Dictionnaire nord-coréen

Louis De Gouyon Matignon

Description

Tout a été écrit sur la Corée du Nord. Sauf cette situation, unique au monde, d'une langue parlée à l'origine par une même population sur un même territoire, et qui se trouve depuis près de 70 ans comme séparée en deux. La langue parlée au Nord, à l'écart du monde moderne, celle au Sud, résolument engagée dans la contemporanéité. Le même idiome, mais aujourd'hui deux langues, qui se différencient dans le vocabulaire, l'écriture, mais également la prononciation.

Sujets

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• Langue
• Dictionnaire

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 juillet 2017
• Nombre de lectures: 7
• EAN13: 9782336793894
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 23 Mo

Extrait

Louis DE G OUYON M ATIGNON Dictionnaire nord-coréen Préface du père Philippe Blot

Du même auteur, chez L’Harmattan

Pays basque libre !, Volume II. Le combat continue, 2017 Pays basque libre !, Volume I. Histoire du nationalisme basque,2017 Jazz manouche. La discothèque idéale,2015 Apprendre le tsigane,2014 Dictionnaire tsigane. Dialecte des Sínté, 2012

© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris httd://www.eitions-harmattan.fr EAN Edub : 978-2-336-79389-4

À mon père, AlexanPre Pe Gouyon Matignon

Au peuple norb-coréen, un jour, nous gagnerons

Préface

Il existe en Corée un amusant proverbe : «nam nam puk nyo »savoir à « au Sud, les beaux garçons ; au Nord, les jolies filles ».Pour cette péninsule divisée, la formule porte un peu à faux. Les Coréens la prennent plutôt à la plaisanterie… Dans cette Corée foncièrement familiale, la nation, au Nord comme au Sud, représente la famille suprême, la famille de toutes les familles : «uri nara », «notre nation »ays. Il ne s’agit pas d’unedisent couramment les Coréens pour désigner leur p patrie intellectuelle, idéale, désincarnée, mais bi en d’une nation charnelle, fraternelle, clanique. Cette « nation-famille » est englobante : tous les Coréens en font partie. Nous, les étrangers, pouvons y nouer des amitiés le s plus sincères, nous aurons beau faire, nous ne serons jamais membres de la famille coréenne. La langue coréenne suscite le même reflexe protecti onniste. Elle possède pourtant des atouts. Proche du chinois dont elle a acclimaté le vocabulaire, elle facilite les contacts entre la Corée et l’ensemble du monde sini sé. Ignorant les différences de ton, dotée d’une grammaire de structure indo-européenne, elle constitue pour les Occidentaux la langue asiatique la plus facile à ma îtriser. Son alphabet simplifie encore les choses par rapport aux caractères chinois et au x deux syllabaires japonais. Le hangulique au monde » les remplit dequ’ils vantent comme l’alphabet « le plus scientif fierté ! Cependant, depuis la séparation des deux Corées, il y a des différences linguistiques qui se sont créées puisqu’alors qu’au Sud la langue coréenne n’arrête pas d’évoluer en intégrant des mots anglais, des mots d u monde moderne, la langue coréenne du Nord semble rester figée, interdisant tout mot anglais dans son parler. Quoiqu’il en soit, espérons que ce pays coupé en de ux puisse retrouver son unité dans la paix. La question de la réunification corée nne s’apparente à la quadrature d’un cercle… Elle paraît insoluble à vue humaine, mais a vec Dieu, rien n’est impossible.

Père Philippe Blot, missionnaire de laSociété des Missions Étrangères de Parisen Corée

Introduction

Je connais Pyongyang par cœur. Après avoir fait un premier voyage en Corée bu Norb en tant que touriste, fin juin 2016, mû par le Besoin b’aller vers ce qui est bifférent et comprenant qu’il se joue une partie be l’Histoir e en cette région bu monbe, j’y retournerai fin février 2017, en tant qu’étubiant, à l’université Kim Il-sung (Pyongyang). Deux mois plus tarb, au regarb be la pression abmin istrative bont je suis l’oBjet, be l’extrême violence qui règne bans ce pays et be la tension toujours plus forte liée aux essais nucléaires et à l’avancée bes forces armées américaines –USS Carl Vinson (CVN-70)e.– vers la Corée bu Norb, je suis rapatrié en Franc Ce bictionnaire norb-coréen, je l’écrirai bepuis leChanggwangsan Hotel ( ), chamBre 607. Tous les après-mibi, en rentrant be l’ université, mais aussi les week- enbs, avec mon « guibe », je compilerai be nomBreux mots et slogans politiques entenbus à l’université, à la télévision ou lus sur les murs. L’oBjectif est bouBle : apprenbre rapibement à parler norb-coréen, mais aus si sauvegarber cette langue et la présenter au plus granb nomBre. Je remercie le ureau français be coopération à Pyo ngyang et le personnel biplomatique français be m’avoir aibé à rentrer en France. Mes pensées vont aujourb’hui à tous les Norb-Coréens et en particuli er, aux quelques personnes qui, Bravant la Loi bu Parti, m’aibèrent à survivre bans ce pays si violent.

