L enseignement du français en colonies
271 pages
Français

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L'enseignement du français en colonies , livre ebook

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Description

Comment le français se constitue-t-il en tant que langue d'enseignement dans les contextes de confrontations sociales, linguistiques et culturelles inégalitaires que sont les contextes de colonisation ? Ces quinze contributions s'intéressent à l'introduction du français à l'école primaire. Trois directions de travail sont privilégiées : La mise en place des principes éducatifs qui instaurent le français comme langue de l'école, suivent des portraits d'instituteurs "passeurs du français". Enfin la fonction des manuels de français dans le processus de didactisation du français est étudiée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2010
Nombre de lectures 379
EAN13 9782296696556
Langue Français
Poids de l'ouvrage 17 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS
EN COLONIES


Expériences inaugurales
dans l’enseignement primaire
Nommer les langues, Multilinguismes
et Institution des langues

Collection dirigée par Andrée Tabouret-Keller

La collection se propose l’étude des situations multilingues dans leur rapport avec la nomination et l’institution des langues. Quoique les plus nombreuses sur terre aujourd’hui, ces situations n’entraînent pas la reconnaissance institutionnelle des langues en présence et n’affectent qu’inégalement les pratiques langagières bi- ou plurilingues des personnes. Ce second tome de la collection, dirigé par Dalila MORSLY, concerne L’enseignement du français en colonies. Expériences inaugurales dans l’enseignement primaire.
Sous la direction
de Dalila Morsly


L’ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS
EN COLONIES


Expériences inaugurales
dans l’enseignement primaire


L’H ARMATTAN
Maquette et couverture
A. Silem


© L’H ARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11494-4
EAN : 9782296114944

