tard au Conseil d’administration de l’Ensemble Intercon- e temporain. À l’instar de Boulez pour la musique du XX siècle, Helffer conçoit ses récitals tels des menus de gourmets, assor- tissant œuvres du grand répertoire et pages contemporaines. À partir de 1969, il donne des cours d’interprétation consa- crés autant à Beethoven et à Debussy qu’à l’École de Vienne et à la musique contemporaine, mettant le tout en regard avec l’histoire de l’homme et des arts, au Mozarteum de Salzbourg, en Amérique, au Japon ou au Centre Acanthes, et chez lui, à partir de 1976, expériences qui le conduisent à participer aux

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réformes successives de l’enseignement de la musique en France. Membre du Comité de rédaction de l’édition critique de l’œuvre complet de Claude Debussy, il a publié dans ce cadre les volumes consacrés auxPréludes, avec Roy Howatt, en 1985 et auxEtudesen 1991. Cet ouvrage est le reflet de trois journées d’entretiens fil- més accordées par Claude Helffer en son domicile parisien, du 31 mai au 2 juin 1999, dans le cadre de la série « Musique Mémoires » coproduite par l’Ina, la Sacem et le ministère de la Culture. Ces entretiens sont proposés dans leur intégralité dans le DVD encarté en troisième de couverture. Ces pages et les images qui leur sont associées restituent dans sa vérité cet homme spontané, cultivé, à l’esprit constamment en éveil, tandis que tous ceux qui l’ont côtoyé et aimé préservent le souvenir d’un être singulier, de vision universelle et d’une spi- ritualité rayonnante. Puisse son témoignage convaincre les musiciens interprètes de toute génération de s’intéresser de près à la musique de leur temps.

B. S. er Paris, 1 juin 2005