Le graffiti pour sauver des vies, L art s’engage contre le coronavirus au Sénégal
42 pages
Français

Le graffiti pour sauver des vies, L'art s’engage contre le coronavirus au Sénégal , livre ebook

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
42 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Un livre d’art engagé - En pleine pandémie du coronavirus, l’ouvrage Le Graffiti pour sauver des vies, richement illustré, montre comment l’art urbain s’engage dans la lutte contre le virus.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 octobre 2020
Nombre de lectures 27
EAN13 978-2-915258-
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Extrait

Aude Leveau Mac Elhone
@fondationdapper
pHoto couverture Universit Ceik Anta Diop, Dakar, (dtail), 2020 RBS Crew: Akonga, Freemind, MadZoo et OB Dieme © RBS Crew
Ouvrage dit sous la direction de Aude Leveau Mac Elone
Conception grapique Marie HerbreteauetJuliette Enfer
ISBN : 978-2-915258-48-6 © ́ditions Dapper, 2020 50, avenue Victor-Hugo, 75116 Paris Tous droits rservs er (loi n° 92-597 du 1 juillet 1992) Aucune partie de cet ouvrage ne peut ̂tre traduite, adapte ou reproduite, de quelque manìre que ce soit, sans l’autorisation de l’diteur.
Sommaire
#introduction6 � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � �
Quelques éléments de l’histoire du graffiti au Sénégal
Le graffiti pour améliorer la société sénégalaise
1#graffitipreventif18 � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � �
2#grafferpouralerter30 � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � �
3#personnelmedical38 � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � �
#interviews46 � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � @ati_diallo
@doctadsg
@madzootrk
#collectifs66 � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � @doxandem_squad
@rbscrew_sn
@undugraff
hors collectif
#fondationdapper74 � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � �
Promouvoir les arts anciens et l’art contemporain de l’Afrique, des Caraïbes et de leurs diasporas
L’auteure
Ouvrages numériques des éditions Dapper
#remerciements� � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � �80 � � � �
Autoroute de l’Avenir, Pont Hann, Dakar, 2020 RBS Crew: King Mow, Kromagnon et hiat © RBS Crew
#introduction
Maternit municipale de Yeumbeul Nord, Dakar, (dtail), 2020 Undu Graffiti: CarleStyles, Mbautta, O’markrak et Ounda © Ati Diallo
2020 restera une année marquée, pour le monde entier, par la
pandémie du coronavirus (Covid-19)� Venu de Chine, le virus
s’est rapidement propagé� Avec les milliers de déplacements internationaux quotidiens, des voyageurs, souvent asymptomatiques, ont transporté le mal invisible sur les autres continents, touchant violemment les plus vulnérables d’entre nous et obligeant les dirigeants à confiner chez elle plus de la moitié de
la population mondiale�
Cette situation anxiog̀ne ne paralyse pourtant en rien l’inspiration et la production artistiques.
La cration se nourrit de cette actualit, et des artistes de tout bord expriment, sur des mdiums varis, leur perception de cet vnement majeur de notre poque. Parmi eux, les initiatives destreet artse multiplient, partout dans le monde et au Sngal.
Parfois umoristiques, pour critiquer les mesures – ou l’absence de mesures – prises par un gouvernement en place ou encore encourager à rester cez soi, ces œuvres se veulent souvent directement ou indirectement porteuses d’espoir.
1 La Fondation Dapper, tr̀s active au Sngal , œuvre depuis plus de trente ans pour promouvoir les arts de l’Afrique et de ses diasporas. À travers ce livre numrique, elle a souait participer à sa manìre au formidable lan des artistes graffeurs sngalais. 2 Depuis plusieurs semaines, les membres du collectifRadikl Bomb Sot(RBS Crew),
1. La Fondation Dapper a t la premìre à prsenter dans le pays, en 2012, une exposition d’envergure runissant des œuvres d’arts anciens de l’Afrique et elle participe frquemment aux manifestations d’art contemporain qui y ont lieu (Biennale de l’art africain contemporain de Dakar, Regards sur cours à Gore…). 2. Collectif d’artistes graffeurs fond en 2012 par King Mow 504, MadZoo et Krafts, et compos de pr̀s de vingt membres.
8  #introduction
3.
Ralisation d’unsketcH, 2020 El Memf(RBS Crew) © El Memf
3 duDoxandem Squadou encoreUndu Graffitis’impliquent activement dans la lutte contre le coronavirus par la ralisation, sur les murs de Dakar et d’ailleurs, de graffitis informatifs et prventifs.
Cet ouvrage est galement l’occasion pour la Fondation Dapper de contribuer à la reconnaissance en cours du graffiti en tant que vritable mouvement artistique. Tr̀s loin des images de vandalisme et de provocation parfois vicules à l’encontre des graffeurs, l’art urbain prend progressivement place dans les muses et les galeries.
Depuis quelques annes, le graffiti connaît un essor mondial. Dakar est aujourd’ui l’une des villes d’Afrique de l’Ouest les plus dynamiques et prolifiques en matìre destreet art. Au Sngal, l’information et la conscientisation des populations constituent l’essence m̂me de cette discipline grapique, le plus souvent pratique en toute lgalit. Cette situation s’explique en grande partie par l’istoire du graffiti sngalais.
