LA PROSTITUTION A CUBA
160 pages
Français

LA PROSTITUTION A CUBA , livre ebook

-

160 pages
Français

Description

Après l’implosion de l’empire soviétique, Cuba devient un de ces pays pauvres – à l’égal d’Haïti – une de ces îles où la misère et le désespoir poussent les uns à risquer leur vie sur un radeau, les autres à choisir l’illégalité, le vol ou la prostitution pour survivre. Sami Tchak dresse un tableau terrible des contradictions idéologiques, politiques et économiques dont ont souffert les pays de l’Est hier, et dont souffre Cuba aujourd’hui.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 1999
Nombre de lectures 755
EAN13 9782296394490
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La prostitution à Cuba@ L' Harmattan, 1999
ISBN: 2-7384-8185-XSaIni Tchak
La prostitution à Cuba
Communisme, ruses et débrouille
Préfaced'Eduardo Manet
L'Harmattan L'Harmattan Inc.
5-7, rue de l'École Polytechnique 55, rue Saint-Jacques
75005 Paris - FRANCE Montréal (Qc) - CANADA illY IK9Collection Recherèhes et Documents -Amériques latines
dirigée par Denis Rolland, Pierre Ragon
Joëlle Chassin et Ide/ette Muzart Fonseca dos Santos
Dernières parutions
MUZART FONSECA DOS SANTOS Idelette, La littérature de
Cordel au Brésil. Mémoire des voix, grenier d'histoires, 1997.
GROS Christian, Pour une sociologie des populations indiennes et
paysannes de l'Amérique Latine, 1997.
LOBA TO Rodolfo, Les indiens du Chiapas et la forêt Lacandon,
1997.
DE FREITAS Maria Teresa, LEROY Claude, Brésil, L'utopialand de
Blaise Cendrars, 1998.
ROLLAND Denis, Le Brésil et le monde, 1998.
SANCHEZ Gonzalo, Guerre et politique en Colombie, 1998.
DION Michel, Omindarewa /yalorisa, 1998.
LE BORGNE-DAVID Anne, Les migrations paysannes du sud-Brésil
vers l'Amazonie, 1998.
COLLECTIF, L'Amérique Latine et les modèles européens, 1998.
GRUNBERG Bernard, L'inquisition apostolique au Mexique, 1998.
GUlCHARNAUD-TOLLIS Michèle (dir.), Le sucre, 1998.
BOCCARA Guillaume, Guerre et ethnogenèse Mapuche dans le Chili
colonial, 1998.
MAUGEY Axel, Les élites argentines et la France, 1998.
PICARD Jacky, Amazonie brésilienne: les marchands de rêves, 1998.
BELLA ABELLAN Salvador, L'univers poétique d'Eliséo Diégo,
1998.
MALENGREAU Jacques, Structures identitaires et pratiques
solidaires au Pérou, 1998.
BLANCPAIN Jean-Pierre, Le Chili et la France (XVlIIe-XXe siècles),
1999.
VIQUEIRA Juan Pedro, Une rébellion indienne au Chiapas, /712,
1999.
ABREU DA SILVEIRA M..C, Les histoires fabuleuses d'un conteur
brésilien, 1999.
CENTRE D'ETUDES SUR LE BRESIL, Matériaux pour une histoire
culturelle du Brésil, 1999.À Marie-Fran~e Prudenté, ma collaboratrice
À Malick Tchak et à sa mère Bédéwia
À 0110 Da, le cousin qui m'a toujours soutenu
À Boni Mongo, pour notre amitié
À Gustave Tondji-Niat, ma profonde gratitudeDu même auteur chez le même éditeur :
La sexualité féminine en Afrique, 1999
Formation d'une élite paysanne au Burkina Faso, 1995
Chez les Nouvelles Éditions Africaines de Lomé:
Femme infidèle (roman), 1988Préface d'Eduardo Manet*
Un jour, j'ai reçu une aimable lettre de monsieur Sami
Tchak me proposant d'écrire la préface de son livre La
prostitution à Cuba. Je dois avouer que j'ai mis un certain
temps à lui répondre: le titre de son livre me faisait peur. La
presse écrite, la télévision, les nombreux touristes qui
revenaient de l'île ne cessaient de parler du « retour de la
prostitution à Cuba ».
Le mot espagnol jinetera (cavalière) est pour tous
synonyme de pute. À en croire certains commentateurs, l'île
serait en passe de se transformer en un grand bordel
flottant. Une amie cubaine mariée à un Français, mère de
famille, m'a dit cette phrase terrible: «les Cubaines
deviennent, que nous le voulions ou non, le fantasme sexuel
du tourisme international ». Elle m'a raconté aussi la honte,
la rage de ses amies restées dans l'île qui ne se résignent pas
à nourrir les rêves érotico-tropicaux des mâles européens.
«Les Cubaines sont prises au piège d'une réalité
économique désastreuse », a-t-elle ajouté. «C'est la misère
qui transforme une femme en prostituée. Le métier le plus
* Eduardo Manet est écrivain français d'origine cubaine. Il a déjà publié
plusieurs romans dont L'île du lézard vert (Flammarion, 1992 - Prix
