Composer avec les sons du corps humain
243 pages
Français

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Composer avec les sons du corps humain , livre ebook

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Description

Véritable retour aux sources de la musique, cet ouvrage met en lumière la nécessité d'une recherche interdisciplinaire pour comprendre le fonctionnement du phénomène musical. Neurologie, philosophie et sciences du langage se côtoient ici afin d'expliquer le lien entre musique, corporalité et physiologie. L'auteur y analyse l'oeuvre d'Elie Paul Cohen, musicien et médecin explorant l'impact que la musique produit sur l'auditeur à travers l'utilisation de sons obtenus grâce au corps humain lui-même.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2017
Nombre de lectures 9
EAN13 9782336797564
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

David Boisbourdin






Composer avec les sons du corps humain

Rencontre entre musique, physiologie et humanisme



Préface de Jacques Demongeot











© L’Harmattan, 2017
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.editions-harmattan.fr

EAN Epub : 978-2-336-79756-4
À Lucas et PaulPréface
J. Demongeot (Membre Honoraire de l’Institut Universitaire de France)
J’écris cette préface sous le coup de charme d’une émotion esthétique procurée près de Saint-Théoffrey (le
lieu magique où Olivier Messiaen composa une partie importante de son œuvre musicale) par une ondiste
exceptionnelle, Nathalie Forget, artiste tendue comme des fils d’aragne (plus solides qu’il n’y paraît) entre
musique et poésie, entre fidélité au compositeur et improvisation, entre solitude de la concertiste et
communion avec son public du Festival Messiaen. Je contemple un paysage magnifique, composé en partie
par l’Empereur, qui après la Rencontre de Laffrey du 7 mars 1815, fit tailler, dans les forêts qui dominent le lac
de Pétichet (lac aux oiseaux tant aimés par Messiaen), trois aigles gigantesques (le représentant lui,
MarieLouise et le Roi de Rome, regardant vers la capitale), faits d’ensembles de sapins vert foncé, qui tranchent
sur le vert tendre des alpages en été et sur le blanc de la neige en hiver. À les contempler, on se sent prince
et la musique prête ses ailes à l’étranger, enclin à la rêverie du vol de l’aigle…

Partons donc rêver avec l’ouvrage de D. Boisbourdin : il est clair et vif comme un torrent alpin et met en
perspective l’œuvre musicale d’un musicien médecin (ou médecin musicien, on ne saurait dire dans l’urgence
et avant de le connaître davantage), Elie-Paul Cohen, trop pudique pour être populaire, à la vie originale de
médecin urgentiste, où l’homme est autant fils de son œuvre que l’inverse, et cela dans une dimension
historique, où les liens très affectifs d’E.P. Cohen avec E. Varèse et A. Rimbaud éclairent sa démarche
créative. Il ne sépare jamais son art médical de son art musical, puisant dans les sons du premier (comme O.
Messiaen l’avait fait des sons familiers des oiseaux de Pétichet) les briques lui permettant de construire les
œuvres du second. L’ouvrage se termine par la perspective intéressante, décrite dans le chapitre de
conclusion finale, où la démarche d’E.P. Cohen augure d’une esthétique nouvelle, en étroite relation avec la
technologie médicale de pointe.

La première partie du livre de D. Boisbourdin est donc consacrée à la description successive de la
ème èmerévolution musicale électro-acoustique du XX siècle, puis à son renouveau au début du XXI siècle, dû
à l’intégration de nouveaux éléments de langage provenant de la musique populaire nouvelle (liée aux
nouveaux mondes du film, de la télévision, de la publicité et de la chanson) ou traditionnelle (folklorique ou
sacrée). Cette première partie est traversée par de nombreuses rencontres avec des compositeurs
contemporains, véritables synchronicités « quantiques », desquelles on peut approfondir le caractère
contingent, ou nécessaire... Nous ne prendrons que deux exemples liés à la musique, en laissant de côté un
aspect un peu négligé dans l’ouvrage, celui de la poésie et de ses résonances dans l’œuvre d’E.P. Cohen, à
partir de poèmes comme les Voyelles de Rimbaud, mais cela demanderait un autre livre… Constatons
d’abord qu’une des personnalités interviewées par D. Boisbourdin est le compositeur physicien J.C. Risset
(décédé depuis son interview, le 21 novembre 2016), qui écrivit la pièce Inharmonique (un des buts d’E.P.
Cohen est d’écrire une musique anharmonique…), faisant écho à la pièce Intégrales d’E. Varèse. J.C. Risset
a en effet passé 3 ans aux Etats-Unis, de 1964 à 1966, période où il a rencontré Edgard Varèse. Cela lui a
èmepermis de constater que la naissance et le développement de la musique électro-acoustique au XX siècle
étaient en discontinuité avec la définition traditionnelle de la musique, du fait de trois innovations de rupture :
i) les nouvelles technologies instrumentales électro-acoustiques (à laquelle est rompu E.P. Cohen, élève de
Gérard Grisey), ii) l’ancrage musical dans l’instinctif et le corporel (naturel chez E.P. Cohen, de par sa double
appartenance musicale et médicale) et iii) l’avènement de l’ordinateur (outil quotidien indispensable d’E.P.
Cohen).