Collectif d’artistes graffeurs fond dans les annes 1990 par Docta.
#introduction  9
Quelques éléments de l’histoire du graffiti au Sénégal
4 Si le graffiti a, pour la premìre fois, t abord comme un art en 1960 , ce n’est qu’une dizaine d’annes plus tard que le mouvement dustreet arttel que nous le connaissons aujourd’ui se dveloppe vritablement. Il se construit aux ́tats-Unis dans un contexte de mutations et de tensions sociales multiples : l’arcitecture des villes se modifie et les banlieues apparaissent, de nouvelles revendications sociales mergent.
Au m̂me moment, des peintures murales surgissent au Sngal, prcurseur des pays africains en matìre d’art urbain. Le premier prsident du pays, le pòte Lopold Sdar Sengor, finance alors la ralisation de fresques sur les façades des bâtiments administratifs 5 et dans les nouveaux quartiers urbaniss comme HLM par les l̀ves de l’́cole des arts de Dakar, institution qu’il a cre quelques annes plus tôt.
Mais c’est avec le mouvement politique et social du Set Setal, à la fin des annes 1980, que l’identit du graffiti sngalais semble vritablement se construire, concomitamment avec l’mergence du ip-op dans le pays.
Apr̀s de violentes meutes, dans des conditions conomiques difficiles, la jeunesse, soutenue dans un second temps par l’́tat sngalais, va initier un programme de nettoyage et d’embellissement de Dakar à travers la ralisation de murs peints. Littralement, Set Setal signifie en wolof « propre » (set) et « rendre propre » (setal). Au-delà de la transformation de lieux en dsrence, l’istorien Mamadou Diouf souligne que « ce double terme renvoie aussi aux notions de propret morale face à la corruption de la 6 classe dirigeante ».
Universit Ceik Anta Diop, Dakar, (dtail), 2020 RBS Crew: Akonga, Freemind, MadZoo et OB Dieme © RBS Crew
4. Brassaï,Graffiti, Paris, Flammarion, 2016. 5. C. Leduc-Gueye, « Du Set Setal au Festigraff : l’volution murale de la ville de Dakar »,CaHiers de Narratologie, n° 30, 2016, p. 4 [en ligne]. 6. M. Diouf, « Fresques murales et criture de l’istoire. Le Set Setal à Dakar »,Politique africaine, n° 46, 1992, p. 2.
10  #introduction
Le graffiti n’a jamais été interdit. […] Il est respecté au Sénégal comme un art à part entière. Nous ne sommes pas des vandales mais des artistes, et nous sommes respectés comme tels.
Docta
De nombreux jeunes engags, notamment le collectifDoxandem Squaddont fait partie Docta, pionnier du graffiti sngalais, investissent alors les murs de Dakar. Dans une ville 7 où les traces de la colonisation française sont partout, ils ambitionnent de construire une ville plus proce de l’identit nationale et, plus largement, panafricaine. Les jeunes 8 graffeurs dessinent des personnages istoriques comme Leopold Sdar Sengor ou religieux tel Ceik Amadou Bamba, fondateur de la confrrie mouride qui rsista au pouvoir colonial.
Plus encore, le Set Setal, sous l’impulsion d’ONG, œuvre pour le dveloppement de la ville en abordant des problmatiques sociales et sanitaires qui constituent l’iconograpie 9 majoritaire du mouvement . D̀s lors, le graffiti acquiert une « fonction ducative, 10 accompagne d’un texte pour en imposer la lecture ».Doctaanalyse : « Le graffiti n’a jamais t interdit. […] Il est respect au Sngal comme un art à part entìre. Nous ne 11 sommes pas des vandales mais des artistes, et nous sommes respects comme tels . »
Le graffiti sngalais s’est forg sa propre identit.
Pape Diouf Quartier de Malika, Pikine, Dakar, (dtail), 2020 Undu Graffiti: CarleStyles, Mbautta, O’markrak et Ounda © Undu Graffiti
7. L’indpendance du Sngal date du 4 avril 1960. 8. Dans la ligne du Set Setal, on voit apparaître des graffitis en ommage au journaliste sportif et agent de joueurs Pape Diouf, dcd du coronavirus. 9. ́tude statistique de J. Bugnicourt et A. Diallo, 1991. 10. M. Diouf,op. cit., p. 12. 11. C. Leduc-Gueye,op. cit., p. 19.