Goncourt des lycéens), Rhapsodie cubaine (Grasset, 1998 - Prix
Interallié) et D'amour et d'exil (Grasset, 1999).
9vieux du monde n'a pas été inventé hier, encore moins à
Cuba ».
Dépassant mon appréhension première, je me décidai
donc à lire le livre de monsieur Tchak. Je n'ai pas eu à le
regretter. J'ai trouvé qu'au-delà d'une vision exacte et
objective de la réalité cubaine, l'auteur apportait des
éléments nouveaux en décrivant le pouvoir corrupteur de
l'argent chez les étudiants africains "boursiers" des pays
socialistes. Dans un langage simple, avec rigueur et
méthode, Sami Tchak va au-delà d'une enquête sur la
prostitution à Cuba. Africain originaire du Togo,
connaissant parfaitement le mode de vie des étudiants
boursiers dans les ex-pays de l'Est, et dans l'île de Cuba
d'aujourd'hui, il analyse sans concession le processus qui
pousse des étudiants mal adaptés dans un pays d'accueil, et
disposant d'une monnaie forte qui fait d'eux des sortes de
nouveaux riches dans des pays où articles de consommation
courante et de luxe manquent, à entrer dans un cercle
infernal. L'étudiant achète par exemple à Moscou du caviar
et de l'alcool à des prix avantageux dans les boutiques pour
étrangers. Il revend ces articles aux prix forts dans les pays
capitalistes où il passe ses vacances, et achète des articles
(parfums français, produits de beauté...) qu'il revend au
marché noir dans les pays socialistes où il fait ses études,
des biens de consommation généralement très convoités
làbas. Cette plus-value apporte à sa bourse d'étudiant un
supplément substantiel, parfois considérable. L'étudiant
devient marchand à mi-temps, quand il ne se transforme pas
en trafiquant à plein temps ou carrément en dealer. Étrange
perversion d'une idée au départ généreuse. Au nom de
l'amitié entre les peuples, les pays communistes (dont Cuba)
ouvrent leurs portes et soutiennent les études dans leurs
écoles, leurs universités, leurs instituts technologiques, de
jeunes frères d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine. Cuba a
ainsi accueilli massivement des milliers de jeunes africains
pour y faire leurs études secondaires et universitaires, des
10études qui durent parfois huit à dix ans. Cette générosité a
sa contrepartie: les régimes marxistes-communistes de ces
pays forment dans la pureté du dogme les dirigeants et
cadres susceptibles de gouverner demain les pays en voie de
développement. À noter que Cuba y ajoute un enseignement
de plus: l'entraînement militaire, formant ainsi des
étudiants-combattants, des étudiants-guerilleros.
Mais le revers de la médaille c'est que ces étudiants ont
eu tout le temps d'observer le pourrissement intérieur des
régimes totalitaires de ces pays de l'Est qui les ont
accueillis, le cynisme généralisé, l'incompétence de certains,
la corruption des autres. Et surtout le manque d'espoir et
l'absence d'idéaux des gens qu'ils sont amenés à fréquenter.
J'ai connu cette expérience: à Prague, à Varsovie, à
Moscou, mes amis « boursiers» m'assuraient qu'on pouvait
trouver dans toutes les capitales de l'orthodoxie communiste
drogues, produits de luxe, call-girls expertes... que ce n'était
qu'une question de prix.
Sami Tchak divise son étude sur la prostitution à Cuba en
deux parties: avant la chute du mur de Berlin en 1990, et
après, ce qu'on appelle lapériode spéciale.
Force est de constater qu'avant 1990 Cuba connaissait
déjà, comme le reste des pays socialistes, une situation de
jinétérisme galopant, jinétérisme signifiant plutôt
débrouillardise. Hommes et femmes essayaient de rendre
leur quotidien moins sombre et moins difficile en faisant
des petits trafics avec les étudiants boursiers, en majorité
des jeunes africains. Après 1990, l'arrivée massive des
touristes a changé les règles du jeu. La prostitution sur
l'avenue du Malec6n, dans les rues de la Vieille Havane, et
autour des hôtels s'est développée très vite. Le phénomène
des jineteras a pris de l'ampleur. Sami Tchak décrit avec
humour le désarroi des boursiers africains toujours présents
à Cuba: dans les cercles qui les adulaient, ils ne sont plus
aujourd'hui les rois, parce que le roi aujourd'hui à Cuba,
c'est le touriste.
11Ainsi, par une sorte de destin tragique, après l'implosion
de l'em

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