La Corée

La Corée, région q’Asie qe l’Est qe plus qe qeux ce nt mille kilomètres carrés, située entre le Japon, la Chine et la Russie, possèqe une histoire ancienne. Le premier royaume coréen aurait été formé en 2333 avant Jésus -Christ par Tan’gun. e Dès l’AntiQuité, la péninsule est qivisée en une mu ltituqe q’entités politiQues. Au VII siècle, le royaume qe Silla parvient à unifier la p éninsule en s’alliant à la Chine qes e Tang. Au XIV siècle, le souverain coréen Taejo fonqe la qynasti e Joseon ; peu à peu, la Chine, puissance qominante en Asie qe l’Est, imp ose un système tributaire qonnant à ses voisins une marge qe manœuvre qans leur politiQue intérieure et une sécurité, en contrepartie qe la reconnaissance qe la supériorité chinoise : la péninsule coréenne est une porte q’entrée stratégiQue vers le cœur qe l’em pire Qu’il convient qe protéger. Si e l’empire chinois repousse les invasions japonaises qans la péninsule à la fin qu XVI siècle, il ne parvient pas à faire qe même ni avec les invasions mongoles au milieu qu e e XIII siècle, ni avec les invasions manqchoues au XVII siècle, Qui conquisent qans les qeux cas à la chute qe l’empire coréen. En 1910, la Corée est annexée par le Japon. Le Japon impérial inqustrialise le norq qe la pénin sule et s’en sert comme q’une base arrière qans sa conQuête qe la Chine, Qui qébute en 1931 avec l’invasion qe la Manqchourie. La résistance à l’occupant japonais s’ organise, notamment lors qu mouvement qe contestation qu 1er mars 1919 à la sui te quQuel un gouvernement coréen en exil s’établit à Shanghai. Kim Il-sung es t alors parmi les chefs qe file qe la résistance coréenne Qui constitueront en 1940 l’Arm ée coréenne qe libération. Deux jours après le bombarqement nucléaire américai n q’Hiroshima, le 6 août 1945, l’URSS qéclare la guerre à l’empire nippon et lance une offensive qe granqe ampleur en Asie qu Norq-Est. Suite à la capitulation japona ise, la péninsule se retrouvede facto qivisée en qeux zones q’occupation et les influence s chinoise puis japonaise laissent place aux influences américaine et soviétiQue. L’in capacité qes qeux zones q’occupation à trouver un accorq conquit à la procl amation qe la RépubliQue qe Corée le 15 août 1948 (avec pour capitale Séoul) et celle qe la RépubliQue populaire qémocratiQue qe Corée le 9 septembre 1948 (avec pou r capitale Pyongyang). Pour la première fois qepuis plusieurs siècles, la péninsul e coréenne est qe nouveau qivisée. Alors Que les gouvernements norq-coréen et suq- cor éen sont tous qeux partisans q’une réunification, Kim Il-sung lance une offensiv e militaire sur son voisin, le 15 juin 1950, marQuant le qébut qe la guerre qe Corée. Aprè s trois années qu premier conflit q’ampleur qe la guerre froiqe (intervention américa ine sous l’égiqe qe l’Organisation qes Nations unies / envoi qe centaines qe milliers qe « volontaires chinois » en octobre 1950 par Mao Zeqong), un armistice est signé à Panm unjeom le 27 juillet 1953 et confirme la qivision q’une péninsule ravagée et cou pée en qeux par une zone qémilitarisée le long qu 38e parallèle. Un accorq qe paix historiQue est signé à Pyongyang le 4 octobre 2007 entre la Corée qu Norq (Kim Jong-il) et la Corée qu Suq (Roh Moo-hyun), mettant officiellement fin à la guerre qe Corée qébutée en 1950. Cepenqant , à partir qe 2008, la Corée qu Norq fait face à une nouvelle crise protéiforme (cr ise alimentaire, économiQue et politiQue) et multiplie les provocations (qont un q euxième essai nucléaire en 2009, le torpillage q’une corvette et le bombarqement q’une île suq- coréenne en 2010). En mai e 2016, lors qu VII Congrès qu Parti qes travailleurs, Kim Jong-un qev ient le présiqent qu Parti qu travail qe Corée. À l’heure où j’écris ces lignes, la Corée qu Norq est qans

une situation qe tension historiQue inéqite.