Fabrication numérique : Socprest, 2012
AVANT-PROPOS Andrée TABOURET-KELLER
L e tome I de la série Nommer les langues. Multilinguismes et institution des langues , dirigé par Foudil Cheriguen (Algérie, Université de Béjaïa), paru en 2007, avait pour objet de mettre en évidence comment dans le cas de l’Algérie au tournant du vingtième au vingt et unième siècle, « la nomination des langues s’inscrit dans le contexte d’un jacobinisme avec un résultat paradoxal : une planification linguistique étatique en porte-à-faux de la situation socio-linguistique vécue {1} ». Il illustre comment nommer une langue, loin d’être un problème linguistique, est à la fois le moyen et le révélateur d’enjeux, généralement discordants, parfois contradictoires, qui intéressent les sociétés et leurs institutions, et du même coup le sort des personnes. La catégorie de langue résulte d’une élaboration et de re-constructions permanentes qui ne dénotent pas un objet naturel : il s’agit de savoir qui a procédé à l’acte de délimiter et de nommer l’entité linguistique considérée, dans quelles circonstances et dans quels buts et comment ces délimitations peuvent changer. Le nom d’une langue est arbitraire et chacun se révèle un mille-feuille de significations. Ce feuilletage est sans fin car chacun – de l’homme de la rue au linguiste ou à l’homme politique – y ajoute ou bien en retranche ce qui sert les fins qu’il poursuit. L’emploi du nom d’une langue est révélateur des représentations et des attitudes qu’adopte celui qui parle pour affirmer, reconnaître, ou minorer voire taire ses relations aux langues ; il est tout autant révélateur des soubassements politiques et idéologiques de l’institution des langues.
Le tome II, dirigé par Madame le professeur Dalila Morsly (Université d’Angers), a pour objet de mettre en évidence comment dans le cas de la colonisation française, « le français » se constitue en tant que langue d’enseignement. S’affirme sous ce nom unique l’unité de la langue de la métropole comme symbole d’un pouvoir central – celui de la puissance colonisatrice – et d’une unification imaginaire dont la francophonie d’aujourd’hui est un avatar. Les quatorze études qui constituent ce tome, concernent une période qui s’étend du début du dix-neuvième à la moitié du vingtième siècle, elles rassemblent des cas venus des horizons divers de « nos colonies », de l’Afrique du nord à l’Afrique sub-saharienne, jusqu’à la Polynésie.
Les pays et régions que la France coloniale annexe par différents moyens, militaires, politiques, économiques, sont multilingues {2} , l’institution de l’instruction élémentaire – écrire et lire en premier lieu – est unilingue : le français seul et partout. La richesse de la pluralité des langues et des cultures des pays conquis est ignorée en mettant en avant leur « sous-développement » : la France apporte le progrès par l’école pour tous avec une langue qui a fait ses preuves par sa littérature, son système judiciaire, son administration, ses armées. Il ne s’agit pas d’identifier et de nommer les langues présentes mais d’employer un seul et même vocable, le français. Il faut la même langue pour tous les continents, avec si possible des enseignants, maîtres et maîtresses, formés en France pour les premiers d’entre eux, formés localement en français pour les suivants.
Les études réunies par D. Morsly sont précieuses : elles illustrent au moins trois versants de cette entreprise, correspondant aux grandes parties du livre.
1. Celui des décisions institutionnelles qui ont contribué à la mise en place d’enseignements centrés sur la langue française.
2. Celui de l’application de ces décisions par les personnes chargées des programmes de l’instruction élémentaire ; le plus souvent pleines de générosité, elles croient à la valeur de l’instruction – c’est vrai aussi que celles qui sont originaires de métropole sont mieux payées qu’elles ne le seraient, restées chez elles -; elles souhaitent participer à la grande œuvre qui veut sortir les populations incultes de l’ignorance et parfois de leur aliénation religieuse, populations si différentes à bien des égards de celles de la métropole, différences pour le moins incomprises, voire déniées de quelque valeur.
3. Enfin le versant du manque général de moyens malgré le discours généreux, voire les entreprises généreuses de certains : les bâtiments scolaires sont rudimentaires, inadaptés ou inexistants, les manuels sont rares et généralement inadaptés, mais surtout la langue du maître et du savoir à acquérir et celle(s) des élèves sont étrangères l’une à l’autre, pas seulement en tant que langue mais plus encore en tant que véhicule de cultures jugées en termes d’opposition, voire d’exclusion, celle prestigieuse de la métropole opposée à celle des élèves, méconnue.
Les études proposées sont exigeantes pour le lecteur pour deux raisons surtout : il va devoir choisir le point de vue selon lequel il souhaite apprécier les données présentées, se situer lui-même par rapport au fait colonial, à un passé dont bien des aspects échappent encore à l’investigation, il va devoir élaborer, voire interroger ses propres positions quant aux mesures institutionnelles concernant les langues dans son propre pays, la France n’étant de loin pas le seul exemple de politiques linguistiques discutables. Ce livre stimule l’investigation des pratiques de l’instruction élémentaire chez soi et ailleurs, aujourd’hui et par le passé, du sens qu’elles ont pu prendre et prennent aujourd’hui pour tous ceux qu’elles concernent, en fait nous tous.
PRÉSENTATION Dalila MORSLY
D epuis qu’un certain nombre de questions en relation avec le passé colonial de la France et des pays soumis à colonisation ont refait surface à la suite d’événements ou de discours divers, les rencontres et publications sur le fait colonial se sont multipliées. En dépit de ce foisonnement, nous proposons de revenir, en tant que sociolinguistes et didacticiens, sur l’institution (R. Balibar) du français, comme langue de l’école en situations coloniales. Un nombre conséquent de travaux a déjà décrit et analysé – on pense, bien sûr, au percutant Linguistique et colonialisme de Louis-Jean Calvet – les phénomènes liés à l’intrusion du français en colonies.
Cependant, le sujet est bien loin d’être épuisé. La diversité des questions et la complexité des problématiques soulevées par l’événement ou l’avènement colonial restent à explorer.
On a beaucoup analysé l’émergence et la mise en œuvre des politiques et planifications linguistiques par le système colonial et montré quels types de discours soutenaient ces entreprises. On a beaucoup analysé les liens entre politiques linguistiques, discours institutionnels et politiques scolaires conduisant à l’instauration du français comme seule langue d’acquisition des savoirs et de formation des élites. On a montré combien les colonisés, dans leur grande majorité, étaient exclus des parcours gratifiants, ceux qui permettent la promotion sociale.
La didactisation du français, cependant, passe, non seulement, par les décisions institutionnelles, mais aussi, de façon, plus micro par les choix didactiques qui s’inscrivent dans les méthodes et manuels confectionnés ou relayés par les acteurs du système éducatif : responsables, inspecteurs, enseignants etc. C’est cette réflexion qui essaie d’articuler

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