Rappelons rapidement un contexte un peu plus large que celui présenté par D. Boisbourdin, sur un mode
en partie non académique, mais historiquement avéré. Nous le ferons à travers les deux pères spirituels
d’E.P. Cohen, Varèse et Rimbaud, en partant de la notion d’expression « parlante » non articulée de D.
Boisbourdin, qui s’intéresse aux mécanismes de transmission du ressenti de l’auteur vers son auditeur, qui
deviendra son « frère » esthétique (Brother, œuvre inédite d’E.P. Cohen…), car le but (même non explicite) du
compositeur est de transmettre son ressenti en suscitant des émotions échos homologues chez autrui, à
travers la stimulation sonore et le plaisir qu’elle engendre aux niveaux cortical, limbique et sous-cortical (cf.
par exemple le brevet de Paul Robertson et al., dans http://www.google.com/patents/WO2012168740A1?
cl=en). On pourrait presque parler, en termes médicaux, d’une épidémie du ressenti, qui comme le vecteur
(infectieux ou social) d’une maladie contagieuse, propage et entretient les symptômes de l’état émotionnel
musical dans l’ensemble des « contaminés ».Les pierres dorées des églises bourguignonnes de Varèse : à gauche, E.P. Cohen devant l’église du Villars er, à
droite, l’abbatiale Saint Philibert de Tournus (6 novembre 2015)
La population stable des contaminés sonores, après la phase épidémique, s’apparente au cercle des « fans »
irréductibles d’un artiste. Pour prendre un exemple, le cercle des amoureux de Varèse (1883-1965) ignore tout
de sa première œuvre Bourgogne, de facture classique, composée chez son grand-père Claude Cortot, au
Villars en 1907 et 1908 – à part une Dijonnaise, I. Chapuis, flûtiste, élève de Messiaen et interprète de Varèse
en Californie (cf. le site
http://www.afscv.org/isabelle-chapuis-represente-la-musique-classique-francaise-aufrench-festival-de-silicon-valley/), qui a bien connu Varèse comme sa mère pianiste qui l’avait joué à Dijon
dans les années 30. Cinquante ans après la mort de Varèse, ce cercle magnifie les œuvres
électroacoustiques ultérieures du Maître, issues du merveilleux Ionisation de 1929, malgré ou à cause du
« scandaleux » Déserts de 1954…

Claude Cortot (oncle du grand pianiste Alfred Cortot, maître de Robert Trimaille, lui-même maître de J.C.
Risset) était un vigneron bourguignon du Villars, qui fit connaître à son petit-fils Edgard Varèse l’arc chatoyant
des églises bourguignonnes, depuis la modeste église paroissiale Sainte Marie-Madeleine du Villars (qui a la
même dédicace votive que la basilique de Vézelay, exhibe un Christ en gloire du XIème en son cul de four et
possède un mur votif en souvenir de Cortot, Saint-Exupéry, Varèse, Voisin l’aviateur et de Léon Werth (le
romancier), jusqu’à l’abbatiale St Philibert de Tournus, dont les flèches, détachées sur le ciel ou la Saône,
furent au moins aussi inspirantes pour Varèse que les gratte-ciels de sa première œuvre américaine
Amériques, achevée à New York en 1921. Revenu en France de 1928 à 1933, Varèse croisa au Villars
Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944), qui venait souvent y visiter Léon Werth (1878-1955), écrivain et
critique d’art, son meilleur ami à partir de 1931 (il lui dédicaça « Le Petit Prince »), qui passait tous ses étés
au Villars, chez ses cousins Nicot. Varèse composa son poème symphonique Bourgogne, dont il détruisit la
partition juste avant sa mort, comme pour garder pour lui seul des souvenirs parmi les plus lointains et les
plus intimes de sa vie d’enfant, qu’il eût craint de partager avec des auditeurs inconnus (après ses Déserts si
mal reçus, on peut faire l’effort de le comprendre…).
Varèse passa sa vie à se passionner pour les sciences et les divers projets de lutherie électronique, en
encourageant la recherche de nouveaux instruments électro-acoustiques, comme le dynamophone de
Thaddeus Cahill, fondé

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