12  #introduction
Le graffiti pour améliorer la société sénégalaise
Aujourd’ui, l’engagement des graffeurs, marqus par les fondements du Set Setal, perdure.Ati Diallo, manageur d’artistes graffeurs, souligne ainsi que « le graffiti est tr̀s engag socialement et spirituellement. Beaucoup d’artistes europens mettent l’accent 12 sur leurblaze. En Afrique, le graffeur doit plutôt avoir un message fort qui doit parler 13 à la jeunesse ou à l’́tat ». Les lieux investis sont galement remis en tat et nettoys. Colors, ils deviennent souvent un petit marc ou un lieu d’canges pour la population, qui se rapproprie des zones longtemps abandonnes. Les artistes abordent des t̀mes comme l’immigration clandestine, la sant, l’environnement ou le respect des aîns. Les graffeurs, dans la ligne de l’initiative de la caravane Graff & Sant fonde en 2008 14 parDoctapour « soigner le corps et les murs » en ralisant des images de prvention sanitaire (ygìne, paludisme, maladies sexuellement transmissibles…), s’engagent notamment sur des sujets de sant publique comme le blanciment de la peau ou, aujourd’ui, le coronavirus.
Ainsi, les artistes urbains investissent l’espace public dans une vocation non seulement esttique, mais galement didactique. Afin que le message parvienne au plus grand nombre, les graffeurs s’adressent aux abitants dans leur propre milieu de vie, suscitant les canges avec les passants. L’art vient à ceux qui ne sont pas familiers des muses, voire des coles.
12. Le « blaze » est le pseudonyme traditionnellement coisi par caque graffeur pour exercer son art. 13. J.-A. Essosso, « Quand le graffiti ajoute de la couleur dans les villes africaines »,Le Monde Afrique, 7 juillet 2015 [en ligne]. 14.doctadsg.com
14  #introduction
MadZoo, prsident duRBS Crew, souligne que, « au Sngal, le graffiti a une grande dimension sociale et inclut totalement les populations. L’art s’adapte aux ralits locales. Ce n’est pas une bataille entre l’ordre tabli et nous, c’est un travail de conscientisation. Ce n’est pas une lutte acarne, c’est un moyen de conversation. Le graffiti est la voix 15 du peuple ».
C’est ainsi qu’encourags parAti Diallo, les graffeurs du collectifUndu Graffitiet leurs acolytes ont pris l’initiative de peindre pour faire prendre conscience aux Sngalais des dangers du coronavirus.
À travers leurs fresques, il s’agit d’apprendre au plus grand nombre l’importance des gestes barrìres pour se protger et protger les autres, d’alerter sur les risques encourus par les plus fragiles et de rendre ommage aux soignants.
Quartier HLM, Dakar, 2020 Doxandem Squad: Docta et Sangue Musique « Fagaru Ci Coronavirus », collectif Yen a Marre © Doxandem Squad   
15. A.-M. Befoune, « Le graffiti au Sngal, un art social et engag »,Irawo, 25 avril 2017 [en ligne].
#introduction 15
Hôpital Gaspard Camara, Dakar, 2020 Doxandem Squad: Docta, Moun T et Sangue Diablos (RBS Crew), Pacino et Sadik © Doxandem Squad
1 #graffitipreventif
Universit Ceik Anta Diop, Dakar, (dtail), 2020 RBS Crew: Akonga, Freemind, MadZoo et OB Dieme © RBS Crew
À l’heure où plus de la moitié de la population mondiale s’est vu
imposer des mesures de confinement, le Sénégal, dont une partie
de ses habitants gagne sa vie au jour le jour, souvent sans contrat
de travail protecteur, ne peut pas mettre en place une interdiction d’aller et venir similaire à celle instaurée dans de nombreux pays du Nord�
D̀s lors, seuls un couvre-feu et des restrictions de circulation entre les rgions sont imposs. Les Sngalais continuent majoritairement à travailler, donc à interagir et, potentiellement, à transporter le virus.
Dans ce contexte, le respect par cacun des gestes barrìres constitue un rel enjeu pour ne pas ̂tre envai par la pandmie : se laver les mains frquemment avec du savon ou utiliser une solution ydroalcoolique, ne pas se serrer la main, rester à distance de son entourage, tousser ou ternuer dans son coude, utiliser un moucoir à usage unique et 16 le jeter dans une poubelle… La liste est longue et, comme le souligneAkonga, membre du collectifRBS Crew, les graffeurs savent s’adresser au peuple car ils en font partie, ils sont au plus proce des ralits. Selon lui, pas besoin de longs discours, ni de prases compliques pour endiguer le virus, il faut simplement des images pour faire comprendre à tous ce qui se passe et ce qui doit ̂tre fait, comme cela a t fait avec succ̀s contre le virus Ebola en 2015.
Conscients de leur rôle à jouer dans la lutte contre le coronavirus, les collectifs de graffeurs, qui agissent dans la rue mais de plus en plus souvent lors de festivals et de 17 manifestations culturelles , au Sngal comme à l’tranger, ont tr̀s rapidement mis en place une stratgie pour se consacrer pleinement à ce qui fait la puissance du graffiti en matìre de communication : ̂tre un art de rue, public et accessible à tous.
16.Interview Medi1 TV Afrique, 13 avril 2020. 17.Biennale d’art contemporain africain de Dakar, Sanaafest, Last Wall Tour, Festigraff…
20  #graffitipreventif
Maternit municipale de Yeumbeul Nord, Dakar, (dtail), 2020 Undu Graffiti: CarleStyles, Mbautta, O’markrak et Ounda © Droits rservs
#graffitipreventif  